Band Of Gypsys

Release Date
25 mars 1970

Face 1

1. Who Knows
2. Machine Gun

Face 2

1. Changes
2. Power To Love
3. Message To Love
4. We Gotta Live Together

Premier album live de Jimi (Historic Performances Recorded at the Monterey International Pop Festival sorti en septembre 1970 et WOODSTOCK sorti en juin 1970 ne sont pas à proprement parlé des albums de Jimi) et 4eme et dernier album fait par Jimi ( de son vivant donc ) Band Of Gypsys est un album très controversé.
D'abord Hendrix propose une nouvelle formation : un power trio de Black ...une première...le power trio étant déjà à la base un truc de Blanc (Cream) c'est le bouquet :
Billy Cox à la basse et le batteur Buddy Miles.
Ce nouveau groupe, obligatoirement, entraine Jimi vers d'autres sphères musicales et poussé par le groove de Buddy, le Band of Gypsys va jouer une musique que beaucoup ont eu du mal à accepter ou à comprendre...
Ensuite parce que Jimi, poussé par un ancien contrat, est un peu contraint de sortir un album...et certains diront que cette album n'est en fait qu'une mascarade...donc un album bâclé, sans valeur...Il n'en est rien.
Album assez court, seulement 6 titres, il n'est pas du tout représentatif de l'immense performance que Jimi a donné ces deux jours là au Fillmore east, soit deux concerts la nuit du 31 décembre 1969 et deux concerts le soir du 1er janvier 1970.
Mais il montre très bien et de la meilleur façon qu'il soit ce que pouvait exprimer cette formation...puissance, groove, magie, joie, plaisir, une défonce neuronale comme peu d’expériences peuvent vous procurer, Il est clair que Jimi n'a pas bâclé le boulot...et nous avons sans doute là, les meilleurs versions des quatre shows.
Le Son est tout bonnement fabuleux et même les versions futures n'atteindront ou ne donneront pas cette même impression, le son est plein, ample, rebondissant, dés les premières notes un frisson vous parcourt l'échine, la magie agit déjà (c'est tous ses sentiments qui remontent, ses souvenirs d'écoutes...) Rien ne vaudra cette version, même la plus complète...c'est définitivement sûr.
Tout commence par Who Knows...avec Buddy et Jimi qui se répondent...avec la guitare qui appuie chaque intervention de jimi dans ce dialogue et finit par tout exploser...La rythmique de Buddy est un rêve de groove.
Ensuite vient...une des plus belles prestations de Jimi...ni plus ni moins...Machine Gun...Déchirant !
Une intro sublime, intense, puis Jimi, touchant, avec un voix d'une gravité et d'une sincérité à fleur de peau, se lance mêlant son chant à celui de sa guitare à l'unisson, dans une narration émouvante...avant de partir dans un solo d'une férocité, d'une sauvagerie rarement atteinte.
Que dire ? Fermez les yeux, mettez le volume à fond...et vous verrez ce que jimi avait dans la tête au moment où il jouait cela.
Il n'y a plus de guitariste, plus de notes, plus d'accord, plus de guitare...Jimi transcende son instrument, sa musique ne transmet plus des sons mais des images...Jimi explose littéralement le rock,... sa musique devient message, devient écran, devient le reflet du monde, devient Evangile.

Lorsqu'il se remet à chanter accompagné par Buddy qui rythme avec des OOOOOOUUUUUUHHHHHHHHHHH qui rajoutent un côté oppressant à ce morceau, la tension ne fait qu'augmenter...Les bombes fusent, les M-16 tirent de partout et l'horreur est palpable...
Incontournable...
Changes : on revient à une ambiance plus joviale avec un titre de Buddy Miles, chanté par Buddy, un solo merveilleux de Jimi tout en finesse à la wha wha avant un break super funky de Miles qui chauffe la salle...tout le monde chante, tape dans ses mains...Buddy est fabuleux...puis retour superbe de la guitare qui explose le tout dans un final énergique...
Power of Love : Intro sublime : tempo super particulier, tout en contre temps : c'est du grand art que nous font là Buddy et Billy...Jimi lui grattouille un truc de fou, qui vous envoie au tapis, sans comprendre très bien ce qui se passe...
Puis coupure (1:22), break et c'est reparti...
