Morad Rasouli Azad, le 8 mars 2025
L’histoire du Québec nous enseigne que la langue française est un élément fondamental de sa singularité culturelle. Depuis les années 1960, les différents gouvernements de la province ont multiplié les efforts pour "franciser" les nouveaux arrivants. Comment expliquer les dysfonctionnements récents de Francisation Québec?
Depuis environ cinq-cents ans, de l'arrivée de Jacques Cartier à Gaspé jusqu'à ces jours-ci, le français est présent en Amérique du Nord, bien que ce soit une langue minoritaire.
En 1774, après plusieurs années de résistance, la nation québécoise a été reconnue comme une nation distincte du Canada avec sa langue, sa religion et sa législation différentes par l’Acte de Québec.
Les premiers centres de francisation: les COFI
En 1961, le ministère des Affaires culturelles et l’Office de la langue française ont été créés par le gouvernement de Jean Lesage, ce qui a plus tard conduit aux ministères de l’Education et de l’Immigration du Québec en 1964 et en 1968. Ces deux ministères ont permis de faire naître le réseau des Centres d’orientation et de formation des immigrants (COFI) en 1969.
La mission des COFI était d’offrir un soutien matériel, des cours de français, ainsi que des cours pour se familiariser avec la vie québécoise, aux nouveaux arrivants.
En raison de la réforme des services de francisation, amorcée en 2000 et complétée en 2004, les COFI ont été fermés à l'été 2000. Des partenaires institutionnels francophones tels que les commissions scolaires, les cégeps et les universités ont repris leurs fonctions jusqu'à maintenant.
Les bouleversements actuels
Selon les statistiques officielles annoncées pour l’année financière 2024-2025, le gouvernement du Québec a alloué un budget de 291,3 millions de dollars à la francisation, soit environ 20% d'augmentation en comparaison de l’année passée. Du 1er juin 2023 au 30 novembre 2024, 146 554 élèves s’y sont inscrits.
Cependant, depuis la centralisation des services sous l'égide de Francisation Québec, les cours de français sont paradoxalement moins accessibles. Des dizaines de milliers de personnes attendent leur inscription durant des mois...
En fait, si les budgets ont augmenté du côté du MIFI (Ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration), ils ont diminué de façon drastique du côté du MEQ (Ministère de l'Éducation du Québec). Or une bonne partie de la francisation était assurée par des enseignant(e)s du MEQ dans les Centres d'éducation pour adultes, où les classes ferment les unes après les autres...
Par exemple, au Centre Outremont, les cours de francisation diminuent faute de budget. C’est dommage, car l’apprentissage du français dans ce cadre peut aider les nouveaux arrivants à l'apprendre d'une manière solide et fondée sur des principes avec lesquels ils peuvent bien s'intégrer à la société québécoise.
Vive la diversité linguistique!
Chaque année, la journée internationale de la langue maternelle est célébrée le 21 février. En 2025, l'UNESCO a annoncé qu'on comptait environ 7000 langues vivantes partout sur la planète. D'après cet organisme, plus de 274 millions de personnes considéraient le français comme leur langue maternelle, en 2018, ce qui permettait au français d’arriver en sixième position dans le monde après le mandarin, l'espagnol, l'anglais, l'arabe et l'hindi.
L'un des objectifs de l'UNESCO, qui est très important, est la préservation de la diversité linguistique et la promotion du multilinguisme. Grâce à l'immigration, le Québec est un réservoir de langues. La préservation du français est compatible avec la celle des langues maternelles des nouveaux arrivants. Les langues ne devraient pas se substituer les unes aux autres; elles devraient s'enrichir les unes les autres.
Andrii Dzyba et Anna Ivashchenko, le 4 février 2025
Il y a beaucoup de programmes pour immigrer au Québec - et au Canada en général. Le programme régulier des travailleurs qualifiés (PRTQ) était l'un des plus populaires jusqu’à l’année dernière. Mais, depuis le 29 novembre 2024, ce programme a été remplacé par le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ). Quelles sont les principales différences entre les deux? L’une d’entre elles est avantageuse pour les allophones: on peut maintenant immigrer au Québec en parlant français au niveau 5 (et non plus au niveau 7).
