Nature

Étymologie de nature

Etymologiquement "nature" représente la "personnification de l'ensemble des forces naturelles", l'essence de l'homme ou des choses" [1], "le fait de naître".

"Nature" est issu du latin "natura" [2] qui signifie "le fait de la naissance" le "tempérament" "le cours des choses".

Le latin "natura" est lui-même participe du verbe latin "nasco" [3] (verbe nascor) issu de "gnatus" forme archaïque de "natus".

Le "natus" latin désigne "celui qui est né", celui "qui est" par naissance, et est également comme indiqué ci-dessus le participe du latin nascor (naître), et ce mot "natus" (au sens de "gnatus") désigne, au singulier, le fils.

La racine Proto Indo Européenne "gno" qui signifie "connaître" conduit au sanskrit "jna", dont est issu "janati" qui en grec donnera le "gignosko" ("γιγνώσκω " [4]) signifiant "apprendre à connaître", qui donnera le latin "gnosco" qui évoluera en "nosco" et notre mot "connaissance".

Au XVIIe siècle le dictionnaire étymologique donne pour "nature" [5] :

"- Pour les parties qui sont les hommes et les femmes. De "natura".
- Dans les Priapées: "Natura est quoniam semper aperta mihi"
[6]
-
Pour les grecs, "nature" est "phusis" ("φύσις") ce qui a été remarqué par Scalinger [7]".

Nota : Le "phusis" grec est issu du verbe grec "phuomai[8]" ou"fuomai" ("φύομαι"[9]) au sens de "qui a le sens du souffle", de "la vie" qui deviendra la racine du mot "physique". Son équivalent est la racine indo européenne antérieure "bhu" [10] signifiant "croitre", "être"

"Nature" au moyen âge désigne la famille [11],

Dans la Chronique de Jean des Prez dit d'Outremeuse [12].

"Et se li demostrat la grande mesprisure Et supposer montrer là, le grandiose mépris
Que il sire d'Awans et chis de sa nature
[13] que sire d'Awans et ceux de sa famille
ont fais en son paiis et tout sens disjuncture ont fait en son pays et sans distinction aucune
d'arde mansons et vilhes , che est grant forfaiture
[14] Incendier hameaux et villes, certes en une
grande félonie

Le "naturement" : Par nature", ce par quoi la lignée aurait agit, ce qui découlant naturellement.

"Et tost chiet [15] on en ce a quoi "naturement" on est encliné" [16]

et:

"Mais bon u malvais nous ne devenons mie par nature" [17]

La "natureté : est un terme obscène [18].

Naturaliser :

Naturaliseir : "Accorder à un étranger les droits & les mêmes privilèges dont jouissent les regnicols,
ou naturels du pays./…/ En France elle n'appartient qu'au roi. /…/

Les Bouillonnois, les Suisses, les Savoyards & les Ecossois n'ont pas besoin, en France, de
lettres de naturalité : ils sont réputés regnicoles."
[19]

La "nature" et le vert :

Selon Michel Pastoureau [20], c'est au XVIIIe siècle que la nature devient la végétation [21]. Le vert devient alors la couleur de la nature et sa valorisation à l'époque romantique et révolution industrielle donnera le "vert" ; dont héritent nos mouvements et tendances …

En cours de rédaction

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(07 novembre 2013, 24 août 2020, 09 septembre, 28 avril 2021 ; 07 sept. 2022 )
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[1] Dictionnaire historique de l'ancien langage François depuis son origine jusqu'au siècle de Louis XIV.
Jean Baptiste de La Curne de Sainte Palaye. Niort 1882. Louis Favre. Tome 8. Page 10 colonne I.
Nature: "Personification de l'ensemble des forces naturelles". "Essence de l'homme et des choses".
"Naturel", caractère. "Race", Patrie. La "raison", le bon état. Les "parties naturelles",
"acte charnel" vice contre nature. Les" règles des femmes".

[2] Dictionnaire Latin Félix Gaffiot. Page 1014, colonne I.

