Pourriez-vous prendre quelques minutes pour répondre à ces questions sur notre journal?
Si vous répondez correctement à toutes les questions avant vendredi 28 avril 2023,
votre classe gagnera une affiche du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM).
Pour participer, cliquez ci-dessous:
Entrevue avec M. Joseph Saint-Vil, réalisée le 23 mars et publiée le 10 avril 2023
Samedi 25 mars 2023, aux États-Unis, un homme accusé d’avoir participé à l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse a plaidé coupable. Cette nouvelle intervient alors que la violence des gangs et la résurgence du choléra rendent la vie en Haïti de plus en plus difficile. C’est dans ce contexte que nous avons demandé à M. Joseph Saint-Vil, enseignant de français à la CSMB depuis 34 ans, de répondre à nos questions sur son pays d’origine et sur son parcours personnel d’immigrant au Québec. Il a très gentiment accepté… en échange d’un bon café!
La Voix du 311: Qu’est-ce qui se passe dans votre pays depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse?
Joseph Saint-Vil: Jovenel Moïse, le président d'Haïti, a été assassiné le 7 juillet 2021 avec la complicité de différents groupes de corruption qui ont malheureusement le contrôle de tout: de la justice, de la politique et de tous les fonctionnaires. Ce sont 10 familles qui s’enrichissent aux dépens du reste de la population et qui ont le soutien d'organisations internationales, notamment aux États-Unis. C’est une véritable mafia… Haïti est un pays qui a toujours connu de l’instabilité politique, entretenue et encouragée par des puissances étrangères. Ce qui donne lieu à une forte émigration. Les émigrants haïtiens ont participé à de nombreux chantiers de construction, au Chili, au Brésil, en République dominicaine, par exemple. Les Haïtiens, tout au long de l’histoire, ont aussi participé à l'émancipation des colonies espagnoles en Amérique du Sud, aux côtés de Simon Bolivar, au XIXe siècle. Actuellement, Ils sont nombreux à faire le voyage de l'Amérique du Sud vers le Nord et beaucoup meurent en chemin. Mais Haïti est aussi un pays merveilleux avec beaucoup de choses positives, même si on n’entend surtout parler que des aspects négatifs. J'espère y retourner un jour pour aider à sa reconstruction.
La Voix du 311: Avec une carrière de 34 ans à la CSMB, vous êtes l’un des plus anciens enseignants de l'école. Quand allez-vous prendre votre retraite? Que pensez-vous faire pendant la retraite?
Joseph Saint-Vil: Je ne pense pas à la retraite. Je suis encore jeune! Non, vraiment, je ne pense pas à arrêter de travailler… Cela me fait un peu peur, en fait. De toute façon, avec la pénurie de main-d'œuvre, il y a un besoin de professeurs partout au Québec. Alors… je reste! Mais dans l’avenir, si la situation s’améliore en Haïti, peut-être que je vais y retourner pour donner un coup de main. Par ailleurs, j’aime apprendre les langues. Comme j’ai étudié plusieurs langues et que je ne trouve personne avec qui pratiquer, je suis sur le point de les perdre… Donc, j’aimerais vivre en immersion dans plusieurs pays pour réactiver mes connaissances. Peut-être que ce sera ce que je ferai pendant la retraite!
La Voix du 311: Parlez-vous le créole?
Joseph Saint-Vil: Oui, bien sûr, puisque c’est ma langue maternelle! En fait, il y a des différences, dépendamment de la région; moi, je parle le dialecte du Nord de l’île. Je viens de la région du Cap-Haïtien.
La Voix du 311: Combien de langues parlez-vous?
