Alibaba Lee, le 18 février 2023
Au Nicaragua, le régime de Daniel Ortega a banni plus de 200 prisonniers politiques, confisqué les biens de 94 Nicaraguayens exilés, et les a dépouillés de leur citoyenneté.
Mercredi dernier, le 15 février, le chef de la Cour suprême de justice du Nicaragua a déchu de leur citoyenneté 94 Nicaraguayens exilés. Il les a déclarés «traîtres à la patrie» et a confisqué leurs biens, lesquels sont devenus propriété du gouvernement du Nicaragua.
Quelques jours plus tôt, le 9 février 2023, le gouvernement du Nicaragua avait "libéré" et expulsé 222 prisonniers politiques sur 245. De façon soudaine, sans en informer leurs familles, il les a bannis vers Washington. Le gouvernement des États-Unis a facilité la libération de ces prisonniers, leur a fourni l’assistance médicale et légale et leur a délivré des permis de séjour d’une durée initiale de deux ans pour causes humanitaires, afin qu’ils puissent régler leur situation.
À la suite de cette expulsion, le gouvernement du Nicaragua a publié un communiqué dans lequel il annonçait la déportation immédiate de ceux qu'il considère comme «portant atteinte à l'indépendance, à la souveraineté et à l'autodétermination du peuple, incitant à la violence, au terrorisme et à la déstabilisation économique». En même temps, le parlement a modifié la constitution nicaraguayenne afin de pouvoir retirer à tous les déportés leur citoyenneté pour s’être conduits comme «des traîtres à la patrie».
Parmi les personnes bannies, on trouve des journalistes, des hommes d'affaires, des étudiants universitaires, des paysans, des religieux, des activistes des droits humains et des politiciens - dont tous les candidats opposants qui s’étaient présentés aux élections présidentielles de 2021, mais qui avaient finalement été écartés du processus électoral. Certaines des personnes libérées avaient été emprisonnées pendant plus de deux années juste pour avoir exercé leur droit à la libre expression, dans des conditions épouvantables et sans accès à une procédure régulière.
L’évêque Rolando Alvarez - détenu de façon injustifiée depuis le 19 août 2022 - a refusé d’embarquer à bord de l’avion qui conduisait les autres opposants aux États-Unis. Par conséquent, il a été réincarcéré, a été condamné à 26 ans de prison et a, en outre, été déchu de sa citoyenneté.
Un grand nombre de détentions de prisonniers politiques au Nicaragua ont eu lieu à la suite des événements d'avril 2018 quand, en raison des réformes de la sécurité sociale, des manifestations sociales pacifiques ont été violemment réprimées par la dictature de Daniel Ortega et Rosario Murillo. Des actions violentes contre les droits de l'homme par la dictature ont été commises, telles que des meurtres, des tortures, des enlèvements et disparitions de personnes, des emprisonnements injustifiés, des fermetures de médias, etc.
Selon la Commission interaméricaine des droits de l’homme, entre le 18 avril 2018 et le 31 juillet 2019, il y a eu un total de 355 morts avérés. D'ailleurs, à partir du 18 avril 2018, les chiffres d'émigrations du Nicaragua se sont multipliés. Des milliers de Nicaraguayens ont dû fuir les persécutions et les atteintes aux droits humains exercées par le régime.
La "libération" de 222 prisonniers politiques ne change en rien la politique répressive et antidémocratique au Nicaragua.
Qunying Duan et Hania Salhab, le 17 février 2023
L'espace aérien des États-Unis et du Canada a récemment reçu des visiteurs indésirables. Qui sont-ils donc? Comment les États-Unis et le Canada réagissent-ils?
Au cours des dix derniers jours, dans l'espace aérien des États-Unis et du Canada, il y a eu 4 objets volants non identifiés (OVNI).
L’un d’eux a provoqué une discussion et ainsi accru la tension dans la relation diplomatique entre les États-Unis et la Chine. D'ailleurs, l’affaire a poussé le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, à reporter une visite prévue en Chine.
Le premier objet volant était un ballon chinois qui flottait au-dessus des États-Unis. Selon un article du Journal de Montréal, paru le 2 février, le Pentagone a annoncé suivre un ballon-volant à haute altitude au-dessus du territoire des États-Unis. Le ballon chinois volait à une altitude d’environ 60 000 pieds (environ 18km) et portait une sorte d’énorme nacelle pesant plus d’une tonne. Sa taille serait comparable à celle de trois autobus.