[3] Dictionnaire Latin Félix Gaffiot. Page 1012 colonne III. Nascor, gnascor, gnatus).

[4] Dictionnaire Grec Français Anatole Bailly. Librairie Hachette. Paris 1950. Seizième édition,
page 404 colonne II "
γιγνώσκω " ("gignosko"): apprendre à connaître, comprendre,
se faire une opinion, chanter, célébrer.

[5] Dictionnaire etymologique Gilles Ménage. Paris, 1750, Briasson. Tome II. Page 241 colonne I.

[6] Satiricon de Pétrone. Propos de Priape. De Bourdelotius. 1685. Page 185
"Natura est quoniam semper aperta mihi"
[
Car le naturel est toujours sans défense (ouvert) pour moi]

[7] Anthologia veterum latinorum epigrammatum et poëmatum. Josepho Sacligaro (joseph Scaliger)
Petro Pithoeo, Frid Lindenbrogio, Theod Jansonio Almelovenio. Pierre Burmann
Amsterdam (Amstelaedami), 1773. Tome II.
Page 513. Natura est quoniam : Etiam Graeci "φυσις" in eam partem accipiunt.

[8] Dictionnaire Grec Français Anatole Bailly. Librairie Hachette. Paris 1950. Seizième édition,
page 2110, colonne I : "φυομαι" ("phuomai", ou "fuomai") sens II, "ce qui naît, ce qui pousse"
du grec "phuo", ou "fuo" ("φυο") ibid, page 2109 colonne III : pousser, faire naître, faire croître.

[9] Dictionnaire Français Grec, Alexandre, Planche et Defauconpret. Paris Hachette 1885.
Page 652 colonne II

[10] La langue française dans ses rapports avec le Sanscrit et avec les autres. Par Louis Delâtre.
Paris Firmin Didot 1854. Tome premier, page 173.

[11] Dictionnaire Godefroy. Tome 5 page 475 colonne I

[12] Messager des sciences et des arts de la Belgique. M F. Reiffenberg, C.P. Serrure, A. Voisin,
L.A. Van Lokeren. Gand, D.J. Vanderhaeghen, 1834.
Recherches sur les Ecrits de Jean d'outremeuse, Page 373 : volumes rédigés
au début du XV
e et le second volume durant le XVIe siécle.

[13] Glossaire de Philologie. Page 207. Nature : Famille.

[14] Le Myreur des Histors, Chronique de Jean Preis dit d'outremouse. Publié par Ad Borgnet.
Bruxelles M. Hayez, 1867. Tome V, Page 680, vers 7470 à 7443

[15] Gilles Menage. Dictionnaire étymologique de la langue Française. Briasson 1750.
Volume II. Page 42, colonne I. Chiet : du verbe choir, tomber.

[16] Li ars d'amour de vertu et de boneurté. Jean Lebel. Publié par Jules Petit. Bruxelles 1867, Victor

Devaux et Cie. Tome premier, page 167 chapitre IX.

[17] Li ars d'amour de vertu et de boneurté. Ibid. page 228.

[18] Dictionnaire historique de l'ancien langage Françoise. Ibid. Page 11 colonne II.

[19] Dictionnaire Roman, Walon Celtique et Tudesque. Par un religieux Bénédictin de la
Congrégation de Saint Vannes. Imprimerie de la Société Typographique. A Bouillon, 1777.
Page 200, colonne II.

[20] Michel Pastoureau, Directeur d'Etudes à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes. Vert,
Histoire d'une couleur. Seuil 2013

[21] France Culture. Emission du 12 novembre 2013. "Tout un Monde" présenté par Marie-Hélène Fraïssé :
De toutes les couleurs, Rencontre avec Michel Pastoureau (15h00 ; durée 30 minutes 16 sec),
à 26'16" "Le décrochement se fait à l'époque romantique, c'est-à-dire au moment où la nature devient
verte. Avant, la nature est de toutes les couleurs. La nature ce n'est pas la végétation,
ce sont les quatre éléments… La nature a quatre couleurs…"