24 e mezzo
Vais-je laisser ma voix s'éteindre
se faire couper en tranches et se noyer parmi les voix plus fortes
gonflées du besoin de reconnaissance minable et touchant
d'êtres qui prennent plus de place dans l'air
Vais-je me résoudre à être celui qui n'a pas de talent spécial
lorgnant la grâce sans l'atteindre
Vais-je les laisser prendre ma place
avec leurs grands bras forts qu'on voit de loin
et me faire tirer la gratte des mains
après l'avoir à peine accordée
Serai-toujours ce vivant couleur d'eau
caché par la foule des fantômes bariolés
J'écris ce poème sur mon portable et tous m'imaginent draguant par sms une imaginaire salope
ils m'encouragent
petits fantasmes sordides d'excentriques qui s'ennuient
avides de spectacle et de conversation
tout en eux se délite
leur amour tant vanté qui s'enfuit devant la vue d'un cul maladroitement moulé
leur amitié qu'un coup d'épaule met à terre
J'attends des êtres qui soient des chênes ou des montagnes
je rêve d'une grande ville inconnue
aux clochers abritant des religions aux dieux discrets
où je serais l'homme neuf
sans rien qui pèse
sans enclume sans ombrage sans trop lourde amitié
Bientôt 25
je veux une jeunesse neuve
être nu
sans légende
à inventer
juste ma tête sous le ciel