Aide

 

Unir ses efforts à ceux d'une autre personne [1] . Apporter son concours, joindre ses efforts.
Sens général actuel de "aide" : " assistance", "secours"…

Étymologie de Aide, aider

L'ancien français "Auider", ou "aidier",[2] nous vient du latin "adjutare" [3] signifiant "aider", "soulager".
Extrait de "la Vie de Saint Alexis" (IIeme siècle, vers l'an 145)

      "Par lui avrum, se Deu plaist, bone ajude" [4]
      (S'il plait à Dieu, par lui nous aurons bonne aide)

Emile Littré [5] cite les anciennes formes françaises du mot "aide" que sont "aïude", "aïue", "aïde",
et "Aïe" [6] , mot qui signifiait "aide" ou "à l'aide", provient du latin "adjucare".
En Latin, Térence dans la pièce "les adelphes" utilise le verbe "adjutare" comme "aide", au sens de  "celui qui assiste" :

      "Nam quod isiti dicunt malevoli, homine nobiles eum adjutare..."
      ("Quand aux propos de ces envieux qui l'accusent de se faire aider d'hommes illustres…") [7]

Le sens du latin "adjutare" signifie aider, en l'acception de soulager [8]. Le préfixe "ad" est "proche de" et en latin le "jutrix" est celle ou celui "qui aide", "qui secourt" [9].

En l'an 842 "aiudha" ou "ajoude" a la signification "action de porter secours".

Ajujuda, aide du latin adjuda, aide secours est formé de "Adjutuim" le supin de Adjuvo [10]  

Le "Serment de Strasbourg "rédigé en l'an 842, stipule :"et in adjudha et in cadhuna cosa". Signifiant "et en aide et chacune chose" [11]

En l'an 1310, en droit médiéval, « aide » est une redevance exigible par le seigneur de la part de ses vassaux dans les quatre cas :

      - rançon du seigneur,
      - mariage de sa fille,
      - départ pour la croisade,
      - armement chevalier de son fils        

Par ailleurs la « redevence » ou « redevance », est indiquée dans une ordonnance de Philippe V, dit Le Long , à Paris le 9 le septembre 1315 [12].

Gilles Ménage, dans son dictionnaire étymologique indique:

"On apella autrefois du nom d'aides les deniers et subsides que les rois levaient sur le peuple. /…/. Aujourd'hui on nomme "aides" le droit qui se prend sur les marchandises qui se vendent ou qui se transportent [13] , principalement le vin, eau-de-vie /…/ . Droit différent de celui qui se lève sur le sel, la gabelle, et celui qui se lève sur les terres et sur les personnes et que l'on nomme la taille". [14]

     

Le mot "ayd" arabe est la puissance, la rigueur, dérivé de "ayad"; signifiant être fort puissant dont la 2eme forme "ayyad" est "donner de la force", "secourir" "aider" [15] .

Gilles Ménage indique que [16] :       

      "les nouveaux Grecs disent "αγιτια ζειν" et "αγιτα" pour l'Italien "aïta".
        En arabe, "iad" signifie main et aide : ce qui a obligé monsieur Casaubon de tirer
        le Français "aider" de la langue arabe.  "

De plus dans ce même article, aide, il pose la question "Ce mot ne viendrait-il pas
  du verbe Syriaque "adar", qui signifie la même chose?"

      En les faits dans "Le débat de deux demoyselles"

      "Ne force ne prière ne peult estre aidable;…" [17] dont le glossaire [18]indique :

                      "aidable" : ayant le sens de "secourable", "qui aide".
                      En Syriaque "adar" signifie aider, porter du secours.

Les formes, en l'an 842 attestaient suffisamment, (contre l'hypothèse de Gilles Ménage), que "aider" ne provenait pas "de l'italien "aïtare" [19] , qui a été fait du latin "adjutare" [20].

Devise de la ville de Biarritz [21] :

Illustration 6 : Aura sidus mare adjuvant me". Devise de la ville de Biarritz (Novembre 2010) 

Illustration 6 : Aura sidus mare adjuvant me", devise de la ville de Biarritz (Novembre 2010)


 "Aura sidus mare adjuvant me" "Le vent, les astres et la mer me favorisent",   ou "Le souffle du vent de la mer déchaînée est mon aide",   ou encore : "J'ai pour moi les vents, les astres et la mer".

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(9 juillet 2010; 22 Août, 22 nov, 31 juillet 2013, 16 mars 2019 , 21 avril 2021 ; 12 oct. 2022)
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Notes et références :

[1]       Dictionnaire encyclopédique Hachette. Page 31, colonne I. Hachette Paris 1993.

[2]        Larousse. Grand dictionnaire Etymologique du Français. Edition 2005. page 19 colonne II

[3]        Felix Gaffiot, page 43 colonne II.

[4]       " par lui nous aurons, s'il plait à Dieu, bonne aide " (Rédigé vers l'an 145) Vie de Saint Alexis.
            Manuscrit anonyme du XIe siècle

[5]       Émile Littré, édition de 1872

[6]        Dictionnaire Ménage 1750, page 22

[7]       Théâtre complet des latins. Sous la direction de M Désiré Nisard. Paris 1865. Firmin didot page 87
            Pièce de théâtre de Terence "les Adelphes", prologue de C. Sulpicius Apollinaire

[8]       Félix Gaffiot page 43 colonne II

[9]       Félix Gaffiot page 875 colonne II

[10]      Serment preté en 842 par charles le chauve, Louis le Germanique et leurs armées.
            Avec commentaires de M. de Mourcin. Page 19 Paris 1815 imprimerie didot.

[11]      Ibidem Serment preté en 842 par charles le chauve, Louis le Germanique et leurs armées.
            Page 27. Paris 1815 imprimerie didot.

[12]       Ordonnances des rois de France de la troisième race, Recueillies par ordre Chronologique.
              Par monsieur M. De Lauriere ancien avocat au Parlement. A Paris de l’Imprimerie Royale, 1723.
              Premier volume. Page 650.

[13]          Dictionnaire étymologique de la Langue Françoise, page 22 colonne II. Gilles Ménage, 1750, Paris.

[14]          Ibid.

[15]          Dictionnaire étymologique des mots de la langue française Par Antoine Paulin Pihan. Paris 1866. Page 14.

[16]          Ibid. Dictionnaire étymologique de la Langue Françoise, page 22 colonne II. Gilles Ménage, 1750, Paris

[17]          Le débat de deux demoyselles: l'une nommée La Noyre, et l'autre La Tanée Par Felix Bock,
                Paris imprimerie Firmin Didot, 1825, page 100
[18]         Ibid. Dictionnaire étymologique de la Langue Françoise page 150

[19]         Dictionnaire François et Italien par ar Giovanni Veneroni. Venise 1717. Page 22 colonne III.

[20]         Source "Lingua et tradition Tubingen", 1994, page 156 :les fautes documentaires dans le Dictionnaire Ménage.

[21]         Ville de Biarritz, nommée probablement Beiarriz vers 1261, puis Beiarriz et Biarits au XVIIIe.