Littérature
La naissance de zÂl,
l'enfant aux cheveux blancs
l'enfant aux cheveux blancs
Narjes Asadi, le 22 avril 2024
Voici le premier chapitre d'un conte inspiré d’un livre poétique iranien très ancien et très connu qui s’intitule le Livre des rois (Shahnameh). Ce livre a été écrit par le poète persan Ferdowsi, au Xe siècle. Il a écrit ses poèmes dans un style épique. Ce conte est inspiré d'un de ses poèmes. Dans ce chapitre, il y a un personnage très important qui se nomme Sâm, un champion et un héros iranien de l’époque dont Ferdowsi parle dans plusieurs poèmes. Le personnage Nobahar, en revanche, n’existe pas dans la version originale; elle est née dans la tête de l'écrivaine...
Nobahar était une belle femme. Les tremblements de ses mains sur son visage en pleurs lui donnaient une grande beauté, semblable au reflet de la pleine lune brillant sur un étang limpide ridé par la brise. Elle essuyait ses larmes et embrassait son petit bébé.
À travers ses larmes et les reflets de la lumière, le visage de son fils devenait de plus en plus clair. Il était comme une rose rouge avec des mains et des cheveux illuminés par la clarté argentée de la lune. Ses yeux brillaient, enfoncés entre ses cils blancs, en regardant tendrement sa mère.
Nobahar murmurait lentement et doucement à son fils : « D’où viens-tu ma vie? De quel territoire? De quel ciel? Tu viens du paradis ? Que tu es beau, avec ces cils argentés qui amplifient l'éclat de tes yeux et embellissent davantage tes joues couleur de tulipe! De quelle déesse céleste as-tu hérité?
Ah, mon beau fils, tes yeux me rappellent la beauté des yeux de ton père Sâm. As-tu senti les fleurs de paradis? D'où viens-tu, mon beau garçon, avec tes cheveux blancs de sage?»
Sept jours après cette naissance extraordinaire, personne n’était assez courageux pour annoncer cette nouvelle au héros Sâm. Finalement, l'une des dames de compagnie l’en informa. Il se précipita vers le palais de Nobahar, avec des yeux étincelants et pleins d'espoir en allant voir le bébé.
Après avoir vu son fils blanc, il fut très déçu et en colère. Sans prêter attention à Nobahar et à ses yeux aimants, il arracha immédiatement son bébé des bras de sa mère et s'en alla vers une destination inconnue.
Les jours passaient sans nouvelle de Sâm et de son bébé...
Nobahar était déçue et mélancolique, le récit de sa maternité était déjà fini... avant même qu’elle ait pu goûter le plaisir d’être mère. Elle retrouvait toujours le doux parfum de son bébé qui était partout. Elle n’aurait jamais imaginé que son grand amour Sâm pourrait la séparer de son fils, une séparation éternelle.
À suivre...
Le soleil et la lune
Charles Trenet, 1939
Cette chanson de l'auteur-compositeur-interprète français célèbre, Charles Trenet, raconte l'histoire d'amour impossible entre le soleil et la lune, puisque l'un luit le jour, tandis que l'autre luit la nuit... Cependant, lundi dernier, cette rencontre improbable a bien eu lieu!
Voici les paroles de la chanson, suivie de quelques images de l'éclipse du 8 avril 2024.