Joseph Saint-Vil: Ma langue maternelle est le créole, mais en Haïti, l'éducation est en français. J'ai d’ailleurs étudié dans un collège dirigé par une congrégation canadienne, le Collège Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours du Cap-Haïtien où j'ai reçu une éducation classique catholique: j’ai étudié le latin, l’anglais, l’espagnol et le grec ancien. À l’Université de Montréal, j'ai aussi acquis des connaissances dans différentes langues comme l’allemand, l’italien, le montagnais et l’ancien bulgare… et je voudrais apprendre le mandarin pendant ma retraite.
La Voix du 311: Selon vous, quelle est la priorité pour enseigner?
M. Joseph Saint-Vil: D’après moi, premièrement, il faut aimer les enfants, les adolescents et les jeunes adultes… Il faut de l’amour. Deuxièmement, il faut prendre beaucoup de temps pour les accompagner… Il faut de la patience. Troisièmement, l’enseignement, ce n’est pas mécanique, car on a affaire à des gens, chaque personne a une personnalité différente. Laissez-moi vous raconter l’histoire de cet étudiant, tatoué d’une croix gammée, qui avait demandé à changer d’enseignant parce que j’étais noir… On a rejeté sa demande, bien sûr, et il a dû rester dans ma classe. Eh bien, des années plus tard, il m’a remercié de l’avoir traité avec respect - comme les autres étudiants - malgré tout; et il m’a dit que j’avais été l’un de ses meilleurs enseignants.
La Voix du 311: Quels défis se présentent dans votre travail?
Joseph Saint-Vil: Pour l’instant, je suis enseignant au niveau du secondaire V, donc mon défi le plus grand est d’aider mes élèves à passer au cégep avec succès.
La Voix du 311: Si vous n’étiez pas enseignant, quel emploi choisiriez-vous?
Joseph Saint-Vil: Avocat, parce que j'ai étudié le droit dans mon pays.
La Voix du 311: Êtes-vous déjà retourné dans votre pays d’origine?
Joseph Saint-Vil: Oui, mais ça fait longtemps… Mes parents sont décédés; je n’ai plus de famille là-bas. Je suis retourné en Haïti en 2010, à l’occasion d’une croisière qui faisait escale près de chez moi, sur la plus belle plage des Caraïbes, situé à Labadie. Labadie est à seulement 15 minutes de ma ville. Tous les grands bateaux de croisière de la Royal Caribbean Cruises s’arrêtent ici chaque semaine. Vous savez ce que font les touristes? Ils restent sur la plage… Aucun touriste ne va visiter le Cap-Haïtien. Or, c’est une ville magnifique qui ressemble à La Nouvelle-Orléans. Il est bien dommage qu’elle ne puisse pas profiter du passage de ces gens pour développer son secteur touristique…
La Voix du 311: Qu’est-ce que vous pensez des gens du Canada? Y a-t-il des différences entre les gens de l’Ouest et les gens de l’Est, selon vous?
Joseph Saint-Vil: Haïti et le Canada ont une très bonne relation, depuis longtemps. À l’époque de la Révolution tranquille, le Québec a invité beaucoup de professionnels haïtiens (des médecins, des enseignants, etc.) à travailler ici, car la province avait besoin d’intellectuels francophones. En général, je trouve que les Québécois sont des gens agréables et très accueillants. Pour ce qui est du reste du Canada, j’aurais du mal à répondre, car je ne connais pas bien les autres provinces.
La Voix du 311: Qu’est-ce qui vous manque le plus de votre pays d’origine?
Joseph Saint-Vil: J’ai déménagé au Canada en 1979, ça fait longtemps… Ce qui me manque le plus, c’est la mer… L'odeur de la mer me fait parfois monter les larmes aux yeux… Quand je traversais un moment difficile, au début de ma vie à Montréal, je prenais le bus 202 à Dorval, je me promenais sur les rives du Lac St-Louis et cela me rappelait le “Boulevard”, c’est-à-dire la promenade le long de la mer dans ma ville d’origine. Le soleil et les fruits me manquent aussi, naturellement, surtout les mangues, les différents types de mangues… Et puis, cette chaleur humaine, typiquement haïtienne, me manque… Dans la ville où j'habitais, les gens se saluaient chaleureusement. On ne se croisait pas sans se dire bonjour. Mon père portait un chapeau et il devait sans arrêt l’enlever pour saluer les autres. En fait, mon père tenait son chapeau à la main plus souvent qu'il ne le portait sur la tête.
