L'anthropologie est la part de la Science qui étudie la structure de l'être humain et l'histoire physique de l'espèce humaine : « Branche de l’ethnologie qui étudie les caractéristiques anatomiques et biologique de l’homme considéré dans la série
animale » [1].
Pour Nicolas Malebranche, dans le traité de la nature (publié en 1680 [2]) :
"Comme l'Écriture est faite pour tout le monde, pour les simples aussi bien
que pour les savants, elle est pleine d'anthropologies" [3]
Etymologie de « Anthropologie »
Composé de deux parties :
Du grec "Anthropos", être humain par opposition aux dieux
et du grec "logos" (la science, le discours) [4].
Le grec Anthropos vient-il du grec "anèr-ops" ou de "anathrôn a opôpe " ?
Le grec Antrôpos (« ἄνθρωπος » [5]) désigne, non l'homme par rapport à la femme, ou l'être vivant par rapport aux animaux, mais l'homme ou la femme, c'est à dire l'être humain dans son ensemble dans son rapport avec les dieux.
En Grec "anthropos", signifie ainsi l'être humain en général par opposition aux dieux, et "andros" désigne lui, l'homme par opposition à la femme.
[nota :
Confère Anthropie : On trouve plusieurs étymologies, non avérées, dont celle donnant "Anthropos" comme venant du grec "ana" (en haut), du verbe "Tropao" (tourné vers) et de "ops", (le regard).
D'autre part l'étymologie d'Anthropos venant des deux mots "aner" ("ἀνήρ " [6]) ou "andros "et "ops" [7] ("ὤψ ") est constestée et, pour Anatole Bailly [8] : obscure.]
Pour Pierre Chantraine dans le DELG [9], l’étymologie de « ἄνθρωπος» est ignorée, et il y note : « Nombreuses étymologies que l’on trouvera énumérées chez Frisk. Voir aussi Seiler, GL. 32, 1953, 225 sqq, qui souligne l’étymologie de la fonction du mot, qui est d’opposer la classe des humains à celle des dieux ».
Pour Platon, dans le Cratyle [10], le mot "Anthropos" est présenté comme issu de la faculté de voir, propre à l'homme.
Socrate ainsi explique à Hermogène que l'homme, Anthropos, est la contraction d'une phrase de trois mots "αναθρών α ὄπωπε ", c'est à dire "méditer ce qu'il voit" [11]
εντευθεν δη μονον [enteuthen dè monon De là, en vérité, seul
de tous,
των θηριων ορθως tôn thè thèriôn opthôs les animaux
regardent droit devant
ο ἄνθρωπος " ἄνθρωπος " ωνομασθη, o anthropos "anthropos" onomasthè l'homme est
nommé homme
αναθρών α ὄπωπε . anathrôn a opôpe] pour examiner ce qu'il
voit.
Traduction de Victor Cousin [12] de ce passage :
"C'est donc avec raison qu'on a tiré le nom d'homme de cette faculté qui. lui appartient
exclusivement entre tous les animaux, de savoir contempler ce qu'il voit, 'αναθρών
α ὄπωπε ".
Sinon une étymologie de "Anthropos", il s’agit là d’une simple explication de la part de Platon.
Le suffixe "-logie"
Le suffixe "-logie" venant du grec "legein" parler, dire, est issu de la racine proto indo européenne "-leg", parler, désigner. Le mot grec "logos" de souche "lego" [13], signifie ainsi "dire", "traiter", "raisonner", "logos".
Pour Chantraine "logos" en Grec est identique au latin "lego" cueillir, choisir" d'où "lire", la racine "leg" a le sens de rassembler, cueillir, choisir [14].
_______________
(14 juin 2011, 3 déc. 2012, 19 oct. 2017, 02 avril 2019, 09 sept. 2020 ; 7 oct., 20 avr.;2021; 04 sept., 28 sept. 2022)
_______________
Notes et références :
[1] Le petit Robert. Paris 1972. Page 66 colonne II.
[2] Chez Daniel Elsevier A Amsterdam 1680.
[3] Œuvres de Malabranche. MM De Genoude et Lourdoueix.Paris Librairie Sapia 1837. Tome II Traité de la Nature.
[4] Dictionnaire Erudit de la langue Française. Jean Dubois. Larousse (1979) édition 2009. Page 596, colonne I
[5] Dictionnaire Grec Français Anatole Bailly. Hachette édition 1963. Page 164 colonne I
[6] "andros" ("ανδρος") étant, indiqué ci-dessus, le génitif de "aner" ("ανηρ")
[7] La vue, regard, d'où désigne le visage.
[8] Ibidem, Dictionnaire Anatole Bailly, page 164 colonne II.
[9] Dictionnaire Etymologique de la Langue Grecque. Histoire des mots. Pierre Chantraine. Paris Klincksieck,
1974. Page 91, colonne I.
[10] Platon. Dialogues de Platon : Le Cratyle". Paragraphe 399c : "an-athron hà opope".
[11] Compassion, the spirit of Truth. Dr Bartzokas. Philaletheins, 2009. Page 26. Note de bas de page 4.
[12] Œuvres de Platon, volume II. Traduction de Victor Cousin. Paris Rey et Gravier 1838. Page 47-48 :
propos de Socrate à Hermogène.
[13] Pierre chantraine Dictionnaire etymologique de la langue Grecque. Tome II. Page 645.
[14] L'introduction à la métaphysique de Heidegger. Jean-François Courtine. J.Vrin 2007. Page 190 :
"S'y ajoute le fait que la même relation d'appartenance entre le logos ("λογος"), compris comme "collecte",
et l'être compris comme présence manifeste, est attestée dans la philosophie naissante chez Parménide et Héraclite."