La Coche et autres nouvelles

Date de publication : 29 janv. 2018 10:09:36

À demi-rose, pourtant : si mes sensations – une sorte de frémissement intérieur, une vibration ténue, mais insistante comme la lumière de midi un jour d’été, notre comportement mutuel – sont restées telles que le temps les a figées, il y a un bémol. Et de taille. Je n’ai pas tardé, en m’approchant d’elle, à remarquer que la jeune personne avait désormais une tête à faire avorter une honnête femme.

Une frange luxuriante retombe en cascade sur des sourcils néanderthaliens en tentant sans succès de camoufler le pire, une face obtuse affublée d’un appendice nasal en forme de groin – deux narines larges et béantes surplombent une avancée disgracieuse de la bouche. Seules les prunelles d’une teinte indéfinissable, peut-être aigue-marine, toujours capables d’entrer en éruption de flammèches mordorées, me restituent la jouvencelle mutine du temps jadis.

J’étais en train d’envisager (de dévisager ?) une chimère qu’un esprit malin eût façonnée en posant sur un corps de femme la tête d’une coche – ainsi qu’on nomme encore en certains lieux la truie –, saisissant sosie de celles posées en évidence aux étals froids des charcutiers. Ne manquaient que les touffes de persil dans les oreilles."

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