Philippa McGowan, le 21 octobre 2022

Il y a plusieurs activités et événements à Montréal pendant le mois d’octobre. En voici quelques unes.

Valérie Bespalova, le 24 septembre 2022

Ces robes orange et rouges sur des croix sont un hommage à la mémoire des enfants morts dans les pensionnats autochtones, au Canada. Après la pluie, le soleil brille généralement, ce que nous voyons sur la photo. Et l’arc-en-ciel est notre espoir que cette histoire terrible ne se reproduise plus jamais.

La photo nous plonge dans l'histoire des peuples autochtones et de leurs enfants qui sont décédés au pensionnat indien de Kamloops. Au XIX e siècle, des pensionnats ont été créés pour assimiler les enfants autochtones. Plus de 150000 élèves ont été expulsés de force de leurs maisons. Il leur était interdit de communiquer avec leurs parents et de communiquer entre eux dans leur langue maternelle. Ils ont également été victimes d’abus physiques et parfois sexuels. 215 sépultures d’enfants non marquées ont été découvertes à Kamloops, en Colombie-Britannique, le 19 juin 2021.

Une commission de vérité et de réconciliation a conclu qu’au moins 4100 élèves étaient morts pendant leur séjour dans ces écoles. Cette photo a gagné le Premier prix du concours World Press Photo. Je ne le savais pas en la choisissant. Elle m'a impressionnée, comme elle a impressionné le jury.

Philippa McGowan, le 22 septembre 2022

Sur cette photo, il y a le visage d’une femme qui pleure. Elle a les yeux fermés et elle est accotée sur un mur. Elle a l’air fatiguée et désespérée. Cette photo a été prise le jour suivant l’enlèvement de ses filles dans leur école.

Il y a des problèmes au Nigeria avec les enlèvements d’enfants - de filles en particulier - dans les écoles. En 2014, plus de 200 filles ont été prises par le groupe islamique extrémiste Boko Haram. Il y en a aussi eu d’autres dans les 8 dernières années. Les enlèvements sont faits pour plusieurs raisons: pour s’opposer à la laïcité occidentale, pour l’argent acquis par des rançons et pour négocier la libération des prisonniers. À cause des enlèvements scolaires de masse, plusieurs filles ont peur d’aller à l'école et sont souvent mises au travail ou forcées de se marier très jeunes.

Sodiq Adelakun Adekola est un journaliste de photo et de vidéo. Il a des qualifications en photojournalisme, psychologie et en écriture avancée. Il veut dénoncer l’injustice et son œuvre se concentre sur les abus, les entorses aux droits humains et l’exclusion sociale avec une attention spéciale portée sur les enfants et les femmes. Des membres de sa famille ont vécu ce type de situations.

Pour moi, l’accès à l’éducation et l'égalité pour les filles et les femmes sont des sujets très importants. Je suis heureuse de voir qu’un homme au Nigeria ait exposé ces difficultés dans son pays et qu’il reconnaisse que c’est un gros problème. L'accès à l'éducation pour les filles n’est pas un problème uniquement au Nigeria. C’est le cas dans plusieurs pays. Par exemple, l'Afghanistan.

Heba Elbana, le 28 septembre 2022

L’image montre des enfants, plus ou moins petits, qui se sont installés dans une tente faite de couvertures et qui utilisent des bougies comme seule source de lumière. En arrière de la tente, il y a beaucoup de maisons qui ont été détruites pendant des bombardements.

Cette photo, sur laquelle vous pouvez voir un rassemblement d’enfants palestiniens à Beit Lahia, dans la bande de Gaza, en Palestine, le 25 mai 2021, a été prise par Fatima Shbair. Ce rassemblement a eu lieu après une manifestation des enfants du quartier contre les attaques sur Gaza par Israël, au moment d’un cessez-le-feu entre le Hamas (un mouvement de résistance islamiste basé à Gaza) et Israël (l’État juif), à la suite d’un conflit qui avait duré 11 jours, entre le 10 et le 20 mai 2021.

Pour mieux comprendre la situation, il faut remonter au 10 mai 2021. Ce jour-là, des dizaines de personnes sont mortes et il y a eu des centaines blessé(e)s à cause de l’affrontement qui s’est déroulé entre les Palestiniens et les Israéliens. Des roquettes ont été tirées sur des zones de peuplement. À l’origine, des manifestations avaient éclaté pour protester contre l’éviction de familles palestiniennes de leurs logements à Jérusalem-Est, près de l’esplanade des Mosquées. En effet, selon la loi israélienne “sur la propriété des absents”, datant de 1950, si des Juifs peuvent prouver que leur famille vivait à Jérusalem-Est avant la guerre israélo-arabe de 1948, ils peuvent demander à ce que leur soit rendu leur “droit de propriété”. À l’inverse, selon le droit international, l’occupation de Jérusalem-Est - secteur palestinien de la ville - par Israël est illégale.