Pour Washington, c'était, sans aucun doute, un ballon-espion chinois entré sur le territoire américain depuis plusieurs jours déjà. Mais Pékin a expliqué qu’il s’agissait d’un aéronef civil utilisé à des fins de recherches, principalement météorologiques. Évidemment, l'explication de Pékin n’a pas été suffisante pour convaincre le gouvernement américain. Le 4 février, l’armée américaine l’a donc abattu au large de la Caroline du Sud.
Ensuite, le 10 février, Washington a annoncé avoir abattu un autre «objet» volant à haute altitude au-dessus de l’Alaska. C'était le deuxième objet volant non identifié. «Nous ne savons pas qui en est le propriétaire, si c’est un État ou une entreprise ou un particulier. Et nous ne comprenons pour l’heure pas son usage», affirmait un porte-parole de la Maison-Blanche.
Le lendemain, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé qu’un «objet non identifié» survolant le nord-ouest du Canada avait été abattu dans le Yukon, à environ 160 km de la frontière canado-américaine, dans le cadre d’une opération conjointe entre Washington et Ottawa.
C'était le troisième objet et celui-ci était un «appareil cylindrique», a dit la ministre canadienne de la Défense, Anita Anand.
Le dimanche 12 février, un quatrième «objet» a été abattu par un F-16 au-dessus du lac Huron, dans le nord des États-Unis.
Celui-là était «octogonal» et «sans nacelle apparente», a indiqué un haut responsable de l’administration. Un responsable du FBI a récemment indiqué que des débris des équipements avaient été récupérés et seraient analysés.
En conclusion, l'incident du ballon chinois a augmenté la tension entre les deux plus grandes puissances mondiales.
Les États-Unis ont donc fait plus attention à leur espace aérien. Cela explique peut-être l’augmentation soudaine du nombre “d’objets volants non identifiés”.
Nous suivrons étroitement les prochains développements.
Maryam Dehghani et Yvonne Patel, le 20 février 2023
Le dernier film de Jafar Panahi, Aucun ours, qui, comme la plupart de ses œuvres récentes, le met directement en scène, a été projeté en 2022 à la Mostra de Venise alors qu’il était déjà emprisonné. Le film a remporté le Prix spécial du jury.
Jafar Panahi, dont les films ont été primés dans plusieurs festivals de cinéma européens, avait été arrêté le 11 juillet 2022, avant même le début de la vague d’actions de protestation qui secoue le régime iranien depuis le mois de septembre.
Le 3 février, le cinéaste a été libéré sous caution après sept mois de détention en Iran. Il avait entamé une grève de la faim pendant deux jours pour protester contre sa détention.
Son arrestation, en juillet 2022, était intervenue après qu’il avait assisté à l’audience au tribunal d’un autre réalisateur, Mohammad Rasoulof, interpellé quelques jours auparavant.
La première scène du film se déroule dans un café en Turquie; on assiste à une conversation entre deux amants, Zara (Mina Kavani) et Bakhtiar (Bakhtiyar Panjeei). Ce dernier a finalement obtenu un passeport volé qui permettra à Zara d’aller en Europe, loin du contrôle du régime iranien. Malheureusement, il n’a pu obtenir qu’un seul passeport, et cette nouvelle n'est pas appréciée par Zara, qui ne veut pas le quitter.
Tout en étant déjà installé au fond des sièges, prêt à entrer dans le récit, on entend la voix de Jafar: «Cut!». Soudainement, on réalise qu’on est dans un monde multidimensionnel que Jafar a créé pour les spectateurs, pour nous.
En conséquence d'un mauvais lien avec son assistant, il a dû arrêter de filmer de loin, car il travaille à distance. Nous réalisons qu'il est dans un village isolé en Iran à la frontière de la Turquie. Il décide de déambuler à travers le village où les habitants se préparent pour le mariage d’une couple, en prenant quelques photos. Sans prétention et sans précaution, il prend des photos avec son appareil de poche, ce qui donne au film une tournure menaçante. Le spectateur s’en rend vite compte lorsqu'une jeune fille, Gozal (Darya Alei), terrorisée arrête sa voiture et lui demande de supprimer les photos qu’il a prises d’elle et de son amant, parce qu'elle est déjà promise à un autre homme. Elle le prévient que si la photo sort, il y aura beaucoup de sang versé.