Sur le toit de l'hôtel où je vis avec toi
Quand j'attends ta venue mon amie
Quand la nuit fait chanter plus fort et mieux que moi
Tous les chats tous les chats tous les chats
Que dit-on sur les toits que répètent les voix
De ces chats, de ces chats qui s'ennuient
Des chansons que je sais que je traduis pour toi
Les voici, les voici, les voilà
Le soleil a rendez-vous avec la lune
Mais la lune n'est pas là et le soleil attend
Ici-bas, souvent chacun pour sa chacune
Chacun doit en faire autant
La lune est là, la lune est là
La lune est là, mais le soleil ne la voit pas
Pour la trouver, il faut la nuit
Il faut la nuit mais le soleil ne le sait pas et toujours luit
Le soleil a rendez-vous avec la lune
Mais la lune n'est pas là et le soleil attend
Papa dit qu'il a vu ça lui
Des savants avertis par la pluie et le vent
Annonçaient, un jour la fin du monde
Les journaux commentaient en termes émouvants
Les avis, les aveux des savants
Bien des gens affolés demandaient aux agents
Si le monde était pris dans la ronde
C'est alors que docteurs, savants et professeurs
Entonnèrent subito tous en chœur
Le soleil a rendez-vous avec la lune
Mais la lune n'est pas là et le soleil attend
Ici-bas, souvent chacun pour sa chacune
Chacun doit en faire autant
La lune est là, la lune est là
La lune est là, mais le soleil ne la voit pas
Pour la trouver, il faut la nuit
Il faut la nuit mais le soleil ne le sait pas et toujours luit
Le soleil a rendez-vous avec la lune
Mais la lune n'est pas là et le soleil attend
Papa dit qu'il a vu ça lui
Philosophes, écoutez cette phrase est pour vous
Le bonheur est un astre volage
Qui s'enfuit à l'appel de bien des rendez-vous
Il s'efface, il se meurt devant nous
Quand on croit qu'il est loin, il est là tout près d’nous [de nous]
Il voyage, il voyage, il voyage
Puis il part, il revient, il s'en va n'importe où
Cherchez-le, il est un peu partout
Le soleil a rendez-vous avec la lune
Mais la lune n'est pas là et le soleil attend
Ici-bas, souvent chacun pour sa chacune
Chacun doit en faire autant
La lune est là, la lune est là, la lune est là
La lune est là, la lune est là mais le soleil ne la voit pas
Pour la trouver il faut la nuit
Il faut la nuit mais le soleil ne le sait pas et toujours luit
Le soleil a rendez-vous avec la lune
Mais la lune n'est pas là et le soleil attend
Papa dit qu'il a vu ça lui
Papa dit qu'il a vu ça lui!
Rimes masculines et féminines
La Voix du 311, le 16 avril 2024
Les étudiant(e)s en français de niveau 8 ont travaillé sur la reconnaissance des noms masculins et féminins. Voici une sélection de poèmes dont les rimes alternent les terminaisons typiques. Vive l'art de jouer avec les mots!
La mélancolie du mage
Ahmad Hemadi
Mon coeur est enfermé dans une cage
Je ne peux ouvrir de nouvelle page
Mon esprit ne quitte pas son image
Je suis un coquillage sur la plage
Ma tristesse grandit et augmente avec l'âge
Je pense beaucoup au départ et au voyage
Mais partir loin d’ici n’est que du maquillage
Mais où est donc la fuite et où est le passage?
À la poursuite de mon histoire
Narjes Asadi
C’est quoi la vie, et ma mission?
Je cherche toujours une solution.
Dois-je suivre la tradition?
Ou est-ce mieux l’invention?
Je rêve devant la télévision
Qu’est-ce qui se passera après cette session?
Je dois finir les révisions
Et je ne ferai pas de révolution
Il faut trouver un espoir
Où? Peut-être dans ma mémoire
Je vois mon âme sous les battoirs
Qui me dirige dans un miroir
vers un grand territoire
où je poursuis mon histoire
Rêves de jeune fille
Oksana Rusinova
Quand elle était une jeune fille,
Elle habitait dans une grande famille.
Elle n’avait pas de possibilité
de bénéficier d’une libre mobilité
Elle rêvait d’un petit voyage
Pour trouver un meilleur paysage.
Elle voulait naviguer en bateau
et se reposer dans un beau château
Dans sa tête elle laissait ce message
En espérant le réaliser sans dommage
Un jour, elle a dit: je déménage!
Maintenant, elle vit au château et sur la plage
Ma folie
Poème d'Anastasiia Goma, le 13 avril 2024
Cette folie a changé ma vision
Pour quelque temps, et non pas pour toujours.
Elle était devenue ma religion,
Je la suivais alors, jour après jour.
Elle m'a tant inspirée… tout au fond
Tellement brillait mon âme envoutée...
