Prosper Mérimée, 1847
Dans cet extrait de la courte histoire que raconte l'écrivain Prosper Mérimée, on découvre le personnage de Carmen: c'est une femme très séduisante qui joue de son charme auprès des hommes.
«Voilà la gitanilla!» Je levai les yeux, et je la vis. C'était un vendredi, et je ne l'oublierai jamais.
Je vis cette Carmen que vous connaissez, chez qui je vous ai rencontré il y a quelques mois. Elle avait un jupon rouge fort court qui laissait voir des bas de soie blancs avec plus d'un trou, et des souliers mignons de maroquin rouge attachés avec des rubans couleur de feu.
Elle écartait sa mantille afin de montrer ses épaules et un gros bouquet de cassie qui sortait de sa chemise. Elle avait encore une fleur de cassie dans le coin de la bouche, et elle s'avançait en se balançant sur ses hanches comme une pouliche [...]. Chacun lui adressait quelque compliment gaillard sur sa tournure; elle répondait à chacun, faisant les yeux en coulisse, le poing sur la hanche, effrontée comme une vraie bohémienne qu'elle était. D'abord, elle ne me plut pas, et je repris mon ouvrage; mais elle, suivant l'usage des femmes et des chats qui ne viennent pas quand on les appelle et qui viennent quand on ne les appelle pas, s'arrêta devant moi et m'adressa la parole.
Georges Bizet,1875
Geoges Bizet s'est inspiré de la nouvelle de Prosper Mérimée pour composer un opéra. Dans cet extrait, l'amour est comparé à un oiseau rebelle que personne ne peut apprivoiser. Carmen explique qu'elle aime celui qui ne l'aime pas, alors qu'elle n'aime pas celui qui l'aime: le cœur a ses raisons que la raison ignore!
L'amour est un oiseau rebelle
Que nul ne peut apprivoiser
Et c'est bien en vain qu'on l'appelle
S'il lui convient de refuser
Rien n'y fait, menaces ou prières
L'un parle bien, l'autre se tait
Et c'est l'autre que je préfère
Il n'a rien dit mais il me plaît
L'amour ! L'amour ! L'amour ! L'amour !
L'amour est enfant de Bohême
Il n'a jamais, jamais connu de loi
Si tu ne m'aimes pas, je t'aime
Si je t'aime, prends garde à toi !
Si tu ne m’aimes pas
Si tu ne m’aimes pas, je t’aime !
Mais si je t’aime
Si je t’aime, prends garde à toi !
L'oiseau que tu croyais surprendre
Battit de l'aile et s'envola ...
L'amour est loin, tu peux l'attendre
Tu ne l'attends plus, il est là !
Tout autour de toi, vite, vite
Il vient, s'en va, puis il revient...
Tu crois le tenir, il t'évite
Tu crois l'éviter, il te tient !
L'amour ! L'amour ! L'amour ! L'amour !
L'amour est enfant de Bohême
Il n'a jamais, jamais connu de loi
Si tu ne m'aimes pas, je t'aime
Si je t'aime, prends garde à toi !
Si tu ne m’aimes pas
Si tu ne m’aimes pas, je t’aime !
Mais, si je t’aime
Si je t’aime, prends garde à toi !
Livret: Henri Meilhac et Ludovic Halévy, d'après la nouvelle de Prosper Mérimée.
Compositeur: Georges Bizet
Stromae et Orelsan, 2013
Les chanteurs Stromae et Orelsan se sont inspirés de l'opéra de Georges Bizet pour composer une chanson. Dans cette chanson, le réseau Twitter est comparé à un amour dévorant, qui finit par tuer l'humanité (tel le monstre mythologique du Léviathan).
