Carnets d'Alpille

Date de publication : 11 févr. 2014 14:12:28

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Carnets d'Alpille

Essai - Edition Harmattan - 2012

Michel Bernardot

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A petites touches, au fil des années, l'auteur nous promène en toutes saisons aux creux des vallons des Alpilles ou sur les crêtes du massif provençal. Par cercles concentriques, il nous découvre ses entretiens virtuels avec les critiques littéraires, les romans qu'il a aimés, ceux dont ils ont parlé. Et aussi, au moyen d'un zoom arrière, des fragments de sa vie antérieure, l'ultramarine. Parmi les souvenirs déclenchés par des sensations aléatoires dans le temps réel. Ce déchirement vécu voilà un demi-siècle, cette amputation de la terre natale auraient alors été une sorte de présent: l'impression d'une double vie, aux deux sens de l'expression.

Présent/passé, impression/expression, il joue à saute-mouton avec les mots et avec le temps.

Extrait

"Enfin, enfin! Un passage du bouquin (Le complexe de Di)... le héros, Muo, le premier psy chinois, se souvient d'une scène de son enfance où il voit sa mère se livrer à une activité strictement prohibée par le Grand Timonier: il l'entrevoit prier dans sa chambre, mains jointes, prosternée sur une natte de bambou... cela déclenche une secrète investigation de ma part, toute à fait inconsciente.

... La même scène dans la chambre de mes parents, le soir, au moment du coucher, un moment qui, quoiqu'il se répétât fréquemment, ne laissait pas de m'ébahir: Robert en prière... la haute autorité, le colosse - à mes yeux d'enfant -, le décideur omniscient, celui qui a donné son nom à trois, bientôt qutre enfants et à Marguerite, celui qui fait résonner, trop souvent à mon goût, le coin de sa chevalière pointue sur mon crâne de rebelle, à genoux sur une méchante descente de lit, appuyé au flanc du matelas, en pyjama, la tête entre ses mains puissantes; seule la crinière noire et vaste se détache sur le drap: il prie comme a dû lui apprendre sa mère, avec ferveur, avec abandon, sans fausse honte... comme devait le faire l'enfant de coeur qu'il a longtemps été à Taher. Personne en ces lieux ne savait ainsi se remettre entre les mains du Seigneur, avec un tel naturel."

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