Poème réalisé via Facebook par Pierre Saunier, Anton Karmazoe et Gaston Kwizera dans la nuit du 7 au 8 février 2012.
Je rentre jeudi dans la moelle de mes textes pour fusionner
pensées et chair, corps et esprit
le bruit des mains qui raclent le bruit des vers qui courent
et le silence de la veine cave
Je remonte doucement vers tout ce qui m'a serré les yeux
je défais et j'étale un à un tous les jeux
Nos globules rouges font des tournantes dans les cavernes
Les jeux de la lumière tournent autour de ta peau
Platon est enchaîné à un soleil aveugle
Et nous, les ombres, dansons vivement
Chaque aphorisme nouveau tombe comme une goutte de pluie dans la bouche assoifée du prince K.
Petit, j'étais désert; grand, je me parsème d'oasis
Eclairés par le feu de l'immortelle abîme
Nous portons à l'épaule des crânes de porc
Des dieux grillés se dédorent dans la fumée opaque
Des drogues de synthèse
Car nous sommes les bouchers oniriques
Dépeceurs d'empires lunaires
Princes sélénites du désert
Couvant au fond de nos fronts orageux des débris de pauvres rêves
Au sein du désert, on a fait construire de grandes gares qui sont comme des musées pour débattre, avec art, de la direction des trains.
Il y traîne quelques musiciens qui grattent des cordes aux rails comme s'ils cherchaient à allumer une cigarette.
Et puis, dehors...
Dehors, les grands corps presque morts ne parlent plus que par mouvements
Le désert est planté de champs de sémaphores
mouvement des dents frappant les dents
mouvement de herse qui se ferme
en grinçant comme le corps s'arrache à l'âme
pour vivre l'autre vie
celle des rivières et des épouvantails de roche
dans la fournaise vivante de la Terre
Les voyageurs de passage crachent des puits aussi profonds
Que des cris de sable
Le vent les bouche
Un ermite les explose
A cause d'un désir enfoui qu'il a fini par expulser
Le désert entier pulse
et gronde, tourne comme le disque des interprétations auxquelles on l'a habitué
L'habitude dans le désert, c'est peut-être d'y voir marcher ces chevaux à dunes, dans le dos
Et de savoir que sous les dunes il y a des Seines
et des poissons vomis
Les cratères sont des baffles dont sort le feu
Qui est notre voix
Ou plutôt
son écho
car l'imminente lumière demeure
coincée au fond du tunnel
de nos gorges
Adam la tient enserrée dans sa paume
A force de traîner par ici, les vagues de chaleur
Nous désaltèrent parfois
Sans laisser de traces autres
Que le souvenir de nos suées
A croire que nous n'avons que des bouches à bras
Les bras des femmes nous servent de palmiers
Et l'odeur de la mer nous remonte
Nous la sentons croupir derrière ces seins de sable
Qui nous obsèdent
Brûlant, le sable l'est de nos désirs
Le cap sur les chars bouffés par les tempêtes
Nous conduisons à l'aveugle, trompés par la sueur qui en coulant nous illusionne de nuages
Le cap sur des chattes bouffées par des comètes
Nous nous rendons aveugles, accroupis sur nos soeurs qui en couinant nous isolent de la page.