La Voix du 311, le 24 août 2024
Mardi dernier, le premier ministre du Québec, François Legault, a annoncé le gel partiel du PTET (Programme des travailleurs étrangers temporaires). Sont concernés les immigrant(e)s travaillant dans la région de Montréal et gagnant moins de 27,47 $ CAN de l’heure. La mesure s'appliquera dès le 3 septembre. Cette décision bouleverse la vie de nombreuses personnes installées au Québec depuis plusieurs années.
L'annonce est tombée comme un coup de tonnerre: Fernando venait tout juste de passer avec succès les examens du niveau 8 de francisation lorsqu'il a appris la nouvelle. Il fait partie des personnes affectées par le bloquage des permis travail appliqué par le MIFI (Ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration) à partir du 3 septembre 2024.
Voilà plus d'un an qu'il travaille dans un restaurant de Montréal dans l'espoir de pouvoir ensuite postuler pour un emploi dans son domaine: l'électronique. Maintenant que son niveau de français le lui permet, il va pouvoir demander la résidence permanente et parachever son intégration dans le pays d'accueil... Sauf que son permis de travail est sur le point d'expirer et que, s'il n'obtient pas son renouvellement, son rêve risque soudain de s'effondrer. Il devrait alors retourner dans son pays d'origine, le Vénézuéla. Tant d'efforts réduits à néant!
Cette histoire ressemble à s'y méprendre à celle de l'un des étudiants du Centre Outremont qui préfère rester anonyme pour éviter les ennuis. À l'heure qu'il est, il est probablement occupé à remplir tous les formulaires nécessaires et à accomplir toutes les démarches envisageables pour boucler sa demande de renouvellement avant la date fatidique du 3 septembre. Nous lui souhaitons - à lui et à sa femme - bon courage.
Pour plus de détails concernant cette mesure inattendue et lourde de conséquences, cliquez ci-dessous:
Fernando L., le 26 août 2024
Aujourd'hui, nous sommes le 26 août; nous sommes sur le point de postuler pour obtenir le renouvellement de notre permis de travail fermé. Nous avons terminé la francisation, nous avons obtenu un bon résultat à l'examen international de français, nous attendons la validation de nos diplômes et nous pratiquons notre anglais. Nous avons besoin d'un peu plus de temps et de beaucoup de foi...
Le Canada est un grand pays, multiculturel et rempli d'opportunités… Nous le savons bien. Nous savons aussi que de nombreuses personnes vivant dans un pays moins développé souhaiteraient faire partie de cette croissance. Nous ne faisons pas exception. Nous sommes un jeune couple, forts de nos études et d'une grande envie de réussir. Nous avons vu le Canada comme un moyen d'avancer et de réaliser nos objectifs. Pouvoir travailler dans presque n'importe quel métier et vivre correctement, ne pas avoir besoin de milliers de diplômes pour accéder à un salaire équitable et ne pas avoir à faire face à la délinquance, c'est ce dont tout le monde rêve. Oui, mais peut-être que tant de lumière peut aveugler et faire oublier qu'il y a aussi de l'ombre là où il y a de la lumière.
Ce texte est peut-être une catharsis ou simplement une voix parmi la mer des immigrants, mais peut-être vaut-il la peine de lire autre chose que des éloges sur cette grande nation.
1. Bienvenue aux nouveaux arrivants :)
Tout d'abord, félicitations ! Nous savons que le processus n'est ni facile ni bon marché, encore moins si vous êtes étudiant, ce qui était notre cas. Nous sommes venus ici pour suivre un cours de marketing, qui était la manière la plus abordable d'entrer dans le pays et de chercher une opportunité de résidence par la suite. Ce cours aurait normalement dû durer un an et demi, mais en raison de changements dans le permis de travail post-diplôme pour certains programmes, on a dû accélérer le cours et nous avons dû le terminer en un an.
2. S'adapter à un nouvel environnement
Nous sommes arrivés au Canada, plus précisément au Québec, avec un niveau d'anglais intermédiaire, mais nous n'avions pas eu beaucoup d'interactions avec des natifs. Les premiers mois ont donc été extrêmement difficiles pour s'habituer à la vitesse et à la prononciation. Cependant, le français est un facteur que nous n'avions pas pris en compte. Depuis notre pays, on nous avait vendu l'idée qu'avec l'anglais, on pouvait vivre sans problème. Lorsque nous avons cherché du travail, on nous demandait de comprendre et de parler le français, donc oui, nous avions vraiment besoin du français. Nous avons trouvé un emploi comme serveurs dans un restaurant. Nous avons pu nous débrouiller en anglais, mais lorsque nous recevions des clients qui parlaient français, c'était vraiment terrifiant. Nous n'avons pas perdu de temps et avons commencé à étudier le français en parallèle à nos études et à notre travail… la vie d'un nouvel arrivant.
3. Contre la montre
Nous avons fêté notre première année dans cette belle ville, nous ne voulons pas partir!
Nous sommes en 2023, nous déménageons dans un appartement qui nous plaît beaucoup, nous commençons à acheter des choses que nous avons toujours voulues. Les choses s'annonçaient très bien. Bien sûr, cela nous a coûté beaucoup, mais nous voyions enfin quelques fruits de nos efforts. Cependant, tout ne serait pas si brillant. Malgré le fait d'être en couple, nous sommes venus comme deux cas séparés, dans l'espoir que l'un de nous obtienne les trois ans de permis de travail post-diplôme, mais malheureusement, nous n'avons chacun reçu qu'une seule année, ce qui nous a complètement abattus.
4. Un adieu ?
Malgré tout, nous avons cherché toutes les voies possibles. Notre objectif était clair: obtenir un niveau B2 en français, maîtriser l'anglais et obtenir tout document qui ajouterait des points à notre candidature au Québec. Par ailleurs, notre employeur était très satisfait de notre performance et nous a offert la possibilité de demander un permis de travail fermé, ce qui nous permettrait de rester à Montréal, mais en travaillant deux ans avec lui. Ce n'était pas dans nos plans, mais nous ferions tout pour rester ici. Pendant tout ce temps, des milliers de documents sont passés sur notre table, des milliers de signatures, des consultations avec des avocats, des dettes et de nombreux maux de tête. Et voilà qu'une nouvelle adversité a surgi: le gouvernement du Québec a publié une mesure pour freiner l'embauche de travailleurs étrangers peu rémunérés sur l'île de Montréal, qui devrait entrer en vigueur à partir du 3 septembre 2024. Aujourd'hui, nous sommes le 26 août, nous sommes sur le point de postuler pour obtenir notre permis de travail fermé. Nous avons terminé la francisation, nous avons obtenu un bon résultat à l'examen international de français, nous attendons la validation de nos diplômes et nous pratiquons notre anglais. Nous avons besoin d'un peu plus de temps et de beaucoup de foi. Nous espérons que notre contrat fermé pourra être accepté, car cela nous permettrait de réaliser tout ce que nous avons prévu.
