Actualités politiques

Sur cette "une" du Journal Le Devoir, au lendemain du référendum du 20 mai 1980, on peut lire «le poids du NON».

Il y a 44 ans, le "non"
l'emportait au Québec

Mohamed Eldeeb, Navid Nikooei, AndriyZabrodskyy

Le référendum de 1980 a été un événement marquant dans la vie politique du Québec, mettant en lumière de vives contradictions entre différents groupes de population. Les débats de l'époque ne sont pas sans rappeler certaines questions soulevées en Ukraine de nos jours.

Une majorité d'électeurs et d'électrices ont refusé l'indépendance du Québec, mais le statut de la province en a été modifié et les conséquences de ce premier référendum se ressentent encore aujourd'hui. 

Sur cette "une" du Journal de Montréal , remontant à 1979, on peut voir René Lévesque (à gauche), favorable au OUI, et Claude Ryan (à droite), favorable au NON.

L'une des conséquences de la "Révolution tranquille" des années 1960 au Canada a été la prise de conscience par la population francophone du Canada de sa spécificité, ce qui a conduit le Québec à aspirer à davantage d'autonomie.

Cela pouvait être réalisé de deux manières. La première consistait à obtenir la souveraineté du Québec, tandis que la seconde impliquait des réformes constitutionnelles au niveau fédéral.

Le Parti Québécois (PQ) a décidé d'opter pour la première voie et de rechercher l'indépendance du Québec par le biais d'un référendum.

86% des électeurs québécois ont participé au référendum du 20 mai 1980, et près de 60% d'entre eux ont voté contre l'indépendance du Québec.

À la fin de cette journée historique, René Lévesque - Premier ministre du Québec et chef du PQ au pouvoir - a exprimé sa consternation et sa tristesse, et a admis sa défaite avec les phrases qui ont marqué l’histoire du Canada : « Si je vous comprends bien, ce que vous êtes en train de dire c’est : "À la prochaine [fois]!"». De fait, il y a bien eu un deuxième référendum, en 1995. Cependant, lorsqu'il a eu lieu, René Lévesque avait déjà disparu; il est décédé en 1987.

Le chef du Parti libéral du Québec (PLQ) et chef de l'opposition parlementaire en 1980, Claude Ryan, a quant à lui célébré la victoire.

Le Premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau, Québécois de naissance et opposant à l'indépendance du Québec, s'est montré "généreux". Lors d'un point de presse en soirée, il a déclaré qu'il n'avait aucune envie de célébrer la victoire à haute voix car il pensait à ses compatriotes à qui on avait enlevé leurs rêves et qui devraient se soumettre au verdict de la majorité.

“Les Yvettes” ont exprimé un refus catégorique.

Il faut dire que certaines femmes du Québec se sont révélées être une force d'opposition puissante à la séparation de la province.

Cela a été déclenché par une remarque désobligeante de Lise Payette, ancienne présentatrice de télévision et vedette du petit écran, ministre d'État à la Condition féminine dans le gouvernement de René Lévesque, lors d'une réunion du PQ, le 9 mars 1980. Elle s'est permis une attaque personnelle contre la femme du chef de l'opposition, Madeline Ryan: elle a déclaré qu'il n’était pas surprenant que Claude Ryan s'oppose à la sécession et à l'indépendance du Québec, car il était marié à une «Yvette».

L'image d’Yvette qu'elle avait utilisée provenait des manuels scolaires de l'époque: c'était un personnage stéréotypé représentant l'épouse soumise et dépendante, qui se plie en tout à son mari.

La comparaison peu flatteuse de l'ancienne vedette de la télévision a provoqué une tempête d'indignation et de colère. Tout d'abord, Madeline Ryan a organisé un brunch à l'Hôtel Château Frontenac, dans la ville de Québec, rassemblant plus de 1800 de ses partisanes.

Cette initiative a ensuite évolué vers le mouvement des «Yvettes». Lors d'une assemblée au Forum de Montréal, le 7 avril 1980, plus de 14 000 femmes conservatrices ont fermement dit "non" à la séparation du Québec du Canada.

Extrait d'un article paru le 8 avril 1980 dans le Journal de Québec

La position de Pierre Elliott Trudeau, Premier ministre du Canada

Un rôle important dans la défaite du camp du OUI a été joué par le Premier ministre canadien Pierre Trudeau qui, dès sa prise de fonction en mars 1980, avait déclaré sa position avec le slogan «Mon non est québécois».