À Jérusalem, il y a environ million d'habitants, dont 60% sont juifs, 40% sont arabes - chrétiens ou musulmans. Depuis la guerre de 1967, les Palestiniens se battent pour éviter l'évacuation des familles de leur logement. Le gouvernement israélien considère Jérusalem comme sa capitale indivisible, mais c'est une occupation illégale du point de vue du droit international. Ce conflit s’est étendu à plusieurs villes en Israël, avec échange de tirs aux frontières de la Syrie et du Liban. Ce conflit est plus violent depuis la guerre de Gaza de 2014. À la suite du conflit, plusieurs enfants auraient besoin d’un soutien psychologique, selon l’UNICEF.

Fatima Shbair est née à Gaza en 1997. C'est une journaliste palestinienne. Elle a remporté le Prix de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik au festival Visa pour l’Image. Elle a appris la photographie en autodidacte. Comme elle a grandi à Gaza, elle essaie toujours de décrire la vie palestinienne, qui est pleine d’amour, malgré la guerre. En 2017, elle a remporté le grand prix du documentaire photo du concours National Graphic Moment à Dubaï, mais elle n’a pas pu y aller à cause du blocage de la bande de Gaza par les Israéliens.

À vrai dire, au moment où je suis entrée dans cette exposition, je cherchais une photo égyptienne. Mais, quand j’ai vu cette photo, je me suis sentie très mal. Je me suis dit: « Quelle est la faute des enfants?» Sûrement, à cause de la guerre, il y a beaucoup d’enfants qui ont perdu leurs parents, leur droit à avoir une vie normale. Selon moi, ce type d’image est très puissant parce que cela nous permet de nous sensibiliser à ce qui est vécu, concrètement.

Victor Fandrey, le 22 septembre 2022

Cette photo a été faite dans une petite pièce. En réalité, une bien petite pièce, si on pense à la lentille de grand angle qui a été utilisée. Il me semble qu’il y a une unité familiale ici: à gauche, il y a, je crois, une grand-mère; à droite, une femme d’une quarantaine d’années; au premier plan, il y a deux enfants - une fille et un fils - qui tiennent chacun un ballon, rouge et bleu. La femme au centre me semble être la mère des deux enfants parce qu’elle semble la plus stressée. En temps de guerre, je pense que ce sont les mères qui sont les plus stressées.

Même avant l’invasion totale qui a commencé le 24 février 2022, l'Ukraine - un pays riche en courage et en savoir, mais pauvre en argent et en ressources nécessaires pour battre l’armée russe -, sans consignes officielles, s’est mobilisée et a innové, même dans le secteur civil, pour utiliser tous les trucs nécessaires pour une victoire contre Vladimir Poutine.

L’image montre bien ça! Le vêtement que sont en train de coudre les trois femmes est une cape de camouflage pour les tireurs d'élite qui se battent avec l'armée ukrainienne et les légionnaires étrangers. Ce sont les meilleures forces pour contrer une armée supérieure en nombre et en matériel.

La femme, qui montre un visage de fatigue et de désespoir, affiche un besoin d’éviter un autre "Holodomor" [ terme utilisé en Ukraine pour désigner les millions de morts provoquées par la politique stalinienne de collectivisation des terres, ayant entraîné une grande famine dans les années 1930, NDLR] - de la part du gouvernement russe.

Cette photo a été prise par le photojournaliste français qui s’appelle Guillaume Herbaut. Il a pris cette photo à Marioupol en 2014, dans le Novy Centre de Marioupol (un centre d’une organisation qui rassemble du matériel pour soldats ukrainiens). L’ensemble des personnes qui sont en train de coudre une partie d’un camouflage pour les tireurs d'élite de l’Ukraine sont autour de la femme qui joue le rôle de mannequin de couture. Ce sont des bénévoles avec leurs enfants.

C’est certain que mon opinion est un peu sévère parce que ma mère est ukrainienne, mais la puissance de la photo est là. La mannequin qui fait face au photographe me semble quelqu'un qui est très inquiet et qui, en même temps, montre un courage extrême parce que cette photo a été faite à Marioupol, alors contrôlée par l'armée russe. Tous ceux qui ont posé pour la presse risquent la torture et la mort.

Qunying Duan, le 22 septembre 2022

Sur cette photo, il y a des hommes qui portent des gougounes et qui tiennent des lance-pierres et d'autres outils. À l’arrière-plan, on voit des arbres, de la fumée, des logements et beaucoup de fils électriques qui se croisent à mi-hauteur, dans le ciel à droite. Ce n'est pas un spectacle; c'est une manifestation.

Ce sont des manifestants qui utilisaient des lance-pierres et d'autres armes artisanales lors d'un affrontement avec les forces de sécurité à Yangon, au Myanmar, le 28 mars 2021. Le 1er février 2021, les chefs militaires avaient organisé un coup d'État au Myanmar, quelques heures avant la prestation de serment d'un parlement nouvellement élu. D'énormes manifestations ont éclaté dans tout le pays et se sont heurtées à une forte répression militaire. Des médias internationaux et un fonctionnaire des Nations Unies ont rapporté que les militaires tiraient à balles réelles sur les manifestants et à l'intérieur des habitations. La veille du jour où cette photo a été prise, 114 civils ont été tués.

