01 mai 1970

Milwaukee (Milwaukee Auditorium)

Titres :
1. Spanish Castle Magic
2. Lover Man
3. Hear My Train A Comin'
4. Ezy Ryder
5. Freedom
6. Message To Love
7. Foxy Lady
8. Star Spangled Banner
9. Purple Haze
10. Voodoo Child (Slight Return)

Le concert de Milwaukee marque la troisième étape du "Cry Of Love Tour", et le début d'un second week end de concerts bien chargé, les titres joués ce vendredi 1er mai 1970 sont tous présents sur la setlist de la première donnée au LA Forum, la performance est cependant plus courte, tout en étant plus longue que celle de Sacramento, on notera l'absence de "Machine Gun", et un répertoire finalement pas si éloigné que ça de celui de l'ultime tournée du Jimi Hendrix Experience.
C'est avec Spanish Castle Magic, seul rescapé Live du second album studio de l'Experience, que Jimi Hendrix, Billy Cox et Mitch Mitchell (annoncés comme le "Jimi Hendrix Experience") ouvrent les hostilités à Milwaukee, le début est assez classique : on retrouve ces traits d'inspiration blues, considérablement durcis, joués avec énergie, mais Hendrix enchaîne avec la citation de "The Breeze And I", en tenant les notes avec le feed back et son vibrato, après le second couplet le solo de Jimi est construit selon un schéma différent des versions de la semaine précédente, un solo de cinq minutes où l'inspiration ne retombe quasiment jamais.
Après un court passage en percussion, il emploie ensuite sa technique si particulière mélangeant hammering et vibrato, produisant un son presque aquatique (qu'on entend à la fin de la version officielle de "Machine Gun", avant le déluge sonore), avant de conclure dans une veine similaire à la première partie, contrairement à la version de Sacramento, Hendrix reprend le chant et termine le titre normalement.
Lover Man, classique en début de set, est joué tambour battant, bien rodé, et (presque) parfaitement efficace... si ce n'est un pain de Jimi en rythmique, après un petit discours où Hendrix nous rappelle que "seuls les cow-boys restent accordés", il attaque seul l'introduction de Hear My Train A Comin', le solo commence par des traits blues avant de profiter de la tonalité pour partir en feed back, Hendrix branche son Octavio vers la quatrième minute avec la courte citation du riff de "Power Of Soul", son utilisation nous renvoie forcément au son du Band Of Gypsys, pour autant, cela nous montre que Jimi improvise en toute liberté, et n'hésite pas à sortir des sentiers battus, y compris sur des titres souvent joués.
Ezy Ryder est encore une fois à l'honneur, dans une version compacte avec un court solo de guitare, le groupe lance Freedom sur un tempo assez lent, mais se voit contraint de gérer les aléas du Live dès le premier refrain : Jimi se retrouve complètement désaccordé suite à une corde cassée !
Si certaines guitares sont assez tolérantes lorsque qu'intervient ce type d'incident, ce n'est pas le cas de la Fender Stratocaster, surtout si le vibrato est réglé de façon à pouvoir aussi tirer les cordes (Jeff Beck est devenu avec les années un maître en la matière), Mitch Mitchell en a vu d'autre : c'est sans souci qu'il gère l'intermède (avec Billy Cox dans un premier temps), relativement bref au demeurant, avant que Jimi ne reprenne le morceau à zéro, salué à son retour par la foule en délire plutôt dans une bonne version d'un titre rarement inoubliable en concert.
Message To Love paraît plutôt réussi, avec un solo dans la droite ligne de celui présent sur l'album du Band Of Gypsys... ....Sur Foxy Lady, Hendrix reprend dans un premier temps le solo de la version studio puis improvise quelques mesures supplémentaires. L'hostilité des campus américains à la guerre du Viêt-Nam est à son apogée ce premier mai 1970 : les américain viennent en effet de bombarder le Cambodge, c'est donc un Star Spangled Banner brulant d'actualité que Jimi livre à ses compatriotes...
...avant d'enchaîner sur un Purple Haze, au plus grand plaisir du public, qui manifeste son enthousiasme sans retenue et c'est sans surprise que le groupe termine son set avec Voodoo Child (Slight Return), dans une version furieuse, avec un solo central classique dans sa construction, mais impressionnant.
Au final ? Un concert en contradiction totale avec l'image d'Epinal du Jimi Hendrix cuvée 1970 : lassé de tout, peu concentré, sans créativité...Que reprocher à ce concert ?
Répertoire solide, improvisations inspirées, absence de problème technique majeur...