(brouillon sans rature)
La croisière s'amuse
Sur le Styx
Nous sommes dans un immense manège
à bouffer de la barbe à papa
Rose
Et verte
Verte comme une pomme
Rose comme un ver
Avec autour de nous des trains de la mort qui passent sur des montagnes russes
Chars de bétail remplis d'explosifs à peau d'homme
Dont le coeur tique et taque
Et qui se précipitent vers de grandes tours de verre
Avec des types à la langue lâche
Qui les regardent
De tout là-haut
En versant quelques larmes
dans leur café
Attrapez attrapez la cravate à Mickey
les enfants
attrapez
Plus bas
Dans le wagon
On joue aux cartes
à la lumière des lampes à huile
on rigole
On parle le dialecte des grandes villes de l'époque contemporaine
celui des images des trottoirs et des chiens qui remuent la queue joyeusement
et courent derrière les os des vivants comme des promesses de jeux et de délices
Et les corps qui jouent aux cartes tiquent et taquent
Le manège s'est arrêté il faudrait relancer la musique
Faire semblant encore un peu encore quelques minutes
Faire semblant
d'aller acheter des pommes d'amour
mon amour
avec du sable ou des billets de monopoly
comme dans l'enfance
Sous le grand chamboule-tout des tours de verre du château de cartes et du train qui déraille
Ca sent le bruit et ça sent l'huile
Et les gens sont heureux comme ta bouche dépliée
Un peu comme une loghorrée
de bonheur
Comme un sourire qui éclate comme un ballon à la foire
PAN
Dis-moi tu n'as pas envie de faire ça là derrière les arbres dans la fête foraine avec le bruit des plombs et du bonheur et des manèges
Mais non ma chérie mon amour tu me fais chier tu m'emmerdes
Laisse-moi regarder les choses
voir ta bouche un peu fermée voir la forme que ça lui fait
Tu as le visage d'une fenêtre en été
ouverte sur la rue napolitaine
Avec des chats qui dorment et des badauds
qui parlent une langue de tournesols sous leur volcan
et toutes les portes sont ouvertes
Tous les balcons sont offerts à nos mains frétillantes comme des requins
Allés baigner leur corps dans l'huile bouillante
Et dans la rue des gamins passent
en riant
à fond la caisse sur des vélos
Pourchassant à la hache d'autres enfants d'autres vélos
A l'ombre du Vésuve
A l'ombre de la nuit qui tombe
sur la fête foraine
Voilà à quoi ressemble ton visage mon amour
Quand tu souris devant les carabines
Quand les ballons éclatent
A l'ombre de la nuit qui tombe
des montagnes russes où passent
Les chariots de bétail à peau d'homme
Les châteaux de cartes
Les tours de verre et les feux d'artifice
Qui glissent par la fenêtre du quatre-vingtième étage
Eclatée
Jaune
Et blanche
Comme la marée
d'épaves de trésors de cadavres
et d'algues aériennes où les oiseaux se perchent