Le 14 mai 1980, il s'est adressé à ses partisans avec un discours dans lequel il a souligné ce qui suit. 

Tout d'abord, il a rappelé que le Canada avait notamment été fondé en partie par des Canadiens-Français. Deuxièmement, il a déploré une possible division de la population québécoise entre «vrais Québécois» et «faux Québécois». Troisièmement, Pierre Trudeau a déclaré qu'en cas de sécession du Québec, le gouvernement fédéral du Canada, qu'il dirigeait, n'entendait pas négocier une association avec qui que ce soit (ce qui était exactement ce que recherchait René Lévesque en cas d'accession du Québec à la souveraineté). Quatrièmement, il a promis solennellement que si les opposants à la sécession du Québec étaient victorieux, il entamerait le processus de mise à jour de la Constitution afin de donner plus de droits et d'autonomie au Québec.

Les conséquences du référendum de 1980 ont été très importantes

Funérailles d'état
pour Brian Mulroney

La Voix du 311, le 25 mars 2024

Brian Mulroney, le 18e Premier ministre du Canada, s'est éteint le 29 février 2024. Ses funérailles ont été organisées à Montréal, dans la cathédrale Notre-Dame, en présence de nombreuses personnalités politiques, le 23 mars. Voici quelques extraits de l'émission consacrée par Radio-Canada à cet événement.

Après avoir recueilli témoignages et accolades du public pendant quatre jours, le clan Mulroney se tient droit, uni et digne derrière le cercueil. Brian Mulroney laisse dans le deuil sa femme Mila, leurs 4 enfants et 16 petits-enfants.

Extraits du discours de Caroline Mulroney, la fille de Brian Mulroney: «La vie est courte, me répétait-il souvent, mais notre héritage perdure. [...] Le Québec, c’était chez lui.»

Maison détruite durant une nuit, pendant la guerre en Afghanistan, en avril 2012: les civil(e)s qui habitaient cette maison ont été tué(e)s en dépit des droits humanitaires internationaux. - Photo: Fakhruddin Fayez

droits humains ≠
droits humanitaires  

Fakhruddin Fayez et Salomao Muntu, le 24 mars 2024

Les droits humains sont un sujet général qui désigne les droits qui sont inclus dans la Déclaration des droits humains. Mais il existe une autre expression qu'on a parfois tendance à confondre - à tort - avec les droits humains: celle des “droits humanitaires”. Qu'est-ce que cela veut dire?

En général, quand on veut parler des droits internationaux humanitaires, beaucoup de gens pensent que c’est la même chose que les droits humains, mais il y a une grande différence entre ces deux sujets de droits.

Les droits humains, c’est-à-dire les droits de la personne

Voici une définition simplifiée parce que le domaine  des droits humains est très vaste: c’est un ensemble de principes internationaux qui déterminent les droits humains en général et qui incluent les 30 droits importants suivants, définis dans la Déclaration universelle des droits humains, adoptée par les Nations unies en 1948: 

1- Le droit d’être libre et égal

2- Le droit de ne pas être discriminé

3- Le droit à la vie

4 Le droit de ne pas être esclave

5- Le droit de n’être ni torturé ni traité de façon inhumaine

6- Le même droit aux lois

7- Le droit d’être égal devant la loi 

8- Le droit à un traitement équitable devant les tribunaux

9- Le droit de ne pas être détenu injustement

10- Le droit à un procès

11- Le droit à l’innocence jusqu'à preuve du contraire 

12- Le droit à la vie privée 

13- Le droit à la liberté de circulation et de séjour 

14- Le droit à l'asile devant la persécution

15- Le droit à la nationalité

16- Le droit de se marier et de fonder une famille

17- Le droit à la propriété

18- La liberté de conscience et de religion 

19- La liberté d'opinion et d'expression. 

20. Le droit à la liberté de réunion 

21- Le droit à la démocratie 

22. Le droit à la sécurité sociale 

23- Le droit au travail

24- Le droit au repos et aux loisirs 

25- Le droit aux services sociaux

26- Le droit à l'éducation

27- Le droit à la culture et aux arts 

28- Le droit à la liberté dans le monde entier

29- Le droit des individus est assorti de devoirs envers la communauté et de limites définies par la loi.

30. Les droits de la personne ne peuvent être enlevés.

Il y a une chose à ajouter: plusieurs experts de droit insistent sur le fait que le droit à un environnement agréable est aussi un droit humain et qu’on devrait l’ajouter comme un droit très important dans les documents des droits humains, mais malheureusement, les intérêts des pays sont différents et beaucoup de travail reste à faire.