La Voix du 311: Avez-vous des enfants? Si oui, qu’attendez-vous d’eux?
Joseph Saint-Vil: J’ai 4 enfants, trois filles et un fils. Je les aime beaucoup. Je viens d’avoir un petit-fils. Je suis très content d'être devenu grand-père. Ce que j'attends d’eux, c’est qu'ils continuent de travailler, d'être gentils et de faire du bien autour d’eux. J’attends d’eux qu'ils soient comme moi!
La Voix du 311, le 30 mars 2023
Il y a quelques jours, nous avons reçu une lettre pleine d'humour de la part de Monsieur A. au sujet des travaux qui ont actuellement lieu dans les toilettes du centre Outremont. Nous avons alors soumis son texte à la direction pour qu'elle puisse exercer son droit de réponse. Faisant elles-mêmes preuve d'humour et d'ouverture, Mmes Angie et Silvia nous ont autorisés à publier la lettre de Monsieur A., accompagnée de leur réponse.
Voici donc une conversation épistolaire et spirituelle sur un sujet scabreux et essentiel:
nos lieux d'aisance.
Bonjour chère Voix du 311,
J’aimerais vous présenter une saynète de notre vie à l'école. Vous pourriez considérer qu’on la rende publique. Cela provoquera probablement une controverse publique et des questions inconfortables se poseront. Et, très certainement, il y aura une solution à ce problème délicat. Bien sûr, elle m'exaltera à mes propres yeux et amusera ma vanité. Sinon, eh bien, je ne serai pas offensé - il n'est pas facile pour les gens talentueux d'entrer dans la gloire. Alors...
Nous sommes reconnaissants, et même plus, nous sommes très reconnaissants envers notre administration, qui a fermé toutes les toilettes de l'aile droite de l'école. Après tout, imaginez les immenses occasions qui s'offrent à nous! Par exemple, soignez votre remise en forme - Que dis-je soignez? - améliorez! Il faut fuir d'un bout à l'autre de l'école en essayant de ne pas verser tout ce qu'on a accumulé... Et être le premier - car beaucoup veulent être les premiers!
Et ce n'est pas tout. Il s'avère que les toilettes sont un excellent endroit pour discuter, partager les dernières nouvelles, les ragots, regarder des émissions de télévision et les réseaux sociaux. [...]
C'est ici, dans la salle des hommes, que les penseurs les plus créatifs auraient pu avoir cette idée: pourquoi ne pas fermer les toilettes des femmes en laissant les toilettes des hommes ouvertes? Après tout, ce qui est essentiel pour nous, c’est qu’il y ait des urinoirs. Cette approche, selon les leaders d'opinion, contribuerait à l'élimination ultime des inégalités entre les sexes.
Bien à vous,
Votre lecteur et admirateur constant , A.
P.S. Bien sûr, tout ce qui est exprimé dans ce billet n'est rien d'autre qu'une farce grotesque, une bouffonnerie. Mais chaque plaisanterie a sa part de vérité, parce que le problème des toilettes doit être réglé, n'est-ce pas ?
P.P.S. Je ne peux pas encore réfléchir librement et exprimer mes idées en français. J'ai donc utilisé les possibilités de l'oncle Google, le système Reverso-Context avec des éléments d'intelligence artificielle et le dictionnaire électronique Le Grand Robert de la langue française.
