Porc

Mammifère domestique, "cochon", de la famille des suidés,
Vient du latin "porcus" désignant l'animal le porc.

Etymologie de Porc

Développement en cours

Le porc vient donc du latin "porcus" lui même issu du grec Attique "porkos".

Le Grec "porkos" ("
πόρκος ") [1] signifie d'abord une "nasse de pécheur" et un animal, le porc, pourceau, issu du mot "perkos" désigant ce qui est noir, tacheté et moucheté comme sont tachetés les marcassins, les petits du sanglier.

Ce mot "porkos" se retrouve dans Platon (le Sophiste) [2]

Réponse de "Xénos" (ξένος ) à Théaitètos (ou Théétète, "Θεαίτητος ")
nous présentant là un inventaire des outils :

κυρτούς δη (Kurtous dè Or les nasses
και
δίκτυα kai diktua les filets
και
βρόχους kai brochous les lacs
και
πόρκους kai porkous les paniers
και τα τοιαυτα μῶν άλλο τι kai ta toiauta môn allo ti peut-on d'une autre façon
πλήν ερκη χρηπροσαγορεύειν plèn erkè chrèprosagoreuein) les nommer ?

Notons que, ci dessus, le "κυρτούς " correspond à un objet tressé incurvé, qui serait une nasse ronde de pêcheur, un casier.

Et que le "δίκτυα " est un filet (Filet de pécheur [3]), et "βρόχους" la maille de filet[4], un collet, un piège [5]

Enfin nous avons le "porkous" ("πορκους") qui est le filet immergé, panier ou nasse de pécheur (à l'accusatif pluriel).

Le Dictionarium latino-gallicum donne "porcos" [6] comme "rets" et comme "filet de pécheur".

En Latin le, "caput porci" est une formation de combat, en coin, ("cuneus") des légions romaines, correpondant à une figure en triangle.

Du latin porcella à la porcelaine

L'analogie d'aspect [7] incita à forger un dérivé *porcellana pour désigner un ou plusieurs type de coquillages (voir le mot "porcelaine")

L'espèce porcine, concernant le porc ou cochon a deux racines:
le "Sus" et le "Porcus"

Le terme latin "uerres" fait partie d'un ensemble de mots qui désigne une espèce particulière, l'espèce porcine.

Il y a lieu de préciser les rapports entre les /…/ trois termes
"uerres", "sus", et "porcus" [8]

On admet généralement que la racine "pork" (du grec porkos) désigne un porc domestique et la racine "sus" l'animal sauvage.

Mais, pour Emile Benveniste il existe une "opposition lexicale à réviser " [9]:

"C'est que l'Inde et l'Iran n'ont jamais élevé de porcs à date ancienne.
On ne rencontre aucune mention d'un élevage de porcs dans les textes.
Mais nous avons vu à l'opposé, en étu­diant les faits latins, que sur le
domaine européen, la domestication du porc était acquise bien avant la cons-
titution du latin : le nom générique y était déjà employé pour l'espèce
domestique."

D'autre part en Grec le mot "Sus" ("σῦς "[10]) possède deux sens :

-1 : un animal domestique, un porc, truie,
-2 : un animal sauvage, un sanglier, la laie

Ce même mot donnera un autre mot grec, le "us" ("υς" [11]) qui désigne tant au masculin un porc ou un sanglier qu'au féminin une truie ou une laie, donnera le latin "Sus".

Le porc dans le monde antique :
(Eat not this Flesh : Frederick J.Simoons
The university of Wisconsin Press 1994; Chapt 2 Pork page 97)

Dans une étude récente archéologique, Victor Shnirelman note que,
si des élevages trouvés dans l'ensemble de la ceinture de la Dniepr à la
Volga au cours du paléolithique (vers -5800 à -4000 avant Jésus Christ),
les porcs, qui en général étaient beaucoup moins nombreux que les bovins
ou les moutons, étaient encore moins nombreux dans la partie Est de cette région.
En effet, il souligne que les porcs étaient rares ou absents l'un comme l'autre
dans les régions arides de cette région et que, dans la steppe Volga-Oural,
/.../.
Il note également que les porcs étaient impropres aux conditions de vie dans
la steppe, les peuples migrants au long de cette voie n'ayant pas de porcs, mais
des moutons ou bovins.
Shnirelman suppose que ces peuples pastoraux pourraient avoir developpé des à
priori en migrant dans ces régions et plus tard auraient développé un tabou
contre le porc./…/[12]

Odyssée : Circé transforme l'équipe d'Ulysse en Porcs

Dans Homère (Odyssée livre X vers 240)

Οι δε συών με έχον κεφαλας Ils avaient des porcs, la tête,
φωνήν τε τρίχας τε la voix, les poils et le corps ;
και δέμας αυτάρ νούς [13]
ήν έμπεδος ως τοπάρος πέρ [14] mais leur esprit était resté comme
autrefois

Caton l'ancien et Caton le Jeune : Marcus Porcius Cato

Porcius est un nom de famille Romain.