Le décor est planté, et nous assistons au déroulement du drame sur plusieurs fronts. Jafar tisse magistralement un tableau où la réalité et la fiction sont intimement imbriquées. Son style brouille les lignes entre ce que les acteurs ressentent personnellement et l'impact que cela a sur leur art. Le thème au cœur du film, à savoir les restrictions imposées aux personnes, résonne notamment dans la perspective des peuples iraniens.
La propre histoire de Jafar Panahi démontre déjà sa grande résilience: malgré le fait que le régime iranien lui interdise de faire des films ou de quitter le pays, il poursuit son œuvre. En sachant cela, d’emblée, l'esprit du spectateur commence à s’imprégner de son art. Nous sommes témoins des différents niveaux de restrictions. Comme les poupées Matriochka, chacune cachée dans une autre, les restrictions sur le déplacement, la création artistique, l’amour, la liberté, particulièrement imposées aux femmes, nous sont dévoilées avec talent par Jafar. Il nous montre que ce n'est pas seulement l'autorité qui contrôle ces restrictions sur les individus, mais aussi la société et la culture; comme nous le voyons dans le cas de Gozal, qui est promise à un homme dès sa naissance, et de son amant mort, que nous voyons à la fin du film.
Parlant peu tout au long de son film, Jafar nous immerge dans les différentes réalités vécues par le peuple iranien. Il garde cependant un grand sens de l’ironie quand, au milieu du film, il réalise par hasard qu’il est sur la frontière et qu’il pourrait tout simplement échapper à toutes les limitations qu’il dénonce. Malgré cela, il décide de rester en Iran, démontrant ainsi son engagement dans la résistance contre ceux qui tentent de restreindre les libertés du peuple.
Olena Kiritsa et Molly Kurtova, le 18 février 2023
Aujourd’hui, un grand nombre de Mexicains émigrent. Environ 8% des Mexicains résident dans d’autres pays. Quelles sont les raisons de cette émigration massive? Qui part du Mexique? Cependant, de nombreux étrangers voient le Mexique comme un pays d'opportunités. Qui donc va s’installer là-bas et pourquoi?
Malgré tous les efforts déployés par le gouvernement américain ainsi que par le gouvernement mexicain pour arrêter la crise migratoire, chaque jour, des milliers de personnes osent sortir de leur pays afin de chercher une meilleure qualité de vie aux États-Unis. Selon les données du portail de données sur la migration mondiale de 2020, il y a 11,2 millions d'émigrants mexicains dans le monde (soit 8,1 % du nombre total des personnes nées au Mexique); parmi eux, 10,9 millions d’émigrants se trouvent aux États-Unis, 128 000 au Canada.
Quelles sont les causes qui encouragent les Mexicains à émigrer?
Le problème du chômage existe surtout dans les zones rurales, où les habitants essayent d'améliorer la qualité de leur vie en émigrant généralement dans le pays voisin, les États-Unis. Pour fuir l'insécurité, les Mexicains cherchent la tranquillité dans les autres pays à cause de nombreux crimes liés au trafic de drogue, aux agressions, aux extorsions, aux enlèvements. Parallèlement, le taux de pauvreté a augmenté ces dernières années (plus de 40% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté). Plusieurs Mexicains émigrent aussi pour poursuivre un enseignement supérieur. Bien que la plupart des Mexicains émigrent aux États-Unis, de plus en plus choisissent d’autres pays d'Amérique Latine et d'autres continents pour des raisons professionnelles, conjugales, éducatives, familiales ou personnelles.
1% des habitants du Mexique sont cependant des immigrants.
Par ailleurs, le Mexique reçoit des immigrants d’autres pays. Chaque jour, des étrangers arrivent et décident de rester au pays pour une durée indéterminée. 80% des étrangers vivant au Mexique viennent de pays limitrophes (États-Unis et Guatemala), et d’autres pays hispanophones. Le total d’immigrants officiellement enregistrés s’élève aujourd’hui à environ 1% de la population, c’est-à-dire 1,2 million de personnes, selon le recensement national de 2020. Le Mexique n’est pas seulement attirant en raison de son climat, de sa culture et du coût de la vie relativement bas pour les retraités des pays développés, mais aussi pour ses opportunités d’investissement: les entrepreneurs étrangers décident d'ouvrir des entreprises, car il y a une population nombreuse de consommateurs potentiels. Historiquement, le pays a été attractif pour l’immigration sélective, y compris l’asile politique en raison de persécutions religieuses ou idéologiques. C’est pourquoi la majorité des intellectuels, scientifiques et artistes qui résident au Mexique viennent d’autres nations.