Le titre est encore super joyeux, super entraînant...on est obligé de bouger, de se balancer, et de rester bouche bée devant les soli de Jimi : lumineux, puissants, rageurs, sensuels, inspirés, intenses, moment magique : 3:30 à 3:39, le chant de Jimi est léger, c'est du velours...ce titre vous berce...
La cohésion du groupe est excellente, ils s'entendent à merveille et prennent un plaisir évident à jouer.
Message of Love: une intro sous forme d’accélérateur à neutron et nous voilà propulsé tel une fusée pour un trip palpitant et ...Un riff funcky, léger, d'une incroyable efficacité, une batterie qui pilonne, et à 1:15, un solo qui sort de nul part et qui vous carbonise tout (le pied ultime): Jimi change régulièrement de micro et crée des variations subtiles et jouissives, soulignées par les alternances cymbales/assommoirs...
Lorsque Jimi revient au chant, la vitesse de croisière est atteinte...tout le monde est hypnotisé; Buddy marmonne ses incantations et Jimi se prépare à allumer le dernier moteur de la fusée (3:50 c'est parti)...hallucinant
We Gotta Live Together est le dernier titre de cette extraordinaire Live by Hendrix, Buddy se charge du chant pendant que jimi lui répond et en même temps l'accompagne à la guitare, le public joue le quatrième homme et Jimi se lance dans un solo dont on ne revient pas indemne...
Peu d'albums ont fait l'objet d'autant de controverses que le Band Of Gypsys, en effet, mis à part Machine Gun, unanimement salué comme étant l'une des œuvres majeures du guitariste, le reste de l'album (et par extension les concerts qui ont donné lieu à ce live) continue de partager amateurs, critiques et musiciens.
En résumant au plus court, disons que la presse rock a été globalement déçue par une œuvre qui marquait, selon elle, un recul créatif vis-à-vis de Electric Ladyland (via un retour au r'n'b), et qui n'aurait pas dû sortir de l'avis de Jimi Hendrix lui-même : "Je n’étais pas trop satisfait de l’album Band Of Gypsys. Si ça n’avait tenu qu’à moi, je ne l’aurais jamais sorti." (Extrait d’une interview conduite par Keith Altham précédant le Cry Of Love Tour, In Electric Gypsy, p.470.)
L'album est en effet né de problèmes juridiques dont je vous épargne le détail. Inversement, beaucoup voient dans le Band Of Gypsys un groupe fondateur jetant les bases de nombreux courants musicaux des années 1970 : rock funk (Parliament, Funkadelic), jazz rock (Miles Davis, Mahavishnu) etc... Miles Davis note d'ailleurs dans son autobiographie que c'est son album préféré de Jimi.
Buddy Miles est au cœur de ces controverses : d'une part pour sa personnalité, ses rapports avec Hendrix , et d'autre part pour son apport musical, loin d'être neutre dans la mesure où il est triple car il officie en tant que batteur, chanteur et compositeur, en fait, Buddy Miles présente une dichotomie qui n'est pas sans rappeler celle de Jimi Hendrix : c'est un musicien novateur aux racines ancrées dans la tradition, les proportions ne sont toutefois pas les mêmes, et Buddy Miles joue (trop) souvent le rôle du soul brother, ponctuant de ses célèbres "yeah" des parties de batterie très carrées, "qui aplatissent tout" dixit James Hawthorn.
C'est sans doute le talon d'Achille du musicien... mais on ne peut le limiter à ça : quelques semaines après ces concerts, ne rentre-t-il pas aux Record Plant Studios avec John McLaughlin (en février 1970, avec Alan Douglas comme producteur) où ils graveront Devotion, pierre angulaire du jazz rock où McLaughlin propose ni plus ni moins qu'un proto-Mahavishnu Orchestra.
Son CV est loin de se limiter à ces sessions, avant (avec l'Electric Flag) comme après (son live avec Carlos Santana), Bref, Buddy Miles est capable du meilleur... comme du pire : excellent musicien certes, mais parfois auteur de fautes de goût étonnantes à ce niveau.
Dès les premières mesures de Who Knows (enregistré lors du premier concert du 1er janvier 1970), les doutes suscités par la seconde performance du Band Of Gypsys se dissipent, Hendrix introduit les quelques notes qui servent de colonne vertébrale au morceau, rapidement doublées par la ligne de basse ternaire de Billy Cox, blues et funky à la fois.
