2ème P.M.A.H. / 13ème D.I.
2ème PELOTON MIXTE AVIONS HELICOPTERES DE LA 13ème DIV.
MECHERIA
Longue permission en décembre 1960 à FAY et retour à MECHERIA fin décembre1960. Les 29 et 30 deux R.A.V. et 5 heures 15 au "compteur".
Je commence l'année 1961 avec un mois de janvier bien actif : 19 sorties et 58 heures 50 de vol en RAV et PTS.
De retour à GERYVILLE le 29. Sur la lancée, février est lui aussi bien fourni : le 3, trois sorties et 4 heures 45, le 13, 2 sorties et 4 heures 20, les PTS succèdent aux RAV, le secteur est très actif. 61 heures 35 pour le mois et 628 heures 10 de vol de guerre n° 2 au total.
En mars 1961 ça continue avec une activité soutenue des commandos à l'est et au sud d'où de nombreuses PTS et pas mal de RAV, quelques accrochages...
Avril est plus calme. Le 11 je suis de retour à MECHERIA car ma désignation pour le stage pilote est arrivée, il débutera le 10 mai.
Le 22 avril, putsch des généraux à ALGER. Gros remous localement. L'armée se divise entre les 'loyalistes", les "putschistes" et les indécis, dont je suis, qui sentimentalement approuvent le putsch et qui par raison y sont réticents : Que deviendra l'Algérie en cas de sécession avec la Métropole ? Nos approvisionnements ne dureront que quelques petits mois, et après ?… Pour calmer le jeu sur place, avec l'accord du capitaine qui joue les attentistes, je rassemble le peloton et m'exprime en ces termes :"On ne sait pas trop ce qui se passe à ALGER. C'est loin. Quoi qu'il en soit notre mission continue : mettre des avions et des hélicos en l'air pour continuer à chasser le fell. Il n'y a que ça qui compte et nous allons nous y consacrer. Alors, au boulot !" Le peloton s'est remis au travail mais reste l'oreille rivée aux transistors pour avoir des nouvelles. L'Armée de l'Air est très divisée. Le Lieutenant qui commande les fusiliers de l'air chargés de la protection de la base décide de mettre des fûts de 200 l sur la piste. Lorsque je lui demande à quoi il joue, il me répond que c'est pour nous empêcher de rejoindre les putschistes. Je lui ris au nez en lui précisant que nous avons d'autres buts et que de toute manière ce qu'il fait ne sert à rien car si nous voulions vraiment décoller nous pourrions le faire depuis le parking (Je l'avais fait un matin où, devant décoller à 7 heures pour une protrosol, j'avais prévenu le contrôle la veille pour que le parking soit ouvert à 7 heures moins 5. Comme il ne l'était pas j'avais donné l'ordre au pilote de s'aligner au fond du parking et de décoller entre les rangées de T 28. Ce qu'il avait fait sans broncher, tout heureux de sortir de la routine. Au retour, l'officier contrôleur m'annonçait qu'il me mettait une infraction, ce à quoi je lui répondais que je demandais immédiatement sa comparution devant le Tribunal Militaire pour obstruction à l'exécution d'une mission opérationnelle. Voyant que je ne plaisantais pas il retirait son infraction et moi sa demande de traduction devant le T.M.) Le lieutenant fusiller fit enlever les fûts et nous pûmes reprendre nos missions sans encombre. Nous apprîmes par la suite que deux broussard de l'Armée de l'Air, pilotés par des observateurs, étaient partis pour GIBRALTAR où, prévoyants, les anglais avaient mis en place un contrôleur parlant français. L'un des deux appareils fut accidenté à l'atterrissage et les équipages, récupérés par la suite, félicités pour leur "loyauté". Deux T 6 qui avaient décollé de SAIDA ou TIARET allèrent straffer des installations fells au Maroc et revinrent se poser en campagne. Les deux pilotes s'évanouirent dans la nature et rejoignirent ensuite l'O.A.S. Le 24, l'ensemble de l'armée n'ayant pas suivi, le putsch s'effondrait. Manque de préparation, improvisation et manque de réalisme étaient les causes de l'échec.
Au peloton, il y avait le capitaine CLAVERIE, Obs-pil avion hélico et djinn. Il s'était mis dans l'idée d'armer un djinn. Pour ce faire, il avait fait fabriquer un support, monté sur le patin gauche (le pilote était en place droite) et haubané à la cellule. Sur ce support une mitrailleuse AA 52 prenait place et elle était manœuvrée par l'observateur qui tirait vers l'avant gauche. Comme le peloton ne disposait pas d'AA 52, l'arme avait été empruntée à une unité d'état-major. Les tirs d'essai eurent lieu sur la sebkra (petit chott) au sud du terrain, l'objectif étant un fut de 200 litres autour duquel le djinn "orbitait". Lorsque les résultats furent satisfaisants, l'autorité divisionnaire était mise au courant pour obtention de l'autorisation d'utilisation en opération. La réaction fut immédiate et sans appel : réintégration de l'AA 52 et interdiction de l'utiliser. En mars 61, j'étais en stage à DAX, CLAVERIE prit le commandement du PMAH/4 à TIARET et il emporta avec lui le montage qu'il pensait faire adapter sur une alouette. Je ne sais ce qu'il en advint par la suite. Un premier essai d'hélicoptère "armé" dans l'ALAT avait été effectué au GH 2 où un légionnaire armé d'un FM 24-29 prenait place dans le panier porte charge d'un Bell. L'essai n'avait pas été très concluant, d'autant que l'armée de l'air était totalement opposée à l'idée que l'ALAT puisse avoir ses propres hélicoptères armés alors que la marine avait d'abord armé ses bananes prêtées par l'ALAT puis ensuite ses propres HHS (Sikorsky H 34 "marine")
Passation de commandement "Air" ,les capitaines Toustou et Niney à la prise d'armes - un mystère IX.
Encore 2 missions les 1° et 4 mai et départ pour DAX. Le carnet de vol affiche un total de 726 heures 35 de vol de guerre n° 2 en 270 missions. Le 26 mai, je serais de nouveau cité à l'ordre de la Division (Croix de la Valeur Militaire avec étoile d'argent) pour deux "faits marquants" (l'un dans le djebel ALOUATT, secteur de GERYVILLE, et l'autre dans le djebel RHOUDJAIA, même secteur) et 432 heures de vol opérationnel en 149 missions de guerre depuis ma dernière citation.
Dans l'ALAT, les critères pour être cité exigeaient au moins trois cents heures de vol de guerre et des "faits marquants", dans l'Armée de l'Air, les citations étaient accordées en fonction de points : Une heure de vol en RAV donnait X.. points, une heure d'appui feu Y.. points etc.. A ce régime j'aurais déjà eu au moins trois, voire quatre, citations….