Nous découvrons chaque jour de nouvelles absurdités! Ci-dessus, une jolie zone de "nature en ville" sur le chemin de la Patelière. 30 arbres dont 20 chênes, quand même! Annie Ladreyt nous signale qu'elle est menacée de disparition car il est prévu de transformer cette bande verte en "surface de stationnement" pour 5 véhicules, avec quelques malheureux petits arbres replantés pour respecter la règle du 1 pour 1!
ANALYSE DE LA D.R.E.A.L. DU DOSSIER D' ENQUETE PRESENTE PAR LE SYTRAL
En attendant de consulter le dossier d'étude d'impact en mairie, vous trouverez en pièce jointe l'avis de la DREAL sur l'étude ( Direction de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement). Attention, il ne s'agit pas d'un avis sur le projet du Sytral mais d'un avis sur l 'étude réalisée pour l'enquête par un bureau spécialisé...
Cela nous permet indirectement de découvrir le contenu de l'étude d'impact, son étendue, sa diversité et les observations faites par les contrôleurs de l'Autorité Environnementale.
L'étude présente un inventaire de l'état initial de l'environnement, des niveaux de pollution, des habitats naturels et du corridor écologique de l'Yzeron, des espèces protégées ( chiroptères, reptiles, amphibiens, ainsi que le lucane cerf volant, inscrit à l'annexe II de la directive Habitats), des niveaux sonores mesurés. La synthèse de cet état initial est jugé de très bon niveau...
Le rapport juge aussi très positif le fait que le Sytral ait mis en concurrence plusieurs variantes pour étudier "l'ensemble des solutions raisonnablement envisageables"! "La justification du choix est étayée par une analyse multicritères adaptée..." On découvre ainsi que les pseudo-études comparatives effectuées au printemps en réponse à Mr Lambert - sur la base de critères tellement exigeants ( double voie unidirectionnelle +2 voies auto +2 trottoirs de 1,40 m) que la discussion était biaisée d'emblée - ont encore servi, comme garantie de qualité cette fois...(" cette solution semble être celle qui offre le meilleur rapport efficience/impact")
L'analyse d'impact fait ainsi apparaître:
- un excédent en matériaux, donc un problème de dépôt à résoudre,
- des risques d'instabilité géotechnique (études encore à lancer)
- l'imperméabilisation de 1, 7 ha et des rejets en milieu naturels
- un dispositif d'assainissement à créer.
- une augmentation des émissions de gaz à effet de serre du fait du projet!! c'est donc une "vraie réussite" puisque les projets d'amélioration des transports en commun visent d'abord à réduire ces émissions en obtenant un report modal (ici, l'équilibre escompté entre l'augmentation et la réduction des émissions ne sera obtenu qu'à la condition que le report modal réussisse, ce que le rapport de la DDT estime optimiste!).
- la disparition d'habitats naturels"de faible valeur patrimoniale" sur 0,4 ha,
- l'accroissement des pollutions lumineuses
- la dégradation de l'ambiance sonore pour la période d'activité de LEOL, avec un "modification significative" pour 5 points de mesure: entre la simulation et les mesures effectuées, des écarts dépassent parfois 2 décibels, jusqu'à 11 db . Il faudra donc vérifier après la mise en service si certaines zones ne seraient pas éligibles à protection acoustique, mais aucun point d'analyse ne dépasserait les 60 décibels entraînant une interdiction.
Les mesures environnementales envisagées pour réduire ou compenser l'impact vont imposer une dépense de 6,5% de l'investissement global (soit plus d'un Million d'euros).
Ainsi, le niveau de qualité du dossier est jugé élevé pour la plus grande partie, le projet est considéré comme "globalement vertueux" du point de vue de l'environnement puisqu'il vise à renforcer les transports en commun et à réduire les déplacements en véhicules particuliers! La concertation aurait permis "une bonne participation du public"!
Le rapport vérifie ensuite la compatibilité du dossier avec les réglementations, comme il y a des espèces protégées, un dossier de demande de dérogation au titre de l'article L411-2 du code de l'environnement devra être déposé mais il existe des mesures réductrices et compensatoires pour les espèces concernées.
Il vérifie aussi l'adéquation des mesures de réduction et de compensation et ne semble pas totalement emballé.. Les mesures envisagées restent "à préciser" dans plusieurs domaines ( assainissement du chantier, prévention des atteintes aux espèces, mise en place d'un réseau pluvial pour compenser le bitumage, les risques d'instabilité géotechnique, prévention des pollutions et des nuisances acoustiques).
Est annoncé aussi un dispositif de suivi - financé par le maître d'oeuvre et réalisé par une association de protestion de l'environnement ou par un bureau d'études spécialisé - des éléments suivants:
- suivi environnemental du chantier
- suivi des amphibiens pendant les 1ères années après mise en service, avec engagement d'actions correctrices si nécessaire (après coup, ce sera sûrement facile de reconstituer la population de salamandres!!)
- pilotage des mesures de préservation à mettre en oeuvre dans les secteurs sensibles ( vallon Tourette- Patelière et bois de Cachenoix)
- suivi des arbres préservés à proximité du chantier
- contrôle des eaux d'assainissement
- mesures de bruit après mise en service.
Ces précisions nous permettent de souligner l'importance et la réalité de l'impact de ce projet dans de nombreux domaines.
On voit comment l'analyse d'impact s'est considérablement perfectionnée, que tout est pris scrupuleusement en compte mais que rien n'arrête vraiment le projet: il y a toujours une mesure compensatrice éprouvée et un suivi après-coup qui permettent de "tolérer" les nuisances sonores, lumineuses, la dégradation de la qualité de l'air, la dégradation des espaces naturels, la disparition d'habitats protégés, l'imperméabilisation de 1,7 ha, même l'augmentation locale des émissions de gaz à effet de serre... Ce sont les mêmes mesures de réduction ou de compensation d'impact qui permettront d'obtenir les nombreuses dérogations nécessaires pour passer outre aux mesures de protection dont cette faune bénéficie officiellement.
Ne vous inquiétez pas, on saccage, mais le strict minimum, et on assurera le suivi sur plusieurs années!
De même, que valent vraiment ces passages à faune annoncés pour rétablir la trame verte ?
N'est-ce pas un emplâtre sur une jambe de bois ?
une caution verte d' un projet anti-écologique ?
une technique qui ne se justifie que dans les cas où on ne peut réellement pas faire autrement!
une technique qui se banalise, en se dévoyant ici de son objectif initial puisque elle devient même un élément positif du dossier!