Camille

Signifie "ministre", au sens de "délégué", celui ou celle à qui incombe de rôle d'officier le culte envers les dieux. D'après Plutarque "Camille" désigne ainsi [1] la personne apte à servir dans les choses secrètes et, en ce sens était l'un des surnoms du dieu Hermès ou Mercure.

"Camille" dans le monde latin, remonterait aux "Etrusques" et aux "Etruriens" [2], transmis par les rites "Cabires" des Grecs de Samothrace, et encore auparavant par les dieux Egyptiens et Mésopotamiens puis Phéniciens.

Etymologie de Camille

En grec Camille est " Kamillos " (" Κάμιλλος ") ou Kadmilos (" Καδμίλος ") , ou encore Kasmilos (" Κασμιλος "), la servante étant aussi nommée "la Kamelle " ("ή Καμήλλη ") [3]

D'après l'historien d'Alexandrie Mnaseas [4], les quatre dieux, cités dans une tablette cunéiforme babyloniennes (WAI III [5]) étaient le nom de quatre étoiles [6] qui pourraient être celle des Gémeaux (Peut être s'agit-il, ici, de la constellation de Castor et Pollux) : "Kas-mi-ln" (ou Kad-milos), "kas-khis'zu" puis "Kas-si-su" et "Kas-sa".

Selon Maneas :

" les Grecs n’étoient pas bien fûrs des Dieux que les Samothraces
appelloient Cabires, or les voici :
Axieros eft Jupiter, Axiocherfos eft Pluton, Axiocherfa, non Ceres,
mais Proferpine fille de Ceres ; Cadmilos, Mercure, on l’a vu, &
celui-ci demeurant ordinairement dans le ciel, c’eft-à-dire, avec les dieux du
ciel, il faifoit fouvent des voyages aux enfers, c’eft à dire, vers les dieux
infernaux…
[7]"

Les dieux de Samothrace et les mystères.

Au VIIIe siècle avant Jésus Christ, dans la grèce antique, les "Cabires" étaient des mystères, ou cultes secrets de Samothrace [8]

C’est au culte des Cabires qu’on s’initie à Samothrace, comme le dit Mnaseas [parfois nmmé Manseas]. Ils sont quatre et se nomment Axiéros, qui est Déméter, Axiokersa qui est Perséphoné, Axiokersos qui est Ades. Un quatrième qui leur est adjoint, Casmilos, est Hermès, à ce que raconte Dionysodore "[9]

Par ailleurs la symbolique des Archétypes dans la mythologie Phénicienne [10] expose que les dieux "Axiéros", "Axiokersos" et "Axiokersa", formaient une triade,

avec un quatrième dieu, que l'on nommait "Kasmilos", qui sera identifié au dieu Mercure des latins.

En 1822, "La bibliothèque universelle des sciences" décrit les "cabires":

A Samothrace [11] on initie aux mystères des "Cabires".
Axieros est Déméter, Axiokersa est Perséphone, et Axiokersos le Hadès.
Quelques-uns en comptent encore un quatrième, nommé Kasmilos,
qui selon Dionysodore
[12] représente le Hermès [13]

Ainsi les Cabires ("καβειροι"[14]) étaient des divinitées "mystérieuses", accessibles seulement à certains, assimilées à celles qui, plus tard, seront de petits personnages magiques comme les Elfes dont le principal sanctuaire se trouvait à Samothrace, et en égypte à Memphis au dire de l'historien Hérodote.[15]

Camille, ainsi, chez les latins désignera un adolescent [16] le "Camille Flaminien". A Rome, les "Flamen Dialis", et leurs épouses les "Flaminica" étaient au service du plus puissant des dieux : Jupiter.

Au XVIIIe siècle "L'histoire universelle depuis le commencement du monde" [17] est plus précise sur ce point :

Il y en a qui restreignent le nombre des dieux "Cabiri" [18] à deux,
Jupiter &Bacchus :
Mais Mnaseas en compte quatre; Cérès, Proserpine, Pluton & Mercure,
qu'il apelle Axioros, Axiokersa, Axiokersos &Kasmilos.
A ces quatre, Dionysiodore en ajoute un cinquième nommé
par lui "Casmilus", par d'autre "Camillus", & le même que Mercure.

Pour Gilles Ménage, dans son dictionnaire étymologique [19]:

"Varron dans le livre IV de "lingua Latina" dit que les Samothraces usoient
du mot Camillus" dans la même signification que les Latins"

Bochard dans son "hierezoicon", livre II chapitre 36 croit que ce
mot vient de "Kofmé el", et tire Casmillus qui signifie "ministrare"
.