Pour la protection de la sécurité du photographe, cette photo est publiée de façon anonyme, c’est-à-dire sans donner le nom de l'auteur/autrice.

Dès que j'ai vu les lance-pierres, je me suis souvenu du jeu d'enfance des garçons à un âge d'environ 8 ans. C'était un jeu intéressant et populaire pour eux dans mon pays d'origine. Mais malheureusement, le lance-pierre est devenu une arme des groupes vulnérables pour lutter contre la répression. C'est vraiment triste que les gens qui ont plus de pouvoir contrôlent le destin national.

Xu Li, le 22 septembre 2022

Sur cette photo, on peut voir une femme ainée et navrée qui se tient devant sa maison qui se trouve près des feux. Cette maison est si jolie, et son jardin a été arrangé avec cœur par cette femme. Désespérément, elle voit un feu de forêt s’approcher.

En juillet et en août, des feux de forêt ont éclaté à Eubée, la plus grande île de Grèce après la Crète, à la suite des températures les plus chaudes que la Grèce ait connues depuis trente ans. Il a fallu près de deux semaines pour maîtriser cet immense incendie. À ce moment-là, ce n’était pas seulement cette femme qui était désespérée, mais tout le village. À la fin, sa maison a échappé aux flammes. En fait, en 2021, au mois d'août, des incendies ont fait rage à divers endroits du globe, tels qu’en Californie, en Turquie, en Italie ainsi que dans le Nord de l’Afrique.

Le photographe qui l’a prise s'appelle Konstantínos Tsakalídis. Il est né en 1986 à Serrès, en Grèce. Il est diplômé du département d’informatique et du Centre photographique Stereopsis. Il couvre particulièrement les questions sociales et politiques en Grèce, en Europe de l'Est et en Turquie. En 2013, il a commencé à documenter les problèmes liés à la crise en Grèce. Et après cela, il a documenté le parcours de milliers de réfugiés, ainsi que leur vie dans les camps. En 2021, il a pris la série des photos d’incendies de forêt qui remporte le prix du «Photographe de l’année» au World Press Photo, en 2022.

Quand j’ai vu cette photo, une douleur forte m'a agressée. Pourquoi y a-t-il beaucoup de feux de forêt?! Les observateurs locaux pointent du doigt le réchauffement climatique et d’autres facteurs associés. Donc, il faut qu’on réfléchisse au problème du réchauffement global qui lie tout le monde. Pour lutter contre ce réchauffement, on pourrait diminuer l'utilisation des produits plastiques et des véhicules à moteur, ainsi que baisser l’intensité du chauffage et du climatiseur. Dans le fond, je crois que les catastrophes naturelles sont des catastrophes d’origine humaine.

Eva Correia, le 22 septembre 2022

Sur la photo, on voit une femme et des enfants de la communauté Pirahã en Amazonie, au Brésil. À côté de leur campement sur la berge de la rivière, ils regardent passer les véhicules sur l’autoroute transamazonienne en espérant recevoir des boissons ou quelque chose à manger de la part des conducteurs.

La route transamazonienne est destinée à relier d’est en ouest les régions reculées du Brésil, parallèlement au fleuve Amazone. Elle a une longueur de 4.223 km, afin de favoriser le développement et diminuer l’isolement de ces régions. Cependant, elle est l’objet de fortes contestations de la part de mouvements écologistes qui dénoncent la déforestation et l’exploitation minière et des ressources naturelles qui menacent la forêt amazonienne.

Selon les scientifiques, le rythme des déboisements pourrait quintupler d'ici à 2030. Donc l’exploitation de l’Amazonie a notamment un impact sur les communautés indigènes qui doivent faire face à une dégradation importante de leur environnement ainsi que de leur mode de vie.

Lalo de Almeida est un photographe brésilien, basé à São Paulo. Après avoir étudié la photographie à l'Instituto Europeo di Design de Milan, en Italie, il a commencé à travailler comme photojournaliste pour de petites agences couvrant l'actualité quotidienne.

Au Brésil, il a travaillé au journal Estado de S.Paulo et Revista Veja. Actuellement, il collabore régulièrement dans les domaines de la photographie, de la vidéo et du multimédia avec le journal Folha de S.Paulo. Il photographie aussi pour le New York Times, développant un travail pour le journal nord-américain du Brésil.

Personnellement, cette photo m’a touchée, car la forêt de l’Amazonie est un fort symbole du Brésil qui est menacé à un rythme très rapide, ce qui met en péril non seulement l’environnement, mais aussi la population indigène qui est de plus en plus expulsée de son habitat naturel.