L'usage des plantes et leur utilisation culinaire ou pharmaceutique se perd dans la nuit des temps, sans doute aux origines de l'homme. Cela a été attesté par la découverte de graines ou de pollens dans des lieux de vie humains. L'usage médicinal a perduré durant des millénaires et c'est l'avènement de la chimie qui a fait tomber en désuétude le recours aux plantes dans la pharmacopée traditionnelle occidentale. Il en a été de même pour les espèces de plantes sauvages utilisées pour l'alimentation qui à force de croisements entre variétés, ont créé des cultivars plus productifs, délaissant de facto les plantes originelles. En pharmacie, des connaissances transmises oralement de mère en fille ont petit à petit disparu de la mémoire collective. Nos remèdes de grand-mère ont été remplacés par des molécules chimiques souvent issus de molécules tirées des plantes, purifiées et au pouvoir pharmaceutique augmenté. Si les procès en sorcellerie ont disparu depuis longtemps, le discrédit porté sur la pharmacopée des plantes a longtemps prévalu. Il a fallu l'avènement du mouvement hippie de la fin des années soixante prônant le retour à une vie plus saine et plus près de la nature pour que soit redécouvert l'usage des plantes dans la vie courante. Ce mouvement naturaliste a connu des hauts et des bas ainsi que des modes selon les époques. Il est de bon ton de réutiliser des légumes dits anciens (qui ne le sont pas tant que cela !) dans notre alimentation et de les vendre très chers aux consommateurs nostalgiques d'un passé qu'ils n'ont pas connu. Je pense notamment au panais ou au rutabagas. On retrouve cette même démarche pour l'utilisation des plantes pour se soigner. Là comme pour l'alimentation si on ne veut pas s'intoxiquer, il faut acquérir des savoirs et des compétences. La littérature dans ces deux domaines est foisonnante, voire pléthorique. Chaque année de nouveaux ouvrages viennent compléter cette offre. Le retour au "naturel" n'a pas que du bon dans ces excès. La cueillette inconsidérée de plantes sauvages peut être préjudiciable aux plantes elles-mêmes dont les stations peuvent être pillées entrainant une disparition à court terme de ces espèces. Les cueilleurs professionnels savent gérer des stations et ne prélever que le juste nécessaire pour laisser les plantes grainer et se renouveler. Ce n'est pas le cas pour les naturalistes débutants qui n'ont pas cette préoccupation de long terme.
L'usage culinaire des plantes est un apprentissage.
Les saveurs sucrées et douces auxquelles nous sommes habituées sont très rares dans la nature au profit de l'amer et du piquant mais aussi de la fadeur. Pour éviter l'amertume, les plantes devront être cueillies jeunes avant leur floraison. Pour garder leur qualité nutritive, il est préférable de les manger crues et si on préfère les cuire il est conseillé de privilégier la cuisson vapeur qui altère moins les nutriments.