Les droits humanitaires, en temps de guerre   

Les droits internationaux humanitaires, quant à eux, sont un autre ensemble de principes internationaux qui ont été acceptés par les Nations unies et qui protègent les civil(e)s ou les personnes qui ne veulent pas prendre parti, pendant les guerres.  Ces droits servent aussi à aider les personnes qui ont été blessées pendant les guerres,  peu importe s'ils /elles sont civil(e)s ou  militaires.

On peut dire que les droits internationaux humanitaires font seulement la lumière sur deux partis en guerre et qui obligent les militaires à respecter ces principes et qui donnent les responsabilités aux pays et aux organisations responsables. 

Alors, les bases des droits internationaux humanitaires sont les quatre conventions de Genève de 1949 et leur deux Protocoles additionnels qui ont été adoptés en 1977 dont nous allons parler très vite .

La première Convention de Genève  insiste sur la préservation de la vie des soldats qui ont été  blessés ou sont malades sur terre en temps de guerre. La deuxième Convention de Genève contient les principes qui  protègent les militaires blessés, malades ou naufragés en mer pendant la guerre. La troisième Convention de Genève  s'applique notamment aux personnes qui ont été capturées durant la guerre. La quatrième Convention de Genève protège les civils, notamment en territoire occupé. 

Et  les deux protocoles additionnels de 1977 concernent d’une part les conflits armés internationaux et, d’autre part, les conflits armés non internationaux.

Mais, selon nous, les conventions et leurs protocoles laissent dans l’ombre les guerres qui ont commencé et qui continuent entre des groupes paramilitaires créés par un gouvernement. Or on constate qu’au XXIe siècle, il y a beaucoup de groupes qui démarrent les guerres pour le compte d'un gouvernement, mais il n'y a aucune règle internationale qui puisse s'appliquer à ce sujet. Il faudrait combler ce vide juridique.

Le combat international
pour les droits des femmes 

Salomao  et Fakhruddin Fayez, le 16 mars 2024 

La journée internationale des droits des femmes (le 8 mars), fêtée depuis 1977, porte beaucoup d’histoire et rappelle aussi plusieurs devoirs. Saviez-vous, par exemple qu'avant 1964, la loi du Québec stipulait «l’obligation d’obéissance des femmes à leur mari»?

Tout au long de l’histoire de l'humanité et partout dans le monde, les femmes ont dû faire face à différents types d'agressions et leurs luttes pour avoir l'égalité et la liberté ont été incessantes. 

Quand on tourne les pages des livres d'histoire, on peut voir des exemples très touchants aux quatre coins du monde. Même les femmes qui n’avaient pas accès aux droits fondamentaux comme la dignité humaine, la liberté et l’égalité ont continué à se battre.

C'est vrai que les inégalités entre les femmes et les hommes, dans chaque pays, ont été différentes, et aussi qu’au long de l'histoire, les situations ont changé.

Mais nous ne voulons pas remonter trop loin et nous allons simplement faire la lumière sur l’histoire du XXe siècle et particulièrement autour de la Déclaration des droits humains. 

Avant l'approbation des textes sur les droits humains, les femmes dans plusieurs pays, n’avaient pas les mêmes droits que les hommes: par exemple, le droit au travail, le droit à l'éducation, le droit de vote et la participation à la vie politique, etc.

On ne peut pas oublier que la guerre des femmes pour conquérir leurs droits n’a pas commencé après la Seconde Guerre mondiale. On peut dire que le Mouvement international des femmes a commencé au début du XXe siècle et que, grâce à leur travail, pour la première fois, le 19 mars 1911 a été désigné comme la journée internationale des femmes au Danemark, en Allemagne et en Suisse. 

Au centre de cette photo, on voit Clara Zetkin (avec Alexandra Kollontaï) qui est à l'origine de la création d'une journée internationale des femmes, à Copenhague (au Danemark), lors du 8e Congrès de l'Internationale socialiste, en 1910

Mais les luttes qui ont eu beaucoup de résultats sont celles qui ont eu lieu après 1945 et qui ont continué jusqu'à maintenant. Par exemple, le rôle des femmes pour inscrire l’égalité dans la Charte des Nations Unies, en 1946, a été très impressionnant.