Sa chaleur merveilleuse qui confond,
M'a entourée, m'a fait tout oublier.
Puis nous avons un peu joué ensemble,
Nous avons parlé, avons ri, beaucoup.
Elle était tout pour moi… Tout, il me semble!
Soudainement, elle m'a prise au cou...
Elle m'a dévoilé tous mes secrets,
Le vide en moi à été révélé.
J’ai de la gratitude, sans regrets -
Grâce à elle, je me suis réveillée.
Je l'aimais tellement, de tout mon coeur,
J'ai sacrifié mes valeurs et mon être.
Oui, j'accepte: elle est ma plus grande erreur,
Même si c'est douloureux de l'admettre...
Merci, ma folie, ma partie à moi,
Tu resteras dans ma vie à jamais.
Je ne pourrai plus m'approcher de toi,
Tout est bien fini, juste comme il se devait....
Contes traditionnels des quatre coins du monde
La Voix du 311, le 28 février 2024
Voici une sélection de contes et légendes venus d'Europe, d'Asie ou d'Amérique, qui ont traversé les générations et les océans...
La renarde et la grue
Conte traditionnel d’Ukraine
Il était une fois une renarde et une grue qui habitaient à proximité et se rencontraient parfois dans la forêt.
Un jour, en rencontrant la grue, la renarde dit: «Ma chérie, je t’invite chez moi pour demain, je vais te régaler, te gâter. Viens ma commère, je vais t'attendre!» La grue répondit: «D'accord ma voisine, je vais venir avec beaucoup de plaisir!»
La renarde prépara du porridge au lait et l’étala dans une assiette plate et le mit sur la table.
Quand la grue vint, la renarde l’invita à se servir en commentant: «Ma chérie, régale-toi, c’est mon repas préféré, je l’ai préparé spécialement pour toi.» La grue essaya de le picorer, mais elle ne put pas manger sa portion, tandis que la renarde lécha son assiette avec un énorme appétit. La grue resta affamée et offensée, mais elle la remercia et l'invita pour le festin prévu chez elle.
En attendant la renarde, elle prépara du riz avec de la viande et le mit dans une cruche à col étroit...
La renarde, qui était très contente en prévision d’une délicieuse gourmandise, accourut chez la grue, mais à sa surprise, la grue posa devant elle la cruche. La renarde commença à tourner autour de la cruche, néanmoins elle ne put pas manger alors que la grue picorait et picorait...
Après cette situation, elles ne furent jamais plus amies et ne se parlèrent plus.
Donc on reçoit l’écho de ce qu’on crie. On récolte ce qu’on sème. Traitez tout le monde comme vous souhaitez être traité.
Les trois petits cochons
Conte traditionnel britannique, très populaire en Amérique Latine
Il était une fois trois petits cochons qui habitaient avec leur mère dans la forêt.
Un jour, la mère décida de forcer ses enfants à sortir de la maison pour qu'ils soient indépendants.
Le premier petit cochon qui s'appelait Nif-Nif décida de construire sa maison avec de la paille, le deuxième petit cochon qui s'appelait Nouf-Nouf décida de construire sa maison en utilisant du bois et le troisième petit cochon qui s'appelait Naf-Naf bâtit sa maison avec de la brique, même s'il n’avait pas le temps d’aller jouer avec ses frères.
Les petits cochons ne savaient pas qu'il y avait un loup affamé dans la forêt...
Le loup trouva la maison de Nif-Nif, frappa à la porte en disant: “Petit cochon, laisse-moi entrer! Sinon, je soufflerai et soufflerai et la maison s'effondrera”. Le cochon n' ouvrit pas la porte et le loup commença à souffler. Dès le premier souffle, la maison tomba. Nif-Nif s'enfuit vers la maison de son frère Nouf-Nouf.
Le loup trouva la maison de Nouf-Nouf, frappa à la porte en disant: “Petits cochons, laissez-moi entrer! Sinon, je soufflerai et soufflerai et la maison s'effondrera”. Les cochons n'ouvrirent pas la porte et le loup commença à souffler. Dès le premier souffle, la maison tomba. Nif-Nif et Nouf-Nouf s'enfuirent vers la maison de leur frère Naf-Naf.