Dieu sait que nous voulons être meilleurs, que nous voulons réussir et rendre notre famille fière. Nous ne nous rendrons pas, mais nous comprenons aussi que si une porte se ferme, une autre s'ouvre.
Asif Ali, le 13 août 2024
Le "règne" de Sheikh Hasina a pris fin. La première ministre qui a gouverné le plus longtemps au monde a finalement été renvoyée par le peuple du Bangladesh après des manifestations sanglantes qui ont duré des semaines. Elle a dû s'enfuir précipitamment vers l'Inde, le pays voisin, en hélicoptère. Cette révolution a été menée par les étudiant(e)s.
Les étudiant(e)s du Bangladesh ont gagné leur indépendance contre le régime tyrannique de Sheikh Hasina. Les manifestations avaient commencé contre les quotas imposés dans les emplois publics - réservés aux gens qui avaient participé à la guerre d’indépendance contre le Pakistan. Mais graduellement, elles sont devenues des manifestations contre le gouvernement.
Bien que les quotas d’emplois aient été changés par la Cour Suprême, les étudiant(e)s et les partis d’opposition en ont eu assez de ce régime. Ils ont utilisé cette opportunité pour mettre fin à la tyrannie; c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
Même si la politique des quotas était la cause immédiate de la colère, il y avait beaucoup d'autres raisons à l'exaspération, comme la situation économique qui empirait, le fait qu’Hasina ait triché durant les élections précédentes, qu'elle les ait truquées, que les dirigeants des partis d'opposition aient été emprisonnés et qu’il n’existe plus de liberté d’expression.
En conséquence, les frustrations des gens ont explosé après avoir subi la tyrannie pendant 15 ans. Finalement, ils ont lutté ensemble pour gagner leurs droits et pour se débarrasser de ce régime.
C’est toujours triste quand on perd la vie des gens dans des manifestations comme ça, mais aucune révolution n’a lieu sans violence.
Actuellement, le chef du gouvernement intérimaire est Muhammad Yunus, connu pour avoir reçu le prix Nobel de la paix en 2006.
Résumé de ce reportage tiré des Archives de Radio-Canada (2020)
En juillet 1990, les Mohawks de Kanesatake bloquent le passage vers le golf d’Oka depuis cinq mois. Ils protestent contre l'extension du terrain de golf et la construction de nouvelles maisons à proximité. Selon les autochtones de Kanesatake, ce terrain appartient aux Mohawks, tandis que selon le maire d’Oka, il appartient à la municipalité. La tension monte... Retour sur une crise qui a marqué l'histoire récente du Québec.
Le 11 juillet 1990, La SQ (Sûreté du Québec), c’est-à-dire la police provinciale intervient pour détruire la barricade des Mohawks. Un policier est tué: le caporal Lemay
De l'autre côté du lac des Deux-Montagnes et du lac Saint-Louis, les Mohawks de Kahnawake bloquent le pont Mercier pour soutenir ceux de Kanesatake, durant soixante jours.
Les habitant(e)s de Châteauguay expriment leur frustration pendant cette période en manifestant, en signant des pétitions, en brûlent l’effigie d’un Warrior mohawk…
Le premier ministre du Québec de l’époque, Robert Bourassa déclare, pendant sa rencontre du 2 août 1990 avec les dirigeants mohawks: «Nous ne pouvons pas accepter de négocier sous la pression des armes.»
Finalement, l'armée canadienne doit intervenir pour calmer la violence et le gouvernement fédéral devient propriétaire du terrain disputé.
Extraits de l’Encyclopédie canadienne
Contexte historique
Les terres autour d’Oka et de Kanesatake font l’objet de contestations depuis longtemps. Dès les années 1760 et jusque dans les années 1910, les Kanyen'kehà:ka (Mohawks), le gouvernement britannique et l’Église catholique se disputent cette terre. Les Mohawks demandent à plusieurs reprises au gouvernement de reconnaître que ces terres leur appartiennent, mais ce dernier ignore leurs requêtes.
Événements qui ont précipité la crise
En 1989, le maire d’Oka annonce un agrandissement d’un terrain de golf et la construction de condos. Les Mohawks n’ont pas été informés auparavant de ce projet et ceux qui résident dans les environs de Kanesatake protestent. Cependant, les plans de construction se poursuivent. Pour arrêter les travaux, ils érigent alors une barricade. Peu de temps après, les Mohawks de deux réserves proches (Kahnawake et Akwesasne) se joignent aux manifestations. Un groupe armé appelé la Société des Warriors (guerriers mohawks), intègre également le mouvement.
Résistance croissante
Les Mohawks de la réserve de Kahnawake bloquent le pont Mercier emprunté quotidiennement par les navetteurs pour aller à Montréal et en revenir. À ce moment-là, les tensions sont devenues très fortes. Le mécontentement est très important parmi la population non autochtone de Montréal et des environs.
Implication de l’Armée canadienne
Le premier ministre du Québec, Robert Bourassa, demande au gouvernement fédéral d’envoyer l’armée pour mettre fin à la résistance, environ 4 000 soldats étant alors postés sur place. Après l’arrivée des militaires, les tensions s’accroissent encore notablement. La police et les soldats affrontent les Mohawks; on compte de nombreux blessés des deux côtés.
Importance historique de la résistance de Kanesatake
Finalement le projet d’agrandissement a été abandonné. Le gouvernement fédéral a acheté le terrain litigieux et la résistance s’est terminée à la fin du mois de septembre. Cependant, la terre n’a pas été transférée aux Mohawks. Cette résistance a eu des répercussions durables. La création d’une Commission royale sur les peuples autochtones est l’une des conséquences importantes de ces événements. Elle permet à la population canadienne de mieux comprendre les peuples autochtones et d’être sensible aux problèmes qui les affectent, notamment au sujet de leurs revendications territoriales.
La Voix du 311, le 16 juillet 2024
Il y a 57 ans, Charles De Gaulle faisait scandale au Québec en prononçant un discours au balcon de l'hôtel de ville de Montréal dans lequel il proclamait: «Vive le Québec libre!». Comment expliquer une pareille ingérence et un tel scandale? Réponses en 10 points.
1- Quelle était la fonction officielle des trois hommes politiques suivants, en 1966?
