Après lecture d'extraits de l'essai de Charles Dantzig "Pourquoi lire ?" chaque participant s'est lancé dans son propre rapport à la lecture.
Pourquoi lire ?
Par ce qu'il n'y a pas de vie complète sans la lecture.
Par ce que l'échappée est belle quelle qu'en soit l'ouverture.
Par ce que sans la lecture et le recul qu'elle nous offre là l'existence perdrait sa perspective.
Par ce que la lecture est l'oxygène de notre esprit purifiant, évident, vital.
Kaleidoscope de sentiments, de voyages imaginaires, de vies d'emprunt, au lever du jour, se vautrer au fond de coussins retenant la tiédeur de la nuit déjà enfuie et se retrouver dans les bras de l'amant de l'aube, ce conteur généreux de ses émotions, de ses révoltes, de son optimisme, son humour, et parfois se perdre dans le tunnel sans lueur salvatrice de son désespoir.
Lire est la liberté absolue, le " ciel par dessus le toit " de Verlaine. Une pléthore d'aventures offertes par terre ou par mer lorsque bien au sec on appréhende la journée à venir si semblable croit-on à la précédente. Lire et surfer sur les phrases offertes par ces inconnus tout à coup si proches que sont les auteurs et leurs avatars.
J'aime avoir rendez-vous avec toi que je découvre au travers des lignes, en tournant parfois à regret les pages de ton histoire, femme ou homme encore flou et pourtant si intime déjà. Les pages d'un livre sont les bras consolateurs d'un être aimant s'ouvrant pour nous envelopper, nous consoler, nous faire recouvrer le sourire ou verser enfin ces larmes qui nous étouffaient.
Il n'y a aucune peine qu'un livre ne puisse guérir a dit Montesquieu le merveilleux, et je me rends coeur battant de bonheur anticipé à nos rendez-vous guérisseurs d'âme, comme je me rendrais chez un psychologue.
Lire et s'envoler à cheval sur les mots d'un autre pour peut être trouver les siens.
Dep
Pourquoi lire ? de Cosima
Je lis, recroquevillée dans le fauteuil enveloppant et chaud de ma chambre.
Je lis et je rêve.
Mon enfance italienne a été nourrie d’Emilio Salgari et de ses corsaires, des bandes dessinées de Tex Willer prises à mes frères qui ne lisaient pas et des‘Quatre filles du docteur March’ ou je m’identifias avec Jo qui comme moi avait choisi le camp du courage et de la liberté.
Qu’est ce qu’y m’a donné cet amour inconditionnel pour la lecture ?
Angélique, marquise des anges, dont la série complète m’avait été offerte par notre femme de ménage un noël?
Les photos romans que j’empruntais à une paysanne, l’été à la campagne ?
Jusqu'à l’âge de douze, treize ans, mes lectures ont été celles de toute petite italienne lambda. Ca ne volait pas haut.
Puis il y a eu l’internat et ça a changé.
Le calme, le silence de la grande bibliothèque donnant sur le jardin on apaisée ma nostalgie de la maison, de mes frères, de ma mère.
Je me suis ouverte à la lecture comme on s’ouvre à un ami.
En découvrant Buzzati, Calvino, Moravia, Bassani j’ai connu les affres de l’amour, l’attente de l’ennemi sur les hauts plateaux, les aventures d’un jeune rebelle vivant dans les arbres. J’étais avec eux la ou ils étaient.
Les personnages mais aussi les lieux m’ont permis de respirer; la routine faite de règles draconiennes n’avait plus d’emprise sur moi. Je partais dans de mondes parallèles et la vie m’était de cette façon plus douce.
Pour moi la lecture est devenue une drogue, la plus puissante, celle de laquelle je ne peux, je ne veux me sevrer.
Quand les choses vont mal voici le 19ème, Anglais ou Français, ou un bon polar qui m’accueillent.
Quand tout va bien je m’aventure plus loin. Un essai, de l’histoire, de romans.
Quand je me sens studieuse je me plonge dans les philosophies orientales et autres pour essayer de donner un sense, dans la photographie, ma passion.
Même quand mon esprit se brouille et je dois relire une phrase dix fois je sais que ce n’est que temporaire. Je pose le livre, je reviendrais plus tard.