Quand le loup trouva la maison de Naf-Naf, il frappa à la porte en disant: “Petits cochons, laissez-moi entrer! Sinon, je soufflerai et soufflerai et la maison s'effondrera”. Les cochons n'ouvrirent pas la porte et le loup commença à souffler. Après le premier, le deuxième… et le centième souffle, la maison n'était toujours pas tombée.
Le loup décida d'entrer par la cheminée car la maison était très solide et bien construite, mais les trois petits cochons préparèrent une soupe et le loup tomba dans la marmite, qui était très chaude. Après ça, le loup s'enfuit en promettant de ne jamais plus déranger cette famille.
La persévérance est une bonne pratique, même si on doit faire des sacrifices pour atteindre ses objectifs. Un travail bien fait vaut mieux qu’un travail vite fait.
Sésame, ouvre-toi!
Conte traditionnel oriental
Il était une fois un pauvre bûcheron qui s’appelait Ali Baba et qui avait une servante très intelligente dont le nom était Marjaneh.
Un jour, il alla dans la forêt et coupa des arbres près d’une caverne. Soudain, Ali Baba vit 40 voleurs qui y allèrent en disant: «Sésame, ouvre-toi!» À sa surprise, cette formule magique ouvrit la porte de la caverne où les voleurs entrèrent et dont ils repartirent en tenant des trésors.
Ali Baba essaya d’y entrer en utilisant cette formule magique et il réussit à obtenir des trésors pour lui-même.
Quelques jours passèrent et son frère, Qasim , découvrit le secret. Malheureusement, Qasim oublia la formule magique après être entré dans la caverne et sans pouvoir en sortir. Il fut tué par les voleurs.
Ali Baba trouva le corps de son frère dans la caverne en cherchant, puis il retourna à la maison mais les voleurs le suivirent Ali Baba en se cachant et, finalement, les voleurs trouvèrent sa maison et décidèrent de le tuer.
Alors, les 40 voleurs entrèrent dans la maison d’Ali Baba en tant que voyageurs et le chef des voleurs cacha tous les autres voleurs dans des cruches et il commença à parler avec Ali Baba...
Mais la servante d’Ali baba douta et essaya de voir dans les cruches… Elle vit qu'il y avait beaucoup de personnes dans les cruches. Elle prit un grand couteau et tua chacun des voleurs et cria à Ali baba: “Attention, attention! Ce sont des voleurs.” Finalement, la servante sauva la vie d’Ali baba.
On peut dire que, quand on voit quelque chose de bizarre, on doit faire attention. On peut aussi conclure de cette histoire qu’il ne faut pas mépriser l’intelligence des servantes.
Les invités non invités
Conte traditionnel persan
Il était une fois une vieille dame qui vivait dans une petite maison. Sa maison avait une petite cour où elle aimait passer du temps. Chaque jour, quand le soleil se couchait, elle préparait son thé, balayait la cour et arrosait les plantes. Ensuite, elle mangeait son pain et son fromage avec son thé, éteignait la bouilloire et allait se coucher.
Un jour d’automne, il faisait très froid et il pleuvait beaucoup. La vieille dame avait fini son thé et voulait se coucher. Soudain, elle entendit frapper à sa porte : "Toc, toc, toc..." Elle ouvrit la porte et vit un petit moineau trempé par la pluie. Il lui demanda s'il pouvait entrer pour se mettre au sec. La vieille dame eut pitié de lui et le laissa entrer. Elle lui donna une serviette pour qu'il se sèche et trouve un endroit chaud où dormir.
Juste avant de s'endormir, ils entendirent à nouveau frapper à la porte : "Toc, toc, toc..."
C’était un chien trempé qui demandait à entrer. La vieille dame lui ouvrit la porte et le laissa entrer.Elle lui donna aussi une serviette pour qu’il se sèche et se couche près du feu. Puis un chat mouillé arriva, suivi d’une poule et enfin d’une grosse vache. La vieille dame laissa tous les animaux entrer et se mettre au chaud. Le lendemain matin, quand la vieille dame se réveilla, elle fut surprise de voir que les animaux avaient préparé le petit déjeuner et nettoyé la cour.
