Masoomeh Ghadari Javid et Masoumeh Hosseini Pour Behbahani, le 13 août 2023
Outremont est un prestigieux et ancien quartier résidentiel à Montréal. Il a une histoire longue et intéressante, avec un riche patrimoine qu'on peut voir dans ses monuments historiques et ses activités culturelles. Plusieurs personnalités montréalaises ont une histoire dans le quartier.
Outremont se situe sur de l’île de Montréal. Auparavant, elle était une municipalité indépendante. Le 1er janvier 2002, Outremont est fusionnée à Montréal et devient l'un des arrondissements de la nouvelle ville.
L'arrondissement Outremont a une superficie d'environ 4 km² avec une population de quelque 24 600 habitants, en majorité francophones, avec une importante communauté juive hassidique de près de 4000 personnes parlant yiddish à la maison (d'après les données du recensement de 2021).
L'artère la plus importante qui traverse l'arrondissement est le chemin de la Côte-Sainte-Catherine alors que les principales rues commerçantes sont l'avenue Laurier-Ouest, l'avenue Bernard et l'avenue Van-Horne.
Outremont est jumelé avec le Vésinet en France, depuis 1975, et Oakwood, en Ohio aux États-Unis, depuis 1976. Des personnages célèbres ont vécu dans ce quartier, tels que Pierre Elliott Trudeau (le père de Justin Trudeau) et Sophie Grégoire (l’épouse de Justin Trudeau).
Au-delà de la montagne
Le nom ‘’Outremont’’ vient de l’époque où Montréal était une petite ville connue sous le nom de Ville-Marie. Les gens de la campagne, au nord de Ville-Marie, devaient passer en charrette par le mont Royal. Donc, du point de vue de Ville-Marie, cette région était «outre-le-mont», c’est-à-dire au-delà de la montagne.
Ce petit territoire devient connu du temps de Louis Beaubien, un député fédéral, qui y possède une ferme. C’était alors une zone agricole.
Les Clercs de Saint-Viateur arrivent en 1887. La jeune communauté religieuse a été invitée pour enseigner à Montréal, elle voit venir l’expansion des banlieues. Ils achetèrent bon nombre de terres et cela explique aussi pourquoi un certain nombre de rues portent des noms en relation avec les Clercs de Saint-Viateur.
Au cours des trente premières années du XXe siècle, 2 500 bâtiments ont été construits dans ce qui est considéré comme le site résidentiel le plus chic de l'île. Dès le début, la petite ville s'inspire des théories d'urbanisme pour imposer un zonage, une réglementation de la construction, un plan d'aménagement, la plantation d'arbres et la création d'espaces verts. Seules quelques artères sont désignées pour la circulation plus dense comme le chemin de la Côte-Sainte-Catherine. En 1927, la ville d'Outremont est la première à acheter une souffleuse à neige inventée par Arthur Sicard.
Plusieurs œuvres littéraires et cinématographiques ont été inspirées de l'arrondissement d’Outremont, comme le livre Les Velder de Robert Choquette et le film Félix et Meira réalisé par Alexandre Laferrière, et environ 23 pièces de théâtre ont été mises en scène au Théâtre Outremont.
Outremont se distingue par un ensemble de sites et édifices monumentaux
Outremont est un quartier riche en culture, avec notamment la présence de la bibliothèque Robert-Bourassa, nommée en hommage à Robert Bourassa, ainsi que le théâtre Outremont et la maison internationale des arts de la marionnette. Il y a deux écoles secondaires bien réputées, ainsi qu’une partie du campus de l’Université de Montréal. On y trouve également le centre d'éducation des adultes Outremont bien sûr!
Il y a plusieurs parcs, notamment le parc Pratt, ayant de nombreuses espèces de fleurs et d’arbres et nommé en hommage à la famille Pratt, habitante du site à l’époque, et le parc Outremont qui se distingue par la sculpture de Hervé Hébert. L’ancienne église Saint-Viateur, construite en 1911, qui mérite également d'être mentionnée, bénéficie d'une imposante décoration intérieure.
