Oeil, œil

Étymologie de œil

Notre "œil" , nous vient du Sanskrit "aksa", puis du Grec "ops"qui donnera le latin "oculus".

Issu du sanskrit, "Aksi" désigne les yeux comme organe des sens [1] et "iks", "voir"

En védique "aksi" (pluriel de aksa") désigne le soleil et la lune.[2] et le "regard de la femme".

Le sanskrit Aksa Aksi[3] œil donnera le latin "ocus", et "oculus". Pour l'indo Européen l'œil est avant tout une ouverture avant d'être un organe des sens.

Le sanskrit "iks", donnera le mot Grec "ops" ("ὦψ "[4]) dont la lettre "ω" sera rendue par "o"; et le "ψ" par "œ" au début du moyen âge ; puis donnera "augo" (œil) en Gothique, le "eye" anglais [5], l'italien "ojo" et l'Espagnol "occhio".

En langue d'oïl devient : "Oil", "oyl", "uel", "ueil", et au pluriel "iex", "ix" et "ex"[6]

Pour le dictionnaire étymologique de Gilles Ménage : "L'œil de beuf, est une petite lucarne ou ouverture, qui se fait aux ciuvertures des maisons pour donner le jour dans les greniers. On l'a appelée œil-de-boeuf, de sa ressemblance à un euil de bœuf" [7].

L'évolution du mot œil est décrite par

"Quand à "œil"", je le regarde comme un double monstre : car parce qu'oil déplaisoit à l'oreille, au lieu

d'y substituer e ou eu à o, on a laissé o, ajouté e, & donné à oe le son d'eu." [8]

La ligature du "o", du "e", du "æ" et de "œ"

  • Au moyen âge , évolution du "æ" et du "œ" :

"On lit sur le sceau de Charles le Bon, aussi comte de Flandre en 1122 : "Carol. Comes Flanfrie et fili' Regis Daciæ". Remarquez dans cette inscription le génétif Flandrie terminé par un "e" simple, en même temps que Daciæ est écrit par un "æ". : ce qui prouve que l'on se servait indiféremment de ces deux caractères. Mais, depuis le commencement du douzième siècle, l'"e" prit tellement le dessus, que l'"æ" devint fort rare…" [9]

  • La transcription de l"œ" : Connaître au juste les lettres de Chilperic

Chilperic jugeant notre alphabet défectueux, il publia une ordonnance, pour y faire ajouter quatre lettres de son invention [10].

Les principaux et les plus anciens mms [11]. Se réunissent à rendre les sons des lettres de Chilpéric [12] par celles ci œtheuni, rangées de suite, et sans distinction./…/

"Attendu que Grégoire de Tours, [13] faisant faire d'abord bande à part à l' "ω", et déterminant
son usage par cette observation, "
sicut Græci habent" [14] avait suffisamment fixé le son de la
première lettre chilpéricienne. Suivant première supposition, l' "ω" vaudrait "œ", "ψ", "th", "Ζ"
"eu", "Δ" ui. Suivant la seconde l' "ω" serait rendu par "o"; "ψ" par "œ", "Ζ" par
the "eu", et "Δ"
par "uui".

Par ailleurs Burcardus Gotthelff Strubius, dit Struve, dans le "de Criteriis Manuscriptorum [15] :

"Tertia antiquitatis nota confistit in orthographia, quae antiquissimis codicibus talis plerumque est,
ut diphtongus æ et œ non in unum coalitis litteris, sed separatis scribatur. Qualis scriptura
antiquissimi est commatis, licet et simplex e diphtongi loco sæpius positum reperiamus"
[16]

Des "Oeils de perdrix" ?

En terme de jardinage un "œil" est un bouton, une petit excroissance qui paraît sur une tige ou une branche./…/ l'autre œil de perdrix, espèce de cor qui survient entre les doigts de pieds, est complétement omise. Nous croyons que dans cette dernière acception l'on doit écrire "œil-de-perdirx, avec deux tirets, quant au pluriel, nous présumons qu'il faut dire des "œils-de-perdrix", comme des "œils-de-bœuf".[17]

_______________

(17 juin 2012 ; 29 avril 2021 ; 07 sept 2022)

_______________

Notes et références :

[1] Dictionnaire Sanskrit Français Stchoupack, page 3, colonne II.

[2] Dictionnaire Sanskrit Français G Huet 2010. Page 9 colonne II.

[3] Dictionnaire de linguistique et de philosophie comparée. Jean François Jéhan. Page 748.

[4] En grec l'organe de la vue est "ophtalmos" et les "yeux" sont "opseis" (ωψεις). Sachant que le grec "ops"
("ωψ ") désigne d'une part la voix de lhomme ou d'une divinité et d'autre part, ce même mot "ωψ ",
désigne le regard (Dictionnaire anatole Bailly, page 1433 colonne III) ou le visage
(dictionnaire Grec Français, Alexandre Planche, page 1025, colonne II).

[5] Grammaire comparée des langues de la France: Flamand, allemand, celto-breton. Page 79

[6] Grammaire de la langue d'Oïl. Glossaire de la langue Romane. Page 266, colonne II.

[7] Dictionnaire etymologique Gilles Ménage. Paris Jean Anisson 1694. Page 535.

[8] Mémoire de l'académie Royale. Berlin 1801. Classe de belles lettres. Page 159.

[9] Encyclopédie méthodique par Ordre et par matières. Par une société de gens savants et d'artisites.
Chez Panckoucke, Paris 1786. Volume I.Page 71, colonne I.

[10] Histoire de l'Eglise Gallicane. Par Longeval, Fontenoy, Brumoy et Berthier. Tome IV.
Paris, 1826, Bureau de la bibliothèque Catholique. Page 166. ** et note de bas de page.

[11] Lettres, messages.

[12] Petit fils de Clovis, Chilpéric (mort en 584) fils de Clotaire, est roi des Francs de la dynastie
Mérovingienne.

[13] Dictionnaire de Paléographie, de cryptographie de dactylologie. Par l'abbé Jacques-Paul Migne.
Paris 1854. Page 429, et note de bas de page n°411.

[14] "Addidit autem et litteras litteris nostris, id est, sicut Græci habent, æ , the, uui, quarum
characteres subsciptumus.
Hi sunt, "ω", "ψ", "Ζ", "Δ". Et misit epistolas in universas civitates regni sui, ut sic pueri docerentur…"
(Il ajouta aussi quelques lettres aux nôtres ; savoir : ô long
comme chez les Grecs , æ, the, uui représenté
par les signes suivants: "ω", "ψ", "Ζ", "Δ". Il envoya dans toutes les villes de son royaume l'ordre de les
enseigner aux enfants…).
Historia Francorum - Histoire des Francs. Par Georges Florent Grégoire Evèque
de Tours. Tome second. Paris 1837, chez Jules Renouard. Pages 330-331

[15] Cité dans le dictionnaire de la Paléographie. Ibid. Page 1008

[16] Clavis diplomatica, tradens specemira veterum scriptarum. De criteria manuscriptorum Burcardus
Gotthelff Strubius. Hanovre 1737.Page 87 paragraphe XVII.

[17] Errata du dictionnaire de l'Académie Française. Benjamin Pautex Paris 1862 chez Caspard Louis Joël
Cherbuliez, Hachette. Page 200