Médecin, engagé volontaire
13° Demi-Brigade de Légion Étrangère
Quartier général n° 50
André Lichtwitz est né le 31 octobre 1899 au Bouscat en Gironde de parents négociants en vins à Bordeaux.
Mobilisé en avril 1918, il fait ses classes dans un régiment d'artillerie puis il est envoyé sur le Front en juillet 1918 dans le 4e Régiment d'Artillerie Lourde.
Démobilisé, il fait des études de médecine à Paris. Interne des hôpitaux de Paris en 1924, il devient sur concours de médecin des hôpitaux de Paris et exerce à l'hôpital Lariboisière.
Médecin personnel de Paul Reynaud, il est mobilisé comme médecin-capitaine de réserve en septembre 1939 et affecté à un hôpital de l'Intérieur.
Il demande à servir au Front et il est envoyé comme médecin-chef au 85e Régiment d'infanterie faisant partie de la 45e Division d'infanterie. Il s'illustre au cours des combats de juin 1940 sur l'Aisne et la Vesle contre l'avancée allemande. En effet le 10 juin 1940 Lichtwitz prend spontanément le commandement d'une compagnie dont les cadres sont hors de combat, arrête son mouvement de repli, la ramène en ligne et l'y maintient pendant 8 heures jusqu'au moment où parvient l'ordre de se replier.
Le lendemain 11 juin, au cours du repli de son unité à Chatillon-sur-Marne, il réussit à évacuer sous le feu tous ses blessés et quitte la ville en dernier, juste avant la destruction du pont de Port à Binson en transportant un blessé sur son dos sous des tirs très violents d'infanterie et un intense bombardement.
Parvenu sur la rive sud, trouvant des éléments d'infanterie privés de cadres, il organise la défense aux abords du pont jusqu'à l'arrivée d'officiers. Il installe ensuite un poste de secours aux abords du même pont.
Il est démobilisé lors de l'Armistice et refusant la défaite, il cherche immédiatement à constituer un mouvement de résistance en France.
Fin 1941, il s'évade par l'Espagne où il est emprisonné pendant trois mois avant de gagner le Portugal.
Mi-avril 1942, le général de Gaulle tombe très gravement malade sans qu'aucun médecin ne parvienne à établir de diagnostic. Le lieutenant-colonel Billotte, membre de l'Etat-major particulier, ayant appris la présence à Lisbonne du Dr Lichtwitz et connaissant sa réputation, obtient des Britanniques de le faire venir d'urgence par avion à Londres. Après un premier examen, André Lichtwitz diagnostique une crise aigüe de paludisme et quelques jours plus tard, le chef des Français libres est rétabli.
Engagé dans les Forces Françaises Libres, le général de Gaulle le recommande au général Catroux en Lybie afin qu'il serve, selon son désir, le plus près possible des premières lignes.
Affecté à la 1ère Division Française Libre, il dirige d'abord la liaison infanterie-chars de la division et prend le commandement des groupes d'assaut avec lesquels il participe à toutes les campagnes de son unité.
Lors de la seconde bataille d'El Alamein, le 24 octobre 1942, il se distingue comme médecin-chef du 2e Bataillon de la 13° Demi-Brigade de Légion Étrangère (13e DBLE) en partant en tête avec les deux compagnies d'attaque de son bataillon soignant sous les balles les blessés et ramenant deux prisonniers italiens.
Nommé médecin-commandant, il prend part en 1943 à la campagne de Tunisie.
Insigne de la 13° Demi-Brigade de Légion Étrangère
Insigne de Quartier Général 50 de la 1°DFL
Il débarque à Naples le 27 avril 1944 et il est affecté à la compagnie de Quartier Général 50.
Toujours volontaire pour les missions dangereuses, il est chargé le 11 mai de faire la liaison entre l'infanterie française et les chars américains lors de la percée de Garigliano. Le 14 mai, il est atteint par des éclats d'obus.
À peine guéri, il rejoint la Division et donne encore des preuves de son courage à Radicofani où il reste constamment avec les éléments de pointe malgré le feu de l'ennemi. De nouveau blessé par des éclats d'obus le 15 juin, il participe néanmoins à la destruction de deux chars "Panther" deux jours plus tard.
Il est une troisième fois blessé le 18 juin par l'éclatement d'une mine puis une dernière fois touché le lendemain lorsque sa voiture, atteinte de plein fouet par un obus, prend feu.
Le 16 août 1944, André Lichtwitz débarque à Cavalaire en Provence puis participe à remontée vers Toulon, Marseille, Lyon et enfin à la campagne d'Alsace où il organise et dirige l'opération qui aboutit à la prise de la cote 620 qui défend Belfort.
Promu au grade de médecin lieutenant-colonel, il forme en mars 1945, un groupe d'assaut divisionnaire formé de trois sections.
Dirigé après l'Alsace vers l'Armée des Alpes, il attaque l'ennemi le 10 avril 1945 sur le piton nord du massif de l'Authion. Après avoir réduit une casemate blindée, il dégage une compagnie voisine lui permettant, malgré ses pertes sévères de conserver une position essentielle. Le lendemain, il dirige personnellement l'assaut du fort de Mille Fourches et contraint les 28 Allemands de la garnison à se rendre.
Le 12 avril, il joue un rôle important dans l'assaut et la chute de Plan-Caval : fortification faisant partie de la ligne Maginot dans la commune de Breil-Roya dans les Alpes-maritimes
C'est en grande partie à l'action d'André Lichtwitz et de ses hommes que les forces françaises doivent la prise du massif de l'Authion et la libération de la vallée de la Roya.
Dès la fin de la guerre, le docteur Lichtwitz est envoyé par le gouvernement provisoire aux États-Unis pour y accomplir une mission d'information médicale.
De retour en France, il quitte l'enseignement clinique pour la recherche et fonde le Centre du métabolisme phosphocalcique à l'Hôpital Lariboisière tout en étant le médecin personnel du général de Gaulle.
Ce dernier, dont il est aussi l'ami, lui confie au moment du putsch d'Alger en 1961 un testament politique sous enveloppe « à n'ouvrir que si je disparais ».
André Lichtwitz est décédé le 19 juillet 1962 à Villejuif.
Il est inhumé dans le cimetière de Montparnasse à Paris.
Grand officier de la Légion d'Honneur
Décorations :
Grand officier de la Légion d'Honneur
Compagnon de la Libération - décret du 7 mars 1945
Croix de Guerre 14/18
Croix de Guerre 39/45 (5 citations)
Médaille de la Résistance avec rosette
Médaille Coloniale avec agrafe "Tunisie 1942-1943"
Médaille des Services Volontaires dans la France Libre.
Publications :
Linné André (nom de plume de Lichtwitz André), Nessler Edmond. Les Champs secrets, Editions Charlot, Alger 1944.
Lichtwitz André, Bonaventure Pierre. Le Retour des Insolents, Éditions Raoul Solar, 1948.
Michel Desrentes – médecin en chef (H) – Santé Navale - promotion 1965