Credo

Pourtant la fête bat son néant dans les étages

un à un les singes dansent sur le rebord les singes chutent à tes pieds

et tu les regardes tomber comme la neige

par la fenêtre ouverte

dans la gouttière des oiseaux chantent

ce sont les tiens

et le tintement des flocons dans ta main

t'appartient

dans la chambre aux fantômes tu fais collection de rictus

bracelets coupés et paires de lèvres

ou chaînes de peau

taillées à chaque poignet

les rivières se rejoignent dans tes paumes

et chaque soir

c'est toi qui dresses la table de Dieu

venu dîner incognito

un bol de riz et du saké

et la rivière à ton poignet

tu l'entends qui s'écoule comme une horloge à eau

des anciens Égyptiens

mais eux croyaient à l'éternité

dans la chambre aux fantômes

tu es à vingt mille lieues de croire à autre chose qu'au temps

beau temps temps mauvais temps d'orage

et Dieu et toi riez de ce bien peu de choses

ce verre de saké   cette neige

qui vous tiennent à la vie

toi

et Lui