Il y aura toujours des gens qui chercheront de meilleures conditions de vie ailleurs et, en même temps, la migration enrichit le pays d’accueil par la présence d’immigrants d’autres nations.
Fereshteh Raisdanaee, le 30 janvier 2023
Amnistie internationale Canada appelle à manifester samedi 4 février à 13h00, du Parc Jeanne-Mance (devant la statue George-Étienne Cartier) jusqu'à la place des Festivals. Voici un extrait du communiqué de presse.
«Alors que les autorités iraniennes ont déjà procédé à l’exécution de 4 personnes en lien avec les manifestations, au moins 20 autres personnes, dont 3 enfants, risquent le même sort. Depuis septembre, plus de 300 personnes ont perdu la vie pendant les manifestations. On compte aussi de nombreuses arrestations arbitraires et des actes de torture. Afin de dénoncer la répression sanglante dont sont victimes les Iraniennes et les Iraniens, Amnistie internationale Canada francophone et le collectif Femme, Vie, Liberté – MTL appellent à se mobiliser lors d’un grand rassemblement organisé le samedi 4 février prochain à Montréal.»
Comme dans de nombreux pays d'Amérique latine et du reste du monde, le Pérou et le Salvador vivent actuellement sous un régime d'exception, un état d'urgence qui limite les droits de la personne pour rétablir l'ordre. Théoriquement, il s'agit d'une mesure temporaire; mais parfois, l'exception devient la règle. Où se trouve le juste équilibre entre sécurité et liberté?
Teresa Cordova et Juan Luzardo, le 27 janvier 2023
Qu’est-ce qui se passe à Lima, au Pérou? Un grand mécontentement social émeut le pays. Diverses organisations, à la fois d’Amérique latine et d’Europe, ont qualifié le gouvernement de la nouvelle présidente, Dina Boluarte, de dictatorial alors qu'elle affirme défendre la démocratie.
Le 26 janvier 2023, l’ONU (Organisation des Nations unies) a appelé les autorités et les forces de sécurité du Pérou à prendre des mesures pour assurer le respect des droits humains, y compris le droit de manifester pacifiquement.
Durant la fin de semaine dernière, les forces de l’ordre ont évacué environ 400 touristes, qui étaient sur le fameux centre archéologique du Machu-Picchu, pour les protéger de la violence dont souffre le pays depuis plusieurs semaines....
Pour comprendre cette situation, il faut remonter au 7 décembre 2022. Ce jour-là, Dina Boluarte et le congrès législatif ont destitué Pedro Castillo, le président élu en 2021, qui avait tenté un "auto-coup d'État" - et l’ont mis en prison: une partie de la population pense que c’est, en fait, un coup d’État.
La destitution de Castillo a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase: les classes populaires rurales, qui étaient agacées par les actions abusives des agents commerciaux du système néolibéral dans différents territoires à l'intérieur du pays, ont perdu patience. Des Péruviens de régions rurales ont commencé à se déplacer vers la capitale pour demander la démission de l'actuelle présidente Dina Boluarte et la libération de Pedro Castillo.
Des manifestations, des violences et des incendies ont éclaté. Les Péruviens qui voulaient que leurs droits soient respectés se sont révoltés pour défendre le président qu’ils avaient élu démocratiquement.
Le Pérou vit l'un des pires moments de violence politique de la dernière décennie, avec un peu plus de 60 morts.
Au fil des années de chaos politique, les Péruviens ont perdu confiance dans leurs institutions dysfonctionnelles. Ils se plaignent de la négligence, de la corruption, de l’injustice et de l’inefficacité du gouvernement.
La frustration se reflète dans l’instabilité politique du pays où, au cours des 5 dernières années, il y a eu 6 présidents. Les manifestants montrent maintenant leur exaspération totale.
Boluarte et les législateurs ne veulent pas démissionner. Elle a déclaré l’état d'urgence afin de contrôler les manifestants qui continuent de sortir dans la rue pour exprimer leur mécontentement.