Voici un article de cette Charte: «Aucune restriction ne sera imposée par l'Organisation à l'accès des hommes et des femmes, dans des conditions égales, à toutes les fonctions, dans ses organes principaux et subsidiaires».

Et après, le mot et le concept d'égalité sont entrés dans le texte de la Déclaration internationale des droits humains, en 1948, et dans toutes les conventions de 1966 (convention relative aux droits civils et politiques,  convention relative aux droits économiques, sociaux et culturels).

Ensuite, le travail des femmes a poussé les Nations-Unies à approuver une Convention sur la prévention et l'élimination de la violence contre la femme, en 1994 . 

Quand on parle des violences contre les femmes dans le monde, c'est clair que le Canada est une partie de ce monde et qu’il y a aussi eu beaucoup de violences. Par exemple, on peut remarquer qu’en 1964, l’obligation d’obéissance des femmes à leur mari est abolie au Québec. Cela veut dire que jusque là, les Québécoises qui étaient mariées n'étaient pas indépendantes et libres de décider au sujet de leur vie personnelle. Il existait une expression très choquante dans la loi qui était «l’obligation d’obéissance des femmes à leur mari».  Une humaine était obligée d'obéir un autre humain parce qu’elle était une femme. 

Alors, pour garder à l’esprit les luttes des femmes, le 8 mars a été nommé comme la journée internationale des droits des femmes. 

Comme l'explique le journaliste Léo Tichelli du journal suisse Le Temps, dans son article du 8 mars 2024, «officiellement, l’événement "8 mars" orchestré par l’Organisation des Nations unies, remonte à 1977. L’ONU, lors de sa 2113e séance plénière du 18 décembre 1972, proclame l’année 1975 "Année internationale de la femme", puis continue dans la foulée et, deux ans plus tard, "invite tous les Etats à proclamer, comme il conviendra en fonction de leurs traditions et coutumes historiques et nationales, un jour de l’année Journée des Nations unies pour les droits de la femme.»

C’est pour ça qu'on fête le 8 mars: pour mettre à jour ce qui s’est passé  avant , où nous en sommes maintenant et quelle est notre prochaine étape et nos devoirs concernant cette question. 

Le nombre de demandeurs d’asile a augmenté massivement en 2023, provoquant une conférence de presse du gouvernement du Québec, le 20 février 2024.

l'augmentation des demandeurs d'asile au québec:
vers une «crise humanitaire»? 

Hanin Mohsen Ali, salomao, Amal Milaneh, le 27 février 2024

Une conférence de presse a eu lieu mardi 20 février 2024 à Québec sur l'augmentation du nombre de demandeurs d’asile dans la province, en présence des 4 ministres concernés. Certaines déclarations risquent de susciter la peur et d'entraîner la xénophobie. Attention à la confusion!

Selon le gouvernement du Québec, un milliard de dollars a été dépensé par la province pour accueillir les réfugié(e)s au cours des trois dernières années et seulement 15% de cette somme a été compensé par les aides du gouvernement fédéral. Au 31 décembre dernier, le Québec comptait sur son territoire 160 651 demandeurs d’asile, soit 55,6 % du total canadien. La province ne représente pourtant que 22,1% de la  population du pays.

Un montant de 576,9 millions de dollars a été dépensé par Québec pour les demandeurs d’asile en 2023, soit deux fois plus que les années précédentes. La province de Québec a demandé au gouvernement fédéral de payer une partie de ses dépenses. Le problème est exacerbé par le grand nombre de demandeurs d’asile par rapport à la quantité de services requis.

«On s’approche d’une crise, qui pourrait devenir une crise humanitaire si on n'était plus capable de donner des services.», affirme François Roberge, ministre de la Langue française et des Relations canadiennes.

Les dépenses engagées par la province du Québec comprennent le logement temporaire, l’aide juridique, l’accès rapide à l’aide sociale et, enfin, les services de santé et d’éducation.

Bernard Drainville, ministre de l'Education, croit qu’il n'y a plus suffisamment de classes, d'espace, de locaux, ni de professeurs, et qu’il y aura un moment où les enfants devront attendre pour étudier.

Il y a trois semaines, le gouvernement fédéral offrait au Québec 100 millions de dollars comme solution au problème. Cependant, la ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, Christine Fréchette, précise: «il est important toutefois de rappeler que le remboursement des sommes dues ne réglera pas le problème à sa source. À la base, c'est le trop grand nombre de demandeurs d'asile qui viennent au Québec qui est l'enjeu».