Le riff est servi par un Buddy Miles magistral, qui joue "au fond du temps"... ou comment un très subtil décalage (ce n'est pas une syncope) peut créer un GROOVE imparable, beaucoup de groupes ont repris la rythmique de Who Knows, qui semble si facile... mais bien rares sont les batteurs capables de dégager une telle force tout en jouant décontracté.
Une leçon de rythme.
Le premier couplet met en scène Jimi et Buddy qui se répondent : le Band Of Gypsys est ici à des années lumière du Jimi Hendrix Experience, cette musique à la peau noire, et baigne sous un ciel sans nuage, le premier solo de Jimi est concis, mais parfaitement ciselé : l'improvisation ne souffre d'aucune hésitation, Hendrix alterne des traits blues et funky, avec un son quasiment clair rendant le phrasé de Jimi presque palpable.
Jimi chante seul le second couplet, sa guitare rythmique finissant par faire corps avec ses lignes vocales et attaque un deuxième solo dans un style très différent du premier : wah wah, feed back, son jeu est plus agressif, arraché. Dans ce registre, il n'a tout simplement aucune concurrence.
Les aléas du live font parfois sa magie : une corde cassée devient l'occasion d'un troisième couplet chanté par Buddy Miles qui donne le meilleur de lui-même. Dans son élément, il enchaîne avec un scat très guitaristique particulièrement enlevé.
Hendrix rejoint ses deux compères alors que la rythmique est presque susurrée, son troisième solo est de loin le plus radical : la combinaison Octavia plus wah wah a un rendu proche d'une voix cassée improbable, mais la part d'aléatoire d'un matériel qui est désormais archaïque est consubstantielle à la musique de Jimi, qui se nourrit de risque et de fantaisie.
"Bonne année tout d’abord. J’espère que vous en aurez un ou deux millions de plus… si nous arrivons à dépasser cet été. Nyeh heh heh.
Nous aimerions dédier celle-ci à, uh, c’est un genre de scène vraiment ennuyeuse qui se prolonge, tous ces soldats qui se battent à Chicago, Milwaukee et New York… Ah oui, et tous ces soldats qui se battent au Vietnam.
J’aimerais faire un truc qui s’appelle Machine Gun."
C'est ainsi que Jimi Hendrix présente Machine Gun, dont c'est la version soundboard la plus impressionnante jamais publiée à ce jour, l'introduction est suivie d'un solo inquiétant, qui nous plonge dans l'humidité rampante du Vietnam.
Plus suggérées que jouées franchement, les notes font leur chemin comme les GI's en territoire hostile, sur Voodoo Chile, Hendrix poussait le blues dans ses derniers retranchements mais en respectant une architecture musicale relativement traditionnelle (les 12 mesures du blues, son rythme).
Avec Machine Gun, Hendrix aborde le stade ultime de son évolution, mais si l'on peut attribuer la paternité de l'absence d'accord et du type de phrases chantées à un John Lee Hooker, la fusion chant/guitare opérée ici par Jimi dépasse de très loin tout ce qui précède en terme de liberté.
Billy Cox et Buddy Miles proposent alternativement (mais pas forcément aux mêmes moments) deux types de figures rythmiques chacun, contribuant ainsi au climat oppressant du titre. Si les versions du Band Of Gypsys sont à ce point différentes de celles du Cry Of Love Band, c'est parce que Buddy Miles et Mitch Mitchell ont une philosophie du jeu diamétralement opposée : Buddy Miles rebondit sur la ligne de basse là où Mitch Mitchell colle au soliste.
Ce premier janvier 1970, force est de reconnaître que Buddy Miles sert au mieux la musique de Jimi, alternant groove et rythme martial évoquant la mitrailleuse éponyme, le solo débute par deux tirés INFINIS où Hendrix exprime plus avec une seule note que tout ce qui a pu être écrit ou filmé sur le Vietnam, douleur et compassion se fondent dans un cri déchirant, de longues phrases gorgées de blues précèdent des trilles modulés au vibrato qui se meurent dans le feedback. La batterie se fait mitrailleuse... les amplis de Jimi hurlent l'horreur de la guerre dans un déluge de cris, de bombes… Hendrix réalise plus qu'un synthèse du blues et du free jazz : il les dépasse, transcende ces styles.
Jimi ré-accorde son mi grave alors que Billy Cox lance le riff No Quarter, Il chante un dernier couplet où le malaise est décuplé par les chœurs (justes, contrairement à la veille) qui descendent chromatiquement, sur le même accompagnement, Jimi se lance dans le solo le plus radical de toute sa carrière, plus de note frettée, plus de mélodie ici : Vibrato, feedback et percussions servent un discours qui se moque des conventions.