Eisha Tar Razia, Edith Gamez, Maritza Elizabeth Torres Funes, le 22 janvier 2023
Comme vous le savez, il y a de la criminalité dans tous les pays, mais certains pays ont un taux de criminalité très élevé. Le Salvador est l'un d’entre eux. Alors, que fait le gouvernement à ce sujet pour améliorer et assurer la sécurité de ses citoyens?
Savez-vous ce qu'est un régime d’exception? C’est une situation extraordinaire déclarée par décret du corps exécutif ou législatif pour prendre effet sur tout ou partie du territoire national. C'est ce qui s'est passé au Salvador l'année dernière. L’assemblée a suspendu les droits fondamentaux à la suite d’une augmentation des homicides.
Le 27 mars 2022, l’assemblée législative a déclaré un “régime d’exception’’ qui, au départ, devait suspendre pendant 30 jours les droits à la liberté d’association et de réunion et à la confidentialité des communications. Le président Nayib Bukele avait demandé cette suspension pour faire face à une augmentation de la violence des gangs car la veille, le 26 mars, Le Salvador avait enregistré un nombre alarmant de 62 homicides, apparemment commis par des gangs. C’est le nombre d’homicides commis en une seule journée le plus élevé au cours des dernières années, selon les données officielles. Cette nuit-là et le lendemain matin, Bukele a demandé à l’Assemblée législative de déclarer le régime d’urgence et a ordonné l’isolement absolu des prisonniers dans leurs cellules.
Un mois plus tard, Bukele a tweeté: «Plus de 16 000 terroristes retirés des rues en seulement 29 jours. Nous poursuivons la guerre contre les gangs».
Le gouvernement du président Nayib Bukele réalise ce qui était impossible pour de nombreuses personnes et secteurs: arrêter l’hémorragie causée par l’agression armée de groupes de gangs criminels contre des familles salvadoriennes honnêtes. En 143 jours de régime d’urgence au Salvador, 50000 membres de gangs ont été attrapés et mis en prison. C’est la raison pour laquelle le gouvernement a ordonné la construction du Centre de confinement du terrorisme, une prison d’une capacité de 40000 détenus dans la ville de San-Vicente.
Alibaba Lee, le 27 janvier 2023
L'un de mes amis salvadoriens m'a appelé récemment pour me raconter qu'il avait été arrêté lors d'une manifestation pacifique organisée pour protester contre le régime d'exception qui dure depuis près de dix mois: «La police a arrêté tout le monde!»
Il a dit qu'il avait présenté ses papiers attestant qu'il était avocat, mais qu'on ne lui avait accordé aucune considération. Il a été emprisonné pendant trois mois, sans procès, pendant qu'on enquêtait sur lui. Quand il a finalement été relâché, sans suites, il avait perdu son travail. Cela fait un mois maintenant, et il est toujours sans emploi.
Le 16 janvier, environ 12000 personnes ont manifesté à Strasbourg (France), devant le Parlement européen, pour soutenir le mouvement révolutionnaire qui a lieu en Iran depuis quatre mois et demander aux députés de placer sur la liste des organisations terroristes le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), responsable de la répression. © Frederick FLORIN / AFP
Maryam Dehghani Firouzabadi et Olena Kiritsa, le 20 janvier 2023
À la suite d'une manifestation organisée par des activistes iraniens, syriens et ukrainiens devant le Parlement européen, le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) a été déclaré «terroriste» le 19 janvier 2023.
Des milliers d’Iraniens, de Syriens (dont le pays a été un terrain de jeu pour le CGRI) et d'Ukrainiens (contre qui la Russie utilise les drones de fabrication iranienne) se sont rendus à Strasbourg pour envoyer un message fort au Parlement européen pour déclarer leur soutien à l'inscription du CGRI sur la liste des organisations terroristes par la communauté internationale.
Ce groupe a critiqué le CGRI au sujet de la répression des manifestants en Iran, de la violation directe et indirecte des droits de l’homme dans les pays comme la Syrie et l’Ukraine, de la corruption économique, et de son implication présumée dans le trafic d’armes et de drogue et le blanchiment d’argent par ses membres.
Jusqu'à maintenant, plus de 500 manifestants ont été tués par les membres du CGRI et de sa milice - Basij - et quatre manifestants ont été exécutés par l'État au cours des dernières semaines. D'autres sont dans les couloirs de la mort.