Lester Bowles Pearson: premier ministre du Canada
Daniel Johnson: premier ministre du Québec
Charles De Gaulle: président de la République française
2- À l’occasion de quel événement Charles De Gaulle a-t-il été invité à Montréal en 1967?
EXPO 67, c’est-à-dire l’exposition universelle de 1967, qui avait lieu à Montréal
3- Quelles sont les trois puissances européennes qui se sont disputé le contrôle de l’Amérique du Nord, entre le XVIe et le XVIIIe siècles?
La France, la Grande Bretagne, l’Espagne
4- Dans quelle ville débarque Charles De Gaulle, le 23 juillet 1967?
À Québec
5- Dans quelle ville prononce-t-il son plus célèbre discours, le 24 juillet 1967?
À Montréal
6- Pourquoi le maire avait-il débranché les micros du balcon de l’hôtel de ville?
Il avait peur des débordements possibles, c’est-à-dire des actions violentes et illégales de la foule.
7- À quel autre discours de Charles De Gaulle fait référence l’expression «Vive le Québec libre!»?
Le discours du 18 juin 1940, au cours duquel Charles De Gaulle avait dit: «Vive la France libre!», ce qui sous-entendait une comparaison entre le Canada et l’Allemagne nazie.
8- Pourquoi les responsables politiques canadiens pensent-ils que Charles De Gaulle a commis une erreur politique en prononçant ces paroles?
Ils pensaient que tous les habitants du Canada vivaient libres, dans un pays démocratique, et qu'un président français n'avait aucune légitimité pour intervenir dans les affaires internes du Canada.
9- Quelles ont été les conséquences de ce discours pour Charles De Gaulle?
Il a dû quitter rapidement le Canada.
10- Quelles ont été les conséquences de ce discours pour les relations diplomatiques entre la France et la Canada?
Elles ont été mauvaises jusqu’à la démission de Charles De Gaulle, en 1969.
Linh Tran et Daria Zamanova, le 11 juillet 2024
Le mot "féminisme" est apparu dans la langue française au XIXe siècle pour désigner la «doctrine visant à l'extension du rôle des femmes».
En 1904, l'écrivain français Jules Renard déclarait au sujet de ce mouvement politique, qui se développait alors en Europe: «Le féminisme, c'est de ne pas compter sur le prince charmant». Plus d'un siècle s'est écoulé depuis... Aujourd'hui, les autrices des deux textes ci-dessous souhaitent donner leurs avis opposés sur cette question.
En plaidant pour, Linh raconte l'histoire du féminisme et insiste sur ses contributions à l’égalité et aux droits humains.
En revanche, Daria présente des arguments statistiques et exprime ses réserves sur ce mouvement.
Les aspects positifs du féminisme
Linh Tran
Parfois, je pense que les gens profitent des résultats du mouvement de libération des femmes, tout en les tenant pour acquis.
Or le féminisme lutte sans arrêt pour les droits humains des femmes depuis la première vague féministe, entre le milieu du XIXe siècle et le début du XXe siècle, où les suffragettes ont gagné le droit de vote. (Cliquez pour lire la suite)
La deuxième vague, parfois aussi appelée "mouvement des femmes", a eu lieu dans les années 1960, 1970 et 1980. Les activistes à cette époque-là se sont concentrées sur l’égalité salariale et les droits à la reproduction libre.
Au cours de la décennie suivante, la troisième vague a été marquée par un mouvement largement plus inclusif en termes de diversité. Elle a été axée sur lutte contre la discrimination sexuelle, l’utilisation de mots dépréciatifs, et la violence contre les femmes.
Le mouvement #MoiAussi (#MeToo en anglais) a marqué la plus récente vague féministe qui concerne le harcèlement sexuel, les agressions et la culture du viol.
Au fil du temps, le féminisme a apporté plusieurs changements considérables dans la vie privée et publique des femmes, ainsi que les droits humains en général. De plus, ce mouvement donne des pouvoirs aux femmes pour prendre leur destin en main et pour contribuer vigoureusement à la politique, à la science, à l’économie et à la culture.
Les aspects discutables du féminisme
Daria Zamanova
Selon moi, la nature a assigné différents objectifs, génétiquement ancrés au cours de l'évolution, aux deux sexes.
Cela explique la multitude de traits psychologiques et physiques spécifiques à chacun, même s'ils entrent en interaction complexe avec des facteurs sociaux, culturels et biologiques. (Cliquez pour lire la suite)
Nous savons qu'au XIXe siècle, les femmes ont commencé à revendiquer leurs droits à la propriété, le droit de vote, le droit d'occuper des fonctions publiques, le droit au travail et à l'égalité de rémunération. Le progrès technologique et l'industrialisation ont rendu leur contribution réalisable, en permettant aux femmes de prendre la barre d'entreprises et de partis politiques. De l'avis des antiféministes, une telle position peut susciter de l'anxiété et des questions.
Certes, selon l’agence analytique McKinsey Global Institute (MGI), en prenant des mesures pour résoudre la question de l’égalité hommes-femmes, le Canada pourrait ajouter 150 milliards de dollars à son PIB en 2026.
On peut aussi noter que, pendant la pandémie Covid-19, selon les données de Harward Business Review France, «les femmes cheffes d’État ont été maintes fois saluées pour leur gestion du Covid-19; par exemple, la plupart des pays gouvernés par des femmes ont fait état de taux de mortalité inférieurs à ceux des pays gouvernés par des hommes.»
De plus, je tiens à évoquer le phénomène qui s’appelle la “falaise de verre”, définie par l’Office québécois de la langue française comme la «situation dans laquelle un individu appartenant à un groupe habituellement confronté à une discrimination systémique accède à un poste de gestion dans une organisation alors que celle-ci éprouve d'importantes difficultés, ce qui rend cette position précaire». Ce concept a été créé pour désigner le fait qu’une femme est souvent nommée à un poste de pouvoir lorsqu’une organisation est dans le pétrin de sorte qu'elle puisse ensuite être tenue pour responsable de son échec.
On peut donc lister de nombreuses perspectives et avantages du féminisme. Pourtant, quel est le piège du féminisme et comment expliquer la présence de l'antiféminisme? On va regarder certaines de ses raisons.
À mon avis, la première raison est la "diabolisation" du féminisme, perçu par beaucoup de gens comme agressif. Certains pensent qu’il ne défend plus les droits des femmes, mais qu'il s’oppose aux droits des hommes et qu'il confond leurs tâches, oubliant que la nature a créé entre eux une énorme différence et qu'elle prévoit un équilibre des pouvoirs entre les femmes et les hommes.
