Histoire rapide du genre romanesque

Avant le début du XVIIe siècle, on appelle romans les récits de fictions écrits en langue romane, c'est-à-dire en ancien français. Mais ils ne ressemblent pas à ce que nous considérons maintenant comme des romans : on y trouve des éléments de merveilleux, comme dans les contes, et surtout, les intrigues et les personnages sont très convenus ou caricaturaux. Don Quichotte (1605-16015), de l'Espagnol Cervantes, est considéré comme le premier roman "moderne" car ses personnages ont davantage d'épaisseur, sont plus complexes et sont susceptibles d'évoluer dans le cours de l'intrigue.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le roman est populaire mais méprisé, considéré comme un sous-genre, souvent même jugé amoral et dangereux, en particulier pour les esprits faibles. La fiction est pour beaucoup synonyme de mensonge. Peut-être peut-on comparer son statut d'alors à celui des jeux vidéo au début du XXIe siècle. Aussi, beaucoup d'auteurs ne signent-ils pas leurs œuvres et le procédé qui consiste à faire passer le récit pour la réalité est-il couramment employé. Pour autant, depuis La Princesse de Clèves, le premier roman psychologique, le genre ne cesse de produire des personnages de plus en plus complexes qui, dans des cadres variés, rendent compte des multiples facettes de la nature humaine et de la société.

Au XIXe siècle, la lecture de romans est toujours contrôlée pour les jeunes filles et quelque incidents comme le procès de Mme Bovary interviennent mais le roman devient un genre littéraire majeur, respecté, et ses auteurs sont reconnus. Les romanciers réfléchissent leurs œuvres, travaillent énormément (Balzac, Flaubert...), appartiennent à des mouvements (romantisme, réalisme, naturalisme) et organisent de grands ensembles comme La Comédie humaine de Balzac ou les Rougon-Macquart de Zola. Le romantisme exalte l'approche psychologique des personnages mais bien vite, l'approche sociologique, dans laquelle les personnages deviennent emblématiques de types sociaux qui évoluent dans une société dont ils subissent les règles. Dans les romans de mœurs, le statut du romancier se teinte également de celui d'historien ou de journaliste.

Au XXe siècle, les auteurs du Nouveau Roman ont cherché à sortir des schémas romanesques traditionnels. Ainsi, les personnages, le déroulement chronologique du récit ou l'intrigue deviennent secondaires au profit d'autres éléments comme les objets ou des aspects formels.