L'amour est comme l'oiseau de Twitter
On est bleu de lui, seulement pour 48 heures
D'abord on s'affilie, ensuite on se followe
On en devient fêlé, et on finit solo
Prends garde à toi
Et à tous ceux qui vous like
Les sourires en plastique sont souvent des coups d’hashtag
Prends garde à toi
Ah les amis, les potes ou les followers
Vous faites erreur, vous avez juste la cote
[Refrain]
Prends garde à toi
Si tu t’aimes
Garde à moi
Si je m’aime
Garde à nous, garde à eux, garde à vous
Et puis chacun pour soi
Et c’est comme ça qu’on s’aime, s’aime…
Comme ça consomme, somme, somme...
Et c’est comme ça qu’on s’aime, s’aime...
Comme ça consomme, somme, somme...
Et c’est comme ça qu’on s’aime, s’aime...
Comme ça consomme, somme, somme...
Et c’est comme ça qu’on s’aime, s’aime...
Comme ça consomme, somme, somme…
L’amour est enfant de la consommation
Il voudra toujours toujours toujours plus de choix
Voulez voulez-vous des sentiments tombés du camion ?
L’offre et la demande pour unique et seule loi
Prends garde à toi
Mais j’en connais déjà les dangers, moi
J’ai gardé mon ticket et, s’il le faut, j’vais l’échanger, moi
Prends garde à toi
Et, s’il le faut, j’irais m’venger moi
Cet oiseau d’malheur, j’le mets en cage
J’le fais chanter, moi
[Refrain]
Un jour t’achètes, un jour tu aimes
Un jour tu jettes, mais un jour tu payes
Un jour tu verras, on s’aimera
Mais avant on crèvera tous, comme des rats
Auteur: Orelsan
Compositeur: Stromae
Album: Racine Carrée
Maison production: Mercury / Universal Music
Poème et photo: Anastasiia Goma, le 17 juin 2023
Mon âme est totalement cassée...
Mon cœur est complètement brisé...
Oui, je mérite ce châtiment,
Je dois souffrir dramatiquement...
Les conséquences m'ont rattrapée
Et les sentiments m'ont dégoûtée.
Je suis tombée du septième ciel -
D’un paradis tout artificiel...
Toi, tu sais ce qui m'est arrivé,
Comment et jusqu’où j’ai dérivé
Loin de tes promesses, ta présence,
Tes garanties et ta bienfaisance...
J'ai rejeté ma propre vie, moi
Qui me suis adonnée au tournoi,
Qui m'a menée vite jusqu'au bout,
Là où j'ai confronté mes tabous...
J'ai essayé de t'oublier,
Mon défenseur, mon bouclier...
J'ai annoncé à mon esprit:
«Nos relations, elles sont finies.
Rien ne dérange, tout est permis,
J'ai des délices qui sont fournis.
Je sens le goût d'être enfin joyeuse,
Est-ce que j’ai le droit d’être heureuse?»
Je n'étais plus ta bonne écluse,
Je m'étais dit : "Non. Je refuse
De m’isoler du monde entier!"
J'avais choisi l'autre sentier...
J'ai fait des choses différentes,
Qui répondaient à mes attentes.
Je suis devenue passionnante,
Et j'ai vu mon âme éclatante.
C'était le temps des découvertes,
Et j'ai donné mon âme ouverte.
J'espérais tant trouver le sens,
Je l'attendais avec patience...
Après toutes mes grandes victoires,
J'ai regardé dans un vieux miroir -
Je n'ai pas reconnu mon reflet,
Je m’étais déchirée au complet... en fait
J'ai vendu les parties de moi
À ceux qui ont gagné ma foi...
Ils ont pris les fragments de mon coeur,
Je n'ai pas reconnu les moqueurs...
C'était une erreur incroyable,
Car ils sont rusés et capables
D’empoisonner l'âme fragile,
De la rendre attachée, docile...
Tu sais, j'espérais si fortement,
J'attendais, j'attrapais le moment
Où je pourrais sentir le bonheur...
C’est devenu ma plus grande horreur...