Théâtre de Corneille : Horace et Camille

Dans la pièce de théâtre de Corneille [20] "La légende de Camille" est issue de la guerre entre Rome et Albe-la-longue [21]

Pour résoudre la guerre entre les deux villes, on oppose trois Horaces pour Rome, et trois Curiaces pour Albe.
Au début du combat, les trois Curiaces d'Albe sont bléssés, et deux des Horaces, pour Rome sont morts. Le troisième Romain fait mine de fuir et tue un à un chacun des Curiaces dont le fiancé de Camille.
Mais hélas, Horace, le romain vainqueur, entend sa sœur Camille expimer des imprécations contre Rome. Horace alors tue Camille, sa sœur.
Il sera plus tard condamné pour ce crime, mais le peuple l'acquittera.

"Camilla", la sœur du Pape

"Camilla" dite la Signora, la sœur du Pape Sixte Quint, vint à Rome après l'élection de son frère et 1585.

Afin de l'entrevue, les cardinaux firent habiller Camille, de paysanne en princesse, qui ne voulut pas là, reconnaître sa sœur sous ces habits magnifiques.

Le lendemain, habillée simplement, Camilla fut embrassée par son frère le Pape qui lui dit : "Vous êtes à présent ma sœur, et je ne prétends pas qu'un autre que moi vous donne la qualité de princesse.

Camille demanda alors à son frère des indulgences pour une confrérie de Naples dont on l'avait faite la protectrice. Sixte Quint logea sa sœur à Sainte Marie Majeure, et lui donna une pension.[22]

Camille la fille du tyran Metabé, défend héroïquement la ville.

Camille ou Camilla, fille de Metabe, roi des Volsques [23], fut consacrée à Diane par son père, qui se trouvait dans un péril presque certain de la perdre. Cette héoïne soutint longtemps en persone l'armée de Turnus contre Enée. Camille sera tuée en trahison par Aruns, qui la perça d'un coup de javelot [24]

La Légende de Camille, fille de Casmille et du Tyran Métabé est décrite par Virgile dans l'Enéide, (vers 543 et suivants du onzième livre) :

Il s'agit de la fuite de Métabus ou Metabe, le tyran des Volsques, exilé par ses sujets de la ville de Piverne, qui sauve sa fille Camille puis la consacre à la Déesse Diane :

"…sustulit exsilio comitem matrisque uocauit [Métabus] emporta dans son exil sa fillette
nouveau-née
nomine Casmillae mutata parte Camillam." lui donna le nom de sa mère Casmille, changé
en Camille
[ 25]
Ipse sinu prae se portans iuga longa petebat et la portant contre son cœur il gagna les
défilés
[26]
solorum nemorum des forêts montageuses et solitaires …

Le "Nouveau dictionnaire historique [27]" publié en 1779, nous éclaire sur la vaillance de Camille, la fille de Metabé :

"Cette héroïne soutint en personne l'armée de Turnus contre Ennée.
Personne ne la surpassait à la course, ni à faire des armes. Elle fut tuée
en trahison par Arnus qui la perca d'un coup de javelot".

"Furius Camillus" et Rome face aux barbares

Camille était aussi ce Romain Marcus Furius Camillus, illustre par ses vertus militaires et civiles et termina glorieusement le siège de Veis qui depuis 10 ans occupait les forces romaines.

Plus tard, les Gaulois étant devant Rome, le Sénat cassa l'acte de condamnation de Camillus qui avait été jugé coupable de tyranie envers la ville et fut nommé dictateur, pour la seconde fois.

Le tribun Sulpitius avec Brennus, le général Gaulois, avaient convenu d'une somme, moyennant laquelle il devait se retirer.

"Camille, survenu dans le moment, dit au barbare :
Rome ne traite point avec ses ennemis lorsqu'ils sont sur ses terres :
Ce sera le fer et non l'or qui nous rachetera !
Tout de suite il lui livre bataille, le met en fuite, et le chasse des états
de la république".
[28]

_______________
(29 avril 2011 ; maj 04 septembre 2016, 19 juin 2020 , 9 sept. ; 19 sept. 2022)
_______________

[1] "Le grand dictionnaire Historique Louïs Moreti; Amsterdam 1760. Tome second page 59 colonne II

[2] Les Etruriens vivaient, à l'époque des latins dans le nord de l'Italie, correspondant au territoire des
Etrusques, globalement dans l'actuelle Toscane

[3] Dictionnaire Français grec. J. -J. Diverneresse. Paris Auteur Editeur Delagrave, 1874. Page 264,
colonne II : nom de femme, virgo volsca, la servante volsque.

[4] Historien d'Alexandrie, disciple d'Eratosthènes, né, vers -270.