Elle les remercia tous pour leur gentillesse et leur aide, mais elle leur dit qu'il était temps pour eux de partir car sa maison était trop petite pour eux tous.
Le chien lui demanda : «Ma gentille grand-mère, moi, je japperai pour toi, je ferai fuir les voleurs pour toi, est-ce que tu veux vraiment que je parte?» La vieille dame accepta de le garder avec plaisir.
Le chat lui demanda : «Je miaulerai pour toi, je chasserai les souris pour toi, me laisseras-tu partir?» Elle dit: «Non, mon chéri, reste ici!»
Le moineau dit du haut de la fenêtre: «Je gazouillerai pour toi; je te ferai un petit œuf. Me laisseras-tu partir?» La vieille dame lui dit: «Tu es petit et tu n’as pas besoin de beaucoup d’espace. Reste chez moi!»
Ensuite, Madame la vache lui posa la question: «Je meuglerai pour toi et,en plus, je te donnerai du lait frais. Me laisseras-tu partir?» La vieille dame lui dit en riant: «Reste! Ne t’inquiète pas!» Madame la poule dit en marchant: «Je chanterai pour toi, je te ferai un grand œuf. Dois-je partir?» La vieille dame lui dit en chantant: «Reste, reste, toi aussi!» Et depuis ce jour, ils vécurent tous ensemble dans la petite maison, s'aidant les uns les autres et partageant leur amour et leur amitié.
On doit aider ceux qui ont besoin d’aide et qui sont dans des situations misérables. Cette générosité sera peut-être récompensée un jour. Un proverbe persan dit: “Verse ta gentillesse dans la rivière; Dieu te la rendra dans le désert.”
Le petit Chaperon rouge
Charles Perrault, 1697
Le conte traditionnel du Petit Chaperon rouge remonte au Moyen Âge. Il est probablement d'origine française, mais il en existe d'autres versions en Europe et dans le reste du monde. Il s'agit d'une histoire qui se transmettait autrefois de bouche à oreille. À la fin du XVIIe siècle, cependant, l'auteur français Charles Perrault l'a mise par écrit. Bonne lecture!
Il était une fois une petite fille de village, la plus jolie qu'on eût su voir : sa mère en était folle, et sa grand-mère plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge qui lui seyait si bien, que partout on l'appelait le petit Chaperon rouge.
Un jour, sa mère ayant fait des galettes, lui dit : «Va voir comment se porte ta mère-grand : car on m'a dit qu'elle était malade; porte-lui une galette et ce petit pot de beurre.» Le petit Chaperon rouge partit aussitôt pour aller chez sa mère-grand, qui demeurait dans un autre village.
En passant dans un bois, elle rencontra compère le Loup qui eut bientôt envie de la manger ; mais il n'osa, à cause de quelques bûcherons qui étaient dans la forêt...
Il lui demanda où elle allait. La pauvre enfant, qui ne savait pas qu'il était dangereux de s'arrêter à écouter le loup, lui dit : «Je vais voir ma mère-grand, et lui porter une galette, avec un pot de beurre que ma mère lui envoie.»
«Demeure-t-elle bien loin?» lui dit le loup.
«Oh ! Oui», lui dit le petit Chaperon rouge ; «c'est par-delà le petit moulin que vous voyez tout là-bas, là-bas à la première maison du village.»
«Eh bien !, dit le Loup, je veux l'aller voir aussi : je m'y en vais par ce chemin-ci, et toi par ce chemin-là, et nous verrons à qui plus tôt y sera.»
Le Loup se mit à courir de toute sa force par le chemin qui était le plus court ; et la petite fille s'en alla par le chemin le plus long, s'amusant à cueillir des noisettes, à courir après des papillons et à faire des bouquets de petites fleurs qu'elle rencontrait.
Le Loup ne fut pas longtemps à arriver à la maison de la mère-grand ; il heurta : toc, toc.