Cosima
Passerose, "l'amoureuse des livres"
Je suis amoureuse des livres. Je les respecte parce qu’ils sont l’homme ou la femme qui les a écrits, qui a eu le courage et le désir de nous livrer une histoire qu’ils ont vécue ou imaginée. Je ne peux pas jeter un livre pour ces différentes raisons.
J’aime « le livre » pour son odeur de papier neuf ou vieilli. Il y a bien longtemps les livres étaient brochés et il fallait couper les pages avant la lecture ; cela faisait partie du plaisir de la lecture, c’était comme une approche physique avant l’approche intellectuelle.
J’aime prendre un livre dans la bibliothèque et retrouver une page où j’ai souligné des phrases, je relis et je me souviens de l’état d’esprit dans lequel je me trouvais lorsque je les ai soulignées.
Pour moi, il y a plusieurs lectures. Il y a celle qui me permet d’apprendre et de découvrir de nouvelles choses ; il y a celle qui me fait rêver ; il y a celle qui me distrait.
Ma plus grande satisfaction est lorsque je suis en symbiose avec un auteur et que je devine la phrase qu’il a écrite après celle que je viens de lire. C’est assez rare mais cela m’arrive.
Il y a la lecture laborieuse, celle que je considère comme un travail et non comme une distraction ou une évasion. C’est une lecture différente que j’appellerai « de réflexion » ; appuyée sur une table avec un crayon en mains, pas de musique, pas de gens qui parlent, une disponibilité totale – cette lecture est celle d’essais philosophiques, politiques. Pour les romans : un bon fauteuil au coin du feu, un voyage en train, un transat dans le jardin ou au lit avant de dormir. Pour la poésie : un bon fauteuil au coin du feu et je lis à haute voix en essayant de prendre le rythme qui convient.
J’aime quand un livre devient un ami que j’ai du mal à quitter et que j’ai plaisir à retrouver. J’y suis attachée et je regrette de le terminer.
Passerose.
Plaisir de lire par Coco
J’aime lire la nuit quand tout autour de moi est endormi et que rien ni personne ne peut troubler ma quiétude. J’adore lire allongée dans le silence, me noyer dans un livre jusqu’à tout oublier, en sortir parfois un instant pour recaler mon oreiller et avoir le plaisir de replonger dans ma lecture encore plus profondément. Et, si parfois mes paupières deviennent trop lourdes avant que j’ai pu boire les derniers mots, abandonner mon livre est presque douloureux physiquement, m’en détacher impossible et j’en reste imprégnée jusque dans mes rêves. Les livres sont le bonheur de mes insomnies et parfois je me demande si le plaisir que je trouve à ces lectures nocturnes ne les provoque pas.
J’aime aussi lire au coin du feu, bercée par le crépitement des bûches comme une musique de fond, dévorer un roman sur la plage quand le soleil chauffe jusqu’à la brûlure et que les grains de sable se glissent entre les lignes ou bouquiner dans un train au rythme des rails et des paysages qui défilent, comme un deuxième et merveilleux voyage.
Je crois que les livres m’hypnotisent, envoûtent et même me kidnappent. Quand j’étais enfant déjà la lecture était mon évasion, mon jardin secret. A l’époque je me cachais avec mes livres pour mieux oublier le reste du monde et on me retrouvait roulée en boule dans un vieux fauteuil ou blottie sous une table, derrière les rideaux et jusqu’au fond du jardin.
A mes yeux, chaque livre est un merveilleux cadeau qu’un généreux écrivain a passé des heures à concocter du fond de son imaginaire, de son talent, de son histoire et de son cœur. J’ai le sentiment de pénétrer dans l’esprit de l’auteur, de toucher son âme.
Il y a d’abord la magie des mots, leur musique puis le sens qu’on veut leur donner et cette histoire dans laquelle on se faufile, ces chapitres qu’on avale, qu’on dévore, qu’on engloutit. Il faut à la fois aller toujours plus vite et maîtriser son impatience, sa curiosité pour mieux profiter de chaque ligne, ne surtout pas rater un mot, un fil, une image. Du roman à la poésie, la lecture nous ouvre des horizons inconnus et nous ramène aussi souvent à notre histoire personnelle. Elle est source d’enseignement, d’émotion, de réflexion et surtout de plaisir.
J’aime tous les livres que j’ai lus et tous ceux qu’il me reste encore à découvrir et j’ai la certitude absolue que chacun d’eux m’a fait grandir.
Coco