Monsieur,
Nous accusons réception de votre lettre concernant la fermeture des blocs sanitaires que vous nous avez fait parvenir. Nous tenons à souligner et à encourager vos efforts d’exprimer vos pensées dans une langue que vous êtes en train d’apprendre. Il faut que vous sachiez que la décision de fermer les blocs sanitaires a été prise après une analyse rigoureuse de toutes les conséquences que cela aurait pu engendrer. Plusieurs spécialistes ont été consultés par le CSSMB avant d’entamer les travaux. Nous sommes conscientes des inconvénients et des dérangements que cela cause aux élèves et aux membres du personnel. Toutefois...
Cette décision a été prise par le CSSMB afin d’améliorer la qualité des équipements et d’assurer la sécurité de tout le monde. Nous nous tenons à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.
Nous tenons aussi à vous suggérer de faire des efforts afin de vous habituer à l’omniprésence des travaux, car vous habitez à Montréal. Cela va bientôt faire partie de votre être et vous ne serez plus surpris, ni indigné. Cela deviendra tout simplement une marque de votre quotidien (surtout l’été) et ce sera la preuve que vous commencez à vous intégrer à votre ville d’accueil. Les cônes orange deviendront vos meilleurs amis. La situation que vous vivez actuellement ne fait que vous y préparer.
Veuillez venir nous voir, Monsieur, si vous avez besoin de clarifications.
Respectueusement,
Votre équipe de direction
Lingling Zhan, le 16 mars 2023
Jeudi, une sortie à la cabane à sucre a été organisée pour les étudiant(e)s de francisation. Récit en images, en couleurs et en musique!
Propos recueillis par Lenel Mercado, le 10 mars 2023
Lucia Jarquin, l’une de nos journalistes, est également professeure de danse. Jeudi dernier, elle a fait une démonstration gratuite à l'auditorium du centre Outremont et, à partir de la semaine prochaine, elle proposera des cours tous les mercredis, de 15h45 à 16h30, dans ce même auditorium, au tarif de 25$ pour 8 cours. L’inscription se fait après d'Aurélie, en salle 213 (derrière l'accueil).
Chaque cours comportera 15 minutes d'échauffement, 20 minutes de différents rythmes latins et 10 minutes d’étirements. Il s'agit d'un programme de fusion cardio-latine qui travaille toutes les parties du corps et de l’esprit.
Dans cette entrevue exclusive, elle partage son expérience et son expertise.
Quand avez-vous su pour la première fois que vous vouliez être danseuse?
J'ai été influencée par mes parents. Ils aimaient beaucoup la musique, mais ils ne savaient pas danser. Peut-être que c'est la raison pour laquelle ils m’ont beaucoup soutenue.
Quelle était la première danse que vous ayez dansée?
J'ai oublié le nom de la danse, mais je suis certaine que c'était une danse contemporaine afro. Avant, je dansais seulement devant ma famille, puis éventuellement, j’ai commencé à me produire en public quand il y avait des spectacles à l'école. J'étais une enfant active et je pouvais m’exprimer davantage, à chaque fois je dansais.
Avez-vous déjà expérimenté votre art devant des foules nombreuses?
J'ai participé à de nombreux festivals de danse en Amérique latine et à travers le monde: aux États-Unis, en Finlande, au Danemark et en Espagne. Récemment, j'ai également exploré la danse vidéo, utilisant le mouvement comme un moyen d'expression de la liberté et de la sensibilité.
Quand avez-vous commencé à enseigner la danse?
Après avoir obtenu mon certificat de technicienne en danse, j'ai décidé de devenir enseignante de danse en 2003. J'ai choisi ce domaine car je peux m'exprimer librement et partager ma connaissance et le talent d'une personne qui a de la passion et de l'amour pour la danse.
Quels sont vos objectifs comme professeure de danse maintenant?
Mon but en tant qu'artiste de danse est de créer des performances qui utilisent le mouvement comme un outil pour exprimer la liberté et les émotions, afin de sensibiliser le public à des problèmes personnels et sociaux qui se produisent dans le monde, en me produisant dans des espaces et des atmosphères variées.