C'était, factice réalité,
Une feinte, absurde vanité…
Car je constate avec certitude -
Que j'ai survécu dans l’inquiétude!
Rien ne peut prendre Ta place,
Ou bien remplacer Ta grâce…
Même si j'ai eu de ces moments magnifiques,
J'ai réalisé que les gens sont narcissiques...
Cette voie m'a dévoilé le monde,
Sa solitude infinie, profonde;
À la poursuite de plus de joie,
D'être capable de faire ses choix.
Il est misérable et malheureux,
En démontrant qu'il est valeureux...
L'espoir disparaît quand on commence
À se voir en pleine résonance...
Or me voici... brisée… oubliée.
Et mes attentes?... Gavées… annulées.
Je suis déçue de tout ce mensonge,
Je m'arrête là, et je me plonge
Dans une mer d'amour immense!
Mes souffrances prennent désinence...
J’arrête de rêver en vain,
Je retourne vers Toi... Enfin!
Voici la lettre que l’écrivain Jean Giono a écrite au Conservateur des Eaux et Forêts de Digne, Monsieur Valdeyron, en 1957, au sujet de cette nouvelle.
Cher Monsieur,
Navré de vous décevoir, mais Elzéard Bouffier est un personnage inventé. Le but était de faire aimer l’arbre ou plus exactement faire aimer à planter des arbres (ce qui est depuis toujours une de mes idées les plus chères). Or si j’en juge par le résultat, le but a été atteint par ce personnage imaginaire. Le texte que vous avez lu dans Trees and Life a été traduit en danois, finlandais, suédois, norvégien, anglais, allemand, russe, tchécoslovaque, hongrois, espagnol, italien, yddisch, polonais. J’ai donné mes droits gratuitement pour toutes les reproductions. Un Américain est venu me voir dernièrement pour me demander l’autorisation de faire tirer ce texte à 100 000 exemplaires pour les répandre gratuitement en Amérique (ce que j’ai bien entendu accepté). L’Université de Zagreb en fait une traduction en yougoslave. C’est un de mes textes dont je suis le plus fier. Il ne me rapporte pas un centime et c’est pourquoi il accomplit ce pour quoi il a été écrit.
J’aimerais vous rencontrer, s’il vous est possible, pour parler précisément de l’utilisation pratique de ce texte. Je crois qu’il est temps qu’on fasse une « politique de l’arbre » bien que le mot politique semble bien mal adapté.
Très cordialement.
Jean Giono
Poème et photos: Anastasiia Goma, le 4 juin 2023
Merci
Pour ta présence -
Tu m’as fourni l’amorce.
Merci
Pour ton absence -
J'ai découvert ma force.
Merci
De m'avoir montré
Quelle personne je peux devenir.
Merci
De n’être pas resté -
J'aurai un meilleur avenir.
Merci
De ton soutien,
J'ai changé mes habitudes.
Merci
Je me souviens
De ton excellente attitude.
Merci
Rien à regretter
Malgré tous ces mauvais choix.
Merci
Pour cette liberté
D'être à l'aise avec soi.
Merci
Pour le temps chaleureux
J'ai finalement trouvé ma place.
Merci
Ces souvenirs savoureux -
La tristesse et la perte remplacent.
Poème et photos: Anastasiia Goma, le 4 juin 2023
Partout - l'illusion,
La grande confusion.
Ce n'est pas notre faute,
On existe côte à côte.
On vit comme on peut,
Espère pour le mieux...
Juste une diffusion
D'imagination.
Il n'y a pas de réel.
On monte sur l'échelle…
Gagner les étoiles?
On va se faire mal!
On voit cette image
Qui nous met en cage
Et ferme la porte...
La foi sera morte!
Elle prie de rester,
De manifester
Le dévouement…
Quel dénouement!
Nous obéissons,
Mais nous le savons...
Rien ne restera,
Elle nous volera.
On ne compte pas
Qu'on est les appâts
Pour n'importe qui,
Qui lui croit aussi...