«Qui est là ?»
«C'est votre fille, le petit Chaperon rouge», dit le Loup en contrefaisant sa voix, «qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre que ma mère vous envoie.»
La bonne mère-grand, qui était dans son lit, à cause qu'elle se trouvait un peu mal, lui cria : «Tire la chevillette, la bobinette cherra.»
Le Loup tira la chevillette, et la porte s'ouvrit. Il se jeta sur la bonne femme et la dévora en moins de rien, car il y avait plus de trois jours qu'il n'avait mangé. Ensuite il ferma la porte et s'alla coucher dans le lit de la mère-grand, en attendant le petit Chaperon rouge, qui, quelque temps après, vint heurter à la porte : toc, toc.
«Qui est là ?»
Le petit Chaperon rouge, qui entendit la grosse voix du Loup, eut peur d'abord, mais croyant que sa mère-grand était enrhumée, répondit : «C'est votre fille, le petit Chaperon rouge, qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre que ma mère vous envoie.»
Le Loup lui cria, en adoucissant un peu sa voix : «Tire la chevillette, la bobinette cherra.»
Le petit Chaperon rouge se déshabilla et alla se mettre dans le lit, où elle fut bien étonnée de voir comment se mère-grand était faite en son déshabillé. Elle lui dit :
ー Ma mère-grand, que vous avez de grands bras !
ー C'est pour mieux t'embrasser, ma fille.
ー Ma mère-grand, que vous avez de grandes jambes !
ー C'est pour mieux courir, mon enfant !
ー Ma mère-grand, que vous avez de grandes oreilles !
ー C'est pour mieux écouter, mon enfant.
ー Ma mère-grand, que vous avez de grands yeux !
ー C'est pour mieux voir, mon enfant.
ー Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents !
ー C'est pour mieux te manger.
Et en disant ces mots, le méchant Loup se jeta sur le petit Chaperon rouge et la mangea.
Moralité
On voit ici que de jeunes enfants,
Surtout de jeunes filles
Belles, bien faites, et gentilles,
Font très mal d'écouter toutes sortes de gens,
Et que ce n'est pas chose étrange,
S'il en est tant que le loup mange.
Je dis le loup, car tous les loups
Ne sont pas de la même sorte;
Il en est d'une humeur accorte,
Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
Qui privés, complaisants et doux,
Suivent les jeunes demoiselles
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles ;
Mais, hélas ! qui ne sait que ces loups doucereux,
De tous les loups sont les plus dangereux.
Poèmes des quatre coins du monde
La Voix du 311, le 17 février 2024
Voici une sélection de poèmes venus d'Europe, d'Asie ou d'Amérique, écrits ou traduits par les étudiant(e)s du niveau 7. La beauté des rimes et des rythmes d'une langue est toujours difficile à rendre dans une autre langue, mais nous avons essayé de partager la richesse et la diversité de nos poésies par l'intermédiaire du français.
Rivière - Neige
François Cheng
Traduction d'un poème du poète chnois Liu Zongyuan (773-819) - Dynastie Tang
Sur mille montagnes, aucun vol d'oiseau.
Sur dix mille sentiers, nulle trace d'homme.
Barque solitaire: sous son manteau de paille.
Un vieillard pêche, du fleuve figé, la neige.
L'amour est un feu
Marilene Guedes
Traduction libre d’un poème du poète portugais Luís Vaz de Camões (1525-1580)
L'amour est un feu qui brûle sans être vu;
C'est une blessure qui lance sans douleur ;
C’est un bonheur qui se réjouit de son malheur,
C'est une peine qui semble avoir disparu.
C’est de ne pas vouloir bien plus que de vouloir ;
C'est se promener seul parmi de nombreux gens ;
C'est ne jamais se contenter d'être content ;
C'est désirer se perdre avec un fol espoir.
C'est vouloir être piégé par la volonté ;
C'est servir celui qui gagne, le grand vainqueur ;
C’est se soumettre à ce qui tue, par loyauté.
Mais comment peut-il susciter tant de faveur
Dans les cœurs des humains, leur aveugle amitié,
Si cet amour enfin est contraire à lui-même?
