1836,

Le Val-de-Grâce à Paris

1836, Le Val-de-Grâce à Paris

C’est par ordonnance royale du 12 août 1836 qu’est créé à Paris l’« Hôpital de perfectionnement », destiné à compléter l’enseignement prodigué dans les hôpitaux d’instruction.

Bégin, en 1842, propose de remplacer les hôpitaux d’instruction par une seule « école préparatoire » et de transformer le Val-de-Grâce en une structure d’application appelée « École Nationale de Médecine Militaire » mais il n’est pas suivi.

Il faut attendre le 9 août 1850 pour que paraisse un décret créant au Val-de-Grâce l’«École d’Application de la Médecine Militaire ». Ce décret précise que « les docteurs en médecine admis à servir dans l’Armée feront un stage d’une année à l’hôpital du Val-de-Grâce qui devient École d’Application ». Ce texte est clair : aux facultés la formation médicale, à l’école d’application la pratique spécifique.

Le 13 septembre 1850, Alquié est le premier directeur de la nouvelle école, dans un contexte particulièrement difficile : absence de règlement intérieur de l’institution, avenir incertain du Corps de santé, etc. Il faut attendre 1853 pour que l’Ecole fonctionne convenablement au sein de structures solides, avec un personnel complet. Les concours d’entrée se succèdent efficacement à partir d’élèves recrutés à l’issue des études médicales universitaires. Le 5 juin, une note ministérielle indique l’ouverture d’épreuves pour l’admission de 40 médecins aides-majors et 15 pharmaciens aides-majors à l’«École Impériale et Spéciale de Médecine et Pharmacie Militaires ».

En 1856, Alquié, atteint par la limite d’âge, est remplacé par Michel Lévy, qui dirigera l’École pendant 16 ans, assurant à l’École un développement et un essor exceptionnels. On lui doit la rédaction détaillée du règlement du régime intérieur et la rédaction du programme pédagogique de l’École. Il obtient l’indépendance des locaux, donne une entrée particulière à l’École, fait édifier deux amphithéâtres et les laboratoires de physique et de chimie, crée une bibliothèque.

Il augmente également la capacité de l’hôpital en faisant construire deux pavillons de deux étages dans les jardins ; dès 1856, il crée la chaire d’Epidémiologie et maladies des armées, qu’il confie à Louis Laveran (père d’Alphonse Laveran). Michel Lévy obtient la création de l’école de Strasbourg, qui a pour mission de « grouper et maintenir pendant leurs études, sous la discipline militaire, les étudiants en médecine et en pharmacie qui se destinent au service de l’Armée », l’école du Val-de-Grâce devenant école d’application.

En 1872, Louis Laveran succède à Michel Lévy. Sa première préoccupation, liée à la disparition de l’école de Strasbourg, est de faire admettre dans les facultés les élèves de l’école dissoute, pour ne pas tarir la source de recrutement du Val-de-Grâce, puis d’assurer la suite de cette conscription par la voie des concours à partir des universités, jusqu’à ce que soit créée la nouvelle école à Lyon.

En 1888, Gaujot ouvre le laboratoire de bactériologie, qui ne sera détruit qu’en 1990, introduit l’enseignement pratique de l’art dentaire, dissocie les disciplines d’hygiène et de médecine légale, et ébauche une instruction sur les maladies mentales.

Jusqu’à la Première Guerre Mondiale, l’Ecole connut une période d’expansion et de progrès et acquit une notoriété internationale par la qualité de ses enseignants. Elle dut malheureusement fermer ses portes le 2 août 1914, tandis que l’hôpital devenait la plus grande formation sanitaire de Paris.

L’école ouvrit à nouveau ses portes le 6 novembre 1919, avec un cursus raccourci, pour accueillir rapidement les promotions issues de Lyon dont nombre de membres avaient dû précipitamment, dès l’armistice, achever des études perturbées par la guerre. La chaire de « radiologie et électrologie » est créée en 1920 : c’est la première en France.

Entre les deux conflits mondiaux, l’école et ses deux hôpitaux d’instruction (Val-de-Grâce et Percy) poursuit sa mission sans bouleversements, chacun des cinq directeurs qui l’animent – C. Dopter, H. Rouvillois, L. Lévy, R. Paitre, G. Worms – lui apportant son empreinte particulière et telle ou telle modification imposée par l’évolution de la médecine ou les besoins des armées.

Le 3 septembre 1939, l’institution est à nouveau dissoute.

Dès la Libération, l’école d’application retrouve le Val-de-Grâce, sous la direction du médecin général Hugonot.


