De quelles façons les migrations internationales reflètent-elles l'interconnexion du monde et les inégalités entre les territoires et les populations ?
Certains migrants décident volontairement de partir. On les appelle les migrants économiques lorsqu’ils cherchent de meilleures conditions de vie et de travail. Par exemple, de nombreux travailleurs originaires d’Asie du Sud ou d’Afrique se rendent dans les pays du Golfe (Emirats Arabes Unis, Arabie Saoudite…) pour travailler dans le bâtiment ou les services. D’autres, très qualifiés, quittent leur pays pour trouver de meilleures opportunités professionnelles : c’est ce qu’on appelle la fuite des cerveaux (braindrain). L’Inde, les Philippines ou encore le Nigeria perdent ainsi une partie de leurs médecins et ingénieurs au profit des pays riches. D’autres migrations sont motivées par les études. Environ 6 millions d’étudiants poursuivent aujourd’hui leur formation à l’étranger, souvent dans les pays développés. En Europe, le programme Erasmus permet ainsi à des étudiants européens d’étudier ou de faire un stage dans des pays membres de l’Union européenne. Ainsi environ 150 000 étudiants en ont bénéficié en 2024. Certains migrants choisissent aussi de s’installer dans un pays plus agréable après leur carrière : ce sont les migrants retraités, nombreux à quitter l’Europe du Nord pour le sud du continent, comme au Portugal, ou encore vers le Maroc ou la Thaïlande, où le coût de la vie est plus faible et le climat plus doux. Mais beaucoup de migrations ne sont pas choisies. Les réfugiés fuient les guerres, les violences ou les persécutions. D’après le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), plus de 117 millions de personnes ont été déplacées de force en 2024, dont près de 40 millions de réfugiés à travers le monde. Les conflits en Syrie, en Ukraine, au Soudan ou en Afghanistan ont provoqué d’immenses déplacements de population. À côté d’eux, de plus en plus de réfugiés climatiques sont contraints de partir à cause du réchauffement climatique : montée du niveau des mers dans le Pacifique, sécheresses en Afrique, cyclones en Asie du Sud-Est. L’ONU estime que jusqu’à 200 millions de personnes pourraient être déplacées pour des raisons environnementales d’ici 2050. Enfin, une partie des migrations se fait sans autorisation légale. Ces migrants clandestins traversent les frontières sans visa, souvent au péril de leur vie. Chaque année, des milliers de personnes tentent de traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe. En 2023, plus de 3 000 migrants y ont perdu la vie selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Ces voyages dangereux montrent à quel point les inégalités entre pays riches et pauvres peuvent pousser des individus à tout risquer pour chercher un avenir meilleur. Une situation particulièrement visible est celle de la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Le Mexique a signalé que près de 1,39 million de personnes étrangères en situation irrégulière avaient été détectées entre janvier et mai 2024 sur le territoire mexicain. Nombreux sont ceux qui cherchent à passer la frontière vers les Etats-Unis malgré les politiques restrictives portées par Donald Trump.
Consigne : Analyse le texte et construis une typologie sous forme de schéma ou de tableau synthétique. Une typologie est un moyen de trier et de classer les informations selon des thèmes, des types d’acteurs, des types d’espaces…
Correction :
Question : Que peut-on conclure sur les inégalités entre les migrants ?
Correction :
Tous les êtres humains peuvent migrer, mais les possibilités de migration ne sont pas les mêmes selon les pays d’origine.
Les habitants des pays du Nord (États-Unis, Canada, Europe de l’Ouest, Japon…) disposent généralement de passeports très puissants qui leur permettent de voyager et de s’installer plus facilement et légalement dans de nombreux pays, souvent sans visa.
À l’inverse, les habitants des pays du Sud (Afrique, Asie du Sud, Moyen-Orient…) rencontrent beaucoup plus d’obstacles administratifs et économiques pour migrer légalement : obtenir un visa coûte cher, est long et souvent refusé. Résultat, ils sont davantage concernés par les migrations subies (guerres, climat, pauvreté) et par les migrations illégales, parfois au péril de leur vie.
Les migrations internationales révèlent donc de fortes inégalités entre les pays.
Pour aller plus loin !
Une vidéo du dessous des cartes qui traite des routes migratoires vers l'Union européenne.
Une vidéo du dessous des cartes qui traite de la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis : la Mexamérique.
Un exemple de migration en Amérique centrale : la forêt du Darien entre la Colombie et le Panama, une route dangereuse.
Géohistoire - les migrations au XXème siècle
Une vidéo du dessous des cartes qui revient sur l'histoire de l'immigration en Europe depuis le XXème siècle.
Question : Analyse les documents et déduis quels sont les conséquences des migrations dans les espaces de départ et les espaces d’arrivés.
Correction :
Les migrations transforment les sociétés et les espaces dans les territoires de départ et d’arrivée.
Pour les pays de départ, les migrations entraînent une perte de la population active. Les jeunes adultes quittent le pays ce qui peut faire baisser le chômage mais aussi freiner le développement en raison de la « fuite des cerveaux » quand les personnes très diplômées partent. Les diasporas envoient de l’argent à leur famille, les remises, qui sont parfois un élément important pour le développement du pays et l’amélioration des conditions de vie des familles.
Pour les pays d’arrivée, voire de transit, l’immigration fournit une main d’œuvre dans les emplois qualifiés (santé…) et peu qualifiés (construction, agricultures…). Les pays voient leur diversité culturelle s’accroître (langue, cuisines, religions…) entraînant un enrichissement culturel mais aussi des difficultés d’intégration. Ainsi, des tensions sociales voient le jour à travers des discriminations et la montée des partis nationalistes. Aussi, les frontières sont transformées vers une plus grande surveillance, voire une limitation, des flux (barrières anti migrants, systèmes de surveillance…).
Pour aller plus loin !
Lis cet article et explique le paradoxe entre ce que pense l'opinion publique britannique et la réalité des chiffres du solde migratoire. Quelles sont les conséquences politiques ?