Chant d’exil
Raquel Rezende
Traduction libre de La Canção do Exílio , un poème romantique de l'écrivain brésilien Antônio Gonçalves Dias (1823-1864)
Ma terre a des palmiers
Où chante le Sabiá,
J’entends ici gazouiller
Mais pas le chant de là-bas.
Notre ciel a plus d’étoiles,
Nos plaines ont plus de fleurs,
Nos forêts ont plus de vie,
Nos vies ont bien plus d’amour.
Seul dans la nuit, j’ai niché
Loin des plaisirs de là-bas;
Ma terre a des palmiers,
Où chante le Sabiá.
Ma terre a des biens exquis,
Qu’on ne trouve pas ici ;
Je pense seul dans la nuit
Aux doux plaisirs de là-bas;
Aux palmiers de mon pays,
Où chante le Sabiá.
Dieu me garde de mourir
Sans retrouver mon pays;
Sans jouir à nouveau là-bas
De ce qui me manque ici;
Sans revoir ces palmiers-là,
Où chante le Sabiá
Fatal
Gisella Sirker
Traduction libre du poème Lo Fatal (tiré du recueil Cantos de Vida y Esperanza) du poète nicaraguayen Ruben Dario (1867-1916)
Bien chanceux l’arbre qui est à peine sensible
Plus encore la roche qui ne sent plus rien
Car la douleur de vivre est bien la plus pénible
La conscience de vivre, le plus grand chagrin
Être et ne rien savoir, être sans but certain
La peur d’avoir été, d’un terrible séjour…
L’effroi sûr et certain d’être défunt demain
Et souffrir pour la vie et pour l’ombre, et puis pour
Ce que l’on ne connaît et qu’à peine on soupçonne
Et puis la chair qui tente, fraîche et polissonne
Et la tombe veillant aux funèbres couronnes
Ni ne savoir où nous allons
Ni ne savoir d'où nous venons!
Il pleut dans mon coeur
Gérald Beasley
Traduction libre de Raining in my Heart, chanson enregistrée originalement par le chanteur américain Buddy Holly (1936-1969) Paroles en anglais: Boudleaux Bryant et Felice Bryant, avec une référence à Paul Verlaine.
Le soleil brille, le ciel est bleu,
Pas un nuage devant mes yeux
Mais il pleure
Il pleut dans mon coeur
Ô Monsieur Météo prétend qu'il fait beau
Mais comment ignorer que tu m’as quitté?
Et qu’il pleure
Qu’il pleut dans mon cœur?
Oh! Quelle tristesse! Quelle tristesse!
Qui peut m'aider dans ma détresse?
Ô ma douleur, rends donc les armes!
Ne vois-tu pas monter mes larmes?
Car il pleure
Il pleut dans mon coeur
Remercier avec tristesse
Daily Echevarria Prierez
Étudiante cubaineDepuis mon arrivée,
Je remercie Québec.
De mon beau pays sec,
J’ai été exilée.
J’aime l’hiver si froid
Et même congelée,
J’aime la neige, là
Je sens la liberté!
Depuis mon arrivée,
Au Québec je rend grâce
Songeant aux gens, hélas,
Que là-bas j’ai laissés.
Je remercie toujours
Mon Québec bien-aimé,
Mais Cuba, mon amour,
est mon île attristée
Ma jolie mignonne
Ahmad Hemadi
Étudiant libanaisC’est la personne la plus chère
Elle est l’amour au fond des coeurs
La miséricorde sur terre
Et la tendresse la meilleure
Elle a le calme de la mer
Et le courage d’une lionne
Elle est soleil, elle est lumière
La vie et l'âme qu’elle donne!
Je veux dire simplement: Mère
C’est ton nom, ma jolie mignonne
Maudits déterminants!
Oksana Rusinova
Étudiante ukrainienneLa langue française est très difficile
C’est comme ça! Maintenant, c’est mon tour
D’endurer. Mais ce serait plus facile
Si j’étudiais - je l’avoue - chaque jour
Je ne sais pas où trouver cette force
Pour bien évoluer et bien progresser
J’oublie comment on prononce “une entorse”
Ensuite, je ne cesse de stresser
Je déteste tellement mes erreurs
Que je répète encore… Quelle horreur!
