Un récit basé sur des contrastes : des moments de peur et de bonheur
extrait 1 : un moment de peur
Lorsqu’il se réveille, il est tard. Immédiatement, il sent que quelque chose n’est pas normal. Il tend la main, ne rencontre rien, se dresse en sursaut, regarde à droite, à gauche, Sang diû ! Sang diû ! La petite a disparu, elle n’est plus dans le lit, Sang diû ! Les cris de Monsieur Linh ont fait se retourner les femmes qui épluchent des légumes, accroupies en cercle autour de la gamelle. Leurs maris ronflent. Sang diû ! Sang diû ! reprend affolé le vieil homme tout en se levant d’un coup et en sentant craquer ses os dans son corps et battre son cœur si vite.
Soudain, à l’autre bout du dortoir, il aperçoit trois des enfants, les plus petits. Ils rient. Ils rient fort. Et qui aperçoit-il avec eux ? Sa petite fille qu’ils se passent de main en main, sans faire attention, sans délicatesse, sa petite fille affolée dont les yeux s’ouvrent et se ferment sans cesse. Monsieur Linh bondit, il traverse le dortoir, fonce sur les enfants. «Arrêtez ! Arrêtez ! Vous allez la blesser, elle est encore trop petite pour aller avec vous!» Il prend Sang diû dans ses bras, la caresse, la calme, la rassure. Il est secoué de spasmes. Il a eu si peur.
Relève tous les éléments de cet extrait qui participent à la mise en scène de la peur de M. Linh (il existe au moins 5 éléments différents).
Relève ensuite tous les éléments qui participent à la mise en scène de l'apaisement, dans les trois dernières phrases (il existe au moins deux éléments).
extrait 2 : un moment de bonheur
Monsieur Bark pose avec délicatesse la photographie devant lui, fouille dans la poche intérieure de sa veste, saisit son portefeuille qu’il ouvre pour en retirer une image lui aussi, celle de sa propre femme, qui sourit tout en inclinant un peu la tête sur le côté gauche.
On ne voit rien d’autre que le visage, un visage plein, rond, une peau pâle, des lèvres dessinées de rouge, de grands yeux qui se plissent à cause du sourire et sans doute aussi en raison du soleil qui vient dans le regard. Derrière le visage, tout est vert. C’est peut-être du feuillage. Monsieur Linh essaie de reconnaître ces feuilles, de savoir de quel arbre il s’agit, mais il ne trouve pas. Il n’y a pas ce genre de feuilles au pays. La femme semble heureuse. Elle est grosse et heureuse. Ce doit être la femme du gros monsieur. Jamais le vieil homme ne l’a vue. Elle travaille sans cesse. Ou plutôt... oui, ce doit être plutôt cela, elle est morte. Elle est au pays des morts, comme sa femme à lui, et peut-être, se dit Monsieur Linh, peut-être que dans ce pays lointain sa femme à lui et la femme du gros homme se sont rencontrées comme eux-mêmes se sont rencontrés. Cette pensée l’émeut. Cette pensée lui fait plaisir. Il espère que cela s’est passé.
Relève tous les éléments qui participent de la description physique de madame Bark. Puis ceux qui relèvent de sa description psychologique. A travers cet extrait, que peut-on dire de la manière dont M. Linh perçoit la mort ?
On peut dire que M. Linh est un personnage manichéen, sa vision du monde est très simple, binaire. Il évolue dans un monde où les moments de malheur terrible alternent avec des moments de pur bonheur (pourtant très simples). Que peut-on en déduire de ce personnage ?