4e RT et 270e CCR,

MDL Albert DIN...

Maréchal-des-logis Albert DIN...

Affecté comme appelé au 4e Régiment de Tirailleurs à Djelfa, Berrouaghia et Bogahr,

A la dissolution de ce régiment, le sergent Albert DIN...rejoint sa nouvelle affectation

à la 270e Compagnie de Circulation Routière à Médéa.

" Fin juin 1962, j'obtiens une permission de 20 jours. Je décolle d'Alger en Caravelle (J'ai décidé à ne plus prendre le bateau). J'effectue également mon retour par Caravelle et le 22 juillet 1962, je suis à Blida où la 270e CCR a fait mouvement depuis Médéa.

L'on m'affecte, deux jeeps, l'une avec un poste radio, l'autre équipée d'une mitrailleuse de 30 (7,62 mm), ce que je ne comprends pas puisque la guerre est finie depuis le cessez-le-feu du 19 mars 1962. j'ai cinq hommes à ma disposition répartis comme suit : un brigadier, deux conducteurs, un radio et un mitrailleur. J'ai pour mission d'escorter certains convois ou de contrôler les véhicules militaires.

Du 1er au 4 août 1962, je suis chargé d'escorter jusqu'à LAGHOUAT, un convoi de camions gros porteurs "Magirus" à destination des compagnies pétrolières sahariennes. Ils sont chargés d'explosifs. Pour ce faire nous sommes accompagnés par un escadron d'automitrailleuses légères. L'allure est rapide, les moteurs de nos jeeps sont légèrement "gonflés", elles dépassent largement leur vitesse habituelle. La chaleur est torride, pour éviter les "vapor-lock"' nous nous arrêtons fréquemment pour verser un peu d'eau sur les durites spécialement calfeutrées d'amiante.

A LAGHOUAT, au grand dam du commandant de la Place, qui me précise le lieu de transbordement des camions, le lieutenant commandant l'escorte de protection avec ses automitrailleuses nous abandonne prétextant une autre mission sur le champ. On nous conduit vers un camp de Légion au sud de LAGHOUAT. Les explosifs seront chargés sur des camions Berliet dits "Gazelle" plus appropriés au déplacement dans le Sahara.

Donc nous reprenons la route plus au sud avec le convoi de "Magirus", sans l'escorte des automitrailleuses. Surprise ! Au travers de la voie est déployée une herse. Plus loin une tente militaire entourée de soldats de l'ALN, des fusils-mitrailleurs sont en batterie, pointés sur nous. Le chauffeur m'interroge : "Je fonce dessus ces c..-là?" Je l'en dissuade instantanément, persuadé que que nous allions nous faire tirer dessus comme des lapins. Nous stoppons devant la herse où je suis gratifié d'un salut militaire par le soldat de l'ALN de faction. Il m'interroge sur le contenu du transport, du lieu de destination et les numéro de nos armes. Ma réponse du tac au tac fut que cela ne le regardait pas. Quant à nos armes, tout en basculant le chargeur de mon PM, le fixant bien dans les yeux, je lui affirme que nous n'en avions pas ! Après être allé consulter son chef, il revient et donne l'ordre à ses hommes d'ouvrir la herse. Ouf ! Nous avions eu chaud, il y a tellement de récits qui circulent sur des incidents majeurs, voire graves.

L'accueil des légionnaires n'est pas une réputation usurpée. Ils avaient pensé à tout. Au mess "sous-off", j'ai eu l'honneur de dîner à la droite de son président, un adjudant-chef originaire de Marseille. Inutile de préciser que je n'ai pas réussi à payer une seule tournée au bar. Pensant au dernier moment qu'ils allaient enfin accepter le principe, au moment de régler, c'est le serveur qui m'annonce : " Non ! C'est la mienne ".

Avant d'aller nous pieuter, nous avons eu une séance de ciné en plein air sous un ciel constellé d'étoiles, aux portes du désert. Cela reste un souvenir inoubliable.

Avant de quitter LAGHOUAT, je décide de rendre visite à un sergent d'aviation rencontré lors du vol retour en Caravelle. Il est agréablement surpris de me revoir. Après le pot d'amitié, je l'informe des difficultés que nous avons depuis deux jours à joindre par radio notre PC à BLIDA. Il nous conseille d'aligner la jeep radio sous les énormes antennes du camp d'aviation qui vont servir de relais. Là, étonnement, nous avions le PC, non seulement en morse mais aussi en phonie, nos correspondants n'en reviennent pas et sont heureux d'avoir de nos nouvelles.

Lorsque je ne suis pas sur les routes, j'ai appris à manœuvrer les camions GMC, puis à donner des cours de conduite à ceux désireux à passer le permis de poids lourd avant d'être libérés.

Rapatrié vers la mi-septembre 1962 à SISSONNE (Aisne), je suis renvoyé dans mes foyers, en permission libérable le 08 octobre 1962 et rayé des contrôles du corps le 20 du même mois."

Photos du net. 1 - Magirus. 2 - Berliets "gazelle" et autre vue du Berliet "Gazelle".

Voir son parcours au 4e RT à la CCS de Djelfa