FOURY Gabriel, résistant ardennais

FOURY Gabriel, résistant ardennais

Foury au 3ème RCA en 1937, à Constantine et en permission en 1938 à côté de sa maman.

Une incessante pérégrination

L'Ardennais est casanier. Ce qui est vrai sans doute pour beaucoup l'est moins pour quelques uns pour qui la bougeotte est une seconde nature. C'est le cas de Gabriel Foury, dit Gaby, né à Mézières en 1916 et qui résidait à l'époque chez ses parents, au 13 rue Anatole France (actuelle rue Rogissart) à Manchester.

Monté à Paris dans les années 30 pour acquérir une spécialisation professionnelle afin d'être crédible sur le marché du travail, il est vite pris dans le tourbillon des emplois précaires qui lui laissent beaucoup d'amertume et de désespérance en l'avenir. Lassé de cette situation sans issue et pressentant le pire dans ces années troublées, Gabriel Foury se décide à quitter Paris où il est employé comme garçon de café, rue Marcadet, chez une Ardennaise mariée à un Suisse.

Voyages en Méditerranée

Il contracte un engagement pour 3 ans en Algérie le 13 juin 1936 et rejoint le 3ème Régiment de Chasseurs d'Afrique à Constantine. Renvoyé dans ses foyers le 23 juin 1939, il se retire à Manchester, 13 rue Alexandre Ribot, quartier de Mézières. Gabriel travaille alors chez Poméra, fabricant de voitures d'enfants à Mézières. Il assure une polyvalence dans le montage et se satisfait de cet emploi. Ce bonheur tranquille ne durera que 52 jours car la France vient de déclarer la guerre à l'Allemagne. Le 1er septembre 1939, le cavalier Foury est rappelé au 12ème Régiment de Chasseurs à Sedan. Il s'y ennuie dans les exercices militaires déjà longuement pratiqués en Algérie. Il se porte volontaire pour les Corps Francs, unité dynamique aux actions audacieuses. Devant le refus des autorités, il s'entête et se porte à nouveau volontaire pour servir au Levant.

Affecté à l'Hôpital Vétérinaire des Armées du Levant 1939, évacuation d'un cheval mort sur un moutonnier.

En octobre 1939, il embarque sur un moutonnier, (navire adapté au transport des moutons), pour un voyage de 8 jours. Il assiste impuissant au triste spectacle des chevaux attachés sur le pont, sans protection contre la chaleur, mal soignés, qui crèvent les uns après les autres et sont jetés à la mer. Il débarque à Beyrouth (Liban) et est affecté dans un hôpital vétérinaire de l'Armée du Levant.

Beyrouth en 1940, avec Prique, son ami ardennais.

C'est la longue attente dans un immense camp de toile. Il en profite pour jouer au touriste. Il est enfin affecté au 4ème Régiment de Spahis Tunisiens le 5 août 1940 en Syrie, à la frontière entre la Palestine et la Jordanie. Il a pour mission d'intercepter les contrebandiers et les déserteurs qui seront nombreux au moment de l'Armistice signée entre la France et l'Allemagne. Il contrôle tous les points de passage des différents troupeaux qui s'échangent illicitement. Ce sont alors de longues courses à cheval le jour et à pied la nuit à cause des difficultés du terrain. Sa seule récompense, ce sont les baignades dans le Jourdain. Il éprouvera une réelle émotion en sachant que le Christ a été baptisé dans ces mêmes eaux, quelque 1900 ans plus tôt.

A Balbek (Liban) au 4ème Régiment de Spahis Tunisiens. 1940

Début 1941, les réservistes dont il fait partie, sont libérés et rejoignent Marseille. Son navire est pris en charge, après le détroit de Messine, par un aviso italien qui le guide à travers le maillage de mines marines. Soudain, ce dernier l'abandonne pour se mettre à l'abri d'un raid aérien de l'aviation anglaise attaquant le port. Le bâtiment de Foury doit se débrouiller seul pour poursuivre sa route sans heurter une mine, ce qui aurait eu des conséquences fatales. Ce sont des moments intenses et inoubliables et c'est l'adieu à la Méditerranée.

Des horizons mouvants.

Le spahi Foury est affecté dans un groupement de travailleurs où il assurera un emploi insalubre et dangereux dans une usine de produits chimiques, à Saint Auban, près de Digne. Il sert ensuite comme cantonnier jusqu'en avril 1941, date de sa démobilisation et de son retour à Manchester. Toujours attiré par l'action qui lui manque, frustré de ne pas avoir fait la Campagne de France, sans emploi intéressant et ne voulant pas travailler pour les Allemands qui occupent sa ville, Gabriel reprend un nouvel engagement. Il signe un contrat pour l'Afrique à la préfecture des Ardennes. Pour des raisons inexpliquées, il se retrouve à Tarbes, au 18ème Régiment d'Infanterie. Le 8 novembre 1942, les Anglo-américains débarquent en Afrique du Nord. Les Allemands, pour des raisons stratégiques, envahissent le 11 novembre la totalité du territoire français et neutralisent sans préavis les Unités françaises en dépit des accords d'Armistice. Foury et ses camarades essuient une intense humiliation quand les troupes allemandes investissent par surprise leur caserne et positionnent des mitrailleuses et des mortiers menaçant l'ensemble des militaires français regroupés pour la circonstance. Désarmés et déshabillés, ils obtiennent néanmoins un congé pour se rendre dans leur foyer fin novembre 1942. L'Armée d'Armistice à cessé d'exister.

Cette fois, son horizon se limite non plus à la mer mais à la Meuse. Gabriel est affecté à la reconstruction des ponts de la Meuse sous la direction du génie militaire français sous contrôle de l'occupant. C'est là qu'il retrouve à Revin les Frères Lahaye de Manchester. Ils ne se quitteront plus et c'est le commencement d'une courte et tragique aventure dans le Vercors.

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