29 janvier 1968

Paris Olympia 1968

Titres :

1. Killin' Floor
2. Catfish Blues
3. Foxy Lady
4. Red House
5. Drivin' South
6. The Wind Cries Mary
7. Fire
8. Little Wing
9. Purple Haze

Enregistré en mono à l'aide d'un matériel encore rudimentaire par Europe N°1.
La setlist présentée ce soir-là par l’Experience était assez originale, notamment en raison de sa tonalité blues : sur les cinq premiers titres, quatre sont des blues !
Après quelques traits de guitare legato joués a capella, Jimi lance sa fameuse introduction du
Killin' Floor d'Howling Wolf, sur laquelle Mitch Mitchell semble avoir du mal à se placer : il s'y prend à plusieurs reprises avant de rejoindre Jimi.
C'est une version radicalement différente de celle du festival de
Monterey : le tempo est plus lent, et la tonalité globale moins urgente, moins sauvage donc, mais pas inintéressante : les couplets, bien chantés, sont réussis.
L'écoute du solo central n'est pas des plus facile : on distingue de nettes variations du niveau relatif des instruments, conséquence plus que probable des réglages en direct de l'ingénieur du son d'Europe N°1, le solo de Jimi semble plutôt réussi, habilement servi par les variations de ses accompagnateurs. et Jimi nous livre un court solo final dans une veine similaire.
Suit une des dernières versions de
Catfish Blues de l'Experience, les couplets sont assez réussis, même si l'Experience jouait alors régulièrement des versions plus impressionnantes, Jimi n'est pas parfaitement accordé, mais ça reste supportable dans un contexte blues.
Il est intéressant de noter que lors de son premier solo, Jimi développe certains traits que l'on retrouvera ensuite sur
Voodoo Chile (mais en moins puissants ici), véritable extension du Catfish Blues de Muddy Waters, après la reprise du chant, Mitch Mitchell se lance dans un solo de batterie plutôt nerveux, où il tire remarquablement son épingle du jeu.
Jimi enchaîne avec un solo à la wah wah, puis met véritablement le turbo en citant le "Cat's Squirrel" popularisé sur le premier album de
Cream (le riff "Spoonful" est d'ailleurs effleuré en fin de morceau), la bonne humeur de Jimi était manifeste ce soir-là : il s'amuse avec le public, y compris lorsqu'il se ré-accorde, ce qu'il qualifie de "super titre" : le "Tune-up Time" !
Le groupe joue ensuite un
Foxy Lady efficace, bien lourd, lourdeur qui convient parfaitement à ce titre, sorte de proto-Heavy rock... Le chant de Jimi transpire de bonne humeur et le solo central est calqué sur celui de la version studio.
Jimi annonce ensuite
Red House, dont c'est seulement la troisième version Live de l'Experience, avec "Noel Redding à la guitare" : c'est a priori la seule fois où l'Experience reprend la formule de la version studio, où Noel Redding jouait la rythmique sur une guitare, et non à la basse, Noel racontera par la suite qu'il utilise ici une Les Paul Gold Top appartenant à Keith Richards, le résultat obtenu n'est pas forcément des plus satisfaisants : le son de la guitare rythmique jouée par Noel est assez confus.
Red House est jouée assez "lourd" là aussi, dans un esprit très proche de la version studio, seul Mitch Mitchell s'en écarte lors du solo, en jouant plus éclat, le tempo, que Jimi ne cessera de ralentir dans les mois à venir est ici assez rapide, ce n'est pas une mauvaise version : Hendrix est rarement à coté de la plaque sur Red House mais il lui manque clairement le petit plus qui fait toute la différence.
Le titre suivant est très intéressant : c'est la seule version connue du
Drivin' South (aka "Thaw Out") d'Albert Collins jouée en concert (les versions de la BBC constituent un cas à part : elles ont été enregistrées en studio), à 4:31, Noel Redding relance habilement la machine... Son jeu énergique se marie vraiment à merveille à celui de Mitch Mitchell. Et il a le son !
Hendrix déconne avec l'audience ensuite en annonçant une "Tune-up Song" suivie d'une courte parodie d'Elvis...
The Wind Cries Mary comporte du très bon (le chant de Jimi est superbe)... et du très mauvais : les problèmes de justesse plombent littéralement son accompagnement. Et son solo est complètement raté, l'énergie de Fire est communicative, c'est une solide version : le chant de Jimi est impeccable (et autrement plus agréable que celui de Noel) et Mitch est explosif… A un tel point que la peau de sa caisse claire rend l'âme, forçant le groupe à faire une pause, le temps d'en emprunter (puis régler) une autre.
L'introduction de
Little Wing est pénible : Jimi est complètement désaccordé, comme surs de justesse (ce qui est pour le moins difficile !) et chante très bien.
Après une introduction bruitiste qui ne décolle pas, Jimi joue le thème de
Purple Haze sur une Stratocaster totalement fausse.; Aspect positif du mixage : les couplets de Purple Haze passent bien, par contre, la sauce ne prend pas durant le solo. Le final bruitiste passe mieux...
Jimi termine le titre en gratifiant le public d'un final joué avec les dents : sur l'ensemble du concert, il semble pourtant avoir fait preuve de modération quant à son jeu de scène.