(rédigé le 28/05/2010 )
Ce projet LEOL ne s'inscrit pas réellement dans une logique de développement
durable.
S’engager pour le développement durable, ce n'est pas seulement créer de
nouvelles lignes de transport en commun, c’est prendre en considération toutes les
dimensions d’un problème d’aménagement urbain et trouver des compromis entre
ces différents principes:
1. La protection des espaces verts et la limitation du développement urbain
2. La lutte contre le réchauffement climatique et la promotion des déplacements doux
3. La protection de lieux de vie, de partage, de détente, de bien-être et de nature en milieu urbain.
L'arbitrage à réaliser est complexe. Il est donc important de bien cerner tous les
enjeux du problème avant d'engager un tel projet. Or, si l’on étudie chacun des
enjeux cités, le projet LEOL n'est pas cohérent avec une logique de développement durable.
1. Principe de protection des espaces verts et de limitation du développement
urbain
Le tracé du LEOL proposé passe par la zone boisée entre la Tourette et la Patelière, ce
qui impose la création d’une route et la destruction des espaces verts de cette zone.
Ainsi, cette route, destinée à relier le centre de la ville de Lyon à l’extérieur de
la ville, est directement la conséquence de l’étalement urbain.
L’étalement urbain correspond à l’augmentation des surfaces artificialisées en
périphérie des villes. À long terme, cela empêche la pénétration des eaux de pluie et
favorise le ruissellement et l’érosion des sols. L’étalement urbain contribue aussi à la
disparition de la faune et la flore ce qui entraîne la raréfaction de certaines espèces
et perturbe l’équilibre écologique (fleurs, oiseaux, abeilles…) De ce fait, LEOL contribue
lui-même directement à l'aggravation de l'impact de la ville sur l'environnement.
En France, la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbain) du 31 décembre 2000
vise à limiter l'étalement urbain. Le principe est de redensifier les villes et de favoriser
le Renouvellement urbain en réhabilitant l’existant pour l’adapter à de nouveaux
usages.
Il est donc reconnu comme capital de limiter les projets d'urbanisation par étalement
qui se font au détriment des zones naturelles. Dans le cadre du projet LEOL, la
logique de renouvellement urbain serait donc, pour désengorger l’avenue Edouard
Millaud, de réaménager l’avenue en créant une voie dédiée aux bus ou de modifier
le tracé de la ligne en passant au maximum par des routes déjà existantes .
2. Principe de lutte contre le réchauffement climatique et la promotion des
déplacements doux.
Pour encourager l’usage des transports en commun, il serait efficace d’augmenter le
nombre de bus à soufflet pour assurer des places assises à tous les usagers et
renforcer la ligne 73 pour décharger le 74.
À terme, le projet ATOUBUS, dont LEOL fait partie, vise à faire aboutir la ligne 73 à
Gorge de Loup et ne desservira plus Perrache depuis Craponne. Or le développement en
cours des quartiers de la Confluence fait de la Presqu’île jusqu’à Montrochet un lieu
d’implantation majeur pour de nombreuses entreprises et prochainement pour le Conseil
Régional. Il paraît donc peu pertinent de supprimer une ligne qui pourrait être plus
utilisée si la fréquence des bus était augmentée et qui sera amenée à se développer.
Le projet de développer une nouvelle ligne de bus ne paraît donc pas être la solution
la plus évidente pour encourager l’usage des transports en commun. La fréquence
de la ligne existante 73 pourrait déjà être augmentée aux heures de pointe pour
décharger la ligne 74, améliorer le confort dans les bus et donc l’usage des
transports en commun.
Si l’objectif à long terme est de permettre un trafic fluide dans l’avenue Edouard
Millaud par le passage du tout-voiture à la valorisation des transports en commun,
la création de cette nouvelle voirie empêchera tout investissement financier pour améliorer
la situation dans l'Avenue.
Il est peu logique d’utiliser des méthodes non durables pour créer la ville durable de
demain. Le changement des usages se fera grâce aux changements des mentalités.
Des campagnes de valorisation de l’usage des transports en commun, des solutions
pratiques pour garer sa voiture à proximité des départs de lignes, associées à des
systèmes d’abonnement à des tarifs préférentiels pourraient permettre des
changements de comportements adaptés.
3. Principe de protection de lieux de vie, de partage, de détente, de bien-être et
de nature en milieu urbain
Le tracé du projet LEOL implique la destruction d’un chemin piéton naturel, reliant les
quartiers de la Tourette et de la Patelière au bois de l’Yzeron, dernier lieu de
promenade agréable de Craponne. Ce chemin piéton attire plus de 200 promeneurs
le dimanche et rassemble à la fois piétons, cyclistes, joggeurs, familles et
poussettes.
À l’heure où les communes péri-urbaines de Francheville et Craponne s’urbanisent de
plus en plus, où le Grand Lyon met en place des projets pour recréer des lieux de
promenade végétalisés pour retrouver du bien-être et de la nature en centre-ville
(projets d’aménagement des Berges du Rhône et des Rives de Saône), il paraît peu
cohérent de détruire les derniers sites naturels de nos communes.
Les notions de bien-être et d’amélioration du cadre de vie font partie des critères
pour la mise en place d’une ville durable. Cheminement piétonniers, espaces de
détente et de loisirs sont aujourd’hui des éléments indispensables des projets
d’aménagement urbains durables.
Si le plan Ville durable lancé par Jean-Louis Borloo le 22 octobre 2008, dans la
logique de l’Engagement Grenelle, intègre des appels à projets « Transport en
commun en site propre », il intègre également le plan « Restaurer et valoriser la
Nature en Ville ». Il n’est donc pas cohérent avec la logique du développement
durable de vouloir créer à tout prix des « sites propres » si ceux-ci ne s’intègrent pas
dans une logique globale de protection et valorisation des lieux de nature en ville.
Enfin, dans la logique du plan Ville durable, a été lancée la démarche EcoCité
qui vise à identifier des stratégies de développement urbain exemplaires (en termes de
conception, de concertation et de mise en oeuvre). Nous pouvons déjà affirmer que
le projet LEOL ne s’inscrit pas dans cette logique car le tracé a été décidé avant la
concertation publique et les études des différentes possibilités de tracé utilisant les
voies déjà existantes, plus adaptées au contexte des communes de Craponne et de
Francheville, n'ont pas été effectuées dans des conditions équitables.
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