Il y a un autre facteur très sensible: la corrélation inversement proportionnelle du taux de fécondité au niveau de liberté et de droits des femmes. La population mondiale devrait atteindre environ 10 milliards en 2100, avec un taux de croissance annuel inférieur à 0,1 %, soit une forte baisse par rapport au taux actuel. La fécondité mondiale diminue pendant que le monde vieillit. Entre 2020 et 2100, le nombre de personnes âgées de plus de 80 ans passera de 146 millions à 881 millions…
Il est en notre pouvoir de créer les conditions les plus confortables pour tous: les femmes, les enfants et les hommes. D’après-moi, il est nécessaire de maintenir un équilibre dans chaque sphère d'activité, où la masculinité et la féminité doivent être présentes, en particulier dans la principale unité sociale - la famille -, où les actions du mari et de la femme sont idéalement équilibrées et sont conçues pour se compléter, et non pour se substituer l'une à l'autre.
Pour conclure, je vous propose de lire le best-seller de John Gray Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus et en espérant que ses déclarations précises et caustiques vous ferons sourire.
La Voix du 311, le 10 juillet 2024
Le 1er juillet 1867, l'Acte de l'Amérique du Nord britannique (AANB - aujourd'hui Loi constitutionnelle) donne naissance au Canada. À l’origine, c’est une fédération de 4 provinces: le Québec, l’Ontario, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse. Ces colonies britanniques deviennent alors un dominion, c’est-à-dire que la politique interne aux territoires est désormais gérée par les Canadiens eux-mêmes, tandis que la politique internationale dépend toujours du Royaume-Uni. C'est pourquoi la date du 1er juillet est devenue la fête nationale du Canada. À cette occasion, on arbore souvent les différents symboles officiels du pays. Voici quelques explications à ce sujet.
De 1763 à 1867, le Canada est un ensemble de colonies britanniques, c’est-à-dire que le Royaume-Uni (la métropole) décide de toute la politique à y appliquer (les affaires intérieures et les affaires extérieures).
Le 1er juillet 1867, les colonies forment une fédération pour éviter un conflit entre elles et pour conserver une certaine autonomie. Cette "confédération" leur permet aussi de résister à l’influence grandissante des États-Unis.
De 1867 à 1931, le Canada devient alors un dominion, c’est-à-dire que la politique interne est gérée par le Canada lui-même, tandis que la politique internationale est gérée par le Royaume-Uni.
À partir de 1931, le Canada devient un État presque totalement indépendant, c’est-à-dire qu’il gère toute la politique du pays, même si le roi ou la reine du Royaume-Uni reste le/la chef(fe) d’État.
La dernière région à avoir rejoint le Canada est Terre-Neuve, en 1949. Le Nunavut a, quant à lui, été créé à partir d’une partie des Territoires-du-Nord-Ouest (qui faisaient déjà partie du Canada), en 1999.
Cette chanson a été composée par Calixa Lavallée le 24 juin 1880.
Elle est devenue l’hymne officiel du Canada le 1er juillet 1980.
Le drapeau a été adopté en 1965. Il est surnommé l’unifolié.
Le rouge représente l’automne canadien; le blanc représente la neige en hiver.
La feuille se trouve au centre de 2 bandeaux rouges qui symbolisent les océans.
Au sommet, la couronne représente la monarchie (le roi ou la reine du Royaume-Uni).
À gauche, le lion représente l’Angleterre.
À droite, la licorne représente l’Écosse.
Au milieu, il y a un bouclier sur lequel on peut voir les symboles de l’Angleterre, de l’Écosse, de l’Irlande et de la France, avec trois feuilles d’érable qui représentent l’union du Canada.
En 1994, un ruban rouge a été ajouté aux armoiries, affichant la devise de l'Ordre du Canada: Desirantes Meliorem Patriam (signifiant «Ceux qui aspirent à une meilleure patrie»
Signifiant « D’un océan à l’autre », cette devise latine est inspirée du psaume 72.8 de la bible: « Et il régnera depuis une mer jusqu’à l’autre [...]. »
En dessous de la devise, les roses symbolisent l’Angleterre; les chardons, l’Écosse; les trèfles, l’Irlande; et les lys, la France.
C’est un animal dont on a utilisé la fourrure, la chair et les os pour construire le Canada, dans le passé.
C’est un emblème officiel depuis 1975. Il apparaît sur la pièce de 1$.
L’érable est l'arbre emblématique du Canada.
C’est un arbre dont on utilise la sève pour fabriquer le sirop d’érable.
C’est un motif dont on se sert pour fabriquer des uniformes officiels, conçu par David Weiser pour représenter les couleurs des feuilles d’érable au fil des saisons.
Depuis 1994, les 2 sports nationaux du Canada sont officiellement la crosse (sport d’été) et le hockey (sport d’hiver).
La crosse se joue avec une balle en caoutchouc et un bâton muni d’un filet. À l’origine, c’était un sport traditionnel autochtone.
Le hockey se joue avec une rondelle en caoutchouc et un bâton recourbé.
En 1892, le gouverneur général du Canada Lord Stanley de Preston avait proposé de récompenser la meilleure équipe avec une coupe en argent. C’est pourquoi la Ligue nationale de hockey (LNH) organise encore aujourd'hui, chaque année, un championnat pour gagner “la Coupe Stanley”.
Le jour du déménagement
D'après l'Encyclopédie canadienne, "on croit souvent à tort que la date du déménagement a été choisie par les souverainistes québécois pour diminuer l’importance de la fête du Canada. Or, c’est un député libéral, Jérôme Choquette, qui est à l’origine du projet de loi qui a fixé la date du déménagement au 1er juillet".
LukasVolz, Oleksii Tryshyn, Christopher Kapoor, Mykyta Saliienko, Emmanuelle Ehrmann, le 20 juin 2024
Dimanche 9 juin 2024, les résultats des élections parlementaires européennes ont confirmé la progression générale de l’extrême droite au sein des 27 pays de l’UE (Union européenne). Ces résultats pourraient lourdement et durablement affecter ses voisins, dont le Royaume-Uni (qui s’en est exclu il y a quatre ans) et l’Ukraine (qui souhaite au contraire en devenir membre), ainsi que le reste du monde.
Samedi 8 juin dernier, les citoyen(ne)s de l’Union européenne (UE) vivant au Canada étaient appelé(e)s aux urnes pour élire leurs représentant(e)s au sein du Parlement européen.
Le lendemain, les résultats tombent: la droite l’emporte. La gauche, le centre et les écologistes reculent; les conservateurs se renforcent; et surtout, l’extrême droite progresse.