Le 29 novembre 2024, le MIFI a annoncé plusieurs changements importants dans les programmes d’immigration. La principale information était que, pour les travailleurs qualifiés, le programme changeait: le Programme régulier pour les travailleurs qualifiés (PRTQ) était remplacé par le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ)
La fin du PRTQ
Selon le programme PRTQ, pour demander la résidence permanente, il fallait notamment:
que vous connaissiez le français au niveau 7;
et que vous ayez au moins 2 ans d’expérience professionnelle qualifiée (à temps plein, plus de 30 heures par semaine) à un poste situé dans les catégories 1, 2 ou 3 de la Classification nationale des professions (CNP - NOC en anglais).
La CNP (Classification Nationale des professions) est le système de classification des professions au Canada. Pour résumer, il y a 6 catégories au total, de la catégorie des "professions législatives et de haute direction" à la catégorie du "travail à court terme, sans aucune formation formelle".
Seules les personnes qui ont été invitées par le Ministère à présenter une demande de sélection permanente avant le 29 novembre 2024 obtiendront l’examen de leurs demandes qui seront actives pour le programme PRTQ.
Les personnes qui n’ont pas reçu d’invitation du Ministère, doivent mettre à jour leur demande à partir du 29 novembre.
Le début du PSTQ
Le 29 novembre 2024, le PRTQ a été remplacé par le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ).
Selon ce nouveau programme, il faut notamment:
que vous ayez au moins 2 ans d’expérience professionnelle, dont au moins un an au Québec, à temps plein ou équivalent, à un poste entrant dans les catégories 3, 4 ou 5 de la NOC, c’est-à-dire que vous pouvez avoir travaillé à n’importe quel poste non qualifié;
que vous connaissiez le français au niveau 5.
De plus, vous devez obtenir l’Attestation d'étude des valeurs démocratiques et des valeurs québécoises.
On ne peut cependant pas déposer de demande de PSTQ maintenant, en raison de l’arrêt presque total de la délivrance des CSQ (Certificats de sélection du Québec) jusqu’en juillet 2025, quand le plan d’immigration du Québec pour 2025 sera publié par le gouvernement. Le MIFI travaille actuellement sur ce document. Donc, ce programme sera valide à partir du 30 juin 2025.
Bonne chance!
Charlotte Hoskins et SabrinaUmurerwa, le 23 janvier 2025
En octobre 2024, les gouvernements du Canada et du Québec ont annoncé un coup de frein en matière d'immigration. Quels sont les plans fédéraux et provinciaux pour cette année en ce qui concerne les programmes de résidence permanente?
La résidence permanente au Canada, souvent abrégée RP, est un statut qui s'accompagne d'une carte qu'on peut obtenir au terme d'un long processus. Cette carte est valide pendant cinq ans et renouvelable, tant qu'on en respecte les exigences. Les candidats peuvent postuler par l’intermédiaire de différents programmes, dont certains sont gérés par le MIFI (Ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration) du Québec.
Le plan d'immigration du Canada pour la résidence permanente a réduit sa cible de 500 000 à 395 000 nouveaux résidents tout au long de l'année 2025. En 2026, il prévoit qu'environ 380 000 personnes obtiendront la résidence permanente.
Le plan d'immigration du Québec prévoit, quant à lui, de réduire le nombre de CSQ (Certificat de sélection du Québec) pour la résidence permanente de 48 560 en 2024 à environ 35 000 en 2025.
L’année dernière a été marquée par beaucoup d'arrêts au sujet de l’immigration. Par exemple, depuis le 15 mai 2024, les étudiants internationaux à Montréal ne peuvent plus travailler après l'obtention de leur diplôme. Et depuis le 31 octobre 2024, les demandes de résidence permanente au Québec sont suspendues pour les diplômés du Québec et de nombreux travailleurs qualifiés. Les nouveaux plans d'immigration provinciaux seront publiés en juin 2025, mais pour l'instant, on ne sait pas vraiment combien de personnes obtiendront la résidence permanente au Québec. Quelques cibles ont cependant été publiées pour les métiers en tension.
D’habitude, l’étape qui suit la résidence permanente est de postuler pour la citoyenneté. Les exigences pour cela sont notamment qu’il faut avoir vécu au Canada pendant 3 ans au total au cours des 5 dernières années, puis réussir un examen, satisfaire aux exigences linguistiques et remplir ses obligations fiscales. Mais maintenant, l'accès à la citoyenneté est d'autant plus difficile que l'accès à la résidence permanente diminue.
Beaucoup de gens ont été affectés par ces changements; pour certain(e)s, c'est une dévastation émotionnelle. Peut-être la politique traditionnelle d'accueil du Canada va-t-elle reprendre dans les prochaines années...