Ruy Blas est tombé fou amoureux de la Reine, qui est également sous son charme. Mais elle le prend pour un grand noble de la Cour d'Espagne, alors qu'en réalité, il reste le valet de Don Salluste, qui se sert de lui pour faire tomber la Reine dans un piège. Et Ruy Blas vient de le comprendre :
Ruy Blas, qui l’a écouté avec égarement et
comme ne pouvant en croire ses oreilles.
O mon Dieu ! — Dieu clément !
Dieu juste ! de quel crime est-ce le châtiment ?
Qu’est-ce donc que j’ai fait ? Vous êtes notre père,
Et vous ne voulez pas qu’un homme désespère !
Voilà donc où j’en suis ! — Et, volontairement,
Et sans tort de ma part, — pour voir, — uniquement
Pour voir agoniser une pauvre victime,
Monseigneur, vous m’avez plongé dans cet abîme.
Tordre un malheureux cœur plein d’amour et de foi,
Afin d’en exprimer la vengeance pour soi !
Se parlant à lui-même.
Car c’est une vengeance ! oui, la chose est certaine
Et je devine bien que c’est contre la reine !
Qu’est-ce que je vais faire ? Aller lui dire tout ?
Ciel ! devenir pour elle un objet de dégoût
Et d’horreur ! un Crispin ! un fourbe à double face !
Un effronté coquin qu’on bâtonne et qu’on chasse !
Jamais ! — Je deviens fou, ma raison se confond !
Une pause. Il rêve.
O mon Dieu ! Voilà donc les choses qui se font !
Bâtir une machine effroyable dans l’ombre,
L’armer hideusement de rouages sans nombre,
Puis, sous la meule, afin de voir comment elle est,
Jeter une livrée, une chose, un valet,
Puis la faire mouvoir, et soudain sous la roue
Voir sortir des lambeaux teints de sang et de boue,
Une tête brisée, un cœur tiède et fumant,
Et ne pas frissonner alors qu’en ce moment
On reconnaît, malgré le mot dont on le nomme,
Que ce laquais était l’enveloppe d’un homme !
Se tournant vers don Salluste.
Mais il est temps encore ! oh ! monseigneur, vraiment !
L’horrible roue encor n’est pas en mouvement !
Il se jette à ses pieds.
Ayez pitié de moi ! grâce ! ayez pitié d’elle !
Vous savez que je suis un serviteur fidèle!
Vous l’avez dit souvent! voyez ! je me soumets !
Grâce !
Comment peut-on juger l'attitude de Ruy Blas ?
Comment se manifeste le désespoir de Ruy Blas (appuies-toi sur le lexique) ?
Que se passera-t-il si Ruy Blas avoue qui il est ? Que se passera-t-il si Ruy Blas n'avoue pas qui il est ?
On appelle ce type de situation un « dilemme cornélien » : quelque soit la décision du personnage, il ne peut y avoir que des conséquences négatives.
Que tente Ruy Blas pour sortir de cette impasse ?
Explique pourquoi Ruy Blas est horrifié.