Caton l'ancien, homme d'état Romain né en l'an -234, se nommait "Marcus Porcius Cato". Lui, Caton le censeur, sera l'auteur du mot : "Carthago delenda est".

L'arrière petit fils de Marcus Porcus cato" est Caton d'Utique [15], ou Caton le jeune, dont la fille nommée Porcia [16], épousa d'abord Bibulus [17] et ensuite Brutus. Ne voulant survire à Brutus elle avala des charbons ardents et en mourut [18].

L'agronome latin Columelle décrit dans son "economie rurale" la façon de tuer et conserver le pors en salaison[19]. Preveu en est que le porc est consommé dans l'enpire Romain au premeir siècle de notre ère.

Le terme "pors" désigne autant l'animal sauvage que domestique :

Et tels i a vont en Bretaingne
Buès et pors, vaches achater, [20]

Au Moyen âge le dénommé Porcelet, marié à une femme entreprenante, se plaint ![21]

Vostre merci, laissiez m'an paiz, De grâce, maissez moi en paix
Que tant ai fait voz volantez moi qui ait tant fait vos volontés
Que toz me suis desfromantez ; Que j'en suis tout épuisé
Trop est votre pors[22] engoisseus : votre port est trop avide :
Car recovrez vostre perteus recouvrez moi ce trou
Et votre con qui est punais. Et votre con fétide

Mais, toujours au moyen âge, le terme de "porc" est parfois utilisé véritablement comme injure : [23]

"Des guerriers Sarrasins, dans la chanson de Roland (vers 3221 à 3223)
ressemblent physiquement à des porcs ; nous pensons que ce trait indique
aussi leur caractère - on les méprise":

E l’altre aprés de Micenes as chefs gros ; La seconde [24] à ceux de Micène, aux têtes énormes
Sur les eschines qu’il unt en mi le dos plantées sur leur echine au milieu du dos
Cil sunt seiet ensement cume porc, aoi [25] comme pourceaux ils sont garnis de soies [26]

La même Chanson de geste (vers 2590 à 2591) inclut également :

E Mahumet enz en un fosset butent, et ils jettent Mahomet dans un fossé
E porc e chen le mordent e defulent ! et porc et chiens le mordent et le foulent.[27]

Le porc et le cochon

Le terme "cochon"[28] signifie tramer ou méditer quelque chose ensemble, et désigne le pourceau, le goret.

Le porc et le cochon : interdit alimentaire ou complément alimentaire ?

Un texte des premières dynasties [29] Egyptiennes montre clairement comment, au cours des temps difficiles la subsistance des hommes est en concurrence avec les porcs.[30].

A Babylone et en Assyrie, les porcs sauvages sont consommés bien que la chair des porcs domestiques soit, comme en Somer, bannie certain jours.[31]

Les porcs domestiques furent les éboueurs des villes dont l'attachement est donné par le code d'Hammourabi, édicté vers 1760 avant Jésus Christ, qui instaure un ensemble d'amendes pour le vol de porcs qui appartiendraient aux temples ou seraient la propriété d'un homme libre [32].

Le Porc en sacrifice

Les porcs étaient donnés en sacrifice et servaient même en Grèce dans les "trittus"[33] et surtout dans le cérémonies Romaines dites "SuOeveTaurilia", où l'on immolait trois animaux : un porc, un mouton et un taureau.

Développement en cours

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(8 décembre 2010, 27 Mai 2011 ; 05 juill 2016; 15 oct 2013; 13 mars 2019; 1er mai 2021 ; 13 sept. 2022)

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[1] Dictionnaire Anatole Bailly page 1607 colonne II πορκος ("porkos") : nasse de pecheur,
sorte d'animal. Indique l'usage de ce mot par Platon dans le Sophiste, paragraphe 220c

[2] Œuvre de Platon, traduction de victor cousin : Le Sophiste, Théodore, Etranger d'Elée ,
Socrate, Thééte (Σοφιστης, Θεοδωρος, , Ελεατης Ξενος, Σωκρατης, Θεαιτητος), paragraphe 220c.
(Référence indiquée dans le dictionnaire Anatole Bailly, page 1607). Paris Rey et Gravier 1837.
Page 173.

[3] Marc 1 18 et 1 19 et Jean 21 8

[4] Corinthiens 7 35

[5] Un autre terme grec est "παγις" ("pagis") décrivant ce qui est fixé, d'où rets, souricière (Anatole Bailly
page 1435 colonne II) et tel qu'en Timothée 3.7 pour décrire les "filets du diable".

