A la renverse - Création au bout du monde
Le Télégramme - mercredi 18 décembre 2013
Fruit d'une résidence d'écriture ancrée sur le littoral finistérien, « À la renverse » du Théâtre du Rivage, créée dans le cadre du festival Théâtre à tout âge, met en scène une histoire d'amour entre vents et marées.
Sur ce ponton où Sardine et Gabriel se retrouvent un soir de février, en marge de la douce folie des Gras à Douarnenez, les images de leur enfance et de leur adolescence défilent. Leur histoire d'amour a pris naissance lors de ces vacances passées au bord de l'océan et s'est forgée au fil des séparations. Quand elle rêve de quitter sa Bretagne, lui, qui vit dans l'Est, ne pense qu'à la rejoindre pour partager le même horizon face à la mer. Doux rêveurs aux allures de rockeurs, les deux jeunes gens, interprétés avec beaucoup de justesse par Elisa Rushke et Carol Cadilhac, nous embarquent dans une valse des sentiments en prise avec les éléments et les questionnements sur leur avenir qui, à l'adolescence, prennent le chemin de tous les possibles.
Partir ou rester...
« La question qui se pose dans le spectacle est si on part ou si on reste, et si l'océan est un obstacle ou un appel du large. Tous les gens qui vivent au bord de la mer se posent cette question », commente la metteure en scène Pascale Daniel-Lacombe, du Théâtre du Rivage implanté à Saint-Jean de Luz, à qui l'auteure Karin Serres a fait appel pour mener à bien ce projet initié par l'association Très Tôt Théâtre. Toutes deux se sont rencontrées pour la création de « Mongol », d'après un roman de Karin Serres adapté pour le théâtre, et n'ont cessé de maintenir le lien. « C'est la première fois que je mets en scène une histoire d'amour. J'ai aimé la politique du projet, que ce soit dans une proximité avec un territoire. Karin a mené un travail d'écriture avec des collégiens du Guilvinec. On a aussi passé une semaine avec eux. On a ouvert au maximum notre travail et ces temps de résidence ont beaucoup apporté au niveau de l'énergie aux comédiens », poursuit cette dernière, à qui le choix d'un espace scénique bifrontal s'est imposé du fait de la contrainte de devoir jouer dans des lieux très différents à Douarnenez, Le Guilvinec, Saint-Pabu, Plouguerneau ou Penmarc'h qui ont jalonné ce parcours de résidence au long cours.Mais pas seulement. Elle a aussi voulu jouer de cet effet miroir présent dans le texte pour que le public, installé sur des gradins de part et d'autre de cette scène « ponton », puisse aussi se renvoyer ce reflet.
« Des hasards heureux »
« On ne fait du théâtre que pour partager des émotions intenses avec des gens qu'on ne connaît pas », avoue Karin Serres, très émue de sentir la salle vibrer avec elle et de découvrir pour première fois le spectacle sur scène, hier après-midi à l'auditorium. « Quand j'écris, je n'ai pas d'image mais je savais que Pascale allait l'emmener à un endroit mais je ne savais pas lequel », ajoute l'auteure qui a posé son sac, pour son premier temps de résidence à Douarnenez, en février pendant les Gras. « J'ai eu la chance de le vivre de l'intérieur. Cela a donné une couleur ludique à cette histoire. Il y a des hasards heureux », reconnaît-elle, saluant aussi l'opportunité offerte par ce type de résidence, qui se font trop rares, de partager ce temps de création d'un spectacle avec des gens qui l'ont vue écrire.Pratique« À la Renverse », une création de la compagnie Théâtre du rivage d'après un texte de Karin Serres, cet après-midi, à 15 h et vendredi, à 20 h, à l'Auditorium. Tarif : 8 €. Tél. 02.98.64.20.35.
Aujourd'hui, de 17 h 30 à 19 h 30, au Chapeau Rouge, la Librairie Éphémère invite à découvrir ou redécouvrir une sélection de textes du répertoire théâtral jeune public français et étranger. Coups de cœur, textes « incontournables » du répertoire, variété des écritures : chaque titre est conseillé et choisi par l'équipe de Très Tôt Théâtre, le Théâtre Athénor de Saint-Nazaire et les auteurs parrains 2013 : Joël Jouanneau et Marianne Ségol. Le public pourra également rencontrer les auteurs filleuls Erik Uddenberg (Suède) et Laurance Henry (Bretagne) ainsi que Karin Serres et Marianne Ségol autour de la publication de « Étonnantes Écritures Européennes pour la jeunesse » par les éditions Théâtrales, Labo07 et les cahiers de la Maison Antoine Vitez qui met à l'honneur les auteurs européens.