«Ça pourrait arriver, si on accueille plus de personnes qu'on est capables de loger, de franciser et d'intégrer à la société québécoise», renchérit le ministre François Roberge.

Québec demande au fédéral de «rétablir plus équitablement les demandeurs d'asile sur l'ensemble du territoire», de «resserrer la politique canadienne d'octroi des visas» et de «fermer toute brèche qui permettrait à des groupes criminels de s'infiltrer au Canada» .

D'après ces déclarations, le vrai problème serait le nombre massif de demandeurs d'asile qui viennent au Québec et qui constitueraient une menace pour l'identité québécoise, pouvant affecter sa société et nuire à l'avenir de la langue française. D’après nous, ces déclarations agressives faites lors de la conférence pourraient faire croire que tout le chaos est causé par les demandeurs d'asile alors que ce n'est pas le cas! Les réfugiés doivent prouver qu'ils n'ont commis aucun délit pour être acceptés au Canada. Ce ne sont pas des criminels.

Selon le parti d'oopsition Québec Solidaire, le gouvernement Legault a la capacité juridique de créer des autorisations rapides de travail aux demandeurs d’asile pour faire en sorte qu’ils ne dépendent plus de l’aide sociale.

pour ou contre
la Limitation du nombre d'étudiant(e)s étranger(ère)s?

Gérald Beasley, Gisella Sirker, Narjes Asadi, le 29 janvier 2024

Depuis la semaine dernière, le gouvernement canadien applique de nouvelles règles concernant les étudiant(e)s étranger(ère)s: le nombre de permis d'études est  plafonné et les permis de travail sont limités. Cette politique, prévue pour deux ans, présente des pour et des contre.

Le 22 janvier 2024, une nouvelle politique a été annoncée par le Ministre Fédéral de l’Immigration, Marc Miller. Les étudiant(e)s inscrit(e)s au niveau du collège et du baccalauréat sont principalement concerné(e)s par cette réglementation. Toutefois, cette politique affectera moins le Québec et plusieurs autres provinces (qui ont la capacité d’accepter plus d’étudiant(e)s internationaux, pour l'instant) que l'Ontario et la Colombie-Britannique qui seront les provinces les plus affectées.

Un plafond national du nombre de permis d'études

Il s’agit tout d'abord d’imposer pour deux ans, à l'ensemble des provinces canadiennes, un plafond national de permis d’études accordés aux étudiant(e)s internationaux. Pour 2024, ce plafond est fixé à 364 000, c'est-à-dire qu’il y aura une réduction de 35% par rapport à 2023, puisque le total des étudiant(e)s internationaux atteignait l'année dernière plus de 900 000. Le nombre d'étudiant(e)s accepté(e)s en 2025 sera réévalué à la fin de 2024 pour s’assurer que tous les organismes fédéraux et provinciaux auront assez de services, comme les logements et les soins de santé, à long terme.

La limitation des permis de travail pour les étudiant(e)s et leur conjoint(e)

De plus, les étudiant(e)s internationaux inscrit(e)s au niveau du collège ou du baccalauréat - ainsi que leur conjoint(e) - ne pourront généralement plus travailler pour financer leur séjour au Canada.  Et il n'y aura plus de garantie d'obtenir le permis de travail après avoir terminé la période d'études. Heureusement, ce programme ne concerne pas les étudiant(e)s étrangers(ères) au niveau supérieur - comme en maîtrise et en doctorat - ainsi que les élèves au niveau du primaire et du secondaire. Les étudiant(e)s de niveaux avancés pourront demander un permis de travail valide pendant trois ans après la fin des études et leur conjoint(e) aura droit à un permis de travail ouvert.  «Ce sont les personnes brillantes que nous voulons retenir», a déclaré le ministre.

Les pour...

Cette initiative est présentée comme un effort bien intentionné de trouver un équilibre entre les demandes croissantes pour une éducation canadienne par les étrangers et les appels au gouvernement fédéral de résoudre le déficit de logements et le manque de services sociaux.

Selon les autorités, ces mesures visent aussi à assainir le marché de l'éducation: lorsque les écoles s'enrichissent sur le dos des étudiant(e)s, c'est problématique, voire frauduleux. Au cours des 10 dernières années, en effet, afin d’augmenter leur revenu, certains établissements ont multiplié leur nombre d'étudiant(e)s étranger(ère)s.

C’est présenté comme un moyen d’offrir, avec plus de confiance, une bonne expérience aux étudiant(e)s étranger(ère)s qui sont admis(es).