Là encore, la fulgurance de la maîtrise instrumentale au service de l'émotion culmine au génie : Hendrix est un virtuose au sens noble du terme, qui sert la musique, et non son ego. Buddy Miles chante l'ultime couplet de Machine Gun avec ses tripes, sans tomber dans le pathos, le solo final nous plonge en climat aquatique (Hendrix joue de la seule main droite, se servant de la gauche pour le vibrato), bruitiste et finalement apocalyptique...
La face deux de l'album est constituée d'extraits du second concert donné le même jour, elle débute avec la quatrième et dernière version du Them Changes de Buddy Miles, qui fonctionne à plein régime, Hendrix écrase le riff des cuivres à la wah wah alors que le groupe bastonne derrière, le solo de Jimi est le plus abouti des quatre versions proposées en deux jours, puissant et funky à la fois. Là encore, Hendrix ne s'est pas trompé en retenant cette version.
Une question se pose tout de même : cette version ne serait-elle pas éditée ? Lors des trois précédents concerts, Buddy développe son numéro de preacher un bon petit moment alors qu'ici, ce passage est très resserré... d'autant que les gens claquent des mains dès la fin du solo de Jimi, avant même un "Everybody ! Clap your hand !" Un petit cut de Jimi en studio à la fin de son solo n'est pas à exclure...
"Oh Christ Buddy, would you shut up !"
Jimi attaque l'introduction de Power Of Soul, ponctuée par Buddy et Billy avant de laisser résonner un accord suivi d'un "Aaahh !" du gargantuesque Buddy Miles.
C'est tout du moins ce qui se passe sur l'album car Hendrix a édité tout ce qu'il avait entre cet accord et le cri de Buddy Miles, aucun enregistrement non édité de Power Of Soul ne circule à ce jour, mais on peut supposer que l'introduction devait durer au moins les trois minutes habituelles.
On bascule ainsi directement sur un formidable solo de Jimi, remarquable d'intensité : preuve qu'un cut bien placé n'est pas toujours une mauvaise chose, la conséquence logique est une rapide entrée en matière du premier couplet chanté par Jimi (alors que c'est Buddy qui chante seul le premier refrain).
Contrairement aux versions précédentes, Jimi développe le solo central, enclenchant fuzz et Octavia pour un rendu fantastique, où sa guitare hurle véritablement, Il joue avec une autorité le rapprochant plus d'un saxophoniste ténor que d'un quelconque guitariste ! Hendrix joue à merveille de sa voix lancinante lors de la reprise, Buddy Miles attaque seul le refrain, ce coup-ci, c’est Jimi qui lui répond (inversant ainsi les rôles avec Who Knows).
Au bout du compte, nous avons une version phénoménale de Power Of Soul, et confirmation de la rigueur de Jimi en tant que producteur : il faisait manifestement une excellente autocritique de son Œuvre.
On enchaîne avec Message To Love, dans ce qui reste la meilleure version jouée par Jimi, studio et live confondus, la composition tranche avec son travail antérieur, vous imaginez Noel Redding jouer une ligne pareille ? Musicalement, tout est là : une basse dynamique, le drive de Miles, et un chant communicatif. Le premier solo, très saturé, est maîtrisé de bout en bout, et remarquablement construit. Le niveau d'énergie, pourtant très haut dès le départ, ne retombe jamais. Le second solo est dans une veine similaire, mais peut-être moins intense (il a de petits problèmes de justesse au début).
Selon les notes de pochettes de Voodoo Soup*, le power trio n'en serait en fait pas un ! Emeretta Marks, qu'on entend faire les chœurs sur la version studio de In From The Storm ferait les chœurs backstage en compagnie de Jenny Dean.
* Son témoignage : Jenny Dean et moi avions un box au Fillmore. C’était le 31 décembre. (…) Derrière les rideaux marron, il y avait deux micros installés. Vous pouviez entendre Jenny & moi, mais pas nous voir. Sur "Message To Love", nous chantions `Yeah ! Ohh !' Après quelques titres j’ai arrêté. Ça ne me dérangeait pas de le faire pour Jimi, mais Buddy avait un comportement… il essayait de transformer Hendrix en Buddy Miles Band. Je n’étais pas payé pour ça, et je voulais aller devant et profiter du concert.
