Midnight Lightning

Release Date
novembre 1975

Face 1

1. Trash Man
2. Midnight Lightning
3. Hear My Train A Coming
4. Gypsy Boy

Face 2

1. Blue Suede Shoes
2. Machine Gun
3. Once I Had a Woman
4. Beginnings

Midnight Lightning reprend la même formule que Crash Landing, mais là où le précédent se voulait funky, Midnight Lightning était sensé montrer l'aspect blues de Jimi.
L'album est encore pire : la publication des enregistrements originaux montrera par la suite l'ampleur du naufrage et les ventes seront d'ailleurs nettement plus confidentielles.
L'album s'ouvre avec "Trashman", peut-être le meilleur titre des deux recueils.
D'une jam informelle de l'Experience, Alan Douglas a créé un instrumental énergique, autrement plus carré, l'idée de superposer les divers plans joués par Jimi n'est pas mauvaise : il extrapole les idées de Jimi sans totalement les dénaturer.
Étonnamment, ce sont les guitares rythmiques de la première partie qui sont les moins réussies, alors que les parties lead qui accompagnent la guitare de Jimi sont correctes.
C'est un des rares titres où le travail de Douglas est défendable.
En revanche, "Midnight Lightning", le titre, est une véritable catastrophe avec ses chœurs féminins horribles.
Pendant longtemps, l'unique version studio de "Hear My Train A Coming" fut celle ici présente, loin d'être inoubliable, mais pas catastrophique non plus : le titre n'est pas totalement dénaturé (même si le son de la basse est loin d'être convaincant).
"Gypsy Boy" (en fait un proto-"Hey Baby") est le pire titre des deux albums, les voix féminines et la guitare rythmique dépassent l'entendement en matière de mauvais goût...
En ce qui concerne la prise dédouglassisée, on notera quelques divergences avec la version de Rainbow Bridge :
- La grille d'accords est un peu différente : au lieu d'un cycle de deux mesures de type I Am G I F D I, on se rapproche plus de "White Room" ou "Tales Of Brave Ulysses", mais en La.
- Le refrain n'a pas encore de grille d'accords spécifique, ce qui rend le tout nettement plus plat.
Avec "Trashman", "Blue Suede Shoes" est l'autre réussite de Douglas, à partir d'une jam informelle (celle du Band Of Gypsys enregistrée le 23 janvier 1970, dont un extrait fut déjà publié sur Loose Ends), il crée un funk rock qui balance bien et Jimi chante les paroles de "Who Knows" à un moment.
Suit la seule version studio de "Machine Gun" publiée à ce jour, pas trop dénaturé, mais version totalement inutile.
"Once I Had A Woman"... ou la preuve qu'il ne suffit pas d'être un requin de studio pour jouer correctement le blues : c'est un massacre épouvantable qu'il nous est donné d'entendre, entre les chœurs féminins, la guitare rythmique et, sacrilège ultime, le delay rajouté sur la guitare de Jimi, c'est à se demander si Douglas pouvait vraiment faire pire.
L'album se termine par une version de "Beginnings", très inférieure à celle déjà publié sur War Heroes trois ans plus tôt.
Seul le solo central (à 1:27) doit être de Jimi Hendrix, et est très différent de celui que l'on connait.
Là encore, le résultat est très dénaturé : ça sonne à peine comme du Hendrix, on dirait une reprise par un groupe de jazz rock qui joue propre de chez propre.
Au final ? En faisant ainsi abstraction de tout critère moral, je retiens deux réussites, deux titres pas trop massacrés mais inutiles, et 4 catastrophes : d'autres producteurs auraient été plus brillants que Douglas à ce petit jeu.