Et puis cette politique est temporaire; elle est prévue pour durer deux ans seulement. 

 ... Et les contre

La communication du gouvernement et certains articles parus dans la presse établissent implicitement un lien négatif, qui n’existe pas en réalité, entre les étudiant(e)s internationaux et les ressources publiques, telles que les logements ou les services sociaux, disponibles pour les Canadien(ne)s. 

Cela risque de donner l’impression au monde que le Canada ne comprend pas qu’il est le grand bénéficiaire des étudiant(e)s internationaux.

La politique est peut-être, en l'occurrence, une arme émoussée pour chasser les mauvais acteurs dans le réseau de l’éducation canadienne. Il y a d'autres voies à suivre disponibles pour le gouvernement. 

Qu’en pensez vous?

Le nombre de visas accordéa aux étudiant(e)s étranger(ère)s sera limité à 364000 pour 2024. - Illustration: collage assemblé par Gisella Sirker.

La discrimination positive au Canada

Fakhruddin Fayez, Iryna Mechnyk, Marilene Guedes, Raquel Rezende, le 30 janvier 2024

Depuis 1982, la Charte canadienne des droits et libertés protège «les lois, programmes ou activités destinés à améliorer la situation d’individus ou de groupes défavorisés, notamment du fait de leur race, de leur origine nationale ou ethnique, de leur couleur, de leur religion, de leur sexe, de leur âge ou de leurs déficiences mentales ou physiques». Concrètement, voici pourquoi et comment cette "discrimination positive" s'applique.

En général, la discrimination est un acte négatif que tout le monde comprend très bien. Mais existe-t-il une discrimination positive ? Si oui, que signifie la discrimination positive ? Si ce sujet vous intéresse, lisez cet article! Ce n'est pas une perte de temps.

Pour compenser les préjudices subis par une personne victime de discrimination, les gouvernements de différents pays ont  essayé de choisir une bonne réponse aux besoins de leurs victimes. Mais comme les actions des gouvernements sont différentes, les noms des actions sont aussi complètement différents. Par exemple, aux États-Unis, la discrimination positive s'appelle "action affirmative". Dans cet article, on va parler de la "discrimination positive", spécifiquement  au Canada.

Afin de protéger les droits des groupes vulnérables et des personnes victimes des discriminations, la Déclaration Internationale des droits humains a été acceptée par le Gouvernement du Canada, en 1948

À partir des années 1960, dans le but de promouvoir l'égalité, en accordant un traitement préférentiel aux groupes vulnérables, l'expression "discrimination positive" a été créée. Dès l'origine, cette expression a posé question, mais c'est encore celle qu'on utilise de nos jours.

Au Canada, comme dans les autres pays, il y a eu (dans la loi) et il y a encore (dans les faits) beaucoup de discriminations négatives, particulièrement contre les Autochtones (c'est-à-dire les premières nations et les Inuits du Canada), ce qui est bouleversant. Mais heureusement, depuis que la Déclaration internationale des droits humains a été acceptée par le Gouvernement du Canada, on a constaté qu'il y a eu beaucoup de changements dans les systèmes légaux en faveur de l'égalité et de la protection des personnes et groupes vulnérables au Canada. L'un de ces changements est la discrimination positive.

Alors, qu'est-ce que ça veut dire?

La discrimination positive consiste à définir les inégalités pour promouvoir l'égalité en accordant un traitement préférentiel aux groupes vulnérables.

À partir de cette définition, on peut voir que  le PLEME (Programme légiféré d’équité en matière d’emploi du Canada), qui date de 1986, soutient la mise en œuvre de l’équité en matière d’emploi pour 4 groupes désignés :

Selon Baptiste Villenave, auteur d'une présentation de la discrimination positive dans la revue Vie Sociale, «une autre forme de discrimination positive consiste à orienter vers les plus démunis une part accrue des prestations sociales et des dépenses publiques.»

En ce qui concerne les termes utilisés pour définir les obstacles rencontrés par les minorités racialisées, l'activiste Kay Livingstone a inventé l'expression de "minorité visible" en 1975 au Canada dans le but de discuter des inégalités socio-politiques auxquelles étaient confrontées les minorités "non blanches". En 1986, cette expression est devenue une norme de Statistique Canada, qui répartit les Canadiens "non blancs" et non Autochtones en douze sous-catégories : Sud-Asiatiques, Chinois, Noirs, Philippins, Latino-Américains, Arabes, Asiatiques du Sud-Est, Asiatiques de l'Ouest, Coréens, Japonais, minorités visibles ayant des identités "multiples" et "non incluses ailleurs" dans les autres options.