Le dernier titre est en fait le prolongement de la version de Voodoo Chile (Slight Return) : le groupe enchaîne en effet sans interruption sur le Buddy We Gotta Live Together Miles show, We Gotta Live Together, dernier titre chanté au Fillmore par Buddy Miles, est en fait très différent du titre qu'il enregistrera en studio, à l'origine, Miles voulait faire un clin d'œil à Sly & the Family Stone et son Everyday People, Jimi lance ici le riff d'un autre titre de Sly : Sing A Simple Song et c'est plus prétexte à une jam qu'autre chose en fait.
Extrait d'une interview d'Eddie Kramer, alors qu'il remixait la version CD du Band Of Gypsys :
"Je me souviens très bien de Jimi râlant lorsque l'on en venait au matériel solo de Buddy qui n'en finissait plus. Jimi disait un truc comme "Nom de dieu, Buddy, tu vas la fermer !" On a dû procéder à beaucoup de cuts pour améliorer tout ça. Je veux dire par là qu'il adorait jouer avec Buddy... ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, c'est juste que par moments, Buddy pouvait être un peu excessif et que Jimi trouvait approprié de procéder judicieusement à des cuts." Il tempère toutefois (ce qui explique de son point de vue la nouvelle version présentée sur le "Live At The Fillmore East") : "J'écoute certains de ces passages édités actuellement et je grimace car je trouve ces cuts grossiers. Car alors, c'est ce que nous avions réellement fait : trancher dedans pour que ça rentre dans l'album."
La version non éditée de We Gotta Live Together (presque 17 minutes en tout !) disponible sur le Box Of Gypsys permet de faire le point sur les propos de Kramer... et sur ceux prêtés à Jimi !
Au bout du 75ème We Gotta Live Together, difficile de ne pas penser un Oh Christ Buddy, would you shut up ! Dans quelle mesure Buddy Miles signait-il, avec son numéro de soul brother excessif, la fin du Band Of Gypsys, nous ne le sauront jamais...
A titre personnel, je trouve le travail de cut de Jimi loin d'être grossier : il a pris les meilleurs passages de la jam, les a mis bout à bout, et créé in fine un super morceau ! On verra malheureusement par la suite que tous les producteurs qui se sont penchés sur Hendrix sont loin d'avoir le même talent en la matière...
Au final ? Au-delà de la controverse, le Band Of Gypsys est l'album de la vérité guitaristique, pas (trop) de bidouillage en studio, d'effet électronique a posteriori, ni droit à une 24ème prise, mais une virtuosité exceptionnelle laissant tous ses contemporains sur place.
Le génie hendrixien se caractérise notamment par la prise de risque, voire la mise en danger ; et si les concerts du guitariste suscitent aujourd’hui encore un tel intérêt, c’est justement en raison de la spontanéité de ses performances, enfin, Machine Gun pourrait être le point d'orgue de son œuvre.
Post-scriptum : la partie Encyclopedia du site officiel est très intéressante. On y apprend d'une part que le 5 février 1970, Hendrix avait déjà terminé la face 1 de ce qui allait devenir l'album Band Of Gypsys, mais plus intéressant encore, que parmi les titres potentiellement retenus (ceux qu'il mixait avec Kramer), il y avait aussi : Stone Free [01/01/1970, second concert] et Get My Heart Back Together (Hear My Train A Comin') [31/12/1969, premier concert], une conclusion s'impose : Hendrix faisait manifestement une excellente autocritique de son œuvre.
C'est le 14 février qu'il s'est attaqué à la face B, Il n'a d'ailleurs pas de scrupule quant au fait d'éditer certains passages (Cf. Power Of Soul et We Gotta Live Together, il a continué le travail de mixage et d'édition quelques jours ; et c'est lui qui a écouté les premiers pressages après le mastering*... et même fait quelques modifications mineures ensuite.
* Il s'était effectivement plaint du son de Electric Ladyland et voulait contrôler le processus cette fois-ci.
Beaucoup de conscience professionnelle donc, loin de l'idée d'un album bâclé ou mixé à la va-vite (comme beaucoup aiment le prétendre), le Band Of Gypsys a été le fruit de beaucoup de travail, sagement mûri et réfléchi, Hendrix a pu critiquer l'album par la suite, mais son perfectionnisme était tel que le contraire eût été étonnant...