Saison de chasse 2010-2011 = 131 accidents dont 18 mortels

Journal Sud Ouest du 27/01/2012

Auteur : Jean-Michel Desplos.

EXTRAITS

Accidents de chasse : la sécurité au cœur des préoccupations

Des accidents surviennent le plus souvent lors de battues au sanglier. Les fédérations s'impliquent dans la formation sur le terrain, mais cela semble ne pas suffire.

La chasse, sport à risques ? La réponse est non si l'on se fie au nombre d'accidents par rapport aux plus de 1,2 million de pratiquants. Pour la saison 2010-2011, les instances cynégétiques ont recensé 131 accidents, dont 18 mortels. L'actualité de ces dernières semaines conduit cependant à s'interroger sur certaines pratiques, concernant notamment la chasse au grand gibier.

Le 13 janvier, un chasseur de 28 ans a été tué accidentellement au cours d'une battue au sanglier à Pompogne, en Lot-et-Garonne. Il a été atteint par une balle de gros calibre alors qu'il se trouvait à 300 mètres du tireur. L'enquête de gendarmerie et la reconstitution sur les lieux du drame démontreraient qu'il n'y a pas eu de ricochet et que la victime a donc été atteinte par un tir tendu.

Dimanche dernier, en Seine-et-Marne, un garçon de 12 ans a été malencontreusement touché par une balle alors qu'il faisait une randonnée en quad avec son père. Il est décédé.

À Sauveterre-de-Guyenne, dans l'Entre-deux-Mers, l'association communale de chasse agréée (ACCA) vient de suspendre jusqu'à nouvel ordre les battues aux sangliers à la suite d'un incident survenu il y a quelques jours. Plusieurs chasseurs ont fait feu en direction de la traque et des autres participants sur la ligne opposée. « J'ai eu très peur en entendant le sifflement d'une balle au-dessus de ma tête », raconte Michel Ithier, l'un des chasseurs. Le président de la société, Gilles Bussac, ne décolère pas : « On a eu de la chance qu'il n'y ait pas de blessé, voire pire. On se demande pourquoi on prend le temps d'énoncer les règles de sécurité puisque apparemment elles n'intéressent pas grand monde. Ce qui est gênant, c'est que nous n'avons pas affaire à des débutants. Ces personnes se conduisent comme des voyous, avides de viande. »

Le risque zéro n'existe pas

En 2007, lors d'une partie de chasse à courre dans le Tarn, un cerf poussé par une meute de chiens en forêt de Grésigne avait défoncé la baie vitrée d'une maison pour se réfugier dans la cuisine avant d'être abattu sur le carrelage, sous les yeux médusés des propriétaires et de leurs enfants. La liste des accidents est loin d'être exhaustive et démontre que le risque zéro n'existe pas. Les statistiques évoquées par la gendarmerie en septembre 2011, à Châteauroux, lors de l'assemblée générale des chasseurs de grand gibier, démontrent que 69 % des accidents surviennent pendant une battue au sanglier et que les tirs directs, par défaut de visibilité ou imprudence et la désorganisation de la battue, sont la cause de 72 % des accidents. Les non-chasseurs, vététistes, joggeurs, cueilleurs de champignons, représentent 9 % des victimes et les accompagnateurs 15 %. […]