Dur de croire aujourd’hui, quand on se promène sur l’avenue Bernard à Outremont, qu’il y avait auparavant à cet endroit le Haras National et une partie de la ferme Beaubien dont l’histoire oubliée mérite d’être racontée. Pour admirer de magnifiques chevaux à Montréal, une petite balade sur la montagne près du lac aux castors vous fera découvrir les écuries de la police montée qui patrouille parfois sur la montagne.
Entrevue de M. Craig Lund, traducteur: propos receuillis le 13 juillet et publiés le 15 juillet 2023
Craig Lund, traducteur agréé par OTTIAQ (Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec), vient des États-Unis: il a grandi à Sioux Falls, dans le Dakota du Sud, avant de s’envoler pour la Belgique, la France, puis l’Italie… À présent, il vit à Outremont. Jeudi 13 juillet 2023, il a aimablement accepté de répondre à nos questions sur son métier, son apprentissage du français, ses expériences européennes et son immigration au Québec.
La Voix du 311: Pourquoi avez-vous choisi le métier de traducteur?
Craig Lund: Depuis longtemps, j’aime les langues et les cultures de divers pays. Mon idéal est de travailler avec des dictionnaires. J’aime bien chercher la bonne phrase, utiliser le bon mot… Et j’aime aider les gens à communiquer entre eux.
À quoi ressemble votre routine quotidienne comme traducteur?
Comme tout le monde, je prends un café pour commencer la journée. Puisque je travaille chez moi, je m’installe ensuite devant mon ordi et je commence à vérifier mes messages professionnels. Je travaille à mon compte, pour moi-même. La plupart du temps, je relis le travail de la veille et ensuite je poursuis la traduction. Chaque jour, je traduis entre 1500 et 2000 mots, ce qui prend environ 6 heures, avec quelques petites pauses. Je travaille sur deux écrans: sur l’écran principal, il y a le texte original et ma traduction, côte à côte; et sur l’autre, j’utilise différents dictionnaires, Le Robert & Collins, notamment. De plus, j’utilise plusieurs ressources en ligne: Linguee et la Vitrine linguistique du Québec, par exemple.
Que préférez-vous traduire (les livres, les documentaires, les articles…) et pourquoi? Qu’est-ce qui rapporte le plus d’argent?
Je traduis tout: des relevés de notes universitaires, des certificats de naissance, des articles… J’ai aussi traduit des dialogues pour la télévision et le cinéma, mais j’aime surtout traduire la littérature. J’aime bien m'immerger dans le monde de l'œuvre, me concentrer sur chaque paragraphe, chaque phrase, chaque mot, comprendre le texte en profondeur pour produire la traduction qui est la plus proche possible de l'original. Mon projet préféré, jusqu’à maintenant, a été la traduction du livre de l'anthropologue Serge Bouchard: Le peuple rieur : Hommage à mes amis Innus. Mais c'est la traduction de textes juridiques et techniques qui me rapporte le plus.
Quels sont les défis de la traduction? Avez-vous peur de la disparition de votre métier en raison de l’IA (intelligence artificielle)?
Je traduis en général du français - ou de l'italien, qui est ma troisième langue - vers l’anglais. Le défi principal est d'écrire en gardant certaines choses typiquement étrangères, tout en emportant entièrement le texte dans la langue “cible”. Il faut être très précis. On dit que le traducteur a deux maîtres: l’auteur et le lecteur. Il faut à la fois rendre hommage à l’auteur [ou à l’autrice] et rendre le texte agréable à lire pour le lecteur [ou la lectrice]. Parfois, c’est fatigant de traduire… Concernant l’IA, cela reste à voir: la machine et la traduction automatique ne remplacent pas les humains. Il y aura toujours besoin d'expériences humaines pour traduire les nuances culturelles.
