4 février 1968

San Francisco (Winterland) [Second concert]

Titres :
1. Killing Floor
2. Red House
3. Catfish Blues
4. Dear Mr. Fantasy
5. Purple Haze

L'histoire des bandes est assez incroyable :
Une des histoires les plus étranges au sujet de l'acquisition d'une bande rare de Hendrix fut ce vendeur de boissons du
Winterland Arena de San Francisco :
Quand l'Arena fut fermée vers la fin des années 70, il fut donné en cadeau de remerciement à ce vendeur de boissons une
bobine originale du soundboard par Bill Graham's au Winterland contenant un show, la bande dure quarante six minutes, et fut enregistrée lors d'un des concerts de Février 1968.
Plus surprenant, la guitare de Jimi a un son que l'on ne retrouve nulle part ailleurs, peut-être tout simplement lié au fait que Jimi ne jouait pas sur
Marshall mais sur des amplis Fender Dual Showman lors de cette tournée US 1968.
Le son de Jimi sur les blues pourrait aussi s'expliquer par le fait que Jimi ne jouait pas nécessairement sur une
Stratocaster, peut-être joue-t-il de la Flying V dont il avait repeint le corps de motifs psychédéliques ?
Flying V popularisée par
Albert King, qui assurait à San Francisco les premières parties de l'Experience et dont le jeu a manifestement inspiré la performance de Jimi.
Le second show commence par une version moyenne de
Killing Floor, mais qui permet toutefois d'apprécier véritablement le jeu de Mitch Mitchell.
La version qui suit de
Red House est nettement moins impressionnante que celle du concert parisien, de même sur Killing Floor, Jimi chante un peu comme s'il était enrhumé.
Mais c'est surtout l'influence d'
Albert King qui est un peu trop marquée à mon sens, flagrante lors de l'introduction instrumentale, elle reste nette lors du premier cycle du solo central, où l'articulation des différentes phrases de Jimi est assez moyenne.
En début de second cycle, Jimi casse une corde, coupant court à tout développement,
Catfish Blues : troisième titre... troisième blues, l'influence d'Albert King est écrasante lors de l'introduction, Jimi semble désaccordé mais ce n'est pas vraiment gênant sur ce type de long blues sur un seul accord, la voix de Jimi passe mieux ici, mais on peut effectivement se demander s'il n'est pas (un peu) malade.
Dès les premières notes de son solo, Jimi utilise sa pédale wah wah... ce qui ne l'empêche pas de faire quelques tirés dans le style de ceux d'
Albert King, après un dernier couplet, Mitch Mitchell prend un solo de batterie...
Jimi reprend ensuite a capella, toujours armé de sa wah wah avant de conclure sur le riff de "Cat's Squirrel",
Mitch Mitchell introduit alors Buddy Miles de l'Electric Flag, qui prend sa place à la batterie (le siège de Mitch devait être solide !).
Dès les premières notes de
Dear Mr. Fantasy, le classique de Traffic, on reconnaît le drumming de Buddy, moins aérien, moins éclaté que celui de Mitch, contrairement à la version du 3 août 1968 jouée à Dallas, celle-ci est instrumentale.
Le couple basse/batterie qui soutient Jimi est particulièrement intéressant : c'est le seul enregistrement officiel de la combinaison Hendrix/Redding/Miles, le résultat du couple basse/batterie n'a rien de spectaculaire : sans la basse bondissante de
Billy Cox, le jeu de Buddy tombe un peu à plat, de même que sans la liberté de Mitch Mitchell, celui de Noel Redding devient bien austère.
Pas de conclusions hâtives pour autant : c'est ici une jam qu'il nous est donné d'entendre, et non le fruit de longues heures de répétitions.
C'est aussi l'occasion d'entendre un Hendrix inspiré qui explore en terrain moins connu, il n'hésite pas à faire l'inventaire de sa guitare et livre sur la durée nombre de traits absolument remarquables, certains d'entre eux sont totalement révolutionnaires pour l'époque.
Il faudra attendre de nombreuses années avant d'entendre
Frank Zappa, Jeff Beck, Steve Vai et Joe Satriani reprendre ces techniques.

"Un grand batteur, Mister Mitch Mitchell !"
Buddy Miles nous sort (déjà !) son numéro de soul brother un peu excessif, tentant de rester sur le devant de la scène.

On termine avec
Purple Haze, dont l'introduction est suivie d'un gros flottement : peut-être Jimi a-t-il cassé une corde ?
Malgré ce problème technique manifeste, Jimi gère avec beaucoup de professionnalisme la situation et réussit à faire illusion le temps du titre qu'il conclut par un final a capella joué avec les dents...