mardi 4 septembre

Dordogne : terrorisés par la balle perdue d'un chasseur

Dimanche, une balle à sanglier a traversé une chambre. La famille est choquée.

La balle a cassé la vitre avant de pénétrer dans la chambre pleine de jouets de la fillette de 6 ans et de se perdre à proximité du lit de l'enfant. (Photo Arnaud Loth)

Par souci de confidentialité, la famille L., domiciliée dans la commune de Chalagnac, souhaite garder l'anonymat. Les époux et leurs deux enfants, âgés de 6 mois et 6 ans, ont en effet subi dimanche un traumatisme dont ils ne sont pas près de se remettre. Alors que des chasseurs effectuaient une battue dans les alentours, une balle à sanglier a traversé la fenêtre de la chambre de la fille aînée avant de se perdre à proximité du lit de l'enfant.

« Il était environ 13 heures, explique la mère de famille, âgée de 40 ans. Mon époux venait de partir au foot. J'ai vérifié que mon bébé dormait et que la plus grande avait rangé sa chambre. C'est à ce moment-là que j'ai entendu une explosion. Je ne connais pas les armes, mais j'ai tout de suite pensé à une détonation. Ce bruit a été suivi du fracas des vitres de la fenêtre qui s'éparpillaient dans la chambre en mille éclats. J'étais terrorisée. »

« On l'a échappé belle ! »

Par chance, la fillette avait quitté les lieux peu de temps auparavant. « Sinon, elle se prenait des morceaux de verre dans la tête et les yeux. Quant à moi, souligne la mère, si j'étais restée un instant de plus, la balle, c'est sûr, ne serait pas passée loin. On l'a échappé belle ! »

Choquée, la famille est allée signaler l'incident à la gendarmerie de Vergt, qui, dans la journée, a effectué les premières constatations. Il semble que la balle ait été tirée d'un champ situé à l'arrière d'une haie. Le chasseur responsable, qui visait un sanglier, a été identifié, et son arme saisie. Durant la journée d'hier, les gendarmes, secondés par les agents de l'Office national de la chasse, ont poursuivi leurs investigations afin de déterminer la trajectoire du projectile et de se prononcer sur d'éventuelles responsabilités.

Quant à la famille L., particulièrement secouée par cette affaire, elle a passé l'après-midi de dimanche aux urgences de Périgueux afin de recevoir les soins d'un psychiatre. Hier, elle a porté plainte et a pris conseil auprès d'un avocat afin de se porter partie civile.

Des problèmes récurrents

« Nous ne voulons pas en rester là. Ce n'est pas la première fois que nous avons des problèmes avec les chasseurs. Une fois, j'avais invité l'un d'entre eux à s'éloigner de la limite de ma propriété pour protéger mes enfants. Il m'a répondu de façon fort peu correcte. En raison de ces problèmes, j'ai alerté le maire, mais il n'a rien fait. »

Aujourd'hui, la famille L., qui vit ici depuis six ans, envisage de mettre les voiles. « Je suis morte de trouille. Le dimanche, les jours de chasse, je demande à ma fille aînée de ne pas sortir jouer à la balançoire dans le jardin par peur d'une balle perdue. Ce n'est plus vivable. Et puis cet événement l'a beaucoup troublée. Après la détonation, elle a beaucoup pleuré. Elle a tout de suite compris que quelqu'un avait tiré dans la maison. Elle a eu peur pour elle, pour sa mère. Elle a eu peur de la mort. Comment pourrait-elle continuer à vivre dans une chambre dans laquelle elle ne se sent plus en sécurité ? »

À la Fédération des chasseurs, on souligne que ce type d'incident est rare et que des consignes strictes sont répétées pour dissuader de tirer en direction des routes ou des habitations.

06h00 | Mise à jour : 07h32

Par Pierre-Manuel Réault

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