Quels sont vos conseils pour quelqu’un qui voudrait travailler comme traducteur?
Pour devenir traducteur, il est important de lire beaucoup et de pratiquer souvent la traduction d’une langue à l’autre, dans les deux sens. Pour travailler en tant que traducteur au Québec, on peut étudier dans une université québécoise ou bien faire faire l'équivalence de ses diplômes avant de faire certifier sa qualification ici. Et puis on se forme de façon continue: selon des projets, on doit apprendre des mots de différents domaines spécifiques.
Comment avez-vous appris le français?
À vrai dire, je continue à apprendre le français tous les jours; on n’a jamais fini d’apprendre une langue. Au départ, j’ai étudié le français à l’école secondaire pendant 3 ans. Je n’ai rien appris… Mais ensuite, j’ai obtenu une bourse pour participer à un échange scolaire: je suis allé en Belgique pendant une année et j’ai été accueilli dans deux familles différentes, c'était une immersion linguistique totale. De retour aux États-Unis, j’ai étudié le français à l'université du Wyoming et, en 2006, je me suis installé en France.
Pourquoi avez-vous choisi cette langue?
J’ai toujours aimé la langue française, ses sons. La sonorité du français me plaisait. Cela me semblait être une belle langue. À l’école, j’avais rencontré deux amis (une Française et un Belge) qui étaient en échange scolaire. Quand je les ai entendu parler, cela m’a donné le goût d’apprendre pour pouvoir parler davantage avec eux.
Combien de temps avez-vous consacré à apprendre le français?
J’apprends le français depuis 24 ans! J’y ai consacré presque toute ma vie adulte, en fait… Mais quand j’étais avec ma famille d’accueil, en Belgique, je dirais que j’ai été confortable pour communiquer dans la vie de tous les jours, faire des courses et parler avec des gens, après sept mois environ.
Qu’est-ce que vous avez trouvé particulièrement intéressant en Europe?
Ce que j'ai trouvé particulièrement intéressant, c'est le soutien social. Par exemple, l'éducation est presque gratuite en France… quand on a le statut européen, bien sûr. J’y ai fait mes études et ça coûtait très peu cher; je n’avais aucune dette en finissant ma maîtrise.
Qu’est-ce que vous aimez le plus dans chaque pays d’Europe où vous avez vécu?
J’aime beaucoup l’ouverture de la Belgique. Les gens sont très gentils. Je reste d’ailleurs en contact avec ma première famille d’accueil, encore aujourd’hui. En France, je vivais à Paris et, pour moi, Paris est la plus belle ville du monde… En Italie, c’est la bouffe que j’aime le plus!
Qu’aimez-vous au Québec?
J’aime la culture européenne et Montréal a un petit air européen. J’aime aussi la musique à la Place des arts, en particulier le festival de jazz.
Pourquoi avez-vous choisi d’habiter au Québec?
C'était un choix que nous avons fait avec ma conjointe de l'époque. Elle a eu une opportunité professionnelle et je l’ai suivie. Près de douze ans plus tard, je suis très heureux d’avoir pris cette décision.
Quelle partie de votre processus d’immigration a été la plus difficile?
Les déménagements, la douane et la paperasse… Il faut dire que nous sommes venus une première fois en 2012 avant de repartir en 2013 et de finalement revenir en 2014!
De quelle ville d’Amérique venez-vous?
J’ai grandi dans la ville qui s'appelle Sioux Falls, dans le Dakota du Sud.
Quelles sont les caractéristiques uniques de votre ville?
Dans ma ville, il y a des chutes (Falls, en anglais) qui sont magnifiques car les cascades ruissellent sur des roches de quartz rose. Par ailleurs, le système bancaire y est très développé. Mes parents ne sont pas banquiers… mais la ville est connue pour ses fonds d’investissement.
Quel a été votre premier travail aux États-Unis?
Quand j'étais petit, je travaillais dans une salle de jeux vidéo "Arcade" et aussi dans le domaine de la construction, pendant l'été. C'était très dur.