Cependant, le terme "minorité" est aujourd'hui critiqué car il ne représente plus la réalité de certaines villes ou régions où les personnes racisées constituent la majorité de la population.

Les conditions de discrimination positive sont les suivantes:

1 La première condition de la discrimination positive est qu’elle doit être courte et limitée. 

2 Il faut que la discrimination positive n’entraîne pas  une autre discrimination négative.

3 La discrimination positive doit être une décision gouvernementale, et non le résultat d’une discussion de personnes ou de groupes.

Le sujet de la discrimination positive est vraiment très grand et discutable, mais on a sélectionné quelques informations des quatre coins de ce sujet en espérant verser une petite goutte d’eau dans la mer de votre réflexion.

Pour plus d'informations, visitez les sites suivants:

L'article 15-2 de la Charte canadienne des droits et libertés garantit les droits à l'égalité, mais aussi la possibilité de pratiquer des politiques de "discrimination positive". - Source: Gouvernement du Canada
L'île de Cuba se situe dans la mer des Caraïbes (aussi appelée la mer des Antilles) au sud de la Floride.  

le triste déclin de cuba

Maryna Fomenko, Daily Echevarria Prierez, Jorge Alejandro Triana Garcia, Esteban Vera Ruiz, le 30 janvier 2024

Avant 1959, Cuba était l'un des pays les plus avancés d'Amérique Latine, alors qu'aujourd'hui, c'est l'un des plus pauvres au monde... Selon les auteurs et autrices de cet article, le système communiste est responsable de ce déclin. 

Sur cette carte postale, datant de 1900, on voit que la capitale de Cuba [La Havane) disposait d'un réseau électrique développé et de nombreuses lignes de tramways.
Cartespostale reproduisant une vue partielle de La Havane, en 1933.
Sur cette photographie de 1956, on voit la maquette de l'hôtel Hilton de La Havane. À gauche de l'édifice, se tient le chef d'État autoritaire de l'époque, Fulgencio Batista.

Avant la prise du pouvoir par le révolutionnaire Fidel Castro, le 1er janvier 1959, Cuba était un des pays les plus avancés d'Amérique Latine et il présentait des indices socio-économiques élevés, parfois même supérieurs à ceux de nombreuses régions d’Amérique du Nord ou du Sud de l’Europe.

Il faut dire que la production du sucre de canne et l'esclavage (aboli seulement en 1886) avaient fait la fortune de quelques grands propriétaires fonciers.


Malgré les inégalités sociales et la corruption, Cuba était alors un pays développé qui avait mis en place beaucoup d'innovations avant les autres pays; en voici quelques exemples. 


Après 1959, Cuba qui était immergée dans une société capitaliste depuis l'intervention militaire des États-Unis en 1898, devient rapidement communiste. Les États-Unis imposent alors un embargo économique sur cette petite île dans les Caraïbes et la dictature de Fidel Castro réduit les opposants au silence...


Maryna, qui a grandi en URSS (Union des républiques socialistes soviétiques), veut vous dire ce que représentait Cuba pour l’Union Soviétique, à son avis. Pendant la période de la guerre froide, l’Union Soviétique était un pays isolé où les technologies de pointe des autres pays n'étaient pas disponibles. L'amitié avec Cuba est devenue une fenêtre sur l’Ouest pour l’Union Soviétique. Les dernières technologies et la médecine moderne y étaient très intéressantes. Mais la chose la plus importante pour les l'URSS était la possibilité de placer des armes sous le nez des États-Unis.


Peu à peu, Cuba - qui avait pourtant été développée - a commencé à perdre sa capacité à produire et sa capacité à créer. 


Maintenant, Cuba est un des pays les plus pauvres au monde; son taux d'extrême pauvreté est de 88% .

destruction de vêtements neufs:  c'est bientôt fini?

Hanin Mohsen Ali, Oksana Rusinova, Amal Milaneh, Salomao Muntu, le 21 janvier 2024

Pour préserver notre environnement et protéger notre planète contre les excès, l'Union européenne (UE) a récemment pris la décision d'empêcher les entreprises de brûler les vêtements et les souliers invendus.