8 chaires se partagent l’enseignement et 14 agrégés leur sont attachés : hygiène et prophylaxie ; neuropsychiatrie ; médecine légale, législation, administration, déontologie ; chirurgie de guerre ; appareillage et orthopédie, médecine opératoire et thérapeutique chirurgicale ; chirurgie spéciale ; radiologie, électrologie et physiothérapie ; chimie appliquée à la biologie et aux expertises.
L’arrêté du 29 mai 1954 modifie l’appellation de ces chaires, qui deviennent : épidémiologie et maladies des armées ; hygiène militaire ; organisation, législation et sélection médicales dans l’armée ; chirurgie de guerre ; chirurgie réparatrice de guerre ; tactique sanitaire et chirurgie spéciale de guerre ; électroradiologie et physiothérapie dans l’armée ; chimie appliquée à la biologie et aux expertises dans l’armée.

Désormais, l’école va recevoir pour un stage d’application de 7 à 8 mois les médecins et pharmaciens issus de la faculté et de l’ESSM de Lyon ; les médecins et pharmaciens admis dans l’armée après concours ; les officiers d’administration à leur sortie de l’école de Lyon.

De 1945 à 1954, le Service de santé paie un lourd tribut à la guerre d’Indochine. Dès leur sortie de l’école d’application, des promotions entières partent pour l’Extrême-Orient. À partir de 1955, les opérations d’Algérie concernent les nouvelles promotions. Ces conflits modifient sensiblement le recrutement des malades hospitalisés. À tous les problèmes de chirurgie réparatrice vont s’ajouter ceux liés à la pathologie tropicale et à plusieurs affections endémo-épidémiques (hépatites, poliomyélite, typhoïde, amibiase, shigelloses, etc.). Plusieurs centaines de lits sont occupés par ces patients et les effectifs médicaux deviennent insuffisants car le nombre d’assistants recrutés ne varie pas. On recrute alors une nouvelle catégorie de médecins, chirurgiens et spécialistes, nommés adjoints aux agrégés chefs de service.

École d’application du Service de Santé Militaire (1949-1965)

École d’application du Service de Santé Inter Armées (1966-1975)

École d’application du Service de Santé des Armées pour l’Armée de Terre (1975-1993)

École d’application du Service de Santé des Armées (1993-2008)

École du Val-de-Grâce (depuis 2008)

À partir de 1968, la fusion des services de santé est entreprise. Le 31 juillet paraît la loi qui, pour les médecins, les pharmaciens et les officiers d’administration, unifie définitivement le Service, fixe la hiérarchie et les conditions d’avancement, répartit les effectifs selon les grades et crée le corps des sous-officiers. Cette loi, mal comprise, entraîna une vague de démissions et n’eut pas d’effets immédiats. Il fallut attendre le décret du 17 mai 1974 portant « statut particulier des médecins et pharmaciens des armées ».

Le 9 février 1970 est publié un décret remplaçant l’école par une « École d’Application du Service de Santé des Armées » où sont admis tous les officiers du Service. Aux anciennes écoles d’application se substituent des écoles de spécialisation destinées à recevoir, à l’issue de leur stage au Val-de-Grâce, les nouveaux officiers pour une période brève d’enseignement à la carrière choisie. Ce décret précise également une nouvelle répartition des postes au Val-de-Grâce, avec 10 chaires : épidémiologie ; hygiène et ergonomie ; médecine d’armée ; psychiatrie ; chirurgie de guerre ; tactique chirurgicale ; chirurgie spéciale ; réanimation ; électroradiologie ; biochimie.

En 1975, ce dispositif est annulé, les écoles d’application réapparaissent et l’école du Val-de-Grâce devient « École d’application du Service de Santé des Armées pour l’Armée de Terre ». L’enseignement prodigué a trait essentiellement « aux missions au cours de la première affectation en unité ».

Le 18 septembre 1985, suite à la réforme des études médicales, « l’Instruction 1000 » instaure un programme commun aux quatre écoles, qui respecte :

  • les objectifs fondamentaux légaux dont le but est de « promouvoir la médecine générale dans une approche globale de l’individu malade, tout en mettant l’accent sur la prévention et la dimension collective des problèmes de santé »,

  • les nouvelles méthodes pédagogiques « fondées sur l’autonomie responsable des élèves et leur participation active à l’enseignement »,

  • un volume horaire de 200 heures, ramené à 150 en 1987.

Comparativement aux anciens programmes apparaissent ainsi de nouvelles et importantes rubriques concernant les comportements médicaux en situations cliniques fréquentes ou graves et la thérapeutique appliquée. Mais les questions d’épidémiologie, hygiène, prévention, exercice professionnel, qui figurent également au programme des universités, continuent à être traitées comme auparavant.

Aujourd’hui, ne subsiste que l’École du Val-de-Grâce. Son organisation et son enseignement sont précisés dans le « livre de l’École du Val-de-Grâce », édité sous forme d’annales.