Qu’est-ce qui s’est passé dans votre vie aux États-Unis qui vous a décidé à déménager?
Rien de spécial ne s'est produit, je voulais découvrir de nouvelles choses, de nouvelles cultures et de nouvelles langues et je sentais que je ne pourrais pas m’épanouir pleinement dans cette ville. Mais j’y retourne chaque année pour rendre visite à ma famille et à mes amis.
Quand vous comparez les États-Unis et le Canada (le Québec), quelles sont les principales différences?
Montréal est plus diverse, par rapport à la ville où j'habitais. Or, j’aime la diversité! J’aime les langues, la culture, les festivals... Maintenant, je me sens chez moi ici.
Daniela Sayuri Yamashiro et Vini Halve, le 14 juillet 2023
"Outremont Carboneutre 2050" est un plan d’action pour la période 2024-2030, mis en oeuvre par l’arrondissement d’Outremont. Son but est l'atténuation du changement climatique avec l’objectif d'atteindre la carboneutralité d’ici 2050, c'est-à-dire une situation dans laquelle le quartier absorbera autant de gaz carbonique qu'il en produit. Ce plan stratégique guidera les actions à prendre à l’avenir, mais plusieurs mesures ont déjà été prises.
La "carboneutralité", c’est quoi? Selon le grand dictionnaire terminologique, c’est la «situation dans laquelle les émissions de gaz à effet de serre sont compensées par une démarche écoresponsable de réduction des émissions dans l'atmosphère ou par une autre contrepartie pour celles qui n'ont pu être réduites, de manière à parvenir à un bilan nul.»
Cela fonctionne comment? Les stratégies ont été discutées et définies à travers des consultations publiques ouvertes aux habitants d’Outremont. La dernière consultation, qui a eu lieu le 28 mai 2023 au Centre communautaire intergénérationnel (CCI), avait pour but de sensibiliser et conscientiser les Outremontaises et Outremontais sur les enjeux des changements climatiques. Les élu(e)s ont aussi pris leurs opinions et idées afin de concevoir un plan à suivre pour les prochaines années.
Ensuite, un rapport sera rédigé après la collecte des contributions, et enfin, l’arrondissement préparera le Plan d’urgence climatique ciblé pour atteindre la carboneutralité en 2050.
Voici quelques stratégies déjà adoptées et à venir
Grâce au Programme Outremont Vert, en mai 2023, des plantes grimpantes ont été distribuées gratuitement à la population d'Outremont pour encourager le verdissement des murs publics ainsi que privés, afin d'empêcher des îlots de chaleur urbains et pour augmenter la biodiversité.
L’interdiction de souffleurs aux feuilles alimentés par les combustibles fossiles, à partir du 31 mai 2023.
La distribution des plastiques à l'usage unique, tels que la vaisselle et les ustensiles en polystyrène a été arrêtée.
Dans le cadre du Programme d’agriculture urbaine, les organismes Outremont en famille et Maison des jeunes d’Outremont offrent des bacs à jardinage dans différents endroits. Outremont en famille lance des ateliers d’agriculture urbaine, et la Maison des jeunes d’Outremont organise le projet de jardin collectif.
Programme Ruelles Vertes a permis, grâce à la participation de la communauté, de verdir plusieurs ruelles vertes dans l'arrondissement.
Comment participer?
Si vous êtes un résident d’Outremont, vous pourriez soumettre vos propositions et vos opinions à la plateforme de participation publique, ici.
Reportage photo: Emmanuelle Ehrmann et Pascal Franco, le 15 juillet 2023
En juin dernier, l'équipe de la Voix du 311 avait participé à la plantation d'un boisé, sur le terrain du CLSC (Centre local de services communautaires) de Rivière-des-Prairies, au nord de l'île de Montréal. Nous nous rendus sur place il y a quelques jours: les arbres grandissent; ils ont bien pris racines...