Partenaire

Étymologie de Partenaire

Mot emprunté à l'Anglais "partener" [1] à la fin du XIIIe siècle et à l'anglo-normand "parcener" signifie "joint heir" ou "lié par héritage" et "part tenour" venant du latin "tenere" qui donnera le "ténor", celui qui tient.

En 1828, Outre Manche, le "Parcener" ou "co-parcener" est un "co-heir", ou "Celui qui détient une terre d'un ancètre en commun avec une autre personne [2])

En ce sens la traduction en grec de Partenaire ou "Partner" est celui qui fait partie de quelqu'un : "Sumpaistès" ("συμπαιστής ") [3]

En latin différence entre "pars", "partis" et "partitio"

Le français parzon, parçun, parcion, signifiant une part, une portion, vient du Latin. "partitio" division ou partition.

Partenaire : les "Parsonnier", les communautés de "taisibles" et 'Tontines"

En vieux Français "parçonnier" [4], ou "parsonnier" est celui qui est membre d'une communauté familiale paysanne que l'on nommait dans certaines provinces une communautés "taisibles" [5]. Lesquelles étaient maintenues sans mot dire à la mort du chef de famille.

Les dangers liés aux guerres, épidémies, famines, ont encouragé la constitution de ces groupes domestiques, qui assuraient ainsi la protection des individus et des familles.

Ces communautés de "parsonniers" étaient "tescibles" ou "tacites " dès le début de leur formation, et n'étaient régies par aucune loi (sinon par la coutume), et devinrent vite de véritables gouvenances. Le seigneur, peu compétent pour en régir la marche demandait à ce que les laboureurs et porteurs des parts soient "au même pot, au même sel, et au même feu", encourageant par là les mariages endogamiques mais aussi un système religieux et des communautés très fermées.

Alors que la communauté congugale, ne verra le jour qu'au début du XIXe siècle, la communauté "taisible" ou communautés de "parsonniers", se prolongera jusqu'au début du XXe siècle. sous forme d'une "tontine"[6].

Gilles Ménage décrit la "Tontine" dans son dictionnaire étymologique de la langue Française :

"La Tontine : On appelle ainsi l'Edit du Roi, donné a Versailles au mois
de Novembre 1689 registré au Parlement de Paris de premier décembre
suivant,
pour la création de quatorze cents mille livres de rentes
viagères sur l'hôtel de Ville de Paris, qui seront acquités suivant les
différents ages des acquéreurs,
avec accroissement de l'interet
des mourants au profit des survivants.
Et on l'apelle de la sorte,
à cause que Laurens Tonti, Napolitain,
en a été l'inventeur ; comme il paraît par l'Edit du Roi pour la création
de la Société de la Tontine royale,
donné à Câlons au mois
de Novembre 1653.
Cet Edit ne fut pas vérifié au Parlement. [7])."

Cette "Tontine" qui deviendra interdite dans les pays saxons [8] revêt ainsi la forme de la future rente, laquelle sera reprise sous une forme approchée pour le système de retraites instaurant les participants aux cotisants qui utilisent un fond de "perspective" privée !

"Parson" ou parsonnier est celui qui possède par part, qui a sa portion d'héritage [9] , on y rejoint ici la notion de "co-heir" que l'Anglais nous retournera avec ce mot beaucoup plus tard. Et parson ou "parsonerie" ou "parzon"est une association, complicité, participation ou adhésion.

On trouve initialement le terme de "parzoniers" et "parzon" dans les dialogues de Saint Grégoire [10] écrit au VIe siècle.

"Disons nos dunkes celui avoir esteit avoc soi ki s'en alat en
une lointaine contréie ki degustat la
parzon cui il avoit prise,
ki aerst en cele contréie à un des citains, ki paut les pors,
lesqueis il verroit mangier les leguns et si auroit faim
"

(Peut-on dire qu'il était avec lui-même, celui qui est parti vers une contrée lointaine, qui a dévoré la part qui lui était échue, s'est attaché à l'un des concitoyens de l'endroit, a nourri les porcs, les a regardé manger des caroubes et a eu faim ? [11] "

Ce "parzon" est reporté en Français par "part" dont la traduction latine est "portionem quam" dans ce même Glossaire de la langue romane.

Le "parsonaige", la "personne" et le "participant"

Le glossaire de la langue romane définit "parsonnaige", et "parsonne" comme : charge, dignité, emploi; personnage, rôle dans un mystère ou pièce de notre ancien théâtre. [12]

Dans le "Roman de la rose", composé un peu avant l'an 1280, les "parçonniers" sont des participants :

(Roman de la rose, verset n°1235)

"D'avoir avanciès aucuns homes,
Tuit du fait parçonniers nous somes…"
[13]

Ou :

"D'avoir avancié acuns homes, toz de ce fait parsoniers somes" [14]

Ce dernier vers indique pour Jean-Baptiste-Bonaventure de Roquefort dans son "Glossaire de la langue romane" [15] que le terme "parçonnier" signifie "participant".

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(16/08/2010, 21 08 2010, 10 nov 2010 ; 11 sept. 2022)
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[1] Etymology Dictionnary 2001-2010 Douglas Harper

[2] Dictionnaire Merriem Xebster 1828, "one who holds lands by descent from an ancestor
in common with another"

[3] Dictionnaire Alexandre Planche , page 693

[4] Dictionnaire Jean Nicot

[5] Ancien français taisible, taciturne, qui parle peu, du latin "tacere", se taire.

[6] Dictionnaire Armand Colin page 954, La Tontine, deTonti banquier Italien du 17e siècle, est une
société d'assurance mutuelle sur la vie dans laquelle les mises des associés décédés avant le moment
où doit se faire le partage sont répartis entres les survivants proportionellement à leurs mises.

[7] Dictionnaire Etymologique de Gilles Ménage. Paris, Briasson rue Saint Jacques 1750. Tome deux,
Page 532, colonne I.

[8] Annuity scheme where benefits increase as members die : convention par laquelle on partage
la rente aux membres d'une même institution

[9] Glossaire de la langue Romane, tome second. Par JB Roquefort. Tome second, pages 308 et 309.

[10] Dialogue de Saint Grégoire le Grand, "La vie de Saint Benoit, livre second, chapitre III-6

[11] Traduction du frère Paul de Cornulier, abbaye Saint Benoit de Port Valais

[12] Glossaire de la langue Romane, tome second. Par JB Roquefort. Tome second, page 309.

[13] Le roman de la rose de Guillaume de Lorris et Jean de Meung. Paris Didot Frères, Tome second,
Nouvelle édition de 1864

[14] Ibid, page 32

[15] A Paris 0808 chez B. Warée, libraire quai des augustins. Tome second, Page 309,