État de choc en France
En France, les deux partis d’extrême droite - le Rassemblement national (RN) et Reconquête - totalisent près de 40% des voix. Voilà plusieurs décennies que l’idéologie nationaliste et identitaire progresse. Mais cette fois-ci, les scores sont tels que le président de la République Emmanuel Macron a décidé - à la surprise générale - de dissoudre l’Assemblée nationale française et d’organiser dans l’urgence des élections législatives anticipées. Depuis, les partis de gauche et du centre tentent frénétiquement de trouver des solutions pour empêcher l’arrivée au pouvoir du RN, désormais premier parti de France. Marine Le Pen, à la tête de ce parti, accuse régulièrement l’immigration d’être la cause des maux dont souffre la France. Certains estiment au contraire que les immigrant(e)s jouent le rôle de boucs émissaires dans une société rongée par de nombreuses querelles internes. Rendez-vous le 7 juillet pour savoir qui sera le/la prochain(e) premier(ère) ministre…
Les origines du Rassemblement national
Pour mieux comprendre le choc qui a secoué la France au soir des élections européennes, il faut savoir que la Rassemblement national est le nouveau nom d’un ancien parti politique (le Front national) fondé en 1972 par d’anciens Waffen-SS, en collaboration avec le père de l’actuelle présidente du parti: Jean-Marie Le Pen. Cet homme a été condamné à plusieurs reprises pour violences, provocation à la haine, racisme et apologie de crimes de guerre.
De plus, le Front national (FN) de Jean-Marie Le Pen, puis le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen ont entretenu des liens politiques et financiers avec la Russie de Vladimir Poutine. Voici quelques extraits d’articles du site d’information et d’investigation français Mediapart à ce sujet.
«En avril 2014, [une association dirigée par] Jean-Marie Le Pen a reçu un prêt de 2 millions d’euros de la part d’une obscure société offshore chypriote, Vernonsia Holdings Ltd. Si l’identité du propriétaire de cette société n’a jamais été clairement établie, Mediapart a révélé qu’elle était alimentée par des fonds russes. [...] De plus, le FN a aussi directement contracté un prêt auprès d’une banque russe, la First-Czech Russian Bank, pour financer sa campagne pour les élections régionales et départementales de 2015. Un crédit de 9,4 millions d’euros que le parti doit rembourser jusqu’en 2028 auprès des créanciers de la banque, qui a fait faillite entre-temps.»
Lors du débat entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, pendant la campagne des dernières élections présidentielles, le président actuel avait souligné que sa concurrente était financée par des banques offshore russes.
La montée en puissance de l'AfD (Alternative für Deutschland - Alternative pour l’Allemagne)
En Allemagne aussi, les résultats de l'élection européenne ont été surprenants. Comme en France, le parti d'extrême droite (AfD) a gagné beaucoup de voix. Pour la coalition regroupant les socialistes (SPD), les verts (Grüne) et les libéraux (FDP), ce résultat a été un choc. Ces trois partis, qui forment le gouvernement allemand actuel, ont perdu plus de 20% des votes depuis l’élection nationale de 2021. Selon les analyses, ce résultat indique un mécontentement croissant envers le gouvernement fédéral. Les électeurs d'extrême droite et les conservateurs, surtout , déclarent vouloir donner une leçon au gouvernement.
Pour comprendre à quel point l’AfD est à droite, il est utile de savoir que le groupe de l'extrême droite Identité et Démocratie (ID) au Parlement européen a décidé de l'exclure, après que le principal candidat de l’AfD a déclaré que les Waffen-SS nazis n’étaient "pas tous des criminels".
Une statistique particulièrement effrayante est que l'AfD est devenue la deuxième force politique chez les moins de 25 ans avec 16%, après les conservateurs avec 17%. Une autre découverte de cette élection est la division croissante entre les États anciennement communistes de l’est et l’Allemagne de l’ouest: à l’est, presque exactement selon les anciennes frontières entre la RFA et la RDA, l’AfD est devenue le parti le plus fort.
Après les élections, plusieurs personnages clés de la CDU et de l'AfD ont demandé de nouvelles élections fédérales. La coalition gouvernementale s'y oppose. Les prochaines élections fédérales auront lieu en septembre 2025.
Situation contrastée au Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, qui se rendra aux urnes le 4 Juillet prochain, la page se tournera dans une autre direction que dans la plupart des autres pays d'Europe – à gauche. Eh bien oui, dans ce cas-ci, on trouve une notable exception. Après avoir vécu 14 ans sous la direction d'un gouvernement conservateur, et 5 premiers ministres qui se sont rapidement succédé (Rishi Sunak, étant le plus récent), le peuple a, semble-t-il, déjà décidé, selon les données les plus récentes et au vu des élections locales, qu’il voudrait choisir un nouveau chemin pour le pays: le parti travailliste, avec Keir Starmer à sa tête, qui aurait environ 44% du soutien populaire actuellement. De façon très intéressante, mais peut-être contre-intuitive, d'après plusieurs analystes, le Brexit a eu l’effet inverse au Royaume-Uni de ce qui se passe dans le reste de l’Europe en termes d’évolution du populisme. En effet, paradoxalement, le Brexit, lié à la croissance du populisme et de l’extrême droite chez les Britanniques, semble avoir affaibli cette tendance. À l’intérieur du pays, cela a été une opportunité pour les électeurs de droite de se défouler en soulageant leur colère. La pression extrémiste qui était en plein essor a donc pu redescendre pour cette raison. D’un autre côté, en dehors de l’Angleterre, le témoignage du Brexit a enhardi la montée du populisme.
L'Ukraine, aux portes de l'UE
À l'opposé de la situation britannique, l’Ukraine a parcouru un très long chemin pour devenir candidate à l'adhésion à l’Union européenne. Ce chemin a commencé en 1991, lorsque l'Union soviétique s'est effondrée et que les pays de la CEI (Communauté des États indépendants) ont été créés. Après que l’Ukraine s’est conformée au Traité de non-prolifération nucléaire, l’Union européenne a entamé des négociations avec elle en 1994.
Ayant passé par un long parcours, de nombreuses révolutions et un changement de gouvernement, en 2014, l’Ukraine et l’Union européenne ont signé un accord d’association. C’était la première étape du début de l'adhésion de l’Ukraine à l'Union européenne. Au total, il y en a 8.
Après des changements de politique au sein du gouvernement ukrainien depuis la signature de l’association, le président ukrainien Vladimir Zelensky a signé la demande d'adhésion de l’Ukraine à l’UE, le 28 février 2022.
