La philosophie, bien différemment de l’acception étymologique couramment avancée, en son sens initial, est "l'amour ou l'affection de la science" avant même d'être "l'amour de la sagesse" dont elle est la conséquence.
Pour le dictionnaire de Jean Nicot "Philosopher" est :
"La partie de philosophie, qui enseigne la maniere de bien et sagement se gouverner et maintenir" [1].
Pour le dictionnaire de l'Académie :
"On appelle aussi, Philosophe, Un homme sage qui mène une vie tranquille & retirée, hors de l'embarras des affaires" [2]
Etymologie de philosophie
Si la philosophie est donnée comme étant, en grec, le "philosophia [3]" ("φιλοσοφια") on retrouve ce même mot "philosophia [4]" comme étant effectivement "l'amour de la science" "l'amour de la culture méthodique".
La "Philosophie" : affection pour la science avant d'être celle de la sagesse.
Le premier sens, en grec du mot "philosophia" est ainsi "l'amour ou l'affection de la science" avant même d'être, dans un second sens, "l'amour de la sagesse".
En latin, « philosophia » , issu du grec, est senti comme étranger, de même que ses dérivés. [5]
Le philosophe nommé en grec le "philosophos" [6] ("φιλόσοφος") est "celui qui aime ou pratique un art ou une science".
Le "philosophe" est celui qui "a le goût des choses de l'esprit" et "est un homme d'éducation libérale" [7]
Philosopher nous vient des mots grecs, "philos" (et du verbe "philein", "φιλείν [8]") au sens de aimer, chérir, plaire et de "sophos" ("σοφός ") l'habileté dans les arts mécaniques.
Le "Philos"
Le grec "philos" signifie avoir de l'affection
On a trois sens en Grec pour "aimer":
1) "agapè" [9], ("ἀγάπη ") qui est l'affection,
2) "philia",("φιλία " [10]) l'amour, d'amitié, chérir.
3) "eros", ("ἔρος") l'amour passionnel, l'amour sensuel.
De ces trois sens, la philosophie regarde le coté "philia" du verbe "philein" ("φιλείν ").
Le "Sophos"
Le grec "sophos" est : « qui sait, qui maîtrise un art ou une technique », dit souvent de poètes et de musiciens, mais aussi de cavaliers, de marins, d’artistes et d’artisans, etc. ; aussi instruit, intelligent » [11]
Ainsi le grec ‘sophia’ « σοφία» [Féminin décliné au génitif singulier : ‘sophiès’ « σοφίης »] ci dessous concerne-t-il l’art de la charpente parfaitement connu et maîtrisé tel que présenté dans le chant XV de l’Iliade d’Homère (VIIIe siècle avant J-C.).
εὖ εἰδῇ σοφίης ὑποθημοσύνῃσιν Ἀθήνης ,[12]
[Eu eide sophies upothemosunesin Athénès]
(connaissant son art [de charpentier] à fond par l’inspiration d’Athéné)…
Le mot ‘Sophia’ est traduit, là, par l’art.
Ainsi le Grec sophos [13] ("σοφός"), signifie "être habile dans les arts mécaniques" ou "désigne l'habileté en parlant de devins ou de médecins".
"Sophos" est celui "qui est prudent, sage", celui qui enfin "est initié à la sagesse", celui "qui est instruit", celui qui, par là, "est sage".
Platon dans « la République » décrit ceux qui aiment ou non la philosophie :
Τί δέ; φιλόσοφός τε καὶ μισόσοφος; καὶ θυμοειδής, ἡ δ’ ἄθυμός ἐστι [14]
[Et des femmes philosophes et d’autres ennemies de la sagesse ?
Des femmes courageuses et des lâches ?]
Pierre Chantraine [15] décrit ainsi le ‘miso’ (μισό-), et le ‘philo’ (φιλό-) qui aime (τὸ σοφόν) la science, la sagesse, d’où ‘philosophia’ (φιλοσοφία) féminin, goût pour la science la sagesse, etc. /…/ la famille de ‘φιλόσοφος’ (philosophos), ‘φιλοσοφία’ (philosophia) s’applique au goût de la recherche de la science, de l’éloquence, elle désigne une attitude, elle ne peut servir pour les emplois divers de ‘σοφία’ ni présenter le même force et la même efficacité.
Le premier philosophe à se nommer lui même "philosophe" fut le grec Pythagore
( né vers -550) .[16]
Le "caractère" philosophie:
En Typographie : Un caractère "philosophie" (ou "philosopher") est un type de lettre utilisé en imprimerie de taille 10.
Pour le dictionnaire Littré de 1872-1877 ainsi que pour le Dictionnaire de l'Académie [17]" 'Philosophie', en terme d'Imprimerie, se dit d'un caractère qui est entre le Cicero & le Petit Romain et dont le corps est de dix points ou une ligne deux tiers".
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(08 août 2010, 08 avril 2011, 03 juin 2011, 6 juin 2012, 25 février 2019 ; 09 septembre 2020 ; 1er mai 2021 ; 13 sept. 2022)
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Notes et références :
[1] Dictionnaire Jean Nicot "Thrésor de la Langue francoyse" (1606)
[2] Dictionnaire de l'Académie française, Première Edition (1694)
[3] Dictionnaire Français Grec Planche, page 715 colonne II.
[4] Dictionnaire Grec Français Anatole Bailly. Librairie Hachette. Paris 1950. Seizième édition,
page 2079 colonne III
[5] Dictionnaire étymologique de la langue latine. Histoire des mots. Par Alfred Ernout et Alfred Meillet.
(Iere édition 1932). Paris Klincksieck 2001. Page 505, colonne II.
[6] Dictionnaire Grec Français Anatole Bailly. Librairie Hachette. Paris 1950. Seizième édition.
page 2080 colonne I
[7] Ce mot est employé ici dans son acception de "libre" comme l'entendrait un Diderot, voire un Voltaire…
[8] Dictionnaire Grec Français Anatole Bailly. Hachette édition 1963. Page 2071 colonne II
[9] Ibid, Anatole Bailly page 7 colonne I
[10] Ibid. Bailly, 2072 colonne II
[11] Dictionnaire étymologique de la langue Grecque. Pierre Chantraine. Editions Klincksieck. Juin 1977.
Tome IV-1, Page 1030 colonne II.
[12] Homère Iliade Chants IX à XVI. Les Belles Lettres. Texte établi et traduit par Paul Mazon. Chant XV,
page 324, vers 412
[13] Ibid. Anatole Bailly page 1773, colonne II
[14] Platon La République. Tome VII 1er partie. Livres IV-VIII. Texte établi et traduit par Emile Chambry.
Paris, 1956,
Les Belles Lettres. Page 59. La république V. Réponse : la différence des sexes n’entraîne
pas celle des aptitudes. Paragraphe 456a.
[15] Pierre Chantraine Ibid,page 1031 colonne I, suite.
[16] "Pythagoras: his life, teaching, and influence". Christoph Riedweg. Verlag Munich 2002
Traduit de l'allemand par Steven Rendall. Cornell University, 2005, Page 92.
[17] Dictionnaire de l'Académie française, Sixième Edition (1762)