31 août 1970

Stockholm (Tivoli Garden)

Titres :

1) Lover Man
2) Experiencing The Blues
3) Ezy Ryder
4) Red House
5) Come On (Part One)
6) Room Full Of Mirrors
7) Hey Baby (New Rising Sun)
8) Message To Love
9) Machine Gun
10) Voodoo Child (slight return)
11) In From The Storm
12) Purple Haze
13) Foxy Lady

Seules quelques heures séparent ce concert de celui donné à l'Ile de Wight...
Stockholm est la deuxième étape de l’ultime série de concerts donnés par le Cry Of Love Band, elle n’est en fait séparée de celle de l’Ile de Wight que de quelques heures : Hendrix ne quitte la scène de Wight que vers 4 heures du matin.
Le cocktail suédois est explosif : pas encore remis du décalage horaire, Jimi Hendrix, qui était déjà épuisé à Wight, se rend en Suède sans même avoir le temps de décompresser de l’énorme pression liée aux attentes de son premier concert UK depuis début 1969. Insatisfait de sa performance anglaise, en conflit ouvert avec son manager, Hendrix est de plus en plus frustré de l’incompréhension d’une partie de son public vis-à-vis son évolution musicale, il est manifestement peu motivé par cette tournée européenne qui l’empêche de terminer un album studio qui avançait pourtant enfin (!) à grands pas.
Avec peu ou pas de sommeil, plus diverses substances plus ou moins légales dans le sang : c’est un homme à bout de souffle, tant physiquement que psychologiquement qui se présente sur scène ce soir-là.
Le concert commence par un Lover Man assez moyen, présent régulièrement sur les setlists du groupe, la version de ce soir souffre d’un chant médiocre, mais le travail de mise en place effectué par le passé permet de sauver les meubles.
La suite Experiencing The Blues est une sorte d’interlude en trois mouvements : une très courte introduction à la Muddy Waters est suivie d’une rythmique que Hendrix essaya sur "Keep On Groovin’", avant d’enchaîner rapidement sur le thème de "Race With The Devil" (que l’on retrouve sur la version de Machine Gun jouée à IOW), l’ensemble manque toutefois de direction.
Ezy Ryder et Room Full Of Mirrors restent assez confus, même si les performances sont correctes, mais Hendrix s’est rarement montré flamboyant en concert sur ces titres… Là encore, Hendrix n’est pas incisif comme il sait l’être.
Entre les deux, Hendrix s'attaque à Red House, un titre où il se rate rarement, c'est sans conteste un des grands moments du concert; Malgré quelques imprécisions (le feed back final du solo !), Hendrix donne tout ce qu'il a dans un solo dont l'intensité est dévastatrice.
La bonne surprise vient de Come On (Part 1), dont c’est l’unique version connue du COLB, la montée chromatique précédant le solo montre certes l’absence de répétition, mais pris dans son ensemble, le résultat est convaincant : Hendrix y excelle comme soliste.
Hey Baby est trop inférieur à la version Studio pour retenir notre attention, Jimi varie autour de nombreuses idées… mais sans direction.
Message To Love est relativement massacré, Jimi se plante dans ses accords, il n’est pas accordé et la fin du titre est catastrophique, surprenant : on entend nettement Billy Cox se charger des chœurs.
Machine Gun est d’un tout autre niveau, même s’il n’est pas toujours parfaitement accordé, il y a des fulgurances qui n’appartiennent qu’à Hendrix qui suffisent à rendre le titre digne d’intérêt, "Machine Gun" est la forme ultime du blues, en même temps retour au source et dépassement.
L’intro de Voodoo Chile, en raison d’un accordage aléatoire, est complètement ratée : pourquoi Jimi ne s’est-il donc pas arrêté après "Machine Gun" pour se réaccorder ?
Heureusement, ça s’améliore au moment d’attaquer le premier couplet, la version n’est pas inoubliable pour autant.
In From The Storm : version décevante, le groupe n'est pas en place, les musiciens tentent de se raccrocher aux riffs de la composition, mais le tout manque d'énergie et de cohésion.
Purple Haze : de l’intensité, mais Hendrix a toujours des problèmes de justesse......qui se traduisent par une intro de Foxy Lady particulièrement pénible, et un solo peu inspiré, où Hendrix se bat avec son instrument... et ne gagne pas le combat.
Au final : une performance très mitigée, qui ne risque pas de redorer l'image de l'ultime tournée européenne de 1970, inférieure aux deux concerts publiés officiellement.
Pour fan seulement.