St Maixent 3e séjour
Saint-Maixent
3e séjour
Le dimanche 17 août 1958, nous débarquions en gare de SAINT-MAIXENT et le lendemain je me présentais à l'École pendant qu'Anne-Marie cherchait un logement, ce qu'elle trouva facilement étant donnée l'époque de l'année Après les retrouvailles et une pensée émue pour ceux qui ne seraient plus jamais parmi nous, il fallut se remettre au travail. Certains instructeurs, dont ceux de ma brigade en particulier, eurent l'intelligence de nous traiter en officiers confirmés et non plus en jeunes potaches. Nous avions déjà derrière nous une solide expérience et de nombreux camarades portaient la Croix de la Valeur Militaire, créée pour remplacer une Croix de Guerre inadaptée à des opérations de maintien de l'ordre (La guerre d'Algérie n'en était pas une pour ceux qui nous gouvernaient...). Les cours succédaient aux cours avec une orientation très nette vers le combat en zone européenne que nous avions occulté lors de notre séjour de 1956. Nous partions à l'exercice en cars, signe évident de notre progression dans la hiérarchie. Avant la fin des cours, il nous fut demandé si nous étions volontaires pour faire un stage d'observateur aérien de l'Aviation Légère de l'Armée de Terre (ALAT). Ce volontariat entraînait obligatoirement un retour en Algérie à l'issue du stage avec affectation dans des corps d'où nous serions ensuite détachés dans les pelotons d'avions d'observation des divisions. Pensant que ce pouvait être intéressant, je me portais volontaire et dus aller passer la visite d'aptitude médicale au centre d'expertise du personnel navigant de BORDEAUX. C'est à cette occasion que l'ophtalmo m'enjoignit de me faire retirer, sans attendre, le corps étranger qui se trouvait dans mon oeil droit depuis mon premier séjour à St MAIX. Les résultats étaient bons malgré tout et ma candidature retenue. Mon camarade GOHIN, qui avait monté une chorale à STRASBOURG, récidiva en montant une troupe théâtrale qui devait jouer "le médecin malgré lui". Nos épouses assuraient les rôles féminins et Anne-Marie était du lot. Je jouais un valet et je pus m'éclater. La représentation fut un succès apprécié de tous. Nous eûmes droit à une conférence de Georges Sauge sur le communisme. L'orateur savait de quoi il parlait puisqu'il était un ancien communiste converti au catholicisme après une maladie sérieuse. Il avait même fréquenté les universités du parti en URSS. Il avait été écouté avec beaucoup d'attention, le sujet étant d'actualité à l'époque. Il y eut des séances d'affichage électoral nocturnes et je faisais partie de la "protection" des colleurs d'affiche. Les communistes locaux étaient actifs mais on ne les vit pas. Nous passâmes une nuit à remplir des voitures de camarades avec les tracts répandus en ville par les cocos. Le lendemain matin, jour de marché à ST MAIX., et à leur grande surprise, il n'y avait plus un seul de leur tract dans la ville Comme les promotions 56-58 et 57-58 se pointaient pour effectuer leur application, nous partîmes en voyage d'étude pour lui faire de la place. Ce voyage nous emmena à l'ouest pour visiter une frégate de la "Royale" et des cales de constructions navales. Ensuite nous eûmes droit à une distillerie de carburant qui nous offrit un repas de V.I.P., une aciérie où nous pûmes assister à la fabrication du fil de fer barbelé que nous avions tant utilisé en A.F.N.
La tour de saut de 15 m
(photo du net)
Puis ce fut l'Ecole des Troupes Aéroportées de PAU où nous fûmes "invités" à pratiquer la tour de départ destinée à familiariser les apprentis para avec le saut d'un avion. Il s'agissait d'une tour métallique assez haute et un peu branlante au sommet. Sur la plate-forme de départ un moniteur nous aidait à nous harnacher puis vérifiait la bonne fixation du filin de retenue au harnais. Ensuite on prenait la position de départ en attendant le "go" fatidique. Quand mon tour est arrivé, je n'étais pas très fier mais m'élançait dans le vide au commandement. Le filin se déroulait d'abord à vide avant de commencer à soulever des paquets de chaînes, de plus en plus lourds, destinés à freiner notre chute. Un filet nous évitait d'aller heurter les structures de la tour au cours de la descente. J'étais très heureux d'arriver en bas sans problème. Les moniteurs avaient eu l'idée de rassembler des jeunes paras au pied de la tour pour nous motiver un peu plus, mais ce n'était pas nécessaire. Nous poursuivîmes par l'École des Sports d' ANTIBES où nous fûmes priés de nous exercer sur la piste du risque. Ensuite, direction l'École de Haute Montagne où l'on nous montra les techniques alpines et où nous pûmes monter au Mont-Blanc par le téléphérique. A peine débarqué, nous nous élancions sans prendre garde aux effets de l'altitude qui se firent très vite sentir et calmèrent nos ardeurs. La vue était magnifique. Puis nous poursuivîmes vers le nord de l'Alsace et l'Allemagne en visitant d'autres unités caractéristiques du combat moderne, blindé et mécanisé, ce qui nous changeait de nos compagnies d'infanterie type A.F N.
Au retour à St MAlX.., ayant été nommés lieutenants le 1er octobre 1958, après 2 ans de grade de sous-lieutenant, nous eûmes à choisir nos nouvelles garnisons. Pour ma part, ayant opté pour le stage ALAT, donc le retour en Algérie, je choisissais le 7ème Rgt d'Infanterie basé à LAMORICIERE près de TLEMCEN dont mon camarade GOHIN, qui y avait servi, m'avait dit le plus grand bien.
Après une permission de fin de cours je rejoignais l'École de Spécialisation de l'ALAT à DAX.