Le 23 juin 2022, le Parlement européen a adopté une résolution soutenant le statut de candidat à l'UE pour l’Ukraine et le Conseil de l’Union européenne lui a accordé le statut de candidate à l'UE. À ce moment-là, L’Ukraine a franchi la 5e étape de l'adhésion à l’Union européenne.
Pourquoi l’Ukraine souhaite-t-elle rejoindre l’UE?
L'adhésion de l’Ukraine à l’UE sera une incitation significative à la croissance des échanges commerciaux, à la poursuite de la réforme de l’État et à l'accès à un autre niveau de développement, puisque le principal avantage de l'adhésion à l’UE est la possibilité pour l’Ukraine d’atteindre le même niveau que les pays leaders d’Europe. Dans le même temps, comme le montre l'expérience d’autres pays, l'adhésion d’un pays à l'UE apporte un certain nombre d’avantages tant aux citoyens qu’aux entreprises.
Reste à savoir si les partis d'extrême droite, de plus en plus influents dans l'Union, soutiendront l'Ukraine ou la Russie dans les années qui viennent.
Christopher Kapoor
Paradoxalement, le Brexit (la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne en 2020) a évité au Royaume-Uni le rude virage à droite que connaissent aujourd'hui tant d'autres pays. D’un autre côté, en dehors de l’Angleterre, le témoignage du Brexit a enhardi la montée du populisme en Europe... Au détriment de tout le monde, à mon avis. Les experts se demandent si le genre de populisme qui se renforce en Europe est beaucoup plus inquiétant que celui qu'on connaît en Amérique, par exemple aux États-Unis, du fait que le mouvement européen est plus idéologique et pas nécessairement incarné dans un personnage, comme le tristement célèbre Donald Trump.
Yumi Inoue-Cheng et Catalina Villavicencio Hormazabal, le 19 juin 2024
Maxi, Provigo, Loblaws, Pharmaprix... Toutes ces enseignes font partie de la même compagnie de distribution (Loblaw Ltd), elle-même contrôlée par le grand groupe financier canadien Weston. La puissance économique de cet ensemble est telle au pays que certain(e)s consommateurs et consommatrices redoutent les abus de pouvoir. Plusieurs appels au boycott ont notamment été lancés par des associations pour protester contre la hausse des prix pratiqués dans les magasins affiliés à Loblaw.
Étant une des plus grandes entreprises de distribution canadienne, Loblaw est également l'un des plus gros employeurs du Canada. Fondée en 1919 par Theodore Pringle Loblaw and Justin Cork, elle a été rachetée par le groupe alimentaire Weston, en 1947.
Cette compagnie contrôle près de 2400 supermarchés au Canada. Elle dirige les supermarchés Loblaws, Freshmart, No Frills, T & T , Maxi, Provigo ainsi que les pharmacies Shoppers Drug Mart et Pharmaprix.
Loblaw compte 1 100 points de vente (succursales ou franchises), 800 en association et fournit 9 000 magasins indépendants.
Loblaw est aujourd'hui détenu par la famille Weston (à hauteur de 51% du capital) via la holding George Weston. Son siège est situé à Brampton, en Ontario.
Plus de 20% de hausse des prix sur les produits alimentaires
Des consommateurs ont organisé un boycott de l’ensemble de la chaîne pour exprimer leur frustration face à la hausse continue des prix et à la concentration de l’industrie.
L’inflation des produits d’épicerie était de 1,4% en avril dernier, ce qui a contribué à faire baisser l’inflation globale à 2,7%, a souligné Statistique Canada. Cependant, au cours des trois dernières années, les prix des produits alimentaires ont grimpé de 21,4%, selon l’agence publique.
Qui appelle au boycott?
Sur le réseau social Reddit, le forum «Loblaws a perdu les pédales» a été créé pour discuter de la frustration des gens face à la hausse de prix. Le site web a déjà acquis plus de 90 000 membres qui sont uni(e)s pour demander l’accès à une nourriture abordable. Ces consommateurs ont des revendications à la fois l’égard de Loblaw et du gouvernement du Canada.
De Loblaws, ils exigent:
la signature du Code de conduite des épiceries;
aucune autre augmentation des prix dirigée par les détaillants pour 2024;
aucune autre augmentation des dividendes;
la transparence accrue des coûts, c’est-à-dire l'identification des articles ayant subi une "réduflation" (la réduction discrète des quantités de produits à l'intérieur des emballages);
l'engagement de pratiquer des prix abordables, c’est-à-dire des plafonds de prix sur les articles essentiels;
l'engagement à mettre fin à la surfacturation, avec des prix reflétant les tarifs pratiqués par les fournisseurs.
Du gouvernement du Canada, ils exigent:
une investigation rigoureuse sur les facteurs qui augmentent les prix des épiceries parmi lesquels la chaîne logistique, la compétition du marché, et la politique de prix des grandes chaînes de supermarchés;
l’augmentation de la transparence des prix et la garantie d'une politique de prix raisonnables dans toute l’industrie alimentaire;
un soutien aux producteurs et vendeurs locaux.
Dans la même veine, le 4 juin 2024, la Chambre des communes du Canada a discuté la motion proposée par Alistair MacGregor, député du NPD (Nouveau parti démocratique) de Colombie-Britannique:
«Étant donné que le coût des aliments continue d’augmenter pendant que les géants de l’alimentation comme Loblaw, Metro et Sobeys font des profits records, la Chambre demande au gouvernement de :
a) forcer les grandes chaînes d’épicerie et les fournisseurs à baisser leurs prix des aliments essentiels sous peine d’être soumis à un plafonnement des prix ou à d’autres mesures;
b) cesser de retarder les réformes requises depuis longtemps au programme Nutrition Nord;
c) mettre fin aux cadeaux des libéraux et des conservateurs aux grands épiciers. »
Finalement, le parlement a voté contre la motion. Des 312 élus qui ont participé, 12 ont voté nul, 286 ont voté contre, et seulement 26 élus ont voté pour. En fait, au Québec, le député NPD de Rosemont-La Petite-Patrie, M. Alexandre Boulerice, a été le seul «Oui» du Québec, sur nos 74 élus.
Yumi Inoue-Cheng
À Montréal, nous sommes chanceux d’avoir une culture des petites entreprises du coin. Dans beaucoup de cas, il y a un marché, peut-être plus proche de vous que Maxi, dans lequel vous pouvez faire vos courses à des prix abordables. En même temps que vous soutenez les patrons des petits marchés, vous investissez dans votre quartier. Pour vous aider à en trouver, un membre du boycott a développé le site web Alt Grocery sur lequel les épiceries alternatives sont organisées sur une carte.