[5] WAI : Western Asia Inscription. Document en cinq volumes publié par les administrateurs du British
Museum (Record of the past "Ancient monuments of Egypt and Western Asia, edited by A.H. Sayce,
professor of Assyriology, Oxford 1873. Volume V)

[6] Primitives constellations of the Greeks, phoenicians and Babyloniens , Par Robert Brown. William
and Norgate , Oxford 1899. Volume I, page 356 Additional notes. Tablette cunéiforme référencée
référencée WAI III IvII n°2

[7] Reflexions critiques sur les anciens peuples. A Paris Musier, Jombert, Briasson, Bullot. Tome premier.
Liv. II Sect. 3. Page 81.

[8] Le Scholiaste (ou commentaires) d’Apollonius de Rhodes, Argonautiques,

[9] Apollonios de Rhodes. Les Argonautiques.Traduction française de H. De la ville de Mirmont.
Bordeaux G. Gounouilhou, Paris J. Rouam , 1892. Page 245-246, I, 913

[10] Dr Clovis Karam, Lyon 1984 (copyright 2008) "La symbolique des Archétypes dans la mythologie
Phénicienne"

[11] Bibliothèque universelle des sciences belles lettres et arts, volume 20. A Genève 1822. Page 323

[12] "Dionysodore de Chios", sophiste Grec, frère d'Euthydème qui a donné son nom à l'un des Dialogue de Platon.

[13] "Greek mysteries: the archaeology and ritual of ancient Greek secret cults", Michael Basil Cosmopoulos,
Routledge, 2003. Page 68 Un des traits caractétistique qui permettent d'associer "Kasmilos" et le dieu
Hermès en est le caractère égrillard et ithyphallique

[14] Dictionnaire Grec Français Anatole Bailly. Hachette édition 1963. Page 989 colonne I. Kabires ("καβειροι")

[15] Dictionnaire de la mythologie Grecque et Romaine, Presses Universitaires de France, 1951, (14e édition 1999)
Pierre Grimal, page 70 : Cabires (καβειροι) Divinitée mystèrieuses, dont le principal sanctuaire
se trouvait à Samothrace, mais qui étaient adorées partout, même en égypte à Memphis au dire d'Hérodote.

[16] "Les romains donnaient le nom de Camille aux enfants nobles des deux sexes et qui assistaient les flamines
dans leurs fonctions. Les Camille Flaminiens." (Complément du dictionnaire de l'Académie Française.
Bruxelles, A. Wahlen, 1843) Page 145, colonne II

[17] Histoire universelle depuis le commencement jusqu'à présent. Composée en Anglois par une société
de gens de lettres, nouvellement traduite en François. Paris chez Moutard 1774. Volume 8, page 89.

[18] Felix Gaffiot page 234 colonne II : Cabirus ("καβειρος ") divinité de Macédoine et Samothrace, et
fleuve voisin de l'Indus

[19] Dictionnaire Etymologique de Gilles Ménage, Paris chez Briasson 1750, tome I page 293 colonne I

[20] Corneille, pièce de théâtre, "Horace" dédiée au Cardinal de Richelieu, qui sera représentée en 1640.

[21] Dictionnaire Hachette Spadem 1998, copyright 1980. page 186 colonne I : En 667 (?) avant Jésus Christ

[22] Dictionnaire universel, historique, critique et bibliographique par une société de savans Français et étrangers.
Par Louis Mayeul Chaudon, à Paris de l'imprimerie de Mame Frères, 1810. Tome III page 532 colonne I.

[23] Les Volsques ennemis redoutés de Rome, peuple Italique apparenté aux Sabins.

[24] Nouveau dictionnaire historique, par une Société de Gens de Lettres. Sixième edition. A Caen chez
G. Le Roy, imprimeur du Roi, 1786. Tome II page 419

[25] Eneide de Virgile, vers 543 et vers 544 livre XI : l'Histoire de Camille.

[26] La traduction de M de Pongeville chez Lefevre Paris 1843. Page 396) montre Métabus "pressant Camille
contre son cœur" (sinu prae se portans) alors que la traduction de l'Abbé des Fontaines, édité par
l'imprimerie P Plassan en 1796, tome IV, page 265, donne : "tenant sa fille entre ses bras", tout comme la très
célèbre traduction publiée sous la direction de Monsieu Désiré Nisard, (Paris Dubrochet
Le Chevalier et comp., 1847) page 408 colonne II.

[27] "Nouveau dictionnaire historique ou histoire abrégée" par une société de gens de lettres.
A Caen chez Leroy, 1779, Tome II page 27 colonne I et colonne II.

[28] Nouveau dictionnaire historique, Ibid, Tome II page 419