De nombreux politiciens dans plusieurs pays européens ont insisté pour que l'UE désigne le CGRI comme une organisation terroriste et ont déclaré qu'il aurait fallu le faire depuis longtemps.
Mardi 17 janvier, les députés européens ont discuté de la question lors d'un forum avec le chef de la politique étrangère de l'UE, Josep Borrell, avant de soumettre la résolution au vote.
Le 19 janvier, les représentants du Parlement européen ont approuvé la résolution en 32 points condamnant la répression des manifestations en Iran et inscrivant le nom du CGRI dans la liste des groupes terroristes. Cette résolution appelait également à la suspension des exécutions en Iran et à des sanctions contre Ali Khamenei (chef religieux et premier personnage de l'État) et Ebrahim Raisi (président et deuxième personnage de l'État) et contre leurs familles.
Le Canada avait, quant à lui, déjà désigné l’État iranien comme un pays soutenant le terrorisme. Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé que le Canada prendra d’autres mesures importantes contre le régime iranien, parmi lesquelles:
1. Interdire l'accès au territoire canadien aux membres du CGRI et du régime iranien;
2. Élargir les sanctions imposées aux responsables de graves violations des droits de la personne;
3. Investir 76 millions de dollars pour renforcer la capacité du Canada à instaurer des sanctions.
Alibaba Lee, le 21 janvier 2023
Savez-vous que tous les quatre jours, un(e) journaliste perd la vie dans le monde? Pourquoi les meurtres de journalistes ont-ils augmenté de 50%, l’année passée, par rapport à l’année 2021?
Et savez-vous combien de journalistes sont en prison? Quelle est la situation dans votre pays d’origine? La liberté de la presse ne va pas de soi; elle suppose de prendre des risques.
Le journaliste reporter d’images franco-irlandais Pierre Zakrzewski et la journaliste fixeuse ukrainienne Oleksandra Kouvchinova, ont été tués en Ukraine, le mardi 15 mars 2022. Photo: Lucas Tomlinson.
Voici un constat que dresse l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture): en 2022, il y a eu 86 journalistes assassinés à l’échelle mondiale. C’est en Amérique latine et dans les Caraïbes que l’on compte plus de la moitié de ce total, avec 44 meurtres. C’est la raison pour laquelle l’Amérique latine et les Caraïbes sont considérées comme les régions les plus dangereuses pour les journalistes. L’Asie et le Pacifique arrivent en deuxième position, avec 16 meurtres.
Pourquoi les meurtres de journalistes ont-ils augmenté de 50%, l’année passée, par rapport à l’année 2021? L’une de causes est le développement de l’impunité (environ 86% de ces assassinats n’ont pas été punis). Toutefois, la cause la plus importante est la situation du monde. Comme nous le savons, la guerre entre la Russie et l'Ukraine a éclaté; la politique de zéro-covid-19 s’est déroulée en Chine; et plusieurs manifestations se sont produites en Iran. Beaucoup de journalistes luttent contre le gouvernement pour protéger les droits humains et pour gagner en liberté. Retournons aux assassinats de journalistes; le plus intéressant, c’est que la moitié de ces meurtres ont été commis hors du cadre professionnel.
Les emprisonnements de journalistes ont atteint leur plus haut niveau en 30 ans.
En parallèle, en décembre 2022, les emprisonnements de journalistes ont atteint leur plus haut niveau en 30 ans: au total, un nombre record de 363 journalistes, soit une augmentation de 20 % par rapport à 2021, selon le sondage annuel du CPJ (le Comité de protection des journalistes) sur des journalistes emprisonnés. L’Iran, qui avait occupé la dixième place en 2021, est devenu le pays qui a emprisonné le plus de journalistes au monde avec 62 détenus en 2022. La Chine le suit avec 43 détenus.
Mais la Chine, pays centralisé, n’annonce pas souvent le nombre réel. Selon des statistiques non officielles, il y aurait 532 journalistes détenus en Chine (99 d’entre eux ont déjà confirmé l’information), notamment en raison de la situation du Xinjiang - la province où vit la communauté ouïghoure - et de Hong-Kong - ancienne enclave britannique rétrocédée à la Chine en 1997.
