Lundi 12 février 2001

LETTRE OUVERTE à M. le Président de la société de chasse

Copie à M. le Maire de Sainte-Hélène

Cher concitoyen chasseur*

(*je suis également chasseur, chasseur de taupe à la bêche, chasseur de souris au piège, chasseur de guêpes à la bombe et pêcheur devant l’Eternel)

Je tiens à vous faire part de ma colère contre certains « porteurs de fusils » que je n’appelle pas chasseurs parce qu’ils tuent la chasse à petit feu et empêcheront nos descendants de chasser à cause de leur comportement irresponsable qui nuit à l’image des chasseurs.

Je veux parler de ceux qui, à l’occasion et sous prétexte de battues, circulent à tombeau ouvert sur nos chemins ruraux pour encercler le gibier ou le nuisible (risques d’accidents... pour les autres).

Les voitures peut-être même les téléphones mobiles, sont devenus des outils de chasse. A quand les hélicoptères ?

Le samedi 10 février 2001, j’ai eu l’audace de faire remarquer, sans succès d’ailleurs, à l’un d’eux (conducteur de la fourgonnette 55X1 LF 33 avec publicité TOTALGAZ), que, porteur d’une arme, en action de chasse, il était posté à 10 mètres de l’entrée de mon enclos et donc, à moins de 150 mètres d’une habitation.

J’essayais de lui expliquer, ou de lui apprendre, que c’était dangereux pour les habitants.

Première erreur : il m’a aussitôt pris pour un écologiste.

Deuxième erreur : il a cru que j’étais un anti-chasse.

« Il n’y a jamais eu d’accident à Sainte-Hélène. Les accidents ailleurs ? Ce sont des mensonges de journalistes »

Petitesse d’esprit.

Or, ce n’est pas après les chasseurs que je m’insurge, c’est après les irresponsables qui mettent en danger la vie d’autrui, que ça soit en voiture ou un fusil entre les mains.

Mais, lui, les armes il connaît. Il a, m’a-t-il dit, « assez tué de négros au Tchad », pour savoir ce que c’est, une arme.

(ça ne s’invente pas).

Je tenais à vous mettre au courant de tels comportements qui nuisent à l’image des chasseurs et font grossir les rangs des anti-chasse et autres.

Demain, nos petits enfants ne pourront plus chasser en France à cause de ces irresponsables de la gâchette.

Cordialement.

Guy PEYROT

(permis de chasser 33/3/10XXX du 19/02/197X)

XXXXXXXXXXXXXXXX

33480 SAINTE-HELENE

le Président de l’ACCA

le 15 février 2001

En réponse à votre "lettre ouverte" du 12 février 2001, sachez que j’adhère pleinement à vos considérations.

Je reconnais que la pratique de la chasse entraîne des dérives de la part de certains porteurs de fusils qui se disent chasseurs. Ils nuisent en effet à l’image du monde de la chasse qui, malheureusement, ne cesse de se dégrader.

Il ne faut cependant pas faire l’amalgame car ces agissements individuels sont le fait de quelques uns, difficilement contrôlables, qui ignorent ou font semblant d’ignorer ce qu’est la citoyenneté, comme dans la société en général.

La peur du gendarme n’empêchera jamais certains d’avoir un comportement irresponsable sur la route malgré le danger qu’ils représentent, d’autres ternissent sans vergogne l’image que l’on peut se faire du sport qu’ils pratiquent ou du monde politique. Le triste éventail des exemples est large et la liste serait sans fin.

L’utilisation de moyens de communication et de véhicules dans la pratique de la chasse est formellement interdite, à l’exception toutefois des responsables de chiens qui doivent pouvoir se déplacer et intervenir rapidement afin d’éviter tout risque d’accident sur les routes qui sillonnent notre village.

Ces observations feront l’objet d’un rappel des règlements et de la loi en vigueur auprès des responsables de battues et lors de la prochaine assemblée générale de l’association.

Il nous appartient en effet à nous, responsables cynégétiques, de moralise la pratique de la chasse pour qu’elle vive encore longtemps et pour partager le plus harmonieusement possible l’espace rural.