Jour 1 de la IIIème déchéance
C'est aux prémices de notre campagne contre l'Empire que j'acquis la certitude qu'une nouvelle déchéance nous guettait.
J'avais alors la conviction que cette déchéance-ci serait bien plus terrible que toutes celles qui avaient précédées.
J'avais toujours interprété les déchéances comment étant le fruit d'un déséquilibre magique, planaire ou un peu des deux.
Mais ici, aujourd'hui, il n'était plus question d'un simple déséquilibre de la magie. Il n'était plus question d'un flux de ténèbres devenu trop important ou d'une invasion de mes ancêtres fuyant un autre plan. Non. Il était question de l'anéantissement pur et simple de la magie, de sa disparition absolue.
C'est avec naiveté que j'admirais à l'époque l'art de Shinzo Ki Tae le grand conjurateur. C'est avec betise que je reverrais son pouvoir et la puissance qu'elle apportait à notre groupe...
Ce ne fut rééllement qu'au contact de l'energide que mon ignorance se dissipa pour céder place à l'horreur la plus totale.
Notre premier contact avec la matière eut lieu au cours d'un guet-apens près de la Tour des damnés. Notre stupeur et fuite précipitée ne nous avaient pas permis de réaliser la gravité de la situation.
Après quoi, au cours de la parade militaire de ... Lemullois et nous même avions connu un second attentat qui lui avait laissé des cicatrices et avait sonné la disparition de son fidèle Antoine.
Pour ma part, ce ne fut que face aux trois forteresses volantes en energide de l'Empire que la vérité me frappa.
Ourenaï m'avait dit un jour que Tan était résolument lié à l'antivitalisme. Et l'antivitalisme je le tenais devant moi sous sa forme la plus pure, son expression la plus terrible...
L'énergide... Matière qui anétantissait la magie. L'énergide... Matière mortelle qui disloquait entièrement la personne et même sa signature magique...
J'avais toujours considéré la vie comme étant le fruit de la magie. Je contemplais dans le reflet bleuté de ce métal le néant, la fin du mouvement, la fin de la vie. Un sacrilège contre la création même.
Qui avait découvert l'energide ? Quand ? Comment ? Et surtout dans quel but ?
Je savais désormais que je n'aurai de cesse de lutter pour son démantelement mais la crainte m'etoufait. Maintenant que l'energide existait, il y aurait toujours un être au monde pour vouloir en recréer...
En ce jour 1 de la IIIème déchéance, alors que nous nous préparions pour une ultime bataille au coeur de l'une des forteresses de l'empire, mon coeur s'étreignait.
Il ne fallait pas seulement stopper cette machine, il fallait la détuire totalement.
J'avais en effet l'absolue conviction que Lemullois n'hesiterait pas à s'en servir. Tout comme il s'était servi de la secte d'Illusk, tout comme il avait souhaité utiliser le simulacre d'argent, tout comme il avait tué mes parents...
La fin justifiait les moyens.
Jour 2 de la IIIéme déchéance
Vivants.
Nous sommes vivants. En soit, cela devrait être suffisant.
L'amertume me submerge pourtant alors que j'ecris ces quelques lignes...
Notre imprévoyance, notre arrogance, mon impuissance... Tout me remonte à la gorge alors que j'étreins contre moi les petites en les écoutant me raconter ce qu'elles ont vu depuis mon départ. Wtf ! Ils parlent en fait maintenant ?
Mon regard s'zttarda sur Shinzo mais je détournais rapidement les yeux. J'etais en colère contre lui. Aussi en colère que s'il avait lui même construit les trois forteresses de l'empire...