L’utilisation des déterminants,
Pour moi, est comme un asservissement
J'apprends en soufflant les nouvelles règles
Mais il y a beaucoup trop d’exceptions
Je me sens confuse, fragile et grêle
Comment mémoriser les expressions?
Et la conjugaison de tant de verbes
C'est mon cauchemar, ma grande faiblesse
Quant à l’utilisation des adverbes?
Une torture de la pire espèce!
Je souhaite vraiment que dans 5 années
Ma conversation soit instantanée
Cela serait tout à fait idéal
Pour mon bien-être et ma santé mentale
Sortie de secours
Anastasiia Goma
Ancienne étudiante ukrainienneMalheureusement, on pense souvent à toi
Comme si tu étais une sortie d'urgence.
On t'ignore, on te fuit... Pour revenir vers toi? -
Ridicules… Nous manquons toujours l'évidence.
Cependant, tu es une porte principale,
Derrière laquelle se trouve l'espérance.
Croire en Toi - c'est une décision radicale -
Cela prend bien du courage, de la patience.
On se cache, on cherche fébrilement des preuves,
Aveuglés par nos émotions et nos attentes...
Nos pensées coulent si vite, comme un long fleuve
Elles secouent, blessant nos âmes combattantes.
Dommage, on perd un temps tellement précieux,
Dans la recherche du bonheur et de nous-mêmes...
Pardonnes-Tu à Tes enfants capricieux?
Malgré tout ce que nous sommes, Toi, Tu nous aimes!
le chef-d’oeuvre
de Patrick Senécal
de Patrick Senécal
Masoomeh Ghadiri Javid, Ahmad Hemadi et Alireza Saatsaz, le 14 janvier 2024
Patrick Senécal est un auteur québécois très populaire, surtout connu pour ses romans d’horreur. Certaines de ses œuvres littéraires ont été adaptées au cinéma. Senécal, considéré comme le Stephen King québécois, a écrit un roman qui, selon nous, est intéressant et assez facile à lire. Il s’agit du Passager.
Le Passager est un roman d’horreur du genre thriller qui met en scène le personnage principal, Étienne Séguin, employé comme enseignant au Cégep de Drummondville. Comme il habite à Montréal, il doit constamment faire des allers-retours entre ces deux villes. Un jour, en allant à Drummondville, il voit un passager sur le bord de la route et l’invite à bord pour le conduire à l’endroit où il désire aller. Ces deux personnages développent tout de suite une amitié étrangement intime et sincère. Plus le temps passe, plus Étienne passe du temps à Drummondville (qui est aussi sa ville natale); certains souvenirs noirs de sa jeunesse remontent à la surface... Étienne commence peu à peu à découvrir la sorte de personne qu’il était durant sa jeunesse et trouve ainsi le lien entre le passager et son passé lointain.
La fin de ce roman est tout à fait imprévisible et des rebondissements de toutes formes ont lieu tout au long de la lecture. Senécal a réellement le talent de captiver le lecteur, de l’amener à douter, de le convaincre de quelque chose, et de le trahir à la toute fin.
Ce roman est un roman relativement simple à comprendre, même pour les personnes qui ne sont pas francophones à la base. Même si le français n’est pas notre langue maternelle, nous avons quand même réussi à comprendre et apprécier l’histoire.
SOIR D’HIVER
Émile Nelligan, 1898
Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu’est-ce que le spasme de vivre
À la douleur que j’ai, que j’ai.
Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire ! Où vis-je ? Où vais-je ?
Tous ses espoirs gisent gelés :
Je suis la nouvelle Norvège
D’où les blonds ciels s’en sont allés.
Pleurez, oiseaux de février,
Au sinistre frisson des choses,
Pleurez, oiseaux de février,
Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
Aux branches du genévrier.
Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu’est-ce que le spasme de vivre
À tout l’ennui que j’ai, que j’ai !…