Pour renforcer la sécurité des journalistes, la première étape importante est que tous les gouvernements condamnent et contrôlent les suites judiciaires données à chaque meurtre de journaliste. De plus, l’élaboration de politiques et de lois favorables à la protection de la liberté de la presse serait obligatoire.
Est-ce que vous pourriez les soutenir avec moi, ensemble?
Emmanuelle Ehrmann, le 19 janvier 2023
2700 personnes influentes participent à la réunion annuelle du Forum économique mondial (FME), qui se tient du 16 au 20 janvier à Davos (en Suisse). Les participant(e)s sont des chef(fe)s d’entreprises multinationales, des expert(e)s et des responsables politiques, invité(e)s par la Fondation du FME, une organisation privée dont la mission officielle est «d’améliorer l’état du monde», mais qu’on qualifie souvent de «club de riches» et que Greta Thunberg accuse de réunir «les gens qui alimentent le plus la destruction de la planète».
Le Forum économique mondial, créé en 1971, se réunit chaque année à Davos, une station de sports d'hiver, en Suisse. Photo: Xinhua/Lian Yi
Transcription d'extraits du reportage de M. Vallaud,
diffusé par TV5 MONDE, le 16 janvier 2023
Comme d’habitude, ils sont les premiers arrivés. Après deux ans d’absence, pandémie oblige, les activistes ont rallié dès dimanche les montagnes suisses et investi les rues de Davos. Défenseurs du climat, pourfendeurs des inégalités, ils rêvent tous d’un autre monde.
«Nous manifestons contre le Forum économique mondial, contre l’élite de l’économie mondiale», déclare Claudia Bernhard, l’une de ces activistes.
[...] La station suisse redevient donc le lieu de rendez-vous de la planète finance. Chefs d’État ou de gouvernement (dont le chancelier allemand), chefs d’entreprise, hommes d’affaires et acteurs de la société civile, venus du monde entier, se réunissent pour cinq jours lors d’un forum placé sous haute sécurité.
Au coeur des discussions: la guerre en Ukraine; l’inflation (8% au niveau mondial, d’après le Fonds monétaire international FMI); le climat; la COVID-19; la mondialisation.
[...] Mais les riches, eux, ne connaissent pas la crise. Les milliardaires auraient même doublé leur fortune ces dix dernières années, selon l’ONG [organisation non gouvernementale] Oxfam. [...] L’ONG appelle à taxer les milliardaires afin de diviser leur nombre par 2 d’ici 2030.
Les leaders de la COP15 applaudissent après l’adoption de l’accord de Kunming-Montréal. Source: La Presse - PHOTO JULIAN HABER, FOURNIE PAR UN BIODIVERSITY, VIA REUTERS
Annabelle Antenor Cruz et Xu Li, le 13 janvier 2023
Le 19 décembre 2022, jour de clôture de la 15e Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15) à Montréal, les 196 pays participants ont conclu un accord pour arrêter la destruction de la nature et inverser la tendance d’ici 2030.
Le ministre chinois de l'Environnement Huang Runqiu a présidé la 15e Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15), qui avait commencé en 2021 à Kunming (en Chine) et qui s'est terminée en 2022 à Montréal. La COP15 a adopté le Cadre mondial de la biodiversité (CMB) de Kunming-Montréal. Huang Runqui a dit que c'était un moment historique. Il a publié le texte de l'accord à la fin des négociations, le 19 décembre 2022 au matin. Les nations du monde ont décidé de prendre des mesures importantes contre la perte dangereuse de biodiversité et pour la restauration des écosystèmes naturels. Les enjeux ne pourraient être plus élevés. La planète connaît un grave déclin de la nature à cause de l’activité humaine. Un million d’espèces végétales et animales sont aujourd’hui menacées de disparition et pourraient disparaître dans les dix ans qui viennent.
L'accord de Kunming-Montréal précise 23 cibles prioritaires à atteindre d'ici 2030, à commencer par la protection de 30 % des terres et des océans. Le texte donne la garantie aux peuples autochtones que les aménagements se feront avec «leur consentement libre, préalable et éclairé» . Il propose de restaurer les terres dévastées et de réduire de moitié le risque lié aux pesticides. Il contient aussi des suggestions pour augmenter le financement des pays en développement.
Cet accord est équivalent, pour son importance, à celui de la Conférence des Nations unies sur le climat de Paris concernant la limitation du réchauffement global.