10 janvier 1969

Copenhague (Falkoner Centret) [Premier concert]

Titres :
1. Fire
2. Foxy Lady
3. Tax Free
4. Spanish Castle Magic
5. Red House
6. Sunshine Of Your Love
7. I Don't Live Today/Star Spangled Banner
8. Purple Haze

Après deux performances catastrophiques données la veille à Stockholm, l'Experience va-t-elle redresser la barre à Copenhague ?
Fire n'est pas tout à fait de nature à nous rassurer : Noel Redding se plante monumentalement pendant le solo central, reprenant le riff de l'introduction bien trop tôt, il va sans dire que la suite du solo de Jimi connaît quelques flottements... Pour autant, c'est une version correcte, d'autant que la voix n'est accompagnée que de la seule batterie lors des couplets.
Jimi annonce le titre suivant ("oldies but badies") et lance le feed back caractéristique de Foxy Lady, le solo est très différent de la version studio, et passe bien sans être inoubliable, Jimi explique au public qu'ils veulent jammer et annonce Tax Free, bien que Jimi ne se soit jamais considéré comme étant un jazzman (ce qu'il n'est objectivement pas : il ne pense pas ses improvisations à la manière d'un bopper), sa façon d'aborder Tax Free est toutefois similaire, l'exposé du thème, non dénué de variations, est suivi d'une longue improvisation où Jimi commence par un solo très intense, laissant ensuite le devant de la scène à Mitch pour un passage jazzy plus calme où Jimi place des accords, il reprend ensuite son solo en faisant monter la tension progressivement avant de revenir au thème.
Ce n'est bien sûr pas le type de performance qu'on attend lors d'un concert de rock... mais c'est une Experience convaincante qu'on entend ici, tout simplement parce que Jimi a alors plus envie de jammer que de jouer une énième version d'une face A de ses Singles...
Jimi n'est pas parfaitement accordé sur Spanish Castle Magic (surtout les deux premières cordes), la structure des couplets nous permet d'entendre sont chant alors qu'il est inaudible lors des refrains, c'est peut-être ce qui explique la longueur de son solo, qui est inégal mais avec de bons éléments, il reprend la rythmique lors de la sixième minute... mais repart un peu en solo ! Le dernier refrain est suivi d'un court dernier solo qu'il conclut par un long feed back qu'il sculpte avec son levier de vibrato.
Noel présente alors Red House mais Jimi demande un peu de temps à l'audience pour accorder sa Gibson (le son de sa guitare est clairement différent lors des deux titres qui viennent), Jimi cafouille un peu lors de l'introduction instrumentale, et ne tente pas sa figure habituelle en pull-off lors de la quatrième mesure du second cycle : il est peut-être conscient de ne pas être au top de sa forme ?
Il commence le chant du premier couplet... mais continue à jouer en solo le reste du cycle !
"Je retente une autre fois" déclare-t-il avant de chanter les deux premiers couplets de sa composition, le niveau s'améliore... même si son chant n'est pas très appliqué, le solo central est le théâtre de longs développements virant parfois à un blues cauchemardesque très inégal, très original à défaut d'être abouti...
Le groupe reprend ensuite le Sunshine Of Your Love de Cream dans une version sans relief : Jimi semble rencontrer des problèmes techniques lors de l'exposé du thème alors que Noel montre lors de son solo à quel point il pouvait être sans imagination, la comparaison avec Jack Bruce est édifiante.
Jimi annonce alors "Voodoo Child (Slight Return)"... mais se ravise et annonce "Electric Storm", afin de jouer quelques sons d'"Electric Church Music, Part One" !
C'est en fait I Don't Live Today auquel le groupe s'attaque, aArmé de sa Stratocaster, Jimi plombe un solo central époustouflant, se moquant des conventions harmoniques ou rythmiques. Totalement free, il cite ensuite le thème de Star Spangled Banner, qu'il continue a capella avant de jouer quelques mesures du thème en octaves de "3rd Stone From The Sun", le groupe repend alors I Don't Live Today... quel déluge sonore !
Le concert se termine par un Purple Haze, dont les parties instrumentales fonctionnent bien (avec un solo central citant largement celui de la version studio).
Au final ? 8 titres... 70 minutes. De très longues improvisations où le meilleur ("Tax Free", "I Don't Live Today") côtoie le moins bon (les deux titres où il joue sur Gibson), très inégal donc, mais avec une amélioration indéniable vis-à-vis des deux concerts donnés la veille.

Copenhague (Falkoner Centret) [Second concert]

Titres :
1. Johnny B. Goode
2. Sunshine Of Your Love
3. Red House
4. Fire
5. Voodoo Child (Slight Return)
6. Foxey Lady
7. Spanish Castle Magic
8. Hear My Train A Comin'

Une partie de ce concert ("Fire", "Voodoo Child (Slight Return)", "Foxy Lady" et "Spanish Castle Magic") fut disponible officiellement sur le dernier CD publié par Univibes en 1995, Jimi In Denmark, cet album a été réédité tel quel par le label semi-officiel Radioactive sous le titre de Jimi In Copenhagen.
Fire commence... par l'intro de "Foxy Lady" ! Mais Jimi avorte son feedback et attaque un Fire énergique , une version solide avec deux bons solos.
Voodoo Child (Slight Return) est dans une veine similaire à la version studio, le solo central contient de beaux tirés, Jimi rencontre quelques problèmes de justesse sur la fin mais il les négocie plutôt bien.
Sur
Foxy Lady, le solo débute sur les bases de la version officielle, du solide là encore.
Spanish Castle Magic, est le plus long des quatre titres, Jimi se lance dans un solo relativement long, avec des séquences fort différentes : solo intense, longs feedbacks, jeu en accords, après un passage a capella, Jimi ralentit considérablement le tempo, que Mitch relance au fur à mesure que Jimi développe son solo, Jimi reprend le riff assez brutalement, sans toutefois chanter le dernier refrain.
Quatre titres seulement, mais quatre titres solides : de quoi espérer plus de ce concert ! Un jour peut-être ?