Chaque années, environ 40% des vêtements produits dans le monde sont brûlés ou jetés sans jamais avoir été portés.- Source: Radio-Canada-Jeunesse

Fait choquant: 40% des vêtements produits chaque année par différentes marques ne sont pas portés. Par conséquent, les entreprises envoient ces vêtements invendus  à l’incinérateur ou au dépotoir. Selon une enquête réalisée en 2017, H&M, une marque de vêtements suédoise possédant plus de 60 magasins au Canada, a brûlé environ 60 tonnes de vêtements invendus depuis 2013. 

Depuis décembre dernier, en Union européenne (UE), un projet de loi a été adopté pour interdire la destruction des chaussures et des vêtements invendus. C’est un pas vers la préservation de l'environnement. Le parlement européen espère que ce sera efficace parce que l'industrie textile est la deuxième plus polluante au monde, après l'industrie pétrolière. Cette nouvelle loi va renforcer l’écoconception de nombreux produits. Dans les grandes entreprises, elle sera appliquée dans deux ans. Les entreprises de taille moyenne auront six ans pour appliquer la loi, tandis que les petites entreprises seront  libres d'appliquer ou non cette règle. La prochaine exigence de l’UE est de créer un passeport numérique sur chaque étiquette (au format d’un code QR) qui donnera une opportunité aux consommateurs d’apprendre plus d’informations sur la fabrication du produit, de connaître son impact environnemental et de faire le bon choix. 

Qu’est-ce que l'écoconception?

C’est une façon d'accorder plus d'attention aux impacts environnementaux des produits, dès leur conception. L’idée est de rendre un produit plus durable, réparable, réutilisable et surtout plus facile à recycler. 

Principalement pour les vêtements, cela affecte sa production et son transport, son stockage et sa  fin de vie. 

«Il est temps de mettre fin au modèle "extraire, fabriquer, jeter" qui est si nocif pour notre planète, notre santé et notre économie. L'interdiction de la destruction des vêtements invendus contribuera à modifier le mode de production des fabricants de la mode rapide.» , a déclaré Alessandra Moretti, députée au Parlement européen.

L'Union européenne (UE) va interdire la destruction des produits textiles invendus. - Source de la photo: fesec.scienceshumaines.be
Rémi Quirion, Scientifique en chef du Québec - Source: Gouvernement du Québec

La science, outil diplomatique
de "douce puissance"

Minna Lu, Olena Vasylieva, Yelyzaveta Hulai et Andriy Zabrodskyy, le 13 janvier 2024

Voici le résumé de l'entrevue que Rémi Quirion a accordée à la revue scientifique La Recherche, dans le numéro du dernier trimestre (octobre-décembre 2023). Il y explique qui est le «Scientifique en chef» du Québec, un poste qu'il occupe depuis 2011. Sa mission consiste à conseiller le gouvernement du Québec en matière scientifique et à contribuer au rayonnement de la recherche québécoise dans le monde entier.

Rémi Quirion, célèbre neurobiologiste, occupe le poste de “Scientifique en chef du Québec”, à Montréal, depuis plus de 12 ans. Aujourd’hui, il est aussi le Président du réseau international des conseils scientifiques gouvernementaux (INGSA) depuis 2021.

Dans une entrevue accordée à La Recherche, il a discuté de son rôle politique, de l'enseignement supérieur, de la recherche scientifique et des particularités linguistiques au Québec. La mission principale de Quirion est de conseiller le ministre de l'Économie, de l’Innovation et de l’Énergie sur divers sujets scientifiques.

Occupant ce poste, il prépare avec l’équipe d’experts au nom du gouvernement du Québec des projets pour résoudre des problèmes à la fois politiques et scientifiques. Pour chaque problématique, les scientifiques préparent deux projets argumentés opposés. Puis la décision finale sur ces questions est prise par les politiciens.

Rémi Quirion propose le concept de “diplomatie scientifique”

Selon lui, 1% des publications scientifiques mondiales se trouvent au Québec. C’est une grande quantité, si on considère que la population du Québec est insignifiante à l’échelle mondiale.

La culture québécoise et canadienne est, depuis longtemps, utilisée comme outil de diplomatie. Rémi Quirion cite des noms de renommée  mondiale comme, par exemple, Céline Dion et la troupe du Cirque du Soleil qui propagent à leur manière la culture québécoise. De même, il croit que la science québécoise peut aussi devenir un instrument de la "douce puissance" du Québec à l'extérieur du Canada et renforcer la coopération avec d’autres pays.