Pour plusieurs personnes, il est difficile de participer si le seul supermarché proche est une entreprise affiliée à Loblaw. En fait, cette situation prouve le risque de monopole des grandes chaînes de supermarché. Si ce n’est pas possible de faire les courses dans le coin, il y a cependant plusieurs moyens d’aider la cause. Premièrement, il y a une pétition gouvernementale que vous pouvez signer. Ensuite, vous pouvez écrire un courriel à votre député(e) avec vos inquiétudes – pour découvrir votre élu, ce site web vous donne l’information requise. Mais, selon moi, le meilleur moyen de changer le chemin de nos vies quotidiennes, c’est de créer une communauté pour se soutenir dans les temps difficiles et de prendre connaissance des personnes de pouvoir qui ont une influence sur le coût de nos vies, nos libertés et nos opportunités.
La Voix du 311, le 12 juin 2024
Le débarquement des troupes alliées en Normandie a eu lieu il y a 80 ans. Le 6 juin 1944, plus de 150 000 hommes arrivaient dans le Nord de la France après avoir traversé la Manche. Environ 10% d'entre eux étaient canadiens. Voici 6 points à retenir sur ce jour historique.
1- Quel a été le message radiophonique codé qui a lancé l’opération?
“Les sanglots longs des violons de l’automne
Blessent mon cœur d’une langueur monotone.”
Extrait de Chanson d’automne du poète français Paul Verlaine
2- Quel était le nom de code du débarquement lui-même?
Neptune (le dieu romain de la mer)
3- Quel était le nom de code de la plage sur laquelle ont débarqué les soldats canadiens?
Juno (la déesse romaine du mariage)
4- Combien de soldats canadiens ont participé à l’opération?
Environ 15000 hommes, soit 10% du total de l’armada
5- Quel était leur objectif militaire?
Ils devaient pénétrer à l’intérieur des terres jusqu’à la ville de Caen (à 20km de la plage).
6- Quel danger naturel s’ajoutait aux dangers de la guerre, le Jour J?
La marée montait; il fallait donc aller vite.
La Voix du 311, le 3 juin 2024
Claudia Sheinbaum vient d'être élue présidente du Mexique, avec environ 60% des suffrages exprimés. Elle n'entrera toutefois en fonction que le 1er octobre prochain. Ce sera alors la première femme de l'histoire à diriger le pays.
Hier, le 2 juin 2024, les Mexicain(e)s ont élu une femme comme présidente.
Elle s’appelle Claudia Sheinbaum. Physicienne, membre du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et ancienne mairesse de Mexico, elle a 61 ans. C’était la candidate de la gauche au pouvoir. L’ex-président, surnommé “AMLO” (Andrés Manuel López Obrador) lui a passé le relais. Elle entrera officiellement en fonction le 1er octobre prochain. Il y aura de nombreux défis pour elle, notamment l’insécurité.
Les citoyen(ne)s l’ont élue avec environ 60% des voix. Sa rivale de droite a perdu, avec près de 30%, tandis que le candidat du centre a obtenu 10%.
Ces élections générales ont été marquées par une très grande violence: 35 candidats ont été assassinés durant la campagne, probablement par les narcotrafiquants.
La Voix du 311, le 3 juin 2024
Depuis deux semaines, le projet de loi 57, actuellement en discussion à l'Assemblée Nationale du Québec, suscite la polémique: certains y voient un renforcement de la démocratie, tandis que d'autres le considèrent au contraire comme un danger pour la démocratie. Voici quelques arguments pour et contre ce projet. Le texte devrait être adopté ou rejeté d'ici la fin de cette semaine.
Liste synthétique dressée par Hoda Dastani, Yumi Inoue-Cheng, Linh Tran
Cette loi permettrait de...
protéger les élu(e)s contre les menaces, le harcèlement et l’intimidation;
préserver leur vie privée;
mettre en lumière les conséquences du harcèlement et de l'intimidation sur la santé des élu(e)s;
réduire le nombre de démissions chez les élu(e)s;
favoriser les débats sains et civils dans la société.
Cette loi risquerait de...
menacer la liberté d'expression en raison de la définition floue «d'entrave indue à l'exercice des fonctions»;
remettre en cause l'accès à l'information des citoyen(ne)s concernant leurs représentant(e)s;
revenir sur un principe bien reconnu par les tribunaux selon lequel la sphère de vie privée d’un élu est moins large que celle d’un citoyen dit ordinaire;
bâillonner l’opposition;
censurer de la presse.
Des directeurs de grands groupes de presse du Québec unissent leurs voix pour demander au gouvernement de François Legault d'amender le projet de loi 57.
Résumé de la Lettre ouverte publiée le 16 mai sur le site de RADIO-CANADA par Felipe Alves Rosa
Les auteurs rapportent leurs inquiétudes concernant le projet de loi 57 qui veut protéger les élus mais, en même temps, qui peut limiter la liberté d'expression. Ils soulignent que critiquer les élus est essentiel pour la démocratie et que la loi peut être utilisée pour bâillonner l'opposition. Les auteurs demandent que des amendements soient ajoutés dans la loi pour garantir le respect de la liberté d'expression.
La ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, défend le projet de loi 57 sur la sécurité des élus.
Résumé de l'article de Nicolas Bourcier et Sébastien Desrosiers - Publié le 16 mai sur le site de RADIO-CANADA par Felipe Alves Rosa
L'auteur rapporte le point de vue de la ministre qui a proposé la loi 57. La ministre affirme que la loi est capable de protéger les élus tout en respectant les droits et libertés. L’auteur mentionne que le projet prévoit des amendes pour menaces et harcèlement. L’auteur souligne que la démission inattendue de la mairesse de Gatineau a remis à l’avant-plan les conséquences du harcèlement et de l’intimidation des élus sur leur état de santé.
Ayham Salman
Je considère personnellement tout projet de loi qui tente de donner aux candidat(e)s et aux représentant(e)s politiques des avantages supplémentaires à ceux du reste de la société comme une violation des valeurs de justice et d’égalité. Je pense que les lois générales protègent la sécurité et la liberté des individus, quelle que soit la nature de leur travail ou leur statut social.
Bien entendu, les personnalités politiques ont le droit de poursuivre toute institution ou tout individu en cas de diffamation ou de menace avérées, conformément aux lois générales.
Thiago Souza Gomes, Hira Amir, Ayhan Salman, Lukas Volz, le 28 mai 2024
Le 22 mai, la ministre des Affaires municipales et de l'Habitation, France-Élaine Duranceau, a proposé une nouvelle loi qui limiterait le droit d’éviction des propriétaires et protègerait des locataires âgés 65 ans et plus. Si elle est acceptée par le Parlement du Québec, elle s'appliquera dès le début du mois de juin. Cela suffira-t-il à régler la crise du logement qui sévit à Montréal?