[6] Dictionarium latino-gallicum, François Noel. Paris Le Normant Père, 1825. Page 739, colonne II

[7] "Les étymologies surprises" de René Garrus. Edition Belin Paris 2008. Page 265

[8] Emile Benveniste, Le vocabulaire des institutions indo-européennes. Les editions de minuit 1969.
Chapitre 2 Une opposition lexicale à réviser : Sus et porcus.

[9] Emilie Benveniste, ibid.

[10] Dictionnaire Anatole Bailly, ibid, page 1874, colonne III Sus" ("συς")

[11] Dictionnaire Anatole Bailly, ibid, page 2041 colonne II "us" ("υς")

[12] Eat not this flesh: food avoidances from prehistory to the present. Frederick J Simonons Page 98.

[13] Noos, ("νοος" ou "νους") est l'intelligence (Dictionnaire Anatole Bailly, page 1332, colonne III)

[14] Homère, Odyssée chant X, vers 224 - 248

[15] "Marcus Porcius Cato Uticencis" dit "Caton le Jeune" mort en -46.

[16] Dictionnaire étymologique des noms propres d'hommes, Par Paul Hecquet-Boucrand. Paris Victor Sarlit 1868.
Page 178 : Porcia, fille de Caton et femme de Brutus. Du Latin porcus, porc venu de l'ancien
attique porkos, porc, pourceau, de perkos noir, tacheté de noir, moucheté.

[17] "Marcus Calpurnius Bibulus" mort en -48 av. J.-C.

[18] Dictionnaire classique de l'antiquité sacrée et Profane.Par M Nicolas Bouillet. Paris 1841, librairie
Belin Mandar. Tome II (M-Z) Page 314, colonne II

[19] Bibliotheque classique des auteurs latins : Columelle "De Re rustica - Liber XII" De l'economie Rurale.
De la salaison de la viande de porc. Tome trois. Panckoucke Paris 1846.

[20]. Proverbes et dictons populaires du XIII et XIV siècle par G.A. Crapelet. Paris Crapelet, 1831.Page 161
le dit des Marchéans

[21] Recueil général et complet des Fabliaux des XIIIe et XIVe par Anatole de Montaiglon et Gaston Raynaud
tome 4 page 146: fable de Porcelet

[22] Grammaire de la langue d'oïl , Glossaire etymologique. Par G.F. Burguy. Berlin F Schneider
et comp 1856. Volume III page 300 . Port ou pors, désigne le port ou le porc, on donnait aussi le
nom de port au gorge et défilé de montagnes.

[23] "Animaux domestiques dans la littérature narrative française au Moyen Âge". Jens N. Faaborg Museum
Tusculanum Press Université de Copenhague, 2006 Page 345

[24] Et celle d'après,

[25] Aoi : "A voie ! Allons" et serait "avoi" (Grammaire de la langue d'Oïl de Georges Frédéric Burguy.
De l'interjection, page 397

[26] Chanson de Roland Poéme de Theroulde, accompagné d'une traduction, d'une introduction et de notes par
François Génin. Paris imprimerie nationale 1850, Page 268

[27] "La chanson de Roland" édition et traduction de Gérard Moignet. Paris édition Bordas 1969.
Cité dans l'ouvrage "Burlesque et dérision dans les épopées de l'Occident médiéval". Rencontres
européennes de Strasbourg. 18 septembre 1993 Société internationale Rencesvals.
Page 242 et note n°8 de bas de page.

[28] Dictionnaire historique de l'Ancien Langage François. Curne de Sainte Palaye Tome IV. Niort 1882.
Page 78 colonne I, Cochon : "manger du cochon ensemble" pour tramer, méditer quelque chose ensemble.
"Rappeler le cochon" : retourner à son premier propos.

[29] Vers - 2600, premières dynasties egyptiennes : soit approximativement depuis le Les Pharaons Sanakht,
Djeser ou Djéser puis Snéfrou au Pharaon Khéops.

[30] "Food and culture" par "Carole Counihan" Routledge, 2008. Page 64.

[31] Eat not this flesh: food avoidances from prehistory to the present,
Frederick J.Simoons Univ of Wisconsin Press, 1994, page 25

[32] The Code of Hammurabi, Par Charles F. Horne. Forgotten Books, 2007 première publication 1915.
Loi 8 page 33

[33] Anatole Bailly Trittus ("τριττυς") page 1964 colonne III : le nombre trois, et désigne le Sacrifice de trois
victimes , taureau, bouc et porc. Equivalent Romain du SuOveTaurilia.