Agneau
Un "agneau" est le petit mâle ou femelle de la brebis. En fin de première année, il devient mouton (mâle) ou brebis (femelle).
A Rome la parenté civile était nommée "agnation" par opposition à la descendance naturelle ou « cognation ».
Quand à leur étymologies respectives, "Agneau" et "Agnat" sont présentés comme issus de sources différentes bien que les deux souches grecques "agchris" (du mot grec agchristos ou anchistos ‘αγχιστος’ [1]) celui qui est très proche ; superlatif du mot άγχι [2], - ‘anchi’ [3] -, signifiant ‘proche’, et Latin ‘angustus [4]’) et "agnos" ( du grec ἀγνος [5] celui qui est pur, saint, exempt de souillures) et de leurs antédécents sanskrit parfois liés, mais non de façon indéniable.
Illustration 4 : Toupeau de mouton, Entrevaux - Alpes de Haute Provence.
(Octobre 2010)
Étymologie de Agneau
Notre "agneau" vient d'une racine "agn" qui présente une parenté double.
L'une est le grec "agnos" ("αγνός") qui signifie "pur", "chaste" et l'autre est le verbe "αγνίζω" (agnizô) signifiant "purifier par l’eau ou par le feu".
Le sens grec de agnos" ("αγνός") exprime l’interdit religieux, parfois qualifié « ieron » (ἱέρόν [6]), qui à la différence de agnos (ἁγνός) désigne alors un lieu.
L’agneau : le chaste, celui qui est proche
En Grec un agneau ou son équivalent qu'est le mot "agnat" latin est un "agchristeus"
("αγχιστευς [7] ") et "agnation" est issu de "agchristeia" ("αγχιστεία ")
Sachant que le préfixe grec "agchris", ("αγχισ") signifie, "celui qui est proche", et "Agchrisos", ("άγχισος ") signifie "celui qui est très proche", un "très proche parent" [8].
Au XVIe siècle ans les « Histoires prodigieuses d’auteurs Grecs et latins » en les Histoire mémorables de plusieurs plantes et vertus d’icelles. [9] Pierre Launay nous décrit une
part de l’arbre Agnos :
« Dioscoride, chapitre 15 de fon premier liure de l’histoire des plantes,
dit que les Grecs ont nommé ceft arbre agnos, c'eft-à-dire chafte, parce
que les dames en la cité d’Athenes gardoient chafteté és facrifices de Ceres,
faisoient leur couches d’agnus caftus qui rend les personnes chaftes, auffi
nous faut-il maintenant faire mention d’vne autre herbe, du tout contraire
à la précédente, & quafi fon ennemie capitale, car elle rend ceux qui en vfent ,
lafcifs, prõpts [10] & defreiglez aux actes veneriens. »
L’agneau, l’animal :
L'animal, "agneau" est en grec "amnos" ("αμνός ") et un agneau femelle "amnis" ("αμνις") et, "ce qui concerne les agneaux" est le "arneios" ("αρνειός ") sachant que le mouton "trobaton" ("τρόβατον") est souvent remplacé par la brebis "oïs" ("ὄις ").
Notre "agneau" et les ouailles,
En sanskrit "avi" est le mouton qui donnera le grec (ci dessus) puis le latin "ovis", l'anglais "ewe et le français "ovin" et au cours du moyen âge les "ouailles", ou "Oeilles" [11]
De la vie de Saint Thomas le Martyr [12]:
"Deus vus ad komandé sun berzil à guarder ; Et si est vostre oeille, vus le devez mener "
(Dieu vous a commandé de garder son bercail : Et s’il est votre ouaille vous devez le conduire)
Les agneaux et les ouailles : Chronique métrique de Guillaume Guiart [13]
« Ha ! comme l’en voit escarées
En celes emprises félonnes
Aucune couardes personnes,
Qui, par divers cops mortiex prendre,
Meurent ileuc sanz eus deffendre,
A guise d’aingniaux ou d’ovoilles [14]; /…/ »
Illustration 5 : Mouflon,
Place du 5 septembre
(Digne les bains , octobre 2010)
Notre agneau, le petit de la brebis, nous vient du latin agnellus [15] qui désigne un petit agneau [16].
Pour le dictionnaire Godefroy, "agnel", ou "ainnel", "agniel", "agnial" est la fourrure d'agneau, et "agnelin" est ce qui appartient à l'agneau [17].
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(13 août 2010, 22 nov, 04 déc, 20 mars 2011, 18 mai 2012, 31 juil 2013, 7 novembre, 22 septembre 2019 ; 07 octobre 2020 ; 22 avril 2021; 07 oct.2022)
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Notes et références :
[1] Dictionnaire Grec Français Anatole Bailly. Hachette édition 1963. Page 19 colonne I αγνωστος
(agchristos) voisin, très proche parent.
[2] Lexique Grec-Français. Joseph Théophile De Mourcin. Paris imprimerie d’Auguste Delalain, 1836..
Page 8 Colonne I
[3] Analogies linguistiques. Du flamand dans ses rapports avec les autres idiomes d’origine Tutonique.
Pierre Lebrocquy. Bruxelles 1845 ; Librairie de A. Van Dale, éditeur. Page 26. Substantif Angos,
rapproché, sérré, grec ‘anchistos’, ‘anchi’, L. Angustus.
[4] Dictionnaire Latin Français Félix Gaffiot, Hachette édition 1934, impression 1964. Page 127 colonne I.
Angustus étroit, limité, borné. de ango grec άγχός
[5] Dictionnaire Grec Français Anatole Bailly. Ibid. Page 13 colonne II : ἀγνος (agnos) pur, saint, sacré,
chaste, pur de sang
[6] Dictionnaire Bailly page 961, colonne I ἱέρόν : désigne un lieu ou endroit consacré.
[7] Dictionnaire Planche ibid. page 29.
[8] Dictionnaire Grec Français, Alexandre, Planche, page 13 colonne III
[9] Histoires prodigieuses extraites de plusieur fameux auteurs Grecs & Latin, sacrés et profanes.
Par Pierre Boaiftuau fournommé Pierre Launay natif de Bretagne. Paris, 1567,
chez Jacques Macé à l’enseigne de la Pyramide. Page 89.
[10] Pompts et déréglés
[11] Dictionnaire historique de l’ancien langage François depuis son origine jusqu'à Louis XIV.
Jean Baptiste de La Curne de Sainte Palaye . Publié par Louis Favre et Léon Pajot.
Imprimé à Niort chez Léopold Favre. Tome 8 page 78, colonne II.
[12] La vie de Saint Thomas Le Martyr, Archevèque de Canterbury, Garnier de Pont Saint e Maxence
(poète du XIe siècle) , par Célestin Hippeau. Paris -1859- chez Auguste Aubry , 16 rue Dauphine.
Vers 1191, page 44.
[13] Chronique métrique de Guillaume Guiart, par Jean-Alexandre Buchon. Paris 1828, Verdière,
25 quai des Augustins. Branche des Royaux Lignages, Page 109 (vers 2302 et suivants)
[14] Dictionnaire de l’ancienne langue Française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle.
Frédéric Godefroy Paris 1881, Friedrich Vieweg. Vol. 5, page 572, colonne III : ‘ouoilles’ : brebis.
[15] Dictionnaire Armand Colin page 22 colonne III.
[16] Dictionnaire Etymologique de la Langue Française. Hetzel 18 rue Jacob, par Auguste Brachet
Page 31 colonne II.
[17] Dictionnaire de l'ancienne Langue Française Fréderic Godefroy, Volume I page 161, 162.