La ministre des Affaires municipales et de l'Habitation, France-Élaine Duranceau, membre de la coalition au pouvoir (Coalition avenir Québec - CAQ), exige deux changements notables:
Premièrement, à partir du moment où la loi entrerait en vigueur, il serait interdit aux locateurs d’expulser leurs bailleurs pour les 3 prochaines années, imposant effectivement un arrêt aux évictions jusqu’en 2027.
L’autre partie de la loi propose de protéger les aîné(e)s. Les locataires âgés 65 et plus qui habitent leur logement depuis au moins 10 ans seront protégé(e)s des évictions et des reprises de logements. Jusqu’à maintenant, le seuil était de 70 ans.
Le leader parlementaire de la CAQ, Simon Jolin-Barrette, espère que la loi sera adoptée avant la fin de la session parlementaire, le vendredi 7 juin.
Même si le parlement vote en faveur de la nouvelle loi, ce n’est pas uniquement une belle nouvelle pour les locataires les plus à risque, car il y a des exceptions qui permettent aux propriétaires de continuer d’expulser, l’une étant le droit des propriétaires de reprendre les logements pour eux-mêmes ou pour leur famille proche. Une autre concerne une atténuation de la crise: « si le taux d’inoccupation des logements locatifs publié par la Société canadienne d’hypothèques et de logement [SCHL] pour l’ensemble des centres urbains du Québec dont la population est d’au moins 10 000 habitants atteint 3 % », la mesure se terminera, selon le texte du projet de loi. En plus, le gouvernement se réserve le droit « de soustraire toute partie du territoire du Québec de l’application [de la mesure] ».
L'augmentation des loyers en 2024
Il y a quelques mois, le Tribunal administratif du logement (TAL) a dévoilé ses taux d'ajustement sur lesquels les propriétaires d'immeubles de logements du Québec doivent se baser pour calculer leurs augmentations de loyer en 2024: 4% en moyenne.
Plus précisément, la hausse moyenne estimée pour un logement chauffé ou non chauffé est de 4,6%, en tenant compte de la majoration des taxes municipales (au lieu de 2,3% en 2023). Pour les logements chauffés au gaz naturel, la hausse est de 3,9% (au lieu de 5,2% en 2023). Mais pour les locataires de logements chauffés au mazout, la hausse moyenne est de 1,6 % (au lieu de 8% en 2023).
Les impacts sociaux de la crise
Les données statistiques montrent que les personnes les plus atteintes appartiennent à des groupes sociaux minoritaires. Selon les données de Statistique Canada, les immigrants et résidents non permanents constituent, ensemble, environ 18% du total des ménages qui ne peuvent pas satisfaire leurs besoins impérieux (y compris le logement). L'augmentation des prix de location a empiré les conditions de vie des familles qui souffrent déjà d'une situation précaire, puisque les aliments se trouvant sur les marchés sont 21% plus chers en avril 2024 par rapport au même mois de l’année antérieure, à cause de l’inflation.
L’ensemble de la hausse du prix des locations, de la nourriture et des difficultés à trouver un emploi créent un nouveau problème: l’éviction de la population pauvre. En 2023, il y a eu environ 3531 cas d’éviction, une croissance de presque 152% par rapport à 2022, selon le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ). En comparaison des autres années, il est possible de voir qu’il y a une augmentation accélérée - les chiffres ont augmenté de 6 fois depuis 2020.
Les conséquences de la crise du logement ne se limitent pas au risque d’éviction; une étude suédoise a constaté que les personnes qui ont perdu leurs maisons ont quatre fois plus de risque de commettre un suicide que le reste de la population. Les personnes âgées sont encore plus en danger.
L'origine de la crise
L'origine de la crise du logement au Québec vient de plusieurs causes. Il y a peu de logements disponibles et la spéculation immobilière fait augmenter artificiellement les prix, ce qui amplifie le risque d'éviction pour les personnes les plus vulnérables.
La Voix du 311, le 11 mai 2024
Depuis le 27 avril dernier, des étudiant(e)s dorment sur le campus de l'université McGill pour protester contre la guerre que mène Israël à Gaza. Le campement, entouré de grillages et hérissé de drapeaux, compte aujourd'hui une centaine de tentes. Nous sommes allé(e)s sur place, jeudi dernier, pour mieux comprendre les revendications des manifestant(e)s.
Lorsque nous sommes arrivé(e)s au campus de l’université McGill, beaucoup d’étudiant(e)s se tenaient à proximité de l'endroit où avaient été installées les tentes. Sur un terrain devenu boueux à force de passages et de pluie, ils étaient là dans l’intention de soutenir les Palestinen(ne)s de Gaza. Les affiches et les banderoles qui entouraient le campement montraient qu'ils n’étaient pas d’accord avec la façon dont l’université - et le Canada en général - réagissaient face à cette situation.
Sur l'allée de palettes qui conduisait à l'entrée du campement, une jeune femme nous a précisé que nous n'avions pas le droit d'aller plus loin: seul(e)s les campeurs et les campeuses pouvaient accéder à l'intérieur de l'enclos. Elle a ajouté que nous pouvions prendre des photographies, à condition de ne pas faire apparaître le visage des manifestant(e)s.
Nous sommes donc resté(e)s devant l'entrée pour poser quelques questions. L'étudiant responsable des relations avec les médias est alors venu à notre rencontre. C’est la personne avec qui nous avons le plus parlé. Il nous a expliqué que certains d'entre eux allaient avoir une rencontre avec des représentants de l’université McGill pour parler de leurs demandes.
Plus précisément, les étudiant(e)s en charge des négociations font partie du SPHR (Students in Solidarity for Palestinian Human Rights - Étudiant(e)s solidaires pour les droits humains en Palestine), un club politique actif depuis plusieurs années au sein de l'université McGill.
Leur principale demande est la suivante: que l'université rompe tout lien économique avec les compagnies et les groupes qui financent - directement ou indirectement - l’armée israélienne. Au total, d'après le SPHR, il s’agirait d'un budget d’au moins 20 millions de dollars.
Selon notre interlocuteur, si la direction de McGill acceptait, les manifestant(e)s lèveraient le camp.
Dans un communiqué de presse publié vendredi 10 mai, l'université a cependant annoncé qu'elle déposerait, lundi, une demande d'injonction pour forcer le démantèlement du camp. Les négociations ne semblent donc pas avoir abouti à un accord.