Nous les regardons,
Et bien comprenons
Ils jouent le même jeu…
Ils sont courageux!
Nous sommes tous pareils,
Fermons nos oreilles,
N'y regardant pas
Allons pas à pas...
La satisfaction
D'une fausse direction.
"On vit juste une fois
Tout ça - c'est pour moi…"
Une vraie déception,
Une mauvaise option
D'auto-tromperie,
Durе plaisanterie…
Nos grandes émotions
Elles créent l'illusion,
Qui va nous tromper,
Soyons affûtés!
Faisons attention
À nos réactions,
À nos sentiments
En ralentissant,
En étant honnêtes -
Les marionnettes
Ne sont pas libres,
Elles perdent l’équilibre…
Elles vont écouter,
Elles vont dégoûter
Ce mensonge sacré
Elles sont consacrées…
Elles n'ont pas envie
De perdre leur vie,
Elles doivent s'arrêter,
Gagner la liberté.
Ce n'est pas facile,
On cherche l'asile,
La sécurité
De l'obscurité.
Mais soyons prudents
En exécutant
La folie de l'illusion,
Sa révolution
Peut nous diviser,
Elle peut nous blesser,
On est vulnérable,
Fragile, misérable…
Ouvrons tous nos yeux,
Dans ce monde frileux
Il y a blanc et noir,
Mais gardons l'espoir.
Tout est possible!
La guerre invisible
S'arrêtera vite
Si juste, on évite
De faire illusion
Notre seule option,
Lui donner la force,
Car elle est retorse…
Il faut résister,
Il faut protester
Contre son infusion -
Une belle conclusion !
Faisons l'autre choix,
Prenons notre croix,
Allons vers la fin -
Victorieux enfin !
Poème et photos: Anastasiia Goma, le 22 mai 2023
J'aime à entendre le silence.
Il m'a appris à être honnête.
Il a créé la différence
Dans ma vie un peu trop discrète.
Je l'ai connue depuis l'enfance,
J'étais fervente et dévouée…
Je l'écoutais avec patience,
Il m'a gagnée - j'ai avoué...
Son charme m'a ensorcelée,
Sa profondeur m'a engloutie...
Quand il m'a encore appelée,
J'ai tout laissé, j'ai ralenti
Pour mieux comprendre son message.
Il prie de regarder toujours
Dans mes pensées... Grand nettoyage!
De les tremper d’un grand amour.
Il me souffle: vise le bien !
Garde l’espoir et continue!
Cela va passer, ne crains rien,
Le bonheur vient - Dieu l'a prévu.
Et je l'écoute avec mon coeur,
Et j'essaie d'apaiser mon âme,
Nul ne pourra voir que je pleure
Rien ne dérangera la femme
Qui vit avec cette espérance,
Dont elle comprend la valeur
Qui a subi la délivrance,
Survécu à plusieurs horreurs.
Le silence m’a libérée,
Grâce à lui, je suis bien vivante.
Comme un oiseau qui sait voler
J'oublie du coup ma vie stressante.
Anastasiia Goma, le 14 mai 2023
Mes larmes tombent sur le sol,
Je suis perdue et je m’isole.
Pourtant j'existe, rien ne finit...
Je n’y crois pas, je suis en vie...
La même journée qui se répète,
Les souvenirs que je regrette,
Désespoir, tristesse, faiblesses -
Je suis déçue, dans la détresse
De suivre le chemin "normal" -
Folie du monde - ça me fait mal!
Abandonnée. Vide. Détachée.
Un seul désir - être cachée.
La solitude - elle me remplit,
La coupe est pleine et ça suffit...
Je cherche le sens, la solution,
Pour réprimer cette destruction.
Dans le silence, je crie comme folle,
Qui va entendre mes paroles?...
Si Tu es là, j'